12 mai 2010

Examen du MELS: entre «tricherie» et tricherie

Un dernier petit retour sur l'examen d'écriture de cinquième secondaire du MELS. Est-ce parce qu'on veut que tout le monde passe, mais c'est fou comme on tolère que les nouvelles technologies de l'information permettent aux élèves d'améliorer leur résultat à cette épreuve?

FaceBook

Comme on l'a vu dans cet article du Devoir, les jeunes de cette année ont eu l'intelligence de former un groupe FaceBook afin de partager leurs trucs quant à l'écriture de ce texte, mais aussi des suggestions quant au sujet de l'examen et des faits ou extraits qu'ils devraient retenir sur la feuille de notes à laquelle ils avaient droit lors de cette épreuve. Ils ont ainsi fait la preuve que la préparation de cet examen peut être un gigantesque pow wow où un élève qui n'a pas lu le recueil de textes y trouvera son compte.

Avec cette formule d'examen, j'ai déjà vu au fil du temps des parents aider leur enfant à un point tel qu'ils auraient mérité un partie du résultat de ce dernier. Et je me demande si l'année prochaine, je ne consacrerai pas un blogue pour préparer l'ensemble des élèves qui le voudront à cette évaluation. Si c'est permis, pourquoi pas? Je n'enseigne plus en cinquième, après tout!

Est-ce que ce genre de préparation aura permis à des jeunes de réussir une épreuve qu'ils auraient autrement échouée? Pour la grande majorité, non. Leurs lacunes ont trait à la maitrise de la langue. N'empêche que je suis de plus en plus embêté par cette formule d'examen.

Les textos

Une autre façon technologique de tricher a bien sûr consisté à ce que des élèves puissent avoir accès à la question de l'examen avec d'autres. Comment? Simplement parce que cette épreuve nationale ne se déroule pas à la même heure à la grandeur de la province. À mon école, des jeunes ont reçu des textos leur indiquant la question de l'examen près deux heures avant la tenue de celui-ci. Ces messages provenaient d'amis d'autres écoles qui ont pu leur texter la question à même leur local d'examen. Il faut le faire! Cela nous indique aussi la qualité de la surveillance durant cette épreuve où un jeune peut aussi tricher en écrivant des notes dans le dictionnaire et le recueil de conjugaison qu'il peut apporter avec lui.

Le MELS est au courant de cette situation depuis quelques années, mais ne semble pas se préoccuper de ce problème qui pourrait survenir dans le cas de plusieurs autres épreuves nationales.

Indolence? Paresse? J'en-m'en-foutisme? Incapacité à régler un problème parce que ce sont les gros autobus scolaires qui décident de l'organisation des horaires d'examen dans nos écoles?

6 commentaires:

Lia a dit…

Je pense qu'il faudra revenir à la toute première formule de l'épreuve unique, administrée en 86 (j'étais élève en 5e et je l'ai vécue!). Il s'agissait de donner notre opinion sur un sujet (oublié depuiS)sans préparation, à froid, avec des inventions de statistiques et des exemples tirés de notre tête.

Tricherie vous dites... si vous saviez...

Le professeur masqué a dit…

Lia: Allez, raconte-moi un peu...

Anonyme a dit…

J'ai accroché sur le passage où vous dites que certains parents aident leurs enfants à tel point qu'ils mériteraient une partie de la note.

Ça m'a rappelé un dîner avec d'ex-collègues où l'une d'elle, mère d'une fille au secondaire, déplorait que sa fille ait eu 0 dans une production écrite : plagiat d'un texte sur internet. La maman disait, grosso modo : « tsé, c'est moi qui lui ai montré à fouiller sur internet et à s'inspirer de textes sur le même sujet... Là, elle a peut-être exagéré, mais je trouve que la punition est elle aussi exagérée... C'est une bonne élève, ma fille... Elle pleurait quand la prof lui a annoncé qu'elle avait 0... L'enseignante aurait au moins pu lui permettre de refaire un nouveau texte... »

J'en étais sidérée. J'ai même osé lui répondre que « trop largement s'inspirer » des textes des autres, c'était exactement ça la définition du plagiat et que je n'avais pas de pardon, surtout qu'on sait très bien que c'est interdit. En tant que prof, j'aurais donné 0 et en tant que mère, jamais je ne cautionnerais un tel comportement de la part de mes enfants.

Excusez-moi pour le commentaire-fleuve, un peu hors sujet, mais j'avais besoin de le partager.

Pour l'examen du MELS, j'ai une cousine prof de français qui a terrorisé ses élèves avec la « sévérité » des correcteur d'épreuve et la nécessité de bien respecter le schéma qu'ils avaient appris en classe. Elle m'a admis avoir beurrer un peu trop épais, mais elle refusait d'admettre devant ses élèves que les critères et les grilles de correction, c'était (encore plus) devenu du gros n'importe quoi.

Réjean a dit…

Les étudiants ne pouvaient dier que oui :


http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2010/05/opinion-dirigee-pour-lexamen-de.html

Le professeur masqué a dit…

Lia: je suggère aux parents de ne pas aider leur enfant parce que c'est humiliant de couler un devoir de première secondaire quand on est un adulte...

Réjean: les sujets du MELS sont toujours un prêche politically correct, tu sais, et ce que tu soulèves ne m'étonne pas.

Missmath a dit…

Que les étudiants s'organisent sur Facebook, je crie bravo.

Que les étudiants préfèrent lire les commentaires tout préparés de leurs collègues que lire les textes officiels... bof... C'est comme préférer manger un Kraft Dinner plutôt qu'un vrai macaroni au fromage. La source est douteuse, mais ça peut nourrir (... et devenir cancérigène à la longue).

Quant à l'absence d'un horaire d'examen commun pour tous, cela relève d'une imbécillité administrative sans nom.