01 mars 2012

Tableau banc interactif: le chat commence à sortir du sac

Trois textes publiés dans La Presse ce matin nous apprennent ce dont on se doutait un peu tous: la décision du gouvernement Charest de doter toutes les classes des écoles québécoises de tableaux blancs interactifs semble avoir des odeurs de favoritisme (ici) et n'est pas basée sur des études sérieuses quant à leur efficacité pédagogique (ici).

Quelques passages savoureux:

Le prix moyen d'un Smart Board est de 3458$, selon une résolution de la Commission scolaire de Montréal datant de novembre. La commission scolaire des Samares (Lanaudière) les a payés 5330$. Ce prix comprend le projecteur et l'installation. Or, selon nos recherches, les produits concurrents se détaillent entre 1300$ et 3000$ (voir encadré).

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La Presse a demandé au ministère de l'Éducation de lui fournir l'étude qui a justifié le lancement de ce programme d'un quart de milliard de dollars. Au bout de 10 jours, le Ministère nous a envoyé cette réponse: «La mesure repose sur des analyses effectuées par le Ministère. Les TIC ont un potentiel pour favoriser la réussite scolaire par des approches pédagogiques stimulantes et des ressources didactiques variées offrant la possibilité de différenciation des enseignements.»

En vérité, aucune étude indépendante n'existe pour justifier l'achat massif et rapide de TBI, affirme Thierry Karsenti, directeur de la chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication en éducation. «Les seules études sur les TBI ont été subventionnées par les fabricants», précise-t-il.

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Je me permettrai aussi d'ajouter aux différents textes des journalistes de La Presse qu'avec les achats regroupés, c'est la technologie généralement Apple qui en prend un coup dans les écoles du Québec. Or, la plupart des initiatives NTIC des écoles sont faites avec des produits et des logiciels de cette compagnie.

Quand on regarde les choix de nos décideurs politiques en matière de logiciels et d'appareils informatiques, on sent un biais incroyable en faveur de certains produits et entreprises.

6 commentaires:

Sylvain Bérubé a dit…

Je pense sincèrement que le plus triste dans cette histoire (ou tristoire…), c'est que l'on ne peut décider, en toute connaissance de cause (on est sur le terrain après tout), quel est l'outil idéal (ou plutôt LES outils) permettant réellement d'intégrer les TIC et de faire entrer nos élèves dans le 21e siècle.

Donnez-nous des connexions internet à large bande, ouvertes au maximum et ouvrons aux élèves la possibilité d'utilisation de leurs propres appareils (et aidons les autres qui n'en ont pas !!!) Alors nous pourrons éduquer au développement du jugement critique face à une marée d'«informations» face à laquelle un esprit non entrainé aura fort à faire pour éviter d'être manipulé par des pseudo-connaissances, ou des pseudo-connaissants !

Difficile de tout dire ici en peu de mots... Alors je brosse sans polir ce que je conçois comme étant le "tableau" de la situation de l'intégration des TIC.

De plus, qu'on arrête donc de dire aux profs quoi choisir... Est-on si cons que ça, les enseignants, que nous ne puissions savoir comment intégrer les TIC de façon pédagogiquement efficace ? Parfois j'ai l'impression fâcheuse qu'on nous prend pour ces cons… Ya des jours où je me désole… Je dois être dû pour une relâche ;-)

À force de commenter ici, je finis par avoir l'envie d'écrire un billet. Je dois trouver le temps maintenant. Merci d'être mon déclencheur ;-)

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: plusieurs événements au cours des deux dernières années m'amènent à m'interroger sur la capacité de certains à utiliser les NTIC en classe. Malgré tout, je pense que le choix des outils devrait revenir aux profs qui ont envie d'aller de l'avant, pas aux comptables.

imaginezautrechose a dit…

Je suis complètement déprimée.

Sylvain Bérubé a dit…

Oui PM, je sais que tous ne sont pas prêts à intégrer les TIC (et je pèse sur le mot "intégrer", car il est très différent, à mon avis, du mot "utiliser", ce qu'un plus grand nombre fait ...)

Mais il y en a de plus en plus qui peuvent/pourraient le faire, ou qui le feront en étant influencés par ceux qui intègrent déjà... J'ose l'espérer, en tout cas, même si je sais pertinemment que certains ne seront jamais prêts. Une minorité, osé-je encore espérer...

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: il y a des résistances surprenantes...

Gen la vilaine a dit…

À l'université où je sévis, le smartboard est présent dans toutes les classes. La plupart des enseignants adorent ça. Mais, j'ai constaté que ceux qui enseignent les matières classiques (chiffrées) tel que les mathématiques, l'économie ou la comptabilité, chialent beaucoup sur la disparition du bon vieux tableau noir à craie!

Bref, considérant le fait qu'au primaire et au secondaire on y enseigne essentiellement les matières classiques, je justifie mal l'utilisation du smartboard dans tous les locaux...

Je préfère de loin l'accès facile au Web.