14 juillet 2012

«Nager pour survivre»: un succès avec 36% de réussite (ajout)

Il y a des synchronicités qui montrent bien que deux individus peuvent avoir la même idée sans s'être influencés mutuellement. Ainsi, je suis tombé ce matin, au hasard de mes lectures, sur cet éditorial de Brigitte Breton, du quotidien Le Soleil, qui aborde un point de vue assez critique quant à la formation «Nager pour survivre».

Ce qui est intéressant dans ce texte, ce sont les nouvelles informations qu'on y retrouve:

Les projets-pilotes menés au Québec (notamment à la commission scolaire des Découvreurs) montrent que 36 % des jeunes ont réussi à réaliser les trois exercices au terme des trois séances d'une heure, 43 % y sont arrivés avec une veste de flottaison et 21 % ont échoué même en portant une telle veste.

Le fameux 80% de réussite de cette formation en prend un coup quand on apprend que 43% de celui-ci est constitué de jeunes portant une veste de flottaison et que 15 à 20% des jeunes le réussissaient avant la formation (voir commentaire ici). Et on peut aussi réagir quand on constate que 21% des participants ont échoué cette formation même en portant une veste. En fait, d'une façon ou d'une autre, plus de 60% des gamins ressortiraient de cette formation sans être outillés pour affronter une situation périlleuse dans l'eau sans veste de flottaison. Définitivement, cette formation n'est pas un cours de natation. Et plus de 60% d'échecs semble être une norme acceptable pour qualifier une initiative de «succès» par le MELS et les commissions scolaires...

Selon la Société de sauvetage, il est cependant trop tôt pour dire si le nombre de noyades [en Ontario] est en baisse grâce au programme.

De l'aveu même de cet organisme, on dépensera donc des millions de dollars par année au Québec pour une formation dont on ne connait rien de l'efficacité.

L'Ontario a vu les inscriptions pour la formation aquatique augmenter de plus de 25 % depuis l'introduction de Nager pour survivre, il y a sept ans. 

Voilà peut-être la principale retombée positive de cette formation: elle constitue un gros exercice de sensibilisation parentale. Quand certains parents ont constaté que leur enfant coulaient (au propre comme au figuré) leur formation, ils se sont dépêchés de les inscrire à de véritables cours de natation.

Tout cela cependant ne change en rien ma position de base: cette formation inefficace constitue un fardeau organisationnel et financier pour l'école québécoise et l'éloigne de ses missions fondamentales.


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