Tiens, je me permets un petit plaisir aujourd'hui.
Cette semaine, dans un commentaire sur ce billet, un intervenant sur ce blogue, le professeur Steve Bissonnette, faisait un lien vers une étude du groupe ERES responsable d'évaluer la réforme scolaire près de dix ans après son implantation.
Les résultats préliminaires de celle-ci montrent bien que le Renouveau pédagogique ne semble pas avoir tenu ses promesses. Si je demeure quelque peu prudent, c'est parce que les résultats partiels de cette étude traitent beaucoup des perceptions de certains acteurs en éducation et que, quant à moi, les morceaux de choix seront davantage ce qui concerne les résultats de nos jeunes en matière d'apprentissage, bien que je me demande comment on pourra comparer des éléments dont je doute qu'ils soient comparables méthodologiquement.
Lundi, une journaliste du Soleil reprenait les résultats de cette étude. Elle publie aujourd'hui un texte rapportant les réactions de certains intervenants à ces derniers.
Mon petit plaisir réside dans les propos de la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) , Josée Bouchard. Celle-ci est «étonnée» et «s'explique mal ces résultats» selon la journaliste: «Je trouve ça inquiétant. Si c'est bel et bien le cas, je vous avoue ma surprise. L'école est tellement intéressante aujourd' hui! On a implanté l'approche par projet, le travail d'équipe, des projets particuliers... Tout ça pour répondre aux besoins des jeunes.»
Pour madame Bouchard, les médias seraient en partie responsables de cette mauvaise perception: «On a tellement dit aux jeunes qu'ils étaient des cobayes que ç'a dû avoir un impact.»
Premier constat: Mme Bouchard ne semble pas vivre dans la même réalité qu'une majorité de gens. Elle est «surprise» par ces résultats, car l'école est «intéressante» à ses yeux. Or, il suffit de connaitre un tant soit peu la réalité scolaire pour réaliser que cette vision est idyllique à bien des égards.
Deuxième constat: pour Mme Bouchard, l'école semble être définie selon sa capacité à «intéresser» et à satisfaire les «besoins des jeunes». Je m'interroge toujours quand on tient ce genre de discours. N'amorce-t-on pas une lente dérive quand on raisonne de la sorte? Est-ce qu'apprendre fait partie des besoins de certains jeunes? L'école doit-elle être fondamentalement intéressante ou pertinente pour un jeune? Doit-elle se baser sur la notion de plaisir ou de nécessité ou un mélange équilibré des deux?
Troisième constat: pour Mme Bouchard, l'école devrait nécessairement être «intéressante» puisqu'on y a implanté l'approche par projet, le travail d'équipe, des projets particuliers. On remarquera que deux de ces trois mesures ont été reliées à la réforme au cours des dernières années. Donc, on peut librement penser que la présidente de la FCSQ croit que l'école québécoise devrait être «intéressante» puisqu'elle est «réforme».
Quatrième constat: Mme Bouchard n'est capable d'aucun recul critique quant à la réforme dans ses propos. S'il y a un problème, il est ailleurs que dans le Renouveau.
Cinquième constat: Mme Bouchard n'est pas capable d'effectuer un mea culpa. En effet, il faut savoir que des organismes comme la FCSQ ont été de chauds partisans de la réforme. Ils ont mis en oeuvre tous leurs moyens - qui sont considérables - pour en forcer l'implantation dans les écoles québécois avec le succès que l'on sait.
Sixième constat: Mme Bouchard a besoin de détourner l'attention en indiquant un bouc-émissaire: les médias. Cette dernière stratégie montre bien la faiblesse de certains intervenants en éducation. Tout d'abord, on blâme les autres au lieu de reconnaitre et d'évaluer la portée de ses propres actions. Pas très «réforme» comme comportement. Ensuite, avec tout le pouvoir d'influence médiatique dont disposent la FCSQ et le MELS, si ces derniers n'ont pas su «contrôler» la perception des médias quant à la réforme, c'est le signe qu'ils sont soit incompétents, soit que la réforme éprouvait des difficultés majeures, soit les deux.
À cet égard, si la réforme était la merveille qu'on nous a promise et non pas le cafouillis qu'on a connu, on n'en traiterait pas sous cet angle encore aujourd'hui. Le reconnaitre serait déjà un pas vers une solution quant à un certain marasme qui existe dans nos écoles.
3 commentaires:
STEVE BISSONNETTE ET NON PAS MICHEL!!!!!!!!!!!! ;-)
Correction effectuée!
Dans un environnement intellectuel sain, le doute est encouragé. Dans un culte ou dans une secte, il s'agit de croire ou d'adhérer.
Je pense qu'une grande part du RP est défendu avec un esprit de secte. À quand Le Temple du Renouveau Pédagogique?
Paul C.
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