05 juillet 2012

«Nager pour survivre» dans les écoles: 40 morts à nuancer (ajout)

Québec entend favoriser l'implantation du programme  «Nager pour survivre» dans les écoles primaires du Québec. Il défraiera une partie des couts de ce programme, laissant le soin aux écoles qui veulent y participer de régler le reste de la facture.

L'argument invoqué est bien sûr le nombre élevé de noyades cette année. Or, une petite analyse des 40 noyades survenus jusqu'à présent au Québec montre une réalité pas aussi simple qu'on pourrait le croire.

De toutes ces noyades, on remarque entre autres:
- une septuagénaire confuse;
- trois sportifs imprudents sur la glace (motoneige et VTT);
- un bébé laissé sans surveillance dans son bain;
- sept individus retrouvés sans qu'on connaisse les circonstances exactes de leur décès;
- un suicidaire;
- deux individus à bord d'une embarcation alors on ne sait pas s'ils portaient un gilet de sauvetage;
- deux individus à bord d'une embarcation alors qu'on sait qu'ils ne portaient pas leur gilet de sauvetage;
- un homme retrouvé dans un fossé près d'une route;
- un pilote dont l'avion s'est écrasé;
- un plongeur sous-marin;
- deux jeunes hommes qui marchaient sur le bord de l'eau à Oka;
- deux personnes âgées atteintes de malaise cardiaque alors qu'elles étaient sur ou dans l'eau;
- deux noyade alors que les individus étaient fort possiblement sous l'influence de la drogue ou de l'alcool
- deux noyade alors que la vitesse de l'embarcation pourrait être en cause et que les individus ne portaient pas de gilet de sauvetage;
- quatre enfants laissés sans surveillance parentale.

Dans 90% des noyades au Québec, on parle donc d'adultes, majoritairement des hommes. Près du quart sont associés à des actes téméraires ou au non-respect de la réglementation nautique.

En ce qui concerne les individus de moins de 18 ans qui représentent moins de 13% des noyades au Québec, il s'agit dans les cinq cas d'enfants laissés sans surveillance par leurs parents, dont un qui s'est noyé dans son bain.

Chaque décès accidentel en est un de trop. Les jeunes d'aujourd'hui qui bénéficieraient du programme «Nager pour survivre» seront les adultes de demain. Mais trois questions:
- l'utilisation du nombre de 40 noyades pour justifier l'implantation facultative de ce programme dans nos écoles est-il intellectuellement honnête?
- ce programme règlera-t-il les cas de bêtise humaine liés aux diverses noyades?
- les parents, même s'ils sont parfois touchés par des drames déchirants, n'ont -ils pas une responsabilité dans l'éducation nautique de leurs enfants  et la surveillance de ceux-ci?

En passant, aucun des enfants qui se sont noyés cette année n'aurait reçu cette formation à leur école puisqu'ils n'étaient même pas d'âge scolaire...

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Comme je me sentais mal de ne considérer que les statistiques de cette année, je suis allé jeter un coup d'oeil celles des années 2010 et 2011.

En 2010:
 - 14 morts de moins de 18 ans sur 78 noyades (18% du total des noyades);
- 5 noyade survenues en piscine (dont une dans un piscine publique et l'autre dans un parc aquatique);
- 1 dans un bain et une à cause de la glace qui a cédé sous le poids de la motoneige où l'enfant de 13 ans prenait place avec son père.
- au moins 4 enfants qui n'étaient même pas en troisième année du primaire.

En 2011:
- 12 morts de moins de 18 ans sur 81 noyades (15% du total des noyades);
- une seule noyade survenu dans une piscine et une à la suite de la chute d'un hydravion;
- les 10 autres sont survenues dans des lacs ou des rivières;
- au moins 7 enfants qui n'étaient même pas en troisième année du primaire.

5 commentaires:

Mam'Enseignante a dit…

Encore une fois, c'est la règle de l'opinion publique qui régie les actions du gouvernement.

Comme dans à peu près toutes les interventions gouvernementales...

Au Québec, il neige et on a de l'eau. Deux faits indiscutables et dont on doit se soucier.

À la quantité de plan d'eau au Québec, c'est quasiment une responsabilité parentale d'équiper son jeune adéquatement pour qu'il sache se débrouiller sur un plan d'eau.

Anonyme a dit…

À quand UNE vision de l'éducation. Par moment, présentement pratiquement tout le temps, les changements apportés par la ministre se font en fonction de l'opinion publique. L'éducation s'est beaucoup plus que cela.

Il est grand temps que la politique n'influence plus l'éducation. L'opinion publique ne devrait jamais être la balise en éducation.

Je suis en accord avec le fait qu'il est important de savoir nager mais est-ce que l'école doit encore devenir responsable de l'éducation des parents? Tant que la ministre va croire que c'est à l'école d'élever les enfants nous serons dans le trouble!

Anonyme a dit…

Mon questionnement est: pourquoi uniquement en troisième année? Comme c'est un cours de seulement trois heures, pourquoi ne pas le donner à chacune des années du primaire? Les profs d'éducation physique pourront sûrement trouver une place dans leur programme ou remplacer une activité récompense piscine par ce nouveau programme.

Juillet a dit…

Nos enfants éprouvent de la difficulté à écrire leur langue maternelle. On ne leur inculque plus aucune notion d'économie. But they will be perfect little bilingual swimmers. Ready for Old Orchard!g

gillac a dit…

C'est ça une gouvernemaman. Je pense aussi que l'État devrait fournir des paratonnerres à tous les alpinistes et installer des parapets sur tous ls ponts du Québec...