Vous faites de l'insomnie? Vous cherchez le sommeil et ne le trouvez pas? Quoi de mieux qu'une bonne entrevue à l'émission Lapierre-Larocque avec l'actuelle ministre de l'Éducation, Line Beauchamp! Près d'une dizaine de minutes soporifiques. Durant cette discussion qui est demeurée à la surface des sujets abordés, on a malgré tout appris quelques éléments intéressants.
L'anglais
Ainsi, concernant l'enseignement de l'anglais, la ministre a indiqué qu'il s'agirait d'un ajout de temps consacré à cette matière. Le nombre d'heures enseignées en anglais reste le même de la première à la cinquième année du primaire, mais on en ajoute 400 en sixième année. Il ne s'agirait donc pas d'enseigner de l'histoire en anglais, par exemple, mais bien de travailler concrètement à l'apprentissage de la langue de Shakespeare avec pour conséquence de couper carrément du temps d'enseignement dans d'autres matières. À moins que je ne me trompe, mais cette mesure va demander de modifier le régime pédagogique actuel.
Le gouvernement, on le comprend, s'est garder de dire: on va couper une centaine d'heures en enseignement du français. Mais en indiquant qu'on peut faire tout le contenu de la sixième année en quatre mois et non en huit, se rend-il compte qu'il passe implicitement un puissant message: actuellement, il ne sert à rien d'aller à l'école huit mois par année parce que tout peut être comprimé sans aucun problème. Pourquoi ne pas ramener toutes les années du primaire à quatre mois tant qu'à y être? Dans une société où l'on se questionne sur le rôle des parents, dont ceux qui motivent les absences ad nuseam de leur enfant, avouons qu'on n'en est plus à une contradiction près...
Par ailleurs, la ministre ne se contredit-elle pas dans ce dossier en maintenant l'enseignement de l'anglais tel qu'on le connait de la première à la cinquième année du primaire si c'est le mode intensif qui est le plus efficace pour les apprentissages de cette langue par les jeunes Québécois? Pourquoi ne pas alors donner ces heures utilisées inefficacement à d'autres matières qui se verront coupées en sixième année?
De plus, l'enseignement intensif de l'anglais sera obligatoire pour tous. À cet effet, la ministre cite inlassablement l'exemple du Saguenay, comme s'il était transférable partout ailleurs au Québec.
Enfin, la ministre nous laisse cinq ans pour implanter cette mesure. Ouf! On aura le temps de voir venir, comme on dit. Et surtout - pour le meilleur ou pour le pire - de changer de gouvernement...
La fierté de l'école publique ne passe pas par la culture et les arts
Il faut valoriser l'école publique, affirme la ministre. Cela répond aux souhaits des parents. En soi, l'idée est excellente. Mais de là à justifier pourquoi le gouvernement a décidé d'investir dans les sports scolaires et les tableaux interactifs?
Chose certaine, il faut comprendre que les activités parascolaires non sportives semblent ne pas avoir la cote. Au gouvernement, on voit les NTIC et le sport comme des incitatifs scolaires. Mais les activités culturelles, le théâtre étudiant, les clubs de lecture, l'improvisation, le journalisme... Pffff!
Or, ce qui est regrettable, c'est que toutes ces activité existent rarement à l'extérieur de l'école contrairement à celles de nature sportive qui bénéficient souvent de structures locales ou régionales établies. Qui plus est, plusieurs de ces activités culturelles ont non seulement une incidence sur la persévérance scolaire mais elles permettent le développement de compétences et d'attitudes utiles à la poursuite des études, qu'on pense à la lecture, à la communication, à la confiance en soi. Et je ne parle pas du développement d'une certaine culture nationale.
Consolons-nous: les équipes sportives de mon école, une fois leurs nouveaux chandails achetés, pourront refiler leurs vieux à celle de l'équipe d'impro..
Les dépenses somptueuses continueront
Je ne sais comment interpréter l'attitude de la ministre mais, quand elle a été interrogée sur les dépenses douteuses de certains décideurs en éducation (missions à l'étranger, etc.), celle-ci a répondu qu'elle avait de «l'autorité sur mon ministère» et que c'était aux intervenants eux-mêmes de se discipliner ou aux gens qui les ont élus de manifester leur désapprobation.
Cette attitude de non-intervention va en contradiction complète avec le refus de la ministre d'autoriser la commission scolaire des Patriotes à contracter un prêt pour financer la construction d'un nouveau siège social. Elle invitait alors cette CS à se «questionner sur ses priorités» tant en lui refusant les moyens de réaliser ses projets.
Mon petit doigt me dit que les voyages dans le Sud vont continuer...
Un impair parlementaire?
En terminant, je connais un peu la chose parlementaire et il me semble que la ministre Beauchamp a commis un impair important lors de cette entrevue. En effet, elle a affirmé que le prochain budget provincial comprendra une somme de 500 millions $ pour la réfection des écoles existantes et la construction de nouveaux établissements scolaires. À moins que ne je ne me trompe, mais un élu ne peut révéler, encore moins en indiquant un montant, des mesures comprises dans un budget à venir. Il s'agirait en quelque sorte d'un outrage au Parlement.
4 commentaires:
Journal de Montréal 4 mars 2011:
"Dans son discours inaugural, la semaine dernière, Jean Charest a fait de l'éducation sa grande priorité. La ministre Beauchamp promet maintenant de passer de la parole aux actes dans le prochain budget, qui sera déposé le 17 mars.
Le gouvernement Charest annoncera que les investissements en immobilisation seront portés à un demi-milliard de dollars, ce qui permettra de bâtir de nouvelles écoles, d'ajouter de nouvelles classes et de rénover les établissements existants."
A-t-elle parlé du nouveau bulletin et de la grogne face à ces pseudos changements et de la position de FAE (je ne vois pas lien où «cliquer» pour entendre cette entrevue)?
Merci
Anonyme 1: au moment où votre commentaire entrait, j'ajoutais la même référence que vous.
Anonyme 2: pas un mot. La ministre et la FAE ne semblent pas avoir d'affinités.
Au troisième paragraphe, il ne faut pas écrire "le gouvernement s'est garder de dire...", mais "le gouvernement s'est gardé de dire".
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