Échelonné sur cinq ans, l'achat de portables et de TBI, de mémoire, représente plus que les montants consacrés à l'amélioration du français ainsi que les différentes mesures de lutte contre le décrochage, l'homophobie et la violence à l'école réunies. Avec l'ajout des ressources promis dans la dernière négociation collective, il s'agit du programme le plus important en éducation depuis des années. Et on comprend que celui-ci a été totalement improvisé puisque même les commissions scolaires n'étaient mises au parfum de cette initiative!
On peut également s'interroger sur l'utilisation des TBI en classe. Si on s'en sert pour diffuser des contenus fixes ou vidéo, il aurait mieux valu acheter des projecteurs. Un TBI est fait pour être interactif, pas seulement permettre au prof d'avoir un bel outil technologique mais aussi susciter la participation de l'élève qui l'utilisera à l'occasion pour mieux maitriser certains apprentissages. Pensez-vous que cette approche pédagogique, car c'est bien de ce dont il s'agit, s'applique à tous les programmes disciplinaires et avec tous les profs?
Il en est de l'installation des TBI comme de l'anglais intensif obligatoire: le principe est bon, mais son caractère universel est d'une absurdité consommée.
Un dernier point: qui paiera pour ces TBI et ces portables? La réponse vous découragera ou enragera, c'est selon. Lisez ce passage de ce texte de François Cardinal de La Presse intitulé à juste titre «L'école bling-bling»:
D'autant plus que ces gadgets ont un coût. Énorme. Les tableaux se détaillent 3000$ au bas mot, à multiplier dans chacune des 40 000 classes de la province. Ajoutez à cela un portable pour chacun des 80 000 profs, et la facture frôle les 200 millions de dollars... sans compter la formation que tout ce beau monde exigera avec raison.
Une somme faramineuse... qui devra être puisée, selon ce qu'a déclaré Jean Charest, à même le «cadre financier établi il y a un an». Et c'est là où le bât blesse. La technologie a sa place dans la classe, mais si elle y entre au prix d'une réallocation des ressources, on est en droit de se demander s'il s'agit d'une priorité.
On comprend ici qu'il ne s'agira pas d'argent neuf injecté en éducation. Pensez maintenant à votre classe, à votre école et demandez-vous: quelle ressource, quel service ma commission scolaire et le MELS vont-ils couper pour me permettre d'avoir un portable et un TBI?
3 commentaires:
Comme d'habitude notre merveilleux gouvernement calcule APRÈS avoir fait ses annonces juteuses. Rien de neuf sous le soleil gouvernemental.
Je ne suis pas contre l'arrivée de la technologie dans les classes, loin de là. Mais ce qui me désole dans cette annonce du gouvernement, c'est qu'on met encore l'accent sur le contenant plutôt que sur le contenu. C'est le cas de le dire : on regarde le tableau plutôt que la peinture...
Je suis bibliothécaire au sein d'une commission scolaire et quand je vois la désuétude rampante des collections de livres des nos écoles, je me dis que c'est normal que la lecture n'intéresse pas les élèves.
De plus, ce n'est pas de cadeaux ponctuels dont les écoles ont besoins, mais bien de fonds stables qui reviennent à chaque année...
J'ai beaucoup de difficultés avec tout ça... Pourquoi le gouvernement ne demande-t-il pas à chacune des écoles les besoins qu'elles ont? J'enseigne dans une petite école de deuxième cycle du secondaire pour des jeunes de 14-18 ans en troubles du comportement et nous n'avons pas accès à rien. nous avons une connexion internet qui fonctionne une fois sur deux (donc pour des projections ou du travail avec les NTIC...!), un tableau blanc sur roulette qui était déjà usagé lorsqu'on l'a reçu, des ordi«nausord» et la même peinture depuis 10 ans. Aucun budget pour nous et nos élèves (ou si peu). Alors moi, le tableau interactif passe bien loin de mes priorités et de celles de mes élèves!
Isa
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