22 janvier 2011

Les parents et le conseil d'établissement d'une école

Prof malgré tout parle des pouvoirs des parents au sein du Conseil d'établissement dans son tout récent billet. Il relève, avec justesse, la nuance entre «adopter» et «approuver» et suggère que celle-ci limite le pouvoir réel des parents. S'il a raison sur le fond, dans la pratique, la situation est parfois plus complexe. Tout dépend comment ils jouent la «game».

Par exemple, ceux-ci peuvent se servir du concept d'«approbation» pour faire de l'obstruction systématique afin d'obtenir ce qu'ils veulent. Ils refusent ce que propose la direction et la renvoient à ses devoirs. Comme dans le cas de la grille-matières. Ainsi, un directeur peut être mis dans une position intenable, coincé par un CE qui n'approuve pas ce qu'il propose et les dates de remise de celle-ci à la CS. J'ai déjà vécu cette situation et le directeur de mon école, qui a manifestement dû expliquer à ses patrons qu'il ne contrôlait pas son CE, marchait sur des oeufs...

Pour contourner ce genre de manoeuvre, j'ai déjà connu une direction d'école pour qui les propositions sujettes à approbation ne devaient faire l'objet d'aucun débat et d'aucune suggestion de remplacement. Le document était présenté, expliqué. Point. On pouvait poser des questions d'éclaircissement et rien d'autre. Ce qui nous a valu deux ou trois rencontres officielles en un mois sur la grille-matières que la direction voulait imposer et que le CE refusait. Deux ou trois assemblées générales officielles également de la direction avec les enseignants à qui elle devait présenter pour «consultation» son projet de grille-matières remanié. Un beau bras-de-fer politique et syndical. Le tout s'est réglé lors de rencontres informelles, on l'a deviné. Et devinez qui a perdu...

Dans les faits, les parents d'un CE ont les moyens de faire suer un directeur ou une équipe-école. Mais ils le font rarement. Plusieurs raisons expliquent cela:
1- On n'aime pas jouer le rôle de fauteur de troubles au Québec, même quand on aurait raison de le faire.
2- Les parents de CE ne veulent pas se mettre à dos la direction de l'école de LEUR enfant. Il y a ici un côté téteux et politique. Sois fin avec le directeur: ça pourrait te servir.
3- J'ai connu des parents qui avaient des aspirations politiques et siéger sur un CE était pour eux la première marche de leur ascension... Donc, ils évitaient de confronter la direction de l'école et la CS.
4- Les parents siégeant au CE ne sont pas toujours bien informés par les directions d'école qui contrôlent et filtrent l'information. Certains directeurs n'aiment pas partager leurs pouvoirs et ils ont compris que l'information est le nerf de la guerre.
5- Les parents siégeant au CE ne sont pas toujours clairement informés des pouvoirs et obligations qu'ils ont de par la loi. Ils ignorent aussi bien des éléments légaux. Par exemple, dans une école de ma commission scolaire, les parents ont approuvé que chaque élève doit porter un costume obligatoire en éducation physique. Or, il se peut que je me trompe, mais cette mesure est contraire à la loi.

C'est davantage l'hommerie et la manque de connaissance des parents siégeant sur un CE qui expliquent que ceux-ci sont parfois confinés à un rôle de figuration. En même temps, quel prof ou directeur s'en plaindrait?

4 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Les parents qui sont au CE profitent très rarement des formations qui leur sont offertes par la Fédération des Comités de parents. C'est là qu'ils pourraient connaître leurs rôles, droits et pouvoirs.
Mais comme tu le dis, c'est souvent pour les mauvaises raisons que ces parents sont là.

Anonyme a dit…

La structure des CE est encore jeune. Je pense qu'il faut laisser du temps et et certaine dose d'éducation à la chose pour que les fonctions du CE se précisent et que les acteurs utilisent le plein pouvoir de celui-ci pour la cause juste d'une école démocratique. Ça prend du temps, du courage politique et une implication pour les bonnes raisons.

Les mairies des ville sont là depuis longtemps et il y a encore et toujours de la merde qui se brasse au conseil de ville à cause de personnes qui travaillent pour elles-mêmes plutôt que pour la collectivité et qui profitent de l'ignorance des conseillers municipaux concernant leur rôle pour en passer des petites vites à la population.

Smeugd

Le professeur masqué a dit…

Smeugd: je vais être négatif, mais les CS et les directions d'école n'aiment pas trop voir les parents dans le décor. Tout comme les profs, d'ailleurs.

bobbiwatson a dit…

Smeugd,

La structure n'est pas si jeune que cela: elle existait avant l'arrivée de la réforme. Quand les CE seront composés de parents qui y seront pour la noble cause (et non pour leur enfant) ils arriveront peut-être à quelque chose. Mais il faudrait aussi changer la mentalité des directions qui ne veulent ni profs ni parents sur les CE mais qui sont obligés de composer avec.
PM a bien expliqué ce qui arrive dans ces cas-là.