L'idée a été lancée hier alors que commencent doucement à couler divers éléments de la plateforme du «mouvement» qu'entend lancer François Legault: doit-on augmenter le salaire des profs? L'ancien ministre de l'Éducation entend ainsi attirer de meilleurs candidats et motiver les enseignants déjà en poste.
François Cardinal, de La Presse, semble pencher pour cette initiative. Il s'appuie sur le dernier rapport PISA : «Les systèmes d’éducation les plus performants tendent à donner la priorité au salaire des enseignants et non à la réduction de la taille des classes.»
Pour ma part, j'ai de grandes réserves quant à cette mesure. Ce n'est pas quelques milliers de dollars de plus qui vont attirer de meilleurs profs et motiver ceux en place. Les doléances des enseignants sont ailleurs. Voici quelques pistes pour M. Legault.
- Il suffit de jaser quelques minutes pour constater à quel point ils en ont soupé des changements «pédagogiques» au cours des douze dernières années et le caractère déconnecté de ce qu'impose le MELS par rapport à la réalité du terrain. M. Legault se ferait bien des amis s'il offrait une retraite anticipée à tous ces pédagogues ministériels qui vont d'échec en échec à chaque réforme. De plus, les hauts fonctionnaires devraient redevables des changements qu'ils proposent. Ce sont d'ailleurs les seuls individus de tout le système éducatif québécois qui semblent ne pas avoir de comptes à rendre.
- Les enseignants veulent davantage d'autonomie professionnelle que de fric. Bien des gens fuient le monde de l'éducation parce que les profs sont carrément infantilisés. Jamais un véritable professionnel n'accepterait avec autant de mépris de la part de ses patrons.
- Un autre point qui susciterait l'approbation de certains enseignants est qu'on se penche véritablement sur la façon dont est dépensé l'argent en éducation. M. Legault remet déjà en question les commissions scolaires, soit. Mais pourquoi s'arrêter en chemin? Il convient d'amorcer une véritable analyse des budgets en éducation. Avec les fusions des commissions scolaires qui sont devenues des entités régionales, à quoi servent les directions générales du MELS, par exemple? Au ministère de l'Éducation, n'y a-t-il pas lieu de se livrer à une véritable analyse du rôle des nombreux organismes qui y sont rattachés? À moins que je ne me trompe, il y a plus de fonctionnaires par élève au Québec que dans une foule d'autres pays.
Mais il y a peu de chances que cette dernière mesure soit mise de l'avant par qui que ce soit. Le ministère de l'Éducation est composé d'employés dont les syndicats défendront les postes avec vigueur. Ce sont les mêmes syndicats qui défendent les profs... dont les conditions de travail se sont détériorées au fil des ans. Les mêmes syndicats qui protègent certains membres au détriment d'autres finalement.
Chose certaine, M. Legault devra présenter de solides propositions en éducation. Pour la petite histoire, on se rappellera que celui-ci a déjà déclaré, en pleines négociations collectives, que les enseignants étaient des «liseurs de revues» et a appuyé la réforme sans aucune réserve. Si on ne peut effacer le passé, on peut néanmoins mieux comprendre le présent et l'avenir.
10 commentaires:
Cher Masqué,
Juste comme ça: un prof autonome moins que très moyen avec les poches pleines de fric dans une école autonome aux budgets illimités, ferait-il plus pour ses élèves qu'un excellent prof pauvre dans une école pas riche ?
Je verse dans la plus totale des hérésie, j'en conviens. Dieu dans sa grande et infinie sagesse n'a-t-il pas créée les profs du Québec tous égaux et moyens ? Et à ceux qui persévèrent, n'a-t-il pas accordé le privilège de l'ancienneté pour leur permettre, plus ils sont expérimentés, de fuir les affectations dans les milieux les plus difficiles, c'est-à-dire ceux où on a le plus besoin d'eux.
M. Legault touche quelque chose de très sensible lorsqu'il aborde la question du salaire des enseignants. Mieux les payer ? Tous également ou en appliquant des critères tel que le lieu d'affectation ? Ce ne serait pas la première fois qu'on parlerait de mieux payer les meilleurs profs (salaire au mérite) et ceux qui accepteraient de travailler avec les clientèles les plus difficiles. Rappelez-vous que c'est M. Legault qui a introduit la notion de plan de réussite dans nos écoles, ouvrant la voie à la gestion axée sur les résultats que dénonce justement et curieusement la FSE...
Imaginons...lors des prochaines négos, M. Legault est premier ministre du Québec. Les enseignants demandent une hausse de salaire de 6%. Il leur répond, c'est OK à condition que la règle suivante s'applique:je vous garantis 2%, et le 4% restant vous sera versé à la fin de chaque année sous forme de boni forfaitaire au rendement... si vos patrons jugent que le méritez. Et en passant, je viens d'abolir les directions régionales et j'ai mis dehors la moitié des fonctionnaires du MELS. J'ai pris tout le fric et je l'ai envoyé aux écoles directement. Et puis pour faire aussi plaisir à la fédé des directions d'écoles, j'ai modifié le modèle de gouvernance. Chaque école aura son identité juridique propre et sera administére par un conseil d'administration où les parents et les partenaires du milieu socioéconomique auront une voix prépondérante. J'espère que vous êtes heureux.
M. Saint-Pierre: Comment calculer le rendement d'un employé qui a peu de prise sur le résultat de son travail? Comment exiger plus et mieux quand il contrôle au fond peu d'élément l'entourant? Honnêtement, selon les écoles et leur tâche, bien des enseignants ont des allures de jongleurs sur une planche de surf en plein tsunami. Et on veut en demander plus? Et celui qui a déjà des élèves excellents, en quoi serait-il moins méritants?
"[...] tous ces pédagogues ministériels qui vont d'échec en échec à chaque réforme."
De qui parlez-vous au juste?
"De plus, les hauts fonctionnaires devraient redevables des changements qu'ils proposent. Ce sont d'ailleurs les seuls individus de tout le système éducatif québécois qui semblent ne pas avoir de comptes à rendre".
Ils rendent compte à leur ministre qui lui rends compte à l'Assemblée nationale. C'est la règle du jeu de notre système.
M. Proulx: vous trouvez que le réseau de l'éducation au Québec va bien? Que la réforme a été implantée efficacement, sans retard dans la rédaction des programmes? Ça fait combien de dizaines d,années qu'on conçoit des plans contre le décrochage, au fait?
Vous savez comme moi que ce n'est pas parce qu'on a des règles du jeu que cela veut dire qu'elles sont intelligentes ou sensées. Ou encore qu'elles garantissent que les choses fonctionnent bien.
Dans les faits, avec la succession de ministre à l'Éducation qu'on a connus, ce sont les fonctionnaires qui assurent le roulement de la machine et briefent les ministres. Certains étaient de magnifiques marionnettes qui répétaient des discours qu'ils ne comprenaient même pas. Alors, pour ce qui est de la redevabilité des hauts fonctionnaires...
Votre premier paragraphe ne répond pas à ma question.
Le second est une évidence
La première phrase du troisième est aussi une évidence. La deuxième est une affirmation en l'air.
Bref, vous cherchez des boucs émissaires pour tout ce qui va mal en éducation et vous les avez trouvé dans ces fonctionnaires anonymes du MELS (vous avez oublié cette fois, les professeurs d'université).
Bref, mon ami, vous avez l'analyse courte.
M. Proulx: On échange, on discute.
À votre question, vous voulez quoi? De noms? Il y a combien de sous-ministres à l'Éducation? Vous voulez les noms des gens responsables de la rédaction des programmes en retard? Les noms de ceux qui ont conçu les règlements des bulletins qui ont été une vraie farce au primaire? Faut-il vous rappeler que le MESL a reporté sa propre réforme d'un an, réforme qu'il a imposé à des milliers d'enseignants, parce qu'il n'arrivait pas à respecter ses propres échéanciers?
Tiens, en français, il a fallu une lutte acharnée pour faire reconnaitre au sous-ministre Bisaillon que l'examen ministériel final en écriture contenait depuis des années une faille qui permettait à un élève de faire 200 fautes d'orthographe et de grammaire et de réussir quand même cette épreuve. Si le Devoir n'avait pas publié une série de textes à ce sujet, on serait encore en tain de faire «réussir» des élèves ne maitrisant à peu rien en grammaire et orthographe. Encore aujourd'hui, les seuils de réussite ne sont pas dictés par ce qu'on estime être une maitrise de la langue mais bien par le pourcentage de réussite.
À propos de votre commentaire, je remarque que vous ne vous prononcez pas sur l'état du réseau actuel de l'éducation. Il va bien, vous trouvez? On ne doit pas questionner, interpeller nos décideurs, nos gestionnaires, ceux qui ont mis de l'avant des réformes pédagogiques? Le décrochage, le MELS le combat-il de façon efficace depuis tant d'années?
Ce sont les sous-ministres qui restent et briefent les ministres qui se succèdent, vous le reconnaissez. Ce sont eux qui détiennent les informations et ils jouissent d'un pouvoir d'influence important. Or, les voit-on à la télé? Les voit-on en commission parlementaire? Comment alors peuvent-ils rendre des comptes à un ministre qu'ils peuvent ainsi «manipuler»?
Pour ce qui est des ministres marionnettes, je vous invite à lire ou regarder des interventions publiques de MM Fournier ou Legault. D'entrevue en entrevue, ils répétaient les mêmes lieux communs savamment appris.
Maintenant, une dernière question: pour ce qui va mal en éducation, à qui la faute d'après vous? Allez-y, ne vous gênez pas: livrez-moi une longue analyse.
Les problèmes structurels ou conjoncturels de notre système éducatif sont si connus qu'il ne me paraît nullement opportun d'y revenir.
Pour ma part, ce qui m'a toujours et surtout intéressé en quarante ans de vie professionnelle a été de travailler, seul ou avec d'autres, à trouver des solutions à ces problèmes. À cet égard, j'ai laissé suffisamment de traces pour que, si vous le jugez opportun, vous y trouviez votre profit.
Quant à vous proposer une "longue analyse" sur les responsables de ce qui va mal en éducation, je m'y refuse. Je n'ai aucun goût pour jouer à l'Inquisiteur. Mais une chose est certaine: dans un système complexe comme celui de l'éducation où les acteurs institutionnels et individuels sont si nombreux, ou les pouvoirs sont si diversifiés, on ne saurait désigner un seul coupable.
Cela dit, en ce samedi matin, j'ai un problème domestique fort préoccupant: mon toit coule! Je m'en vais donc de ce pas y monter pour voir ce qui s'y passe!
Bon samedi!
M. Proulx: ce qui m'embête dans les dernières années en éducation, c'est à quel point certains décideurs sont incapables de se remettre en question. Il n'y a pas de coupable quant à moi, mais des individus qui perpétuent le problème par leurs actions ou leur inaction.
On cible souvent les profs et on leur garroche des solutions par la tête. On change constamment les conditions de travail, le milieu dans lequel ils évoluent. On leur demande de rendre des compte. Mais cela ne s'applique pas réellement à d'autres acteurs du réseau qui gagneraient à être davantage confrontés à la réalité.
Au lieu d'une longue analyse, un court résumé?
Besoin d,aide pour le toit?
"François Cardinal, de La Presse, semble pencher pour cette initiative. Il s'appuie sur le dernier rapport PISA : «Les systèmes d’éducation les plus performants tendent à donner la priorité au salaire des enseignants et non à la réduction de la taille des classes.»"
Quels arguments idiots :
1) si le Québec paie moins et réussit bien à PISA, c'est que la règle ne tient pas.
2) Si le Québec paie autant, il n'y a pas de problèmes.
3) Raisonnement par panurgisme.
Anonyme: raisonnement rigolo. Mais je pourrais aussi ajouter qu'on est donc sous-payé par rapport aux résultats qu'on génère.
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