À l'invitation de Jean-Pierre Proulx, parlons évaluation. On comprendra comment une grille de correction en écriture de première secondaire «grille» la correction. C'est la même chose qui se produit en cinquième secondaire. Ces grilles sont conçues pour faire passer les élèves quant à moi.
Avant d'aller plus loin, il faut savoir que ce ne sont pas toutes les fautes
qui comptent de la même manière. Certains guides de correction qui accompagnent
les grilles spécifient qu'on ne peut enlever plus d'une faute de ponctuation ou
de syntaxe par phrase. Ainsi, dans une même phrase, une faute reliée à un
pléonasme et une autre relié à l'emploi erroné d'un pronom devraient être
considérées comme deux fautes distinctes. Ce n'est pas le cas actuellement.
Dans la même veine, en grammaire et orthographe, un même mot
mal orthographié plus d'une fois ne sera pénalisé qu'une fois, ce qui semble
logique. Mais impossible de pénaliser davantage quand il est orthographié de
manière différente plus de deux fois.
Suivant cette règle logique toujours, certains individus ont
suggéré de ne pénaliser qu'une fois l'élève s'il fait plusieurs fautes reliées
à la même notion, par exemple. On voit où la logique peut mener... Au MELS, si
j'ai bonne mémoire, en cinquième secondaire, un correcteur peut apprécier un
texte de la sorte et émettre un jugement professionnel. Ça ouvre la porte à
bien des choses.
Toujours sur l’évaluation, en première secondaire, je ne
peux pas enlever de points pour des erreurs reliées à des notions pas encore
vues en classe. Cela semble logique, sauf quand on constate que, pour nos
pédagogues en chef, on ne peut pas exiger de nos élèves qu'ils maitrisent les
PPA en première secondaire alors que certains les ont vus au primaire...
D'ailleurs, c'est fou le nombre de notions qu'on réserve aux profs de 3, 4 et 5.
Le programme leur balance dans les pattes les règles les plus compliquées avec
les discours les plus complexes. Ouf!
Enfin, si on revient à la grille actuelle, accordez 25 points
à la syntaxe et ponctuation est ridicule. C'est disproportionné. Un bon
enseignant va amener ses élèves à commettre un maximum de 9-10 fautes. Avec la
grille actuelle, il reste alors 19 points aux élèves. C'est une façon indirecte
de limiter les échecs. Je réduirais donc la proportion syntaxe et ponctuation à
un maximum de 20%.
Ensuite, je crois que, quand on commet une faute, on ne peut
pas avoir une note parfaite comme le prescrit cette grille.
Pour le reste, il faut aussi déterminer deux éléments:
- à partir de quel nombre de fautes par mot un élève devrait
être sous le seuil de réussite?
- un échec à certains critères devrait-il entrainer un échec
complet à cet examen?
Pour ma part, en ponctuation et syntaxe, commettre 15 fautes
sur 300 mots (1/20) devrait revenir à 12/20 (60%). Ce qui est assez semblable à
la grille actuelle.
Ensuite, concernant la grammaire et l'orthographe, j'augmenterai le pourcentage qui lui est accordé à 25%. Pour la suite, 15 fautes
sur 300 mots (1/20) devraient revenir à 15/25 (60%). Ici, avec 15 fautes sur 300 mots (1/20), la grille actuelle donne 15/20 (75%).
Enfin, j'établirai un seuil de réussite quant à la maitrise
de la langue. Une faute aux dix mots (30 fautes au total) en grammaire et orthographe entraine un
échec immédiat.
Par exemple, une élève qui obtient 29/45 avec la grille
actuelle (18/25 en ponctuation et 11 sur 20 en grammaire et orthographe) aurait
23/45 (15/20 en ponctuation et syntaxe et 8/25 en grammaire et orthographe). Au
lieu de s'en tirer avec un 74% au général, elle aurait 68%...
À mon avis, une élève qui commet 30 erreurs de grammaire et
d’orthographe en 300 mots devrait être plus près de l'échec.
Pour conclure, soulignons que le ratio d’une faute par vingt
mots me semble généreux.
Ensuite, avec une
telle grille, la plupart de mes élèves aurait vu leur note diminuer et la
démarcation entre les élèves faibles, moyens et forts aurait été plus
claire. Enfin, une baisse de 74 à 68%,
c’est énorme psychologiquement. Un gamin sent qu’il a moins de jeu, disons.
Enfin, une grille et un examen ne sont pas tout. Ce qui
est embêtant également, c’est d’être aussi généreux avec des jeunes alors qu’ils
connaissent le sujet à l’avance et que la rédaction est étalée sur trois
périodes. Quant à moi, ces deux aspects sont suffisants pour invalider toute
cette évaluation.
syntaxe et ponctuation
fautes note
0 20
1-2 19
3-4 18
6-7 17
8-9 16
10-11 15
12-13 14
14 13
15 12
16 11
17 10
18 9
19 8
20 7
21 6
22 5
...
grammaire et orthographe
fautes note
0 25
1-2 24
3-4 23
6 22
7 21
8-9 20
10-11 19
12 18
13 17
14 16
15 15
18 14
19 13
20 12
21 11
22 10
23 9
24 8
...
8 commentaires:
Cher professeur masqué,
Je vous remercie pour ces explications. J'avoue toutefois m'y retrouver difficilement dans cette mathématique linguistique (ou l'inverse,si l'on préfère!).
J'imagine que les concepteurs de grilles de correction ont des justifications rationnelles, voire "scientifiques", si tant est que la docimologie est une science.
Trouve-t-on quelque part ces justifications? Les retracer et permettrait sans doute une discussion plus féconde.
Il est bien difficile pour un profane de se faire une idée de ce qui est juste ou moins juste, acceptable ou inacceptable en matière d'évaluation de la langue.
Je conçois en effet que les professeurs ne visent ni à "couler" les élèves, ni à les "faire passer" indûment, mais à reconnaître leurs compétences à leur juste valeur.
p.s. J'ai perdu des dizaine de points dans mes études secondaires pour des fautes de français et j'ai été le tourment des correcteurs d'épreuve au Devoir! C'est encore mon obsession!
JP Proulx: justement, ces grilles ne font l'objet d'aucun débat. Elles tombent dans les écoles et on doit le appliquer.
Je vous ai détaillé quelques informations que j'ai plu glaner au fil du temps. Mais pour moi, un question demeure: avec tout le temps qu'on consacre à l'enseignement du français, quel est le nombre d'erreurs qu'on doit juger acceptable. Par exemple, une faute au 30 mots revient à dire une faut aux deux ou trois phrases.
J'ai peine à croire que les grilles qui vous "tombent" dessus sont complètement arbitraires. Quelqu'un, quelque part au MELS a dû les justifier. La difficulté est que personne ne semble connaître ces justifications. Mais elles doivent bien exister. Bref, il y a ici un problème de transparence. Si elles existent, cela ne veut pas dire pour autant qu'elles sont crédibles. Cela reste à voir. Par exemple, à la question que vous posez: "quel est le nombre d'erreurs qu'on doit juger acceptable?"
Cela dit, et pour vous taquiner, je vous signalerai que vous en avez fait trois:
1- il manque un point d'interrogation à votre question sur le nombre d'erreurs;
2- vous avez omis le x au mot "au" précédent le 30;
3- vous avez omis le "e" à faute!
Et votre texte compte 56 mots!
Cela me ressemble!
Pfff... Me suis même pas relu! L'été, je ne suis définitivement pas un élève sage.
Je n'ai jamais été invité à participer à des discussions sur ce genre de grille. On n'a jamais sollicité mon avis. Je n'ai jamais vu de texte expliquant les «choix» menant à la conception de ces grilles. Sauf un jour quand les médias se sont mêlés de ce dossier. Là, il y a eu quelques échos ministériels...
Oui, une des questions importantes est bien sûr: quel est le nombre d'erreurs qu'on doit juger acceptable? Mais cette question doit aussi être posée en tenant compte du contexte de l'épreuve. Par exemple, en cinquième secondaire, les conditions entourant l'épreuve uniforme ont tellement changé qu'il est impossible de comparer l'épreuve 2013 avec celle de 2005, par exemple.
Correction au texte:
- une faute de syntaxe par verbe conjugué. Pour la ponctuation, on peut être plus sévère également.
Pour la conception des grilles, il y aurait des profs sur des comités, mais je n'ai entendu parlé de rien au niveau du plancher des vaches. Sauf une fois quand le MELS a dû «resserrer» les critères de réussite à la suite d'un boucan médiatique.
Vous écrivez:
"Pour la conception des grilles, il y aurait des profs sur des comités, mais je n'ai entendu parlé de rien au niveau du plancher des vaches."
Dommage en effet. Comme vous le savez sans doute, j'ai toujours plaidé et plaide encore pour une complète et transparente responsabilité des profs en pareille matière, à travers des mécanismes professionnels à déterminer. Mais je n'ai pas encore trouvé beaucoup d'alliés.
Ce faisant, je crains que votre frustration dure longtemps.
Vous savez, M. Proulx, je préfère travailler à développer la fierté de mieux écrire chez mes élèves. La note est seulement un indicateur. Seulement, dans certains cas, elle fausse la perception que certains ont d'eux-mêmes. Et c'est alors très nuisible.
Tu remets une page blanche et tu as quand même des points. Quelle farce!
On s'est retrouvé avec un paquet de faux 100% cette année.
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