10 février 2019

La laïcité à deux vitesses dans les écoles québécoises

 Depuis la rentrée parlementaire de février, le gouvernement de François Legault montre bien que la CAQ n’a pas vraiment de position cohérente en ce qui a trait à la laïcité dans les écoles québécoises. Mais en est-on surpris? 

Aux prises avec des promesses électorales visant à recueillir le plus grand nombre de votes possible pour être élu, celui-ci doit maintenant se dépêtrer entre les attentes énormes qu’il a créées et une réalité qui semble bien l’embêter. Aussi verse-t-il dans une certaine dissonance cognitive qui n’augure rien de bon dans un débat aussi émotif.

Après avoir tenté d’expliquer pourquoi dans une même école, un enseignant devra renoncer à porter un signe religieux alors que le directeur, le travailleur social, le surveillant d’élève ou l’éducateur en garderie pourra le garder, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a voulu justifier la semaine dernière pourquoi le projet de loi s’appliquera aux écoles publiques et pas aux écoles privées  en indiquant que desparents choisissent d'envoyer leurs enfants à l'école privée subventionnée au passé confessionnel pour les exposer à des valeurs religieuses : «Supposons, une école religieuse juive ait des gens qui portent des symboles, ou catholique, ou protestante, ou peu importe, là. Sincèrement, je ne vois aucune contradiction là-dedans. Je trouve ça normal.» Bref, après l’école à trois vitesses (privée, publique et programmes particuliers), le ministre cautionne maintenant la laïcité scolaire à deux vitesses.  

Pour ma part, dans le cadre d’un projet de loi sur la laïcité, j’éprouve un malaise certain à ce que l’État québécois subventionne à plus de 60% une école qui se dit pourtant privée et qui continuerait à offrir des valeurs religieuses tout en ne lui imposant pas les règles que devra suivre l’école publique.

Dans un questionnaire auquel ont répondu 1164 directeurs d’écoles publiques en 2018, 93% d’entre elles indiquaient que le port de signes religieux n'avait pas créé de tensions au sein de leur établissement. Malgré cela, le ministre Roberge expliquait qu’il irait de l’avant avec son projet de loi car «pour nous, c'est une question de principe».

Il faut donc croire qu’à la CAQ, selon que l’école soit publique ou privée, les principes sont définitivement à géométrie variable.

PS: L'expression «laïcité à deux vitesses» est empruntée à Sylvain Dancause, :)

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