Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, était à Tout le monde en parle dimanche, le 24 février dernier. Il est temps, à mon avis, de commencer à suivre de plus près les idées de celui-ci. Certaines de ses récentes déclarations auraient déjà dû alarmer les intervenants intéressés par le monde scolaire. Mais il faut donner la chance au coureur, paraît-il. Sauf qu'en éducation, peut-on être exaspéré de voir que les citoyens soient si peu exigeants et vont de chance en chance jusqu'à devenir cyniques?
Celui dont tant de commentateurs vantent le livre qu'ils n'ont même pas ouvert (je reviendrai peut-être un jour sur cet ouvrage que j'ai lu seulement à moitié tellement il m'a découragé) a alors pu nous faire part de sa pensée sur de nombreux dossiers.
Il est remarquable de voir le ministre nous expliquer que les classes de maternelle quatre ans doivent être offertes à tous, peu importe le milieu socio-économique: «Quelle erreur! [...] Comme si un trouble du spectre de l'autisme, une dysphasie, une dyspraxie, ça dépendait du salaire des parents. Comme si on habitait dans un milieu de la classe moyenne ou un quartier riche, on ne pouvait pas avoir accès à ce service-là.» Ce dernier cite même le rapport Parent pour appuyer sa volonté. On comprend que, pour lui, les maternelles quatre ans doivent être offertes dans des milieux de la classe moyenne et aisée.
Question 1: Comment le ministre peut-il soutenir un pareil raisonnement d'accès aux services pour tous tout en maintenant un système scolaire à trois vitesses dans lequel les parents à faibles revenus, auxquels ils semblent moins s'intéresser, ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans des écoles privées pourtant subventionnées par son ministère ou dans des programmes particuliers qui pourront continuer à exiger des frais importants en vertu de sa loi sur la «gratuité» scolaire?
À l'humoriste Laurent Paquin qui demande quels sont les avantages de la maternelle quatre ans, le ministre explique tout d'abord que le jeune pourra ainsi avoir une «continuité de services professionnels». Il vante l'expertise des enseignantes «qui auront un baccalauréat de quatre ans», une façon comme une autre de jeter un doute sur la compétence des intervenantes actuelles en CPE. Il parle également d'une équipe qui sera là pour les épauler par des «orthophonistes, orthopédagogues, psychologues, psycho-éducateurs qui vont le suivre aussi. [...] Le professionnel qui va être là à quatre ans, ben il va être là à cinq ans, six ans, sept ans. Il n'y aura pas de transferts de dossier. Ça va être la même personne qui va accompagner ton jeune.»
Question 2: Dans quel monde vit ce ministre? Tout d'abord, sait-il seulement que l'école québécoise vit une pénurie importante de tous les spécialistes qu'il énumère? Que ceux-ci préfèrent oeuvrer ailleurs que dans le monde scolaire tant leurs conditions de travail y sont mauvaises?
Question 3: Comment le ministre peut-il promettre une telle continuité de services alors qu'il est fréquent que ces professionnels changent d'école pour tenter d'améliorer leur sort? L'exemple que je vais citer est peut-être anecdotique mais je n'ai pas connu un seul élève qui ait eu la même orthopédagogue, psychologue ou psycho-éducatrice durant son cheminement scolaire dans mon école tant les changements de postes y ont été nombreux. On paiera donc des millions pour éviter un seul transfert de dossier entre le CPE et l'école primaire, lieu où l'enfant changera deux ou trois fois de spécialistes en cours de scolarisation.
À partir de là, honnêtement, j'ai décroché. Manque de cohérence dans la pensée et manque de connaissance de la réalité scolaire.
J'avais l'impression de relire un mauvais livre.
4 commentaires:
J'ai enseigné en maternelle 4 ans et 5 ans. Faut être complètement ignorant pour croire que c'est mieux que le CPE. J'avais envie de rire tout le long de ce que je lisais. Un gros rire gras de cynisme...
Maratre
Je me demande aussi sur quelle planète vit M.Roberge.. À moins que son signe astrologique ne soit l'autruche?
Ce François Legault et sa bande de ministres néophytes gèrent présentement la province comme des pilotes de formule 1 à qui on aurait bandés les yeux. Ils surfent allègrement sur les milliards de surplus volé dans nos poches dans les cinq dernières années par le gouvernement Libéral de Couillard et fonce droit devant contre vent et marée pour réaliser leurs nombreuses promesses électorales, sans réfléchir aux conséquences et sans même demander l'avis d'experts et des gens du milieu de l'éducation.
Surtout que le ratio est loin d'être le même!
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