20 mars 2012

Budget et éducation

Je recopie intégralement ce texte qui explique un peu quelques postes budgétaires reliés à l'éducation. Des commentaires en prime.

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Québec | Budget 2012-13
Québec garde le cap en éducation

QUÉBEC - Québec maintient le cap en matière d'éducation. La hausse de 75% des droits de scolarité demeure, les commissions scolaires devront comprimer leurs dépenses administratives de 100 millions $ et les cégeps disposeront d'une majoration budgétaire de 5%.
Commissions scolaires: on parle officiellement de réduction de dépenses administratives. Une façon plus soft pour le gouvernement libéral de passer les CS à la casserole comme le souhaite la CAQ. Néanmoins, on va voir comment celles-ci vont maintenir les services aux élèves...


L'enveloppe globale du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) sera globalement majorée de 342 millions $ (2,2%) pour atteindre 5,97 milliards en 2012-2013. Un effort de 118,5 millions $ est prévu pour modifier ou améliorer les services aux élèves du primaire et du secondaire dont 56,2% servira à réduire la taille des groupes d'élèves.
Dans les faits, le gouvernement atteint rarement cet objectif de respecter ses dépenses. Parfois, il y a  des coupes qui tombent en fin d'année budgétaire pour «équilibrer» les choses. Ou encore le gouvernement s'accapare de certains surplus, ce qui pousse les administrations en dessous à dépenser jusqu'au moindre cent...


Ainsi, Québec dépensera 45,2 millions $ pour réduire la taille des groupes en 5e et 6e années du primaire, comme le veut le programme sur la réussite scolaire «L'école j'y tiens» lancé en 2009. Ce programme prendra fin en 2013-2014. De même, les conventions collectives des enseignants signées en 2010 induiront, en 2012-2013, une dépense de 21,4 millions pour réduire la taille des classes en secondaires 1 et 2.
Question: a-t-on mesuré l'efficacité de cette mesure?

«Des niaiseries»
L'achat de tableaux interactifs au primaire et au secondaire coûtera 38,4 millions en 2012-2013 sur une dépense totale de 239,5 millions étalée sur cinq ans. Un «mauvais choix», estime Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec.

«Quand M. Charest a annoncé ça, ça ne répondait pas à un besoin massif des enseignants. Il y a des écoles où les tableaux sont dans les corridors depuis deux semaines parce qu'il n'y a personne pour les installer. On entend des niaiseries du genre: ça prendrait des rideaux dans les fenêtres parce qu'en après-midi les élèves ne voient pas au tableau et on attend les rideaux depuis six mois», a raillé M. Parent.
TBI: une mesure politique improvisée qui ne répond pas à une demande du milieu. On peut se questionner sur l'efficacité de cette dépense et son impact sur la réussite des élèves.

Langue et intimidation
Lancé en 2008, le plan de lutte à l'intimidation et la violence à l'école coûtera 6 millions $. De plus, une enveloppe de 18,8 millions est prévue pour le Plan d'action sur l'amélioration du français dont 13,4 millions iront à l'embauche de conseillers pédagogiques et au perfectionnement des enseignants. En même temps, Québec dépensera 4,5 millions pour lancer l'enseignement intensif de l'anglais en 6e année du primaire.
Intimidation: 6 millions qui finiront où? On saupoudre. Un véritable plan? Des objectifs? Des moyens? Un bilan?
Plan d'amélioration du français: saupoudrage encore. Sur le terrain, je ne vois pas de changement. Peut-être devrais-je m'acheter des lunettes?
Anglais intensif: programme contesté. On en reparlera.

Après avoir absorbé des compressions de 52 millions l'an dernier, les 48 cégeps bénéficient d'une majoration de leur enveloppe de 5,3% à 1,7 milliard $. De même, le réseau universitaire verra son enveloppe majorée de 3,2% à 2,69 milliards.
Cégeps: les montagnes russes budgétaires. On coupe. On hausse. Inefficace administrativement. Un financement instable occasionne des couts qu'on pourrait éviter avec une meilleure planification.
Universités: ce sont des entités autonomes, mais ce que leurs dépenses sont parfois contestables. La lutte actuelle des étudiants montre bien que certains dirigeants universitaires vivent dans un monde de corporate welfare bums.

Morale: en éducation, un budget pépère de continuité, sauf pour ce qui est de la hausse des frais de scolarité, bien sûr. Une volonté de resserrer les CS. On verra comment cela se traduira dans la réalité. On questionne peu aussi l'efficacité de certaines mesures. Prévisible. On est en fin de mandat.

4 commentaires:

Marc St-Pierre a dit…

Calcul rapide: des coûts de système qui se situent bon an mal an entre 3,5% et 4%. On parle ici de l'augmentation des coûts d'énergie, des hausses de toutes sortes liées à l'augmentation du coût de la vie, mais principalement des salaires: augmentations conventionnées et avançement d'échelons. Le budget des CS est augmenté de 2,2%: un manque à gagner d'environ 1,5%. dans une CS de 25 000 élèves qui a un budget d'environ 230M$, ça représente près de 3,4M$ en coupures...le salaire d'une quarantaine de cadres de service ou de tout le personnel des services éducatifs!!!

Anonyme a dit…

Concernant la diminution des groupes en 5e et 6e année, je peux confirmer que cela fera une différence.

J'ai déjà eu un groupe dans lequel, en 6e année, sur 25 élèves (un petit groupe, j'étais chanceuse) j'avais 3 doubleurs, 1 élève handicapé, 3 élèves qui faisaient de la 3e année ou de la 4e année, deux cotes 12 et une cote 14.

La même année, j'ai terminé l'année en 5e année avec 30 élèves et un groupe sensiblement semblable à l'autre.

5 élèves qui ont fait toute la différence... Je ne peux pas parler pour le secondaire, je n'y ai jamais enseigné, mais pour le primaire, où nous avons un peu de tout dans nos classes, élèves qui iront en adaptation scolaire l'an prochain dans certains cas, d'autres qui iront en enrichi... C'est à se casser la tête de pouvoir aller assez lentement pour les élèves en difficulté, tout en fournissant les élèves qui vont rapidement pour ne pas les démotiver, sans oublier ceux du milieu... Vraiment, tout un casse-tête! 2 à 3 planifications par matière pour nos élèves qui ne font pas ce que font les autres...

Vraiment, diminuer les ratios au 3e cycle, ça, c'est une bonne idée. Bon, tout le monde sait que ça ne se fera pas, parce qu'ils vont être en dépassement et dépasser les ratios, comme c'est souvent le cas...

Jonathan Livingston a dit…

Quelque chose cloche dans ces données: 5,7 milliards pour le MELS? on parle de près de 16 milliards ailleurs...

Le professeur masqué a dit…

Jonathan: effectivement, il manque un 1, à mon avis.

Anonyme: personnellement, je crois au bienfait de cette mesure. Simplement, par rigueur, je crois qu'on doit évaluer toute mesure en éducation. Si on prend les plans concernant le français et l'intimidation, c'est du saupoudrage et du gaspillage, à mon avis. Sauf que je ne peux le prouver de façon «objective».

M. St-Pierre: combien de CS ont un budget de 230$? Ce montant inclus ou non les salaires des profs?