Dans ce texte de La Presse de ce matin, on aborde la notion de code vestimentaire pour les intervenants dans les centre jeunesse: «On voyait des éducatrices habillées de façon très inconvenante. Travailler en camisole sans soutien-gorge, c'est beaucoup trop provocant dans un milieu de gars de 12-18 ans! explique un professionnel du centre jeunesse. Aujourd'hui, l'hypersexualisation des jeunes s'observe même au sein du personnel.»
Et puis, je me suis mis à penser à ce qui se passerait si la direction de mon école demandait que les enseignants respectent certaines normes vestimentaires. La tempête, oui!
L'idée a été à peine effleurée dans une réunion que déjà les collègues hurlaient à la liberté d'expression et au respect de la convention collective. Or, à ce que je sache, la liberté d'expression peut être soumise à des restrictions. Par ailleurs, nulle part dans notre convention collective, il est mentionné la question de la tenue vestimentaire. Par contre, je crois qu'un directeur est en droit d'intervenir à ce sujet.
Il est par ailleurs remarquable qu'on agisse parfois auprès d'élèves incorrectement vêtues (majoritairement des jeunes femmes) parce qu'elles n'adoptent pas une tenue vestimentaire décente et propre à une maison d'éducation, mais qu'on tolère une tenue similaire chez une enseignante. Comme si des valeurs comme la décence et le respect dans une maison d'éducation étaient à géométrie variable.
17 commentaires:
"Travailler en camisole sans soutien-gorge, c'est beaucoup trop provocant dans un milieu de gars de 12-18 ans!"
Ça doit être le même qui trouve indécent de nourrir au sein son enfant dans les yeux publics ...
Elles sont effectivement à géométrie variable. Ces profs qui s'objectent à un code vestimentaire pour eux sont habituellement favorable à celui pour les élèves: deux poids deux mesures. Il ne faut pourtant pas oublier que ce qui est bon pour pitou l'est aussi pour minou. Et pitou devrait donner l'exemple.
Hep, sujet chaud par des temps froids!
A l'école secondaire honoré-Mercier , les professeurs avait un code vestimentaire assez simple et les élèves aussi.
-On ne voit pas les sous-vêtements.
-On porte des bretelle de plus de 3 cm.
- les jupes ou short pas plus haut que 10 cm en haut du genou.
- Chandail en filet , pas toléré.
- Si en te penchant je voit tes seins ou ton nombril, pas toléré.
Et bien , a ce que je sache il n'y a jamais eu de problème.
Le fais de vivre en société implique certaines règles dont celle d'être décemment vêtus.
Je suis pour un code vestimentaire, pas excessivement restrictif ( il y en a qui interdisent les jeans par exemple, alors que je ne voit personnellement pas la différence entre un jeans et un autre pantalon autant pour une femme que pour un homme.) mais cohérent. Et ce dans TOUS les domaines qui touches le ''domaine publique''.
Des fois j'me dit que je suis trop conservatrice :-)... a changer peut-être???
Et vous Prof Masqué vous en pensez quoi?
Anonyme: il y a une différence entre un geste naturel et un hypersexualisation du corps.
Bobby: je ne crois pas que la règle «Minou-pitou» doive s'appliquer de façon absolue en éducation. Par exemple, au niveau alimentaire, on ne permet pas aux jeunes de se gaver de café à l'école. Un adulte, potentiellement plus responsable, n'a pas la même contrainte.
Jonathan: oui, lentement, le printemps et les femmes court vêtus s'annoncent.
Mais le café n'est bon ni pour la santé de pitou ni pour celle de minou.
Je ne crois pas non plus au minou-pitou pour ce genre de règles.
J'y crois fermement pour le respect des autres, pour le savoir-vivre, mais pas pour un code vestimentaire.
Je crois quand même à la responsabilité du prof pour l'exemple. Moi, je porte des talons, mais mes cocottes de 9 ans n'ont pas le droit. Je ne suis pas en pleine croissance et je ne cours pas à la récré, tout comme je ne cours pas dans les escaliers (bon, d'accord, si, à la fin de certaines journées). Par contre, je mets ma tuque, mes bottes et mon foulard lors de mes surveillances, l'hiver. Je veux être au chaud. Je ne suis pas convaincante lorsque j'insiste pour qu'ils s'habillent adéquatement selon les saisons si je ne fais pas de même.
Je ne fais pas exprès de porter des jupes courtes et je ne mets pas de soutien-gorge rouge sous un chandail blanc...
Question de jugement non? Nous, adultes, devrions être capables de juger. Nos élèves ont encore besoin de balises. Ça ne devrait pas être le cas des enseignants. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas des enseignants qui, à mon avis, manquent de décence.
Tout dépend si le pitou est un adulte en droit de décider et s,il a le jugement pour le faire.
bobbiwatson : Mes élèves me préfèrent avec du café, je te le jure :)
Arf'.
Ah, ce que j'aime ces histoires de seins!
Moi qui ne porte pas de soutien-gorge pour la simple et bonne raison que je ne les trouve pas confortables, je me sens bien provocante d'un coup.
Ce que vous appelez hypersexualisation, je l'appelle "dérive" culturelle.
Par nature, le sein est là pour nourrir l'enfant, pas pour alimenter les fantasmes...
Sur ce, vous me trouverez l'été prochain sur les plages de sable fin en version "monokini".
Bah oui, j'aime pas les traces de bronzage ;)
Arf: on devrait aussi s'assurer de mettre des normes pour les mots. Vous le dérivez de façon...
Quelques réflexions supplémentaires en vrac:
1- Les tribunaux ont à ce jour déclaré que le choix de sa tenue vestimentaire n'était pas une affaire de liberté d'expression, mais de liberté tout court (à moins qu'un vêtement ne soit le support à un message explicite: ex. "Vive un environnement vert" imprimé sur son T-shirt).
2- Les normes imposées par la coutume ou par règlement sont généralement la traduction d'une valeur partagée collectivement. L'école ayant officiellement pour mission (notamment) de socialiser les jeunes, donc de leur faire partager les valeurs communes, il est important de savoir de quelle valeur on se réclame quant on impose ou qu'on défend une tenue.
3- On sait qu'une école efficace est généralement celle où on s'entend sur un certain nombre de valeurs à partager. Il est à espérer que la décence soit l'une d'entre elles (malgré le milieu ambiant).
4- Et pour terminer, un souvenir: Émile Robichaud qui dirigeait jadis l'école Louis-Riel avait, avec son équipe, imposé une tenue vestimentaire assez strict: pas de short, pas de jeans, pas de t-shirt, mais un pantalon ou une jupe et une chemisette ou une blouse. Il disait qu'un lieu où l'on valorise le développement intellectuel méritait que cela se fasse vêtu de telle manière à en montrer la valeur ! Pour ma part, me souvenant de cela, j'ai toujours enseigné en veston et cravate!
M. proulx: alors, sur quelle base légale impose-t-on une tenue vestimentaire dans certaines écoles?
Je dois avouer que lorsque j'étais au secondaire, j'avais un uniforme. Ce qui ne nous empêchait pas de déboutonner nos pantalons afin qu'ils soient le plus bas possible. Nous roulions nos jupes afin qu'elles soient plus près du genou. Je ne crois donc pas que les codes vestimentaires soient la solution. Il existera toujours quelques personnes pour contourner les règles. Je crois que c'est une question d'éducation de nos jeunes sur l'importance de la décence. C'est une question de respect pour soi et pour les autres. Et ça commence par donner l'exemple.
Demoiselle enseignante
Au professeur masqué,
Rép. Sur la base de l'article 76 de la Loi sur l'instruction publique dont voici le texte:
"76. Le conseil d'établissement approuve les règles de conduite et les mesures de sécurité proposées par le directeur de l'école.
L'expression "règles de conduite" englobe la tenue vestimentaire. Je ne connais aucun tribunal qui ait invalidé cette interprétation. Au contraire, on l'a soutenu par exemple dans un cas relatif à la couleur des cheveux!
M. Proulx: merci de votre contribution. Elle est très appréciée. Si vous trouvez un lien pour le jugement, ne vous gênez pas!
Justement, j'ai oublié de signaler l'avis de la Commission des droits de la personne du Québec sur la question qui nous intéresse. Voir:
http://www.fcpq.qc.ca/docs/codes_vestimentaires.pdf
On y fait le tour de la question.
Je n'ai pas par ailleurs retrouvé le jugement sur la couleur des cheveux. J'ai raconté cela il y a plus de 20 ans quand j'étais au Devoir!
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