12 février 2019

Un ministre de l'Éducation doit-il connaitre la Loi sur l'instruction publique?

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, annonçait aujourd'hui que le gouvernement de la CAQ allait obliger chaque école primaire à donner deux périodes de récréation de vingt minutes par jour aux élèves. Passons sur le fait qu'on verse ici dans la micro-gestion, ce qui peut sembler paradoxal pour un parti qui entend attribuer plus de pouvoirs aux écoles et aux directions d'école.

Là où le bât blesse vraiment, c'est lorsque l'ancien enseignant de 17 années d'expérience au primaire déclare: « Il faut instaurer des minimums. Pour les matières scolaires, il y a du temps prescrit. En mathématiques, par exemple, il y a un certain nombre d'heures par semaine. Je pense qu'il faut faire la même chose pour les récréations.»

Si on connait bien la Loi sur l'instruction publique (LIP), on s'aperçoit que cette affirmation est erronée, au primaire comme au premier cycle du secondaire.

chapitre I-13.3, r. 8
Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire
Loi sur l’instruction publique
(chapitre I-13.3, a. 447).

CHAPITRE II
CADRE GÉNÉRAL D’ORGANISATION DES SERVICES ÉDUCATIFS
(...)

SECTION VI
RÉPARTITION DES MATIÈRES
22. À l’enseignement primaire, les matières obligatoires enseignées chaque année et le nombre d’heures par semaine, prévu à titre indicatif pour ces matières, sont les suivants: (...)

23. AU PREMIER CYCLE DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE, LES MATIÈRES OBLIGATOIRES ENSEIGNÉES CHAQUE ANNÉE ET LE NOMBRE D’HEURES PAR SEMAINE, PRÉVU À TITRE INDICATIF POUR CES MATIÈRES, ET LEUR NOMBRE D'UNITÉS SONT LES SUIVANTS: (...)

«Prescrit» est synonyme d«'obligatoire». «Indicatif» est plutôt synonyme de «suggéré». Là encore, il est paradoxal de constater que le temps attribué aux récréations sera clairement déterminé par Québec comme s'il s'agissait d'une question primordiale alors que le temps consacré à l'enseignement des matières de base comme le français, par exemple, peut varier d'une école à l'autre, d'un programme à l'autre. Peut-être le ministre ignore-t-il qu'il s'agit là d'une revendication de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF) depuis des années?

Je suis convaincu que le député de Chambly n'a pas voulu induire la population en erreur. Simplement, il ne semble pas bien connaitre encore la loi régissant le régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire.



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