Dans la lignée du billet précédent où je citais cette phrase du président de
l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire
(AMDES), Gaétan Neault: «Il faudrait faire ce qu'on
préconise en éducation, qui est d'évaluer si on a atteint nos
objectifs.»
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Une enquête effectuée auprès de 427 enseignants du primaire et du secondaire montrent que ceux-ci estiment que le Renouveau pédagogique a été un échec cuisant. «En effet, une forte majorité d'enseignants ne croient pas que la réforme a permis aux élèves de mieux apprendre (69 %), de mieux réussir (72 %), d'être plus motivés (69 %), plus outillés (58 %), plus disciplinés (88 %) ou plus autonomes (69 %)», relève le journal Le Soleil.
Les constats des enseignants du secondaire sont plus tranchés encore puisqu'ils dépassent souvent les 80%. Il n'y a là rien de bien étonnant, selon eux, puisque cette réforme a surtout été conçue en tenant compte du primaire où l'organisation de la classe est plus flexible. Au secondaire, par contre, l'enseignement est donné par des spécialistes, ce qui limite les possibilités d'instaurer une pédagogie par projet et l'interdisciplinarité.
Signe que ce sujet est encore très délicat, certaines commissions scolaires ont refusé que leurs enseignants sont sondés à ce sujet.
Un des deux auteurs de l'étude, M. Falardeau, se pose une question fort pertinente: «À la lecture de ces réponses, on peut se demander : tout ça pour ça? On n'arrivera probablement jamais à mettre un coût
sur l'implantation de la réforme, mais peu importe combien ç'a coûté,
les profs disent que ça ne marche pas.» La réponse concernant les couts de l'implantation de la réforme se chiffrent en milliards de dollars, rien de moins. En milliards.
Finalement, dans un autre article, on apprend que cette étude attribue une partie de l'échec de cette réforme au manque de formation qu'ont reçue les enseignants. Ici, combien on parie que certains vont ressortir le fait que les enseignants ont boycotté les sessions de formation concernant la réforme dans le cadre du renouvellement de leur contrat de travail? Pourtant, ils devraient se rappeler que ce manque de formation a été évoqué bien avant les négociations de l'époque avec le gouvernement, que ce ne sont pas tous les enseignants qui ont boycotté ces formations et que le conflit n'a pas duré tout le temps de l'instauration de cette réforme pédagogique.
On pourra toujours questionner l'étude de MM Falardeau et Cardin, sa méthodologie, ses prémisses, il n'en demeure pas moins qu'elle traduit un profond malaise dans notre système scolaire dont bien des décideurs et certains pédagogues n'ont pas voulu tenir compte.
6 commentaires:
J'espère que je n'ai pas jeté mon ancien paradigme...
Faudrait, avant de commenter l'étude, pouvoir y accéder... Vaut mieux s'en tenir sinon et pour l'instant aux différents bulletins de l'évaluation du renouveau à l'enseignement secondaire (qui sont quant à eux à la fois sérieux dans le ton et dans la méthodologie).
M. Gilles: euh. ces bulletins viennent de... ?
Le système et c'est bien là un des gros problèmes, le fait que ce soit un système à beaucoup trop de grands penseurs qui ont trop d'influence sur les décideurs. Ces derniers, par opportunisme ou je ne sais trop quoi, semblent faire des changements afin de laisser une trace. Et l'élève au centre de préoccupation là dedans?
Et tant qu'à être dans le délire, pourrait-on faire une enquête à savoir combien d'éditeurs ont fait des pressions pour changer de formule et ainsi pouvoir créer de nouveaux ouvrages et inonder toutes les écoles?
Et les formations, n'en parlons pas, j'ai la chance d'enseigner dans différents champs et il était magnigique de constater à quel point même les conseillers pédagogiques ne s'entendaient pas.
Cette réforme a été un délire sur toute la ligne.
Anonyme 2:
Et les vendeurs de joujoux électroniques, on les oublie?
Voilà belles lurettes (une bonne quarantaine d'années)qu'on sait que les pédagogies centrées sur l'élève sont loin derrière les pédagogies centrées sur l'enseignant dans le monde des sciences plus expérimentales. Ils obtiennent même souvent de pires résultats que des groupes contrôles en terme d'efficacité.
Et les évidences continuent de tomber sans s'interrompre depuis ce temps...
On n'a qu'à lire ce groupe de chercheurs au Québec pour s'en convaincre: Les Clermont, Bissonnette, Richard et al.
Nos décideurs, le MELS, nos facultés des sciences de l'éducation, qui contrôlent la formation des maîtres depuis 1994, ne s'embarrassent pas des vraies études expérimentales en éducation. C'est éminemment suspect.
Délire? Sabotage et stupidités complices, oui!
Je dois admettre que c'est beaucoup plus du sabotage et de la stupidité complices que du délire.
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