Maintenant, analysons les réactions de deux intervenants en éducation et passons aux VRAIES (...) questions.
Pour Gaston Rioux, président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ): «La question est de savoir si on a les moyens de s'offrir cela, même si ça répondrait à un besoin.» Il ne faut pas que cela se fasse «au détriment des services aux élèves».
Un son de cloche similaire du côté de Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement qui estime que cette idée est inapplicable en fonction des budgets actuels.
Tout d'abord, distribuer gratuitement le matériel scolaire est un service aux élèves à ce que je sache. Un point de moins à M. Rioux. Ce dernier semble être du calibre de son prédécesseur, finalement.
Ensuite, intéressons-nous à l'argument des budgets. Si on ne fournit pas gratuitement le matériel scolaire en éducation, ce n'est pas parce que le MELS manque d'argent.
Des petites données comparatives
Ainsi, le Québec fournissait 6,9% de son PIB à l'éducation comparativement à 6,2 en Ontario.
En 2001-2002, au Québec, la dépense globale par élève à l’enseignement primaire et secondaire (7 492 $) était plus élevée que celle des provinces de l’Atlantique (6 846 $), mais moindre que celle de l’Ontario (7 552 $) et des provinces de l’Ouest (7 835 $). Ce 60$ de différence s'explique-t-il par l'achat de crayons, cahiers, etc.? Permettez-moi d'en douter.
En 2001-2002, la dépense de fonctionnement par élève des commissions scolaires du Québec est estimée à 7 117 $. Par comparaison, cette dépense est estimée à 6 096 $ dans les provinces de l’Atlantique, à 6 868 $ en Ontario et à 7 037 $ dans les provinces de l’Ouest. (ici)
Donc, au Québec, on dépense généralement en éducation qu'en Ontario. La question est de savoir où va le fric. Il est difficile de comparer les deux systèmes puisqu'ils sont sensiblement différents. Mais voici deux choses que je sais:
Uno: au Québec, les enseignants sont moins payés qu'en Ontario.
Deuxio: en Ontario, il n'y a ni commissions scolaire ni financement public des écoles privées.
Il est donc faux à mon avis de répondre qu'on ne peut fournir gratuitement le matériel scolaire aux enfants du primaire et du secondaire parce qu'on manque d'argent au Québec en éducation. Le réponse est davantage dans savoir comment on dépense cet argent. Et Mme Longpré, qui côtoie M. Legault, devrait le savoir depuis longtemps.
J'espère que le JdeM ne lâchera pas le morceau et tentera d'avoir les réactions de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, qui n'était pas disponible pour répondre à ses questions vendredi. C'est son rôle de répondre à de telles interrogations.
5 commentaires:
Rectification PM: en Ontario ils ont un mode régional de gouvernance de l'éducation. Ils appellent ça des Conseils scolaires. Ces conseils sont dirigés comme ici par des élus. Pas tellement différent de chez nous.
Il n'y pas peut-être pas de commissions scolaires en Ontario, mais il y a cependant des conseils scolaires. Qui font exactement la même chose qu'une commission scolaire, sans en porter le nom.
Petite correction importante pour votre deuxio:
Il y a bel et bien des commissions scolaires en Ontario, on les appelle Conseils scolaires, mais c'est exactement la même chose.
Il y a de plus 3 ou 4 conseils scolaires (school boards) pour le même territoire: le CS anglophone public (non-confessionnel), le CS anglophone catholique, le CS francophone catholique et le CS francophone public (non-confessionnel)
Voir http://www.edu.gov.on.ca/fre/sbinfo/boardList.html et http://www.ofa.gov.on.ca/fr/franco-conseilsscolaires.html
(au Québec, c'est 2 CS, l'anglophone et le francophone).
En général, toutes les provinces du Canada possède une forme de conseil/commission scolaire.
Yesss! On apprend des choses. Maintenant, c'est juste: comment ils font pour payer ça?
D'abord, l'Ontario est le pire endroit pour enseigner : les administrateurs sont presque tous des tyrans illettrés. Pour un Québécois, c'est encore pire : les profs te font de gros yeux dès que tu oses parler en français avec un autre prof si bien que même les profs francophones parlent entre eux en anglais...
Ensuite, certains conseils sont mieux nantis et c'est pourquoi ceux-ci se permettent de fournir tout le matériel aux enfants. D'autres conseils sont tellement cassés qu'ils coupent dans le personnel et sabrent les dépenses. L'an dernier, la direction d'une école cachait le papier afin d'éviter d'en manquer et menaçait les profs que l'an prochain (2011-2012) ils auraient moins de ressources, ce à quoi tout le monde rétorquait qu'ils n'y en avaient déjà plus du tout! Évidemment, ceux qui savaient qu'ils seraient là l'année prochaine rageaient contre ceux qui seraient transférés, prétendant que ces derniers ne se privaient pas de surutiliser le matériel. Belle ambiance, avez-vous dit diviser pour mieux régner?
Enfin : en Ontario, il y a de moins en moins d'élèves et donc, de moins en moins de profs, mais, par un drôle de renversement proportionnel, de plus en plus de superintendants, surintendants, administrateurs, etc. Et on paie ces gens pour faire quoi? Pour organiser des voyages payés d'échanges entre profs (favorisant les profs les plus dociles), pour organiser des formations inutiles (exemple : tous les profs de Français Langue Seconde ont dû se taper une journée complète de formation en mathématiques...) et pour venir, 2 fois par année, observer les profs et poser aux élèves des questions stupides. Et si un prof n'a pas préparé les élèves à ces questions comme des petits singes savants, he bien vous serez évidemment pénalisé dans votre rapport de performance (TPA) car les directions ne veulent pas de taches sur leur dossier, mais s'en foutent si vous en avez... Et le plus comique c'est qu'ils claironnent tous que leurs priorités ce sont les enfants. Foutaises!
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