18 juin 2012

Anglais intensif: on improvise!

Difficile de lire ce texte de La Presse ce matin sans venir à ce constat: l'implantation du programme intensif d'anglais en 6e année du primaire est une gigantesque improvisation.

Quelques faits:

- On manque de profs: «Le Québec connaît une pénurie de spécialistes en anglais. Pour la prochaine rentrée, les écoles auront besoin de 269 enseignants. Le bassin de nouveaux diplômés en compte à peine 372, fait valoir Mme Courchesne. À terme, 1235 enseignants de plus seront nécessaires pour enseigner l'anglais intensif.»
Résultat: on doit donc recruter à l'extérieur du Québec des candidats qui n'ont pas nécessairement les autorisation légales pour enseigner dans la re-Belle Province.

- Des profs seront mis à pied: «Des enseignants titulaires pourraient ainsi perdre leur poste, puisque la moitié de leur tâche sera réattribuée à l'enseignant d'anglais.» Et on ne parle pas de ce phénomène où les profs ayant plus d'expérience vont déserter la sixième année.


- La Loi sur l'instruction publique devra être modifiée: «Les conseils d'établissement des écoles ont généralement un droit de regard sur l'implantation des programmes. Le député a questionné l'ancienne ministre, Line Beauchamp, lors de l'étude des crédits, en avril. «Sa réponse finale a été de dire que le gouvernement sait qu'il aura à modifier la loi, à terme», dit-il.» Il est savoureux de constater que le gouvernement a voulu, avec la création des CE, donner plus de pouvoir à l'école, mais qu'il lui passera par-dessus la tête.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est si simple être au pouvoir pour les Libéraux... Un obstacle? Créons ou modifions les lois, il n'y en a plus de problème...
(soupir)

unautreprof a dit…

C'est effectivement décourageant. La plupart des changements en éducation sont faits vite, sans réaliser ou encore, en se fichant du manque de ressources, de financement, etc.

Julie a dit…

C'est sans compter les programmes spéciaux (ex: écoles à vocation musicale) qui ne pourront sans doute pas continuer en 6e.

Anonyme a dit…

ici ce sont les titulaires qui enseigneront l'anglais intensif
puisque la tâche sera dans leur champs???!Pas d'anglais pour les spécialistes d'anglais.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme 1: bah... un beau jour, même modifier la loi ne sera plus utile, qui sait?

Autreprof: improvisation...

Julie: effectivement, qu'arrivera-t-il avec ces programmes?

Anonyme 2: euh.. vous niaisez là? Il y a une raison spéciale à cela?

Anonyme a dit…

Où est-ce que le MELS pense recruter des enseignants en offrant une grille salariale si peu alléchante? Être enseignant en Ontario ou ailleurs je penserais à deux fois avant de venir enseigner
l'anglais au Québec... à moins de vouloir m'appauvrir et perdre une relative reconnaissance sociale.
Le Québec est au dernier rang des salaires.... Problème de recrutement?

Le professeur masqué a dit…

Pas juste le salaire; les conditions de travail, la reconnaissance sociale, la valeur de l'éducation. Au Québec, l'éducation est socialement moins importante que partout ailleurs au Canada. Ça donne une idée...

Anonyme a dit…

Désolé si mon intervention a paru donner plus d'importance au salaire qu'au statut social et au rôle des enseignantes et enseignants. Je ne visais pas à faire cela. Je voulais seulement soulever que cette problématique ajouterait au problème de recrutement. Comme vous écrivez la valeur de l'éducation est socialement plus importante ailleurs au Canada. Quant aux conditions de travail... on pourrait en discuter longtemps. Est-ce vraiment plus vert ailleurs?
J'ai été formé en Nouvelle-Écosse. J'ai enseigné dans 3 provinces différentes (Saskatchewan, Alberta, Ontario) avant de revenir au Québec. C'était un choix.

Toutes les recherches sur lesquelles s'appuient le MELS pour implanter ce programme ont été menées pour l'enseignement intensif du français. Il n'y a que très peu de recherches qui ont considéré l'enseignement de l'anglais intensif. En fait, j'en ai trouvé qu'une seule. Je ne considère pas valable l'étude réalisée par la Cs du Lac St-Jean. On extrapole les résultats en ne tenant pas compte des différences majeures entre le Québec et les autres provinces: la loi 101!
Dans la plupart des autres provinces, on intègre sous forme de projets d'autres matières au français. L'approche est axé sur le développement des compétences langagières et de littératie.
Ainsi les élèves peuvent acquérir des notions en univers social, en science, en arts. par exemple. Ce qui ne sera pas le cas ici.
On apprend pas une langue dans un cours de langue - on y apprend peut-être la grammaire - c'est dans les autres activités de communication et d'apprentissage qu'on en vient à l'utiliser et l'assimiler. Considérant cela les études qui démontrent qu'il y a très peu d'effet sur l'appentissage des autres matières sont biaisées quand on les met dans le contexte québécois.

De plus, dans aucune autre province on obligera l'appretissage du français intensif. Cela demeure un choix parental.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: au Québec, on comprimera le programme en sixième. Et à la fin primaire, on aura des nageurs bilingues...

il serait intéressant, si vous le voulez, que vous nous parliez un jour de votre expérience dans les provinces que vous avez mentionnées.