On parle dans le JdeM de l'attribution des tâches des enseignants au mois d'août. Il est sûr que c'est un peu tard pour savoir ce qu'un prof enseignera au cours de l'année qui vient. Mais en même temps, il faut savoir qu'au secondaire, il est difficile de composer les tâches des enseignants pour trois raisons.
La première concerne les déménagements. Vous seriez surpris du nombre de parents, ayant déménagé durant l'été, qui avisent la nouvelle école de leur enfant à la dernière minute. Et quand je parle de dernière minute, ça peut aller après la rentrée...
La seconde a trait aux cours d'été. Les groupes d'élèves d'une année scolaire sont formés selon combien auront réussi et combien auront doublé. Il faut donc attendre que les résultats de ces cours soient digérés par la machine administrative.
La troisième est simplement reliée au fait que les administrations scolaires prennent leurs vacances l'été, à ce que je sache.
Dans un grande école, il n'est donc pas rare qu'on doive modifier les tâches prévues en juin et ajouter des groupes ou en soustraire à la mi-août. Cela arrive même en septembre! C'est pour cette raison qu'on attend jusqu'à la dernière minute pour afficher les nouveaux postes et les tâches résiduelles.
Est-ce qu'on pourrait réduire ces aléas? Certains intervenants de l'éducation disent que oui. J'aimerais bien savoir comment. En même temps, quand Guy Savard, vice-président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) affirme qu'«il y a un peu de laxisme là-dedans», il faudrait peut-être lui rappeler que nos syndicats sont aussi responsables de cette situation avec les nombreuses exigences contenues dans les conventions collectives. De mémoire, il y a bien la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) qui a conclut avec les employeurs une entente pour simplifier certains processus de l'attribution des tâches.
Est-ce qu'on assiste ici à une séance de chiâlage pour chiâler? Non et oui. Je connais des collègues qui vivent cette situation depuis des années et qui prennent le tout avec philosophie. «On a quand même une job et on travaille», m'a déjà dit l'un d'entre eux. Le drame est davantage pour ceux qui se retrouve devant rien. C'est le cas d'une de mes collègues de 32 ans qui devra envisager la suppléance ou travailler au WalMart.
Mais je dois souligner que les récriminations de l'enseignante interviewée par le JdeM ne m'ont pas beaucoup ému. Je me demande quelle expérience de l'enseignement a celle qu'on décrit comme une orthopédagogue de 26 ans. Pourquoi cette question? À cause de sa déclaration: «C'est stressant. Je n'ai pas le temps de me préparer comme je le voudrais. Je ne connais ni mes élèves, ni mes collègues.»
J'enseigne à la même école depuis des lustres. J'ai rarement connu les élèves que j'allais avoir et il m'est arrivé fréquemment de travailler avec de nouveaux collègues. Ce sera d'ailleurs le cas cette année. J'ai de plus l'intention de travailler à créer du nouveau matériel. Qui plus est, dans la majorité de mes emplois antérieurs, j'ai eu à vivre des situation similaires (appelons ça l'inconnu) et je n'en suis pas mort. Personne n'a rédigé d'article sur des employés qui occupent un nouvel emploi dans un nouveau cadre de travail. Tout cela me rappelle cette histoire d'une jeune enseignante qui se plaignait de ne pas avoir d'emploi alors qu'elle détenait un bac... comme si c'était un automatisme.
De même, je ne suis plus capable d'entendre dire qu'il faut s'occuper des nouveaux enseignants parce que 20% d'entre eux décrochent après cinq ans, comme le ramène Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissement du Québec. Combien de nouveaux employés décrochent après cinq ans dans d'autres secteurs du monde du travail? Et surtout, quelles sont les compétences réelles de ceux qui décrochent après cinq ans? Quand j'ai débuté en éducation, il y avait un poste pour vingt élus. L'employeur avait le choix. Aujourd'hui, on cherche des candidats dans certains domaines! Certains bons nouveaux enseignants que je connais songent à décrocher parce qu'il n'y a pas ou peu de travail dans le champ de compétence qu'ils possèdent alors qu'on leur promettait mer et monde à l'université. Par contre, j'en vois d'abominables avoir des postes protégés par le biais d'une convention collective et une pénurie de candidats.
Les choses ne sont pas aussi simples qu'on le laisse croire parfois.
1 commentaire:
De son côté, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) reconnaît qu'il y a là un «enjeu et une préoccupation», mais assure que la qualité de l'enseignement ne s'en ressent pas dans les écoles.
«Les nouveaux enseignants sont bien préparés. Et même s'ils arrivent à la dernière minute dans une classe, ils savent quoi faire. Ce n'est quand même pas la première fois qu'ils voient des élèves», affirme le porte-parole Bernard Tremblay.
Je trouve ces derniers propos extraordinairement insultants.
Ils en ont déjà vu des élèves. Mais la tâche ne se résume pas qu'à ça. M. Tremblay devrait le savoir.
LeProf
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