Il existe des listes d'attente en éducation pour recevoir des services. Vous ne le saviez pas? Vous êtes normal parce que personne n'en parle.
Ainsi, j'ai dépisté l'année dernière deux élèves éprouvant des difficultés reliées à la dyslexie. Deux élèves sur cent. Dans des groupes performants. Je ne dis pas que ce nombre soit représentatif de la réalité. Simplement que je ne peux accepter qu'un système d'éducation soit incapable d'identifier de tels problèmes après six ans où un petit pit a écrit, écrit et écrit. Ce n'est pas normal.
Un de ces élèves a une maman qui veut donc que son enfant soit officiellement dépisté par l'école pour recevoir les services qui pourraient l'aider quant à son handicap. Mais voilà le problème: il n'est pas en échec en français (on a travaillé fort l'année dernière lui et moi) et il existe des cas plus lourds que lui. Donc, il ne sera pas évalué en priorité.
Tout le monde s'entend sur les difficultés de ce jeune. Sauf que, manifestement, il faudra attendre qu'il se casse la gueule avant de l'aider alors que c'est maintenant qu'il a besoin de soutien. Plus tard pourrait être trop tard.
La maitrise de la langue est fondamental dans la réussite d'un jeune. Dans le cas présent, mon ancien élève sait qu'il éprouve des difficultés. Que fera sa mère? Elle ira au privé, ce qui serait impossible pour des parents moins fortunés.
Les enfants ne sont pas tous égaux quant à la réussite scolaire. Et notre réseau éducatif est semblable à celui de la santé: peu d'argent en dépistage et en prévention, beaucoup de fric pour corriger des problèmes qui sont parfois devenus insolubles parce qu'on a attendu trop longtemps pour s'y attaquer. Mais en éducation, personne ne meurt et on peut maquiller les chiffres allègrement en étant plus généreux dans l'évaluation.
Triste, très triste.
8 commentaires:
Effectivement, moi qui connait davantage ce qui se passe dans le Réseau de la santé, je pourrais écrire un texte similaire à celui-ci car nous vivons dans une société où les vrais débats et les vrais choix ne se font pas, ce qui amène une gestion par rationnement. Quant à la notion de traitements égaux, c'est de plus en plus une illusion: certains ont un médecin de famille, d'autres non, certains ont une place en CPE, d'autres non, certains auront droit à des services de procréation assistée, d'autres non,etc. Pourtant tous paient des impôts et taxes selon les mêmes bases.
Je suis professeur à l'université et je contribue régulièrement à la formation de nouveaux enseignants qui aboutissent 99% du temps dans le réseau public. Ma femme a amorcé sa carrière d'enseignante dans le réseau public. Elle a abandonné après quelques années de déprime (désespoir?) durant lesquelles elle décriait régulièrement des situations de ce genre. Elle a plutôt ouvert une garderie privée dans laquelle elle peut offrir un service personnalisé à chaque enfant. Aujourd'hui, l'une de mes filles est inscrite dans le réseau privé EXACTEMENT pour les raisons décrites dans votre billet.
C'est désolant!
Si les élèves du primaire écrivaient autant que tu le dis, il serait plus facile de détecter ces cas problématiques.
Gillac: bien d'accord.
PGiroux: Honnêtement, je ne suis pas convaincu que le privé offre de meilleurs services aux élèves en difficulté.
Bobbi: pantoute! Dans un cas, il m'a fallu deux textes seulement pour identifier un élève...
Il faudrait voir avec les profs du primaire comment ils suivent leurs élèves: peu d'entre eux semblent perspicaces parce que débordés par le programme.
Savez-vous ce que ça prend comme cas lourd pour être jugé prioritaire et être évalué au primaire ?
C'est aberrant, mais entre évaluer un TED ou un dysphasique et un élève peut-être dyslexique, mais qui réussit bien, le choix est facile.
Ce n'est pas parce que l'évaluation n'a jamais été faite que rien n'a été signalé par les enseignants précédents...
Dans plusieurs CS, seule une partie du dossier suit l'élève qui passe au secondaire, vous perdez donc la trace de toutes les demandes de service auxquelles on a répondu que ce n'était pas prioritaire...
Quand on entre dans le commentaire du genre : "Qu'est-ce qu'ils ont fait au niveau précédent ?", il faut bien savoir de quoi on parle...
Anonyme: vous me eprmettrez de vous indiquer que, dans mes deux cas, aucun des deux n'a connu de démarche pour être dépisté. J'ai assez jasé avec les parents pour le savoir.
Mais sur le fond, vous avez raison qu'on doit vérifier avant de parler, ce que j'ai fait.
Au primaire, on ne peut pas parler de dyslexie avant la troisième année, puisqu'avant ça les élèves sont encore dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture...
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