08 février 2011

La réforme et les détails: le droit à l'évaluation

L'enfer est dans les détails, dit le proverbe. Quand on analyse les pratiques qu'a amenées la réforme, il y en a une que j'aimerais souligner ce matin: il s'agit du droit à l'évaluation. Ainsi, on ne peut priver un élève de son «droit» à être évalué. Jusque-là, peu d'individus s'objecteront à ce principe. Mais voici quelques cas où la situation peut déraper.

L'absence non motivée

Un élève est absent lors d'une évaluation. Il préfère rester à la maison pour écouter les Simpsons. Son absence est non motivée. Le jeune a malgré tout le droit de reprendre l'évaluation dont il s'est volontairement privé.

On peut toujours donner à l'élève une «conséquence». Il n'en demeure pas moins une chose: ce jeune est avantagé par rapport à ses collègues de classe. Ainsi, il aura eu théoriquement plus de temps pour se préparer à l'évaluation.

Pensons à un exposé oral, par exemple. Il est impossible de pénaliser le jeune absent quant à son résultat scolaire: les grilles d'évaluation ne prévoient pas le retrait de point pour ce genre de situation. On pourrait répliquer qu'il s'agit d'un problème de comportement et que le résultat de l'élève ne doit pas s'en ressentir. Il n'en demeure pas moins que ce dernier aura été avantagé et que ce sont ses collègues qui sont ainsi traités de façon inéquitable. Tout cela au nom du sacro-saint principe du «droit» à l'évaluation.

Dans le cas d'une épreuve écrite, si on ne veut pas avantager l'élève absent, on doit créer une nouvelle situation d'évaluation des apprentissages. Quand on sait qu'une SAE s'étale parfois sur quatre périodes, quel enseignant a envie de se farcir ce travail?

Le plagiat ou la tricherie

Si un élève triche lors d'une évaluation ou plagie dans un travail, il est interdit de lui coller zéro. On doit lui faire reprendre l'épreuve où il aura tenté de contourner les règles. Bien sûr, on peut lui donner une «conséquence» mais, encore une fois, le «droit» à l'évaluation interdit de le pénaliser quant à ses résultats scolaires. Il faut alors créer une nouvelle épreuve et prévoir un nouveau temps pour l'évaluation.

Une telle règle ne s'applique pas au cégep ou à l'université. Mais, chers collègues supérieurs, préparez-vous à voir contester vos façons de gérer ce genre de situation.

La renonciation à compléter une SEA

Si un élève renonce à passer un examen, par mesure préventive, l'enseignant devrait lui faire signer un papier expliquant ce choix et aviser les parents de l'enfant. Mais, oh surprise! le jeune pourra toujours changer d'idée par la suite.

La remise en retard d'un travail

Même principe ici encore. On ne peut ôter des points à la note d'un travail volontairement remis en retard. Un jour, dix jours: c'est le même principe qui s'applique.

Je comprends la notion de »droit» à l'évaluation, mais un principe poussé jusqu'à son absolu devient absurde.

Un élève qui renonce à passer une SEA ou qui ne respecte pas les conditions de celle-ci ne devrait pas avoir une possibilité de reprise. On peut toujours répliquer qu'il s'agit de pénaliser l'élève autrement (copie, réflexion, remise de temps, etc.). Le problème est qu'on embarque alors dans une dynamique lourde et complexe qui gruge un temps considérable qu'on pourrait consacrer à des occupations plus saines et stimulantes.

Ce qui est aussi pénible avec ce fameux «droit», c'est qu'on ouvre la porte à tous les abus de la part de ceux qui profitent ainsi de ce qui devient une largesse et on prive les enseignants de faire preuve de discernement dans le cadre de leur jugement professionnel.

Il est par ailleurs ironique que certains de ceux qui ont instauré cette pratique ou qui la défendent oeuvrent dans des établissements d'enseignement qui gèrent ces cas de manière bien différente de celles qu'ils nous demandent d'appliquer. D'où cet autre proverbe: Faites ce que je dis, pas ce que je fais...

18 commentaires:

Jean-Pierre Proulx a dit…

Vous soulevez une question intéressante.

En droit administratif, dont fait partie le droit scolaire, il existe une vieille règle: on ne peut faire ou on a le droit de faire que ce que la loi (ou les règlements qui en découlent) nous permet de faire ou nous reconnaît comme droit. Cela est parfaitement traduit dans l'article 1 de la Loi sur l'instruction publique qui se lit comme suit:

"1. Toute personne a droit au service de l'éducation préscolaire et aux services d'enseignement primaire et secondaire prévus par la présente loi et le régime pédagogique établi par le gouvernement en vertu de l'article 447 [de la LIP].

Il s'agit donc de savoir si la LIP et/ou le régime pédagogique reconnaît le droit à l'évaluation.

En parcourant ces deux documents, on ne trouve aucune affirmation spécifique que l'évaluation est un droit de l'élève. Il s'agit néanmoins d'une partie intégrale du service éducatif qu'est l'enseignement et auquel, dit l'article 1 de la LIP, les élèves ont droit .

Cela dit, la LIP ajoute ce qui suit:

"96.15. Sur proposition des enseignants [...] le directeur de l'école:
[...]

4° approuve les normes et modalités d'évaluation des apprentissages de l'élève, notamment les modalités de communication ayant pour but de renseigner ses parents sur son cheminement scolaire, en tenant compte de ce qui est prévu au régime pédagogique et sous réserve des épreuves que peut imposer le ministre ou la commission scolaire;

Bref, je vous suggère, pour faire avancer la question, d'en reprendre le débat dans le forum approprié déjà prévu à la loi. Les modalités d'exercice du "droit à l'évaluation" sont précisément du ressort de l'équipe-école et de sa direction.
s

Paul C. a dit…

Toute autre évaluation que l'auto-évaluation sera déclarée discriminatoire et non constitutionnelle. L'évaluation, et pourquoi pas la réussite, seront maintenant considérés comme des droits inaliénables - mais juste au Québec.

Monsieur masqué, l'évaluation n'en a plus pour longtemps. C'est même un embarras quand on évalue la réforme elle-même.

Anonyme a dit…

J'en reste bouche bée. Au collégial, les règlements sont clairs et d'ordinaire appliqués avec rigueur, à la discrétion de l'enseignant bien sûr, mais la fermeté est soutenue par la direction dans la plupart des cas : zéro pour un plagiat (à l'université, un plagiat nous rendait passible d'expulsion, rien de moins), 10% de pénalité par jour de retard, impossibilité de reprise à moins d'une raison médicale sérieuse, billet du médecin à l'appui.

Je ne suis pas sûr de comprendre le principe de ce droit d'être évalué : est-ce un règlement officiel émanant directement des programmes ministériels ? Y a-t-il une sorte de charte des droits de l'étudiant dans laquelle une clause précise stipule les différents cas que tu énumères ou bien cela fait-il partie d'un flou général à partir duquel les étudiants (et les parents) peuvent louvoyer pour justifier à peu près n'importe quel genre d'absence ou de retard ?

En tout cas, avec tout ce recentrement sur l'étudiant, on est de plus en plus près du droit de réussir, ce qui est contraire à l'idée même de l'école.

Jean-Pierre Proulx a dit…

À profquifesse,

Je pense que notre ami le prof masqué devrait nous éclairer davantage sur la source du droit à l'évaluation qu'il évoque dans son billet.

Mamzelle Z a dit…

A-t-on le droit de faire reprendre l'évaluation à l'élève dans des délais, disons...assez long (par exemple l'année d'après;)?

Blague à part, il y aura toujours des élèves qui tricheront, qui s'absenteront ou qui rendront les travaux en retard. C'est bien malheureux. Pourtant, mon optimisme (ou ma naïveté) me dit qu'ils seront toujours désavantagés dans la vraie vie quand la persévérance et l'effort seront requis.

Paul C. a dit…

Le raisonnement est assez simple:

L'absence à l'évaluation n'égale pas l'absence de compétence. La logique veut qu'on ne peut échouer une épreuve qu'on a pas essayée.

Et tout le reste joue la-dessus:

La politique d'évaluation met de l'avant deux valeurs (entre autres)qui permettent toutes sortes d'interprétations: égalité et équité. Ici, on dirait que l'équité permet les inégalités. L'équité permet en fait l'adaptation des "modalités" d'évaluation.

L'évaluation est de plus en plus considérée comme discriminatoire.
C'est pourtant bien sa fonction!

Tout est possible dans nos belles nouvelles écoles.

Jonathan Livingston a dit…

N'étant pas très assidu ces dernières années dans les écoles publiques, puisque j'ai vogué de contrat en contrat (pour finir dans une école particulière un peu dans une catégorie à part où le flou artistique règne en maître à faire dresser les cheveux sur la tête parfois, mais me laisse pas mal le loisir de gérer les choses à ma manière) et, du coup, loupé, quelques séances d'informations, je seconde Profquifesse:«est-ce un règlement officiel émanant directement des programmes ministériels ?

Jonathan Livingston a dit…

J'ai recherché en vain un texte éclairant sur le web et sur le site du ministère sur le fameux droit à l'évaluation. Néant, si ce n'est cet adjoint d'un billet de Professeur masqué du 4 avril 2008 qui affirmait que le jeune avait un droit à l'évaluation pour ne pas pouvoir mettre la note 0 au motif de ne pas s'être présenté à l'examen sans justification.

Parfois il faut demander à voir le règlement. «Tu ne mets pas 0, point» me semble un abus de pouvoir à la limite de l'ingérence, s'il n'est pas appuyé par un règlement clair. L'évaluation du rendement et du progrès de l'élève est du ressort de l'enseignant selon nos conventions collectives. Nous devons les communiquer selon le système en vigueur. Évidemment, ces dernières année, le système en vigueur n'a pas de zéro pour induire notre communication!!!

Le professeur masqué a dit…

M. Proulx: le code de vie de mon école en ce qui a trait à la triche durant un examen et aux nombreuses interventions des adjoints à l'effet qu'on ne peut priver un élève de son droit à l'évaluation.

Jean-Pierre Proulx a dit…

PM

Voyez plutôt ce que prévoient les normes d'évaluation des apprentissages préparées par l'équipe-école et approuvés par le directeur.

Ce devrait être là que ça se passe.

C'est important de bien préciser ce dont il s'agit. Vous avez parler de "droit". Si c'est le cas, on devrait en trouver l'énoncé formel quelque part dans votre école.

Jonathan Livingston a dit…

Bref, si je comprends bien un code de vie peut venir limiter le rôle des profs d'évaluer les jeunes et donc de définir un système raisonnable de contraintes pour en permettre l'exercice de manière équitable. Je croyais que les jeunes avaient le droit à l'éducation. On pousse la logique plus loin maintenant dans les détails.

Dans ce code de vie, on oublie certaines contraintes liées au vécu en groupe qui caractérise l'école. La nécessité de tenir des sessions d'examen ou de contrôle est nécessaire pour que simplement fonctionne le système mis en place pour donner à chacun son droit à l'éducation.

Quand les droits individuels débordent au point que le fonctionnement de tous n'est plus possible, que des principes d'équité et de justice sont bafoués en plus, il y a des question à se poser.

J'entends souvent un anthropologue qui s'occupe de réfléchir sur le système financier et la crise du capitalisme actuelle, Paul Jorion, répéter souvent que lorsque les gens d'une société se mettent à revendiquer de manière excessive le droit de faire ce que bon leur semble, on est dans un tournant de décadence d'une société.

La conscience du bien commun suppose qu'on accepte les contraintes raisonnables inhérentes au vivre ensemble.

Il est fou en éducation depuis cette réforme de voir combien il devient impossible de parler ouvertement des nécessités raisonnables de fonctionnement de l'école qui permet justement au sens de l'acte éducatif de s'affirmer. La logique du tout pour l'individu est en train d'ébranler la capacité du système de répondre au droit à l'éducation de tous. Et oui, c'est dans de plus en plus nombreux petits détails que cela se passent.

Paul C. a dit…

Extrait de la politique d'évaluation:

2.1 Les valeurs fondamentales

L’évaluation des apprentissages doit se faire dans le respect des lois et règlements qui régissent le système éducatif québécois. Pour servir la justice, le droit de reprise et le droit d’appel sont reconnus aux élèves.
Cependant, il appartient aux milieux scolaires de décider des modalités d’application de ces droits en tenant
compte de leurs contraintes organisationnelles. En plus de respecter les droits, une évaluation juste fait
appel à deux valeurs qui sont, en quelque sorte, des conditions de son application, soit l’égalité et l’équité.

Marc St-Pierre a dit…

Je tombe en bas de ma chaise. Le qui, le quoi, le quand, le combien ou le comment de l'évaluation doit être précisé pour chaque école dans un document intitulé "Normes et modalités d'évaluation". Rien à voir avec le code de vie...Ce document est approuvé par la direction de l'école, sur proposition des enseignants. Le directeur approuve...cela signifie en clair qu'il ne peut modifier ou amender la proposition. Il ne peut que retourner son équipe à la table à dessin. Par ailleurs, les récentes modifications au régime pédagogique vont de toute façon obliger toutes les écoles à revoir leurs normes et modalités et, nouveauté, en transmettre au début de chaque année un résumé aux parents précisant notamment la nature et la période au cours de laquelle les principales évaluations sont prévues pour chacune des matières.

Pour ce qui concerne le droit à l'évaluation, qui semble irriter un peu tout le monde, au-delà que ça fasse partie des serviceséducatifs devant être rendus, il est reconnu pour ce qui concerne les épreuves ministérielles. Le régime pédagogique prévoit que pour être admis à l'une de ces épreuves, l'élève doit être inscrit dans une école et avoir déjà suivi le programme correspondant. On précise par ailleurs dans le guide de gestion de la sanction des études que: "De plus, un organisme scolaire ne peut refuser l’admission d’un élève à une épreuve unique, que celui-ci se présente à l’épreuve pour une première fois ou pour une
reprise, en raison d’absences fréquentes ou sous prétexte que ses notes sont trop faibles".

Je pense qu'avant d'écrire n'importe quoi n'importe comment il faut s'informer.Toutes les références sont publiques et disponibles sur le web. C'est moins compliqué à trouver que de booker un voyage dans le sud via internet.

Avec le droit de choisr ses approches pédagogiques et ses moyens d'évaluation, il y a la responsabilité pour les enseignants de proposer à leurs directions d'écoles des normes et des modalités d'évaluation écrites, à l'intérieur des balises qui sont fournies par le régime pédagogique et la loi sur l'instruction publique, bien sûr.

Le professeur masqué a dit…

M. Saint-Pierre: je vais bien sûr aller vérifier le document «Normes et évaluation des apprentissages» de mon école aujourd'hui, mais les éléments dont j'ai traités sont inclus dans le code de vie de mon école. Rien n'empêche qu'ils soient également dans les «Normes et évaluation des apprentissages» et qu'on les ai répétés dans le code de vie afin de mieux en informer les parents. L'un n'exclut pas l'autre. Ce que je vérifierai aujourd'hui.

Par ailleurs, le fait qu'un directeur approuve un document et ne peut ni le modifier ni l'amender ne lui enlève en rien le pouvoir d'influencer le contenu de celui-ci. Bien au contraire. Il peut en rejeter le contenu comme bon lui semble jusqu'à ce qu'un terrain de compromis soit trouvé. Une «petite game politique» qui peut durer longtemps..

Ce que vous mentionnez quant aux examens ministériels est exact. On ne peut refuser un élève à une épreuve ministérielle. On peut par contre le mettre à la porte de l'école avant les examens... Dans la même veine, il existe des reprises à ces épreuves et je serais curieux de savoir si un élève surpris à tricher peut y être accepté. Me basant sur une expérience passée, la réponse me semble être oui. Donc, finalement, un élève n'aurait pas zéro pour avoir triché. Il aurait droit à une reprise ultérieurement.

Un dernier point: quand vous écrivez «Je pense qu'avant d'écrire n'importe quoi n'importe comment il faut s'informer.», j'aimerais savoir à quels éléments d'informations vous faites référence, le tout en respectant la cordialité de des échanges qu'on retrouve ici, s'il vous plait.

marc st-pierre a dit…

Bonjour Masqué,

Loin de moi l'idée de perturber le climat des échanges. J'espère que vous n'en doutez pas. Une réaction un tant soit peu émotive à la remarque de prof qui fesse qui n'avait pas l'air de saisir quelque chose qui est pourtant essentielle: on ne peut pas comparer le CEGEP et le secondaire. La raison en est fort simple et tant qu'à moi tellement évidente,les jeunes ne sont pas OBLIGÉS d'aller au CEGEP et le CEGEP n'a pas les obligations qui sont les nôtres, c'est-à-dire d'offrir obligatoirement des services éducatifs au secteur des jeunes jusqu'à l'âge de 18 ans à tous ceux qui résident sur le territoire qu'on nous assigne et 21 ans pour ce qui concerne les personnes handicapées. Et on se comprend bien, les commissions scolaires ont l'obligation d'offrir ces services jusqu'à 18 ans et les jeunes de s'en prévaloir jusqu'à 16ans. Or, quand la loi OBLIGE quelqu'un à s'asseoir dans une école, elle est forcément limitée dans les contraintes qu'elle peut lui imposer. Regardez ce qui se passe dans les écoles privées, où on a le renvoi beaucoup plus facile et la discipline plus stricte: c'est qu'on n'est pas obligé d'offrir des services et les jeunes ne sont pas obligés de s'en prévaloir...pour ça, il y a l'école publique.

Revenons au collégial, lequel à certains égards a plus en commun avec l'école privée qu'avec l'école publique. Il y a dans l'air cette idée de prolonger la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans. Le professeur Égide Royer défend cette position sur toutes les tribunes. Pensez-vous qu'au collégial rien de changerait si demain une partie des étudiants n'était là que par obligation. On jase...

Anonyme a dit…

Permettez que je pertube un peu, au risque d'abuser de l'habituelle convivialité de ce blogue.
Je suis heureux, cher monsieur St-Pierre, que l'évidence vous saute aux yeux, mais les miens, vous m'excuserez, n'étant pas aussi dessillés que les vôtres, je n'arrive pas à voir en quoi une obligation peut dédouaner des responsabilités qui l'accompagnent. Il semble vous plaire que l'école soit devenue un supermarché où le client roi peut fixer ses heures d'examen à volonté (vous essaierez la même chose chez le médecin), mais votre perspective est précisément celle qui a permis à l'école de devenir ce qu'elle est : un centre de services. Il n'y a pas qu'au privé qu'on instaure des codes vestimentaires ou des règles de vie que je sache. L'état impose à tous, unilatéralement, une éducation citoyenne qui, faut-il le rappeler, est le privilège des démocraties riches. Que ce privilège soit transformé en droit inaliénable est une aberration qui va à l'encontre même de l'école dont le rôle est de s'assurer que cette éducation est équitable pour tous. Comparer à cet égard le cégep et l'école privée, accessible à quelques privilégiés, relève d'un aveuglement ou d'une mauvaise compréhension des enjeux sociaux.
J'en ai plein présentement des étudiants qui ne sont là que par obligation : pression sociale, pression des parents, orgueuil, oisiveté, etc. Ils vont échouer, je le sais déjà, et quand ils sont absents aux examens, eh bien c'est dommage. Ils ne sont pas en mesure d'être là (je donne présentement un cours de renforcement en français écrit, couramment appelé mise à niveau pour les étudiants qui ont réussi leur secondaire V, mais dont le français écrit est trop faible pour qu'ils puissent intégrer les cours réguliers du collégial, et il y aurait beaucoup à dire là-dessus en relation ce droit à la réussite qui s'est peu à peu imposé au secondaire).
J'arrête avant de devenir réellement émotif.

Marc St-Pierre a dit…

Décolé Prof qui fesse, je vais reprendre. En peu de mots. Ce que tentais de dire c'est que le collégial, au-delà de nos choix de société, ne fait pas partie de ce qu'on appelle la scolarité obligatoire. Ça, c'est le lot des cours primaires et secondaires. Et dans ce parcours obligatoire, il y a aussi un réseau d'établissements qui n'a pas l'obligation de desservir sans restriction tous les élèves qui vivent autour d'eux. Ça c'est le privé.

Si dans votre collège on offrait un DEC en ébénisterie, vous auriez à choisir parmi ceux qui posent leur candidatures, selon des critères qu'il ne m'est pas donné de juger,lesquels parmi ces étudiants seraient admis. L'offre et la demande.

Si demain déménage sur mon territoire une famille dont un des enfants a un trouble envahissant du développement, doublé d'un trouble grave du comportement et d'une déficience intellectuelle moyenne, je devrai lui fournir un service. Oui, un service. J'en parle, c'est arrivé il y a deux semaines.

J'espère que vous saisissez maintenant un peu mieux le sens de mon analogie et cette notion d'obligation qui n'est pas la même chez vous que chez nous et qui fait qu'à cet égard privé et collégial ont quelques chromosomes en commun.

Libre à vous de considérer nos écoles publiques comme des supermarchés. Et moi à un épicier tant qu'à y être.

Anonyme a dit…

M.St-P. : j'avais très bien compris tout cela, et votre récidive ne fait qu'exemplifier avec plus de force la question du droit des élèves et la transformation des écoles en centre de services, de plus en plus orientés, avec la réforme, vers le libre-service, tant la modèle économique finit par s'imposer comme l'indépasssable référent.
Sachez que les collèges n'échappent pas à la tendance puisque nous héritons des diplômés du secondaire. Si vos TED obtiennent un diplôme, ils seront acceptés au collège, et ils le sont désormais, avec aide complémentaire, conditions particulières pour la passation des examens et tutti quanti. Si dans bien des cas, il s'agit d'élèves présentant quelques dysfonctions mineures (dyslexie, surdité, handicap moteur), nous héritons parfois de cas plus lourds (autisme ou troubles de comportement) qui ne sont pas en mesure de faire les apprentissages du collégial et qui ne sont acceptés que par souci d'équité et d'intégration.