Quel est le chemin le plus facile pour que nos élèves réussissent? Augmenter leurs notes sans pour autant être certain que ce résultat corresponde à la réalité. Dans un billet sur l'Iowa, je disais qu'on confondait souvent persévérance, décrochage et réussite. Et qu'il fallait également se questionner sur la valeur de cette «réussite». Au Québec, chose certaine, on est train de tomber dans ce miroir aux illusions.
La Presse, ce matin, nous montre que la réussite pour certains décideurs passe par la comparaison avec d'autres écoles et l'augmentation de la pression sur les profs pour que plus d'élèves passent. On n'ajoute pas des ressources pour aider les élèves en difficulté. Non, on ajoute des adjoints pour vérifier les résultats des groupes et on achète des logiciels pour établir des comparaisons entre les CS et les écoles. En fait, un journaliste le moindrement curieux découvrirait qu'à chaque fois que le MELS ajoute des responsabilités aux CS, leur premier réflexe est d'embaucher du nouveau personnel pour remplir la paperasse.
Pourquoi de telles pressions? Parce que la loi 88 oblige les CS à respecter des ententes de partenariat signées avec le MELS qui prévoient des cibles en matière de réussite scolaire et que les écoles signent, à leur tour, des conventions de gestion avec ces mêmes CS visant les mêmes buts.
Cette augmentation des résultats, le MELS le pratique lui-même avec les examens qu'ils corrigent. Ainsi, en français de cinquième secondaire, il détermine des critères de correction tout en vérifiant par des modèles mathématiques que ceux-ci permettront d'atteindre un certain pourcentage de réussite, il modère généralement les résultats des élèves à la hausse quand ils lui apparaissent trop pas (correction : trop bas).
On ne veut pas que les élèves apprennent, on veut qu'ils réussissent. Nuance.
3 commentaires:
Qu'est-ce que l'éducation? Qu'est-ce que la réussite? Voilà deux questions auxquelles les décideurs du monde de l'"éducation" ne s'arrêtent même pas. Je juge personnellement la première de ces questions comme étant fondamentale. Pour ce qui est de la deuxième, je ne sais pas. Je suis devenue plutôt allergique au mot "réussite" dans le monde scolaire, omniprésent mais qui ne veut pas dire grand chose.
Il y a une très jolie coquille à la toute fin de l'avant-dernier paragraphe.
Quant au mot "réussite", c'est devenu un mot valise qui justifie tout, et d'abord de cacher les échecs, dont on ne parle plus, novlangue qui ne sert qu'à masquer la réalité de l'école et à nourrir et à justifier le monstre pédagogique consacré à ce concept vide, "la réussite", qui n'est pourtant qu'un autre mot pour "diplôme".
Il faut réhabiliter l'échec; montrez qu'il est normal parfois d'échouer, que l'échec peut être salutaire et même pédagogique.
Chez nous on a refusé d'accepter de signer la fameuse entente ! pas question de pourcentage...le directeur pas trop content surtout lorsque le conseil d'établissement a refusé aussi ( certains parents ont compris l'absurdité de la chose! )
Il faut continuer de se battre!!
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