02 mars 2012

Cellulaire: le «yable» est dans nos écoles

Chantale Potvin est enseignante de français. Et romancière. Ça parait dans sa lettre où elle demande à la ministre de l'Éducation de bannir les téléphones cellulaires de nos écoles. À la lire, cette nouvelle technologie est ni plus ni moins le grand satan responsable de tous les maux, notamment en matière d'orthographe. Enseignant depuis 20 ans, tout comme elle, je ne peux souscrire à sa vision apocalyptique en matière de maitrise de la langue.

En effet, de nombreuses études scientifiques démontrent que le texto ne nuit pas à la qualité du français. Certaines vont même jusqu'à démontrer tout le contraire! David Crystal, un linguiste de réputation internationale, abonde dans le même sens. Jusqu'au président du Conseil supérieur de la langue française, Conrad Ouellon, qui affirme que ce nouveau langage n'est pas une menace pour le français.

Le texto est un code qu'emploient les jeunes ET les adultes, faut-il le souligner, afin d'écrire plus rapidement sur un cellulaire. En 20 ans de pratique, je n'ai jamais trouvé de texto sur les copies de mes élèves. Jamais.  Ces derniers savent quand employer ce registre de langue et quand ne pas l'employer. D'expérience, j'ai remarqué que les élèves forts et moyens sont en quelque sorte bilingues puisqu'ils maitrisent à la fois le texto et le français. Les élèves faibles, quant à eux, restent faibles.

Quand Mme Potvin affirme que «cette technologie insidieuse [...] ravage tout en grugeant lentement le taux de diplomation», on comprend qu'elle ne vit définitivement pas dans notre monde puisque celui-ci, au contraire, est en progression depuis quelques années.

Enfin, le seul endroit où je rejoins le point de vue de Mme Potvin est quant à l'usage abusif que certains jeunes font de leur téléphone cellulaire (on pourrait en dire autant des adultes - en passant). À cet égard, c'est aux écoles de prévoir dans leur code de vie des sanctions quant à des comportements inacceptables et au personnel scolaire de les appliquer. Plus encore, c'est aux parents d'apprendre aux jeunes à utiliser sainement ces appareils, ce qui est malheureusement rarement le cas.

20 commentaires:

Gen la vilaine a dit…

Je pense que ceux qui crachent sur les nouvelles technologies sont ceux qui ne les comprennent pas.

De plus en plus d'écoles ont le portable/tablette obligatoire et je ne pense pas que ce phénomène aille en diminuant. Juste avec ça, les étudiants ont déjà accès au langage ''tchat'' donc, blâmer les textos c'est charrier un peu je crois.

Pour le mauvais français qui sévit depuis quelques années, je blâmerais beaucoup plus un programme scolaire désuet, incapable de composer avec la multi-ethnicité. On peut pas demander à un arabe d'apprendre le français de la même façon qu'un québécois. Hors, le programme de l'enseignement du français n'a pas tellement évolué à ce que je constate quand mon fils fait ses devoirs. Mis à part l'arrivée de nouveaux termes du style ''Futur proche'' (c'est quoi ça le futur proche maudine?). Et le manque d'orthopédagogue ou d'orthophoniste fait en sorte qu'un enfant qui confond les b-d-p-q risque de les confondre longtemps (histoire vécue). Idem pour celui qui écrit au son exemple ''chacher'' au lieu de ''chasser'' parce qu'il zézaye.

Bref, tout ça pour en revenir au fait que la madame là n'est pas crédible pour 5 sous!

(je me suis un peu emportée, je l'avoue)...

L'engagé a dit…

J'abonderais dans votre sens, le texto et les médias sociaux (désormais sur les cellulaires) font en sorte que nos étudiants baignent dans un environnement typographique.

Cela me semble extrêmement positif : l'éducation libérale a produit des humaniste qui étaient des homo-typographicus, mais l'émergence des médias (surtout radio/télé) ont transformé cet homme moderne en homo-mediaticus de type passivicus.

Le texto ouvre une fenêtre pour l'apparition d'un croisement l'espèce, homo-typographicus-mediatiaticus-activicus

Le professeur masqué a dit…

Honnêtement, j'ai été poli dans mon texte tellement cette dame a écrit un peu n'importe quoi sur l'aspect pédagogique.

unautreprof a dit…

«D'expérience, j'ai remarqué que les élèves forts et moyens sont en quelque sorte bilingues puisqu'ils maitrisent à la fois le texto et le français. Les élèves faibles, quant à eux, restent faibles.»

C'est comme pour apprendre une seconde langue. Quand la première est solide, la deuxième se construit mieux et plus facilement.
Ça ne serait pas surprenant en effet que ça s'applique ici aussi.

GeSirois a dit…

Plutôt que mettre ces nouvelles technologies à la porte, pourquoi ne pas les intégrer? Les jeunes les adorent, rendrez vos cours intéressant pour eux! Pas mal plus simple que de faire la guerre a...

Le professeur masqué a dit…

GeSirois: je partage votre avis. Mais certains profs sont frileux et certaines écoles pas équipées pour ça. Et il y en a dont ça fait bien l'affaire....

Jonathan Livingston a dit…

Je ne crois pas non plus que le texto nuit à l'écriture, mais la tentation de plus en plus répandue d'être constamment en relation avec ce qui n'est pas là, ici présent et de fuir ce présent nuit certainement assez souvent dans nos écoles à une certaine efficacité de la communication.

Pendant qu'on se préoccupe de «texter» sa dernière impression du moment à l'ami virtuellement toujours là, on ne fait pas ce qu'on serait supposé faire: être disponible pour les apprentissages.

Ces objets contribuent certainement à un certain parasitage du calme nécessaire à l'apprentissage.

C'est comme Facebook ou Youtube qui n'est souvent pas bloqué dans notre salle informatique. Si je n'impose pas au moins 3/4 heure de travail et que je ne menace pas de fermer le poste si je surprends un élève en flagrant délit, mes jeunes en général ne résistent pas à la compulsion, et peu de travail, vraiment très peu, se fait.

La culture des réseaux est franchement envahissante et on a toujours comme enseignant, avec des élèves exposés à leur présence, à la gérer, ce qui demande beaucoup d'énergie qu'on souhaiterait souvent mettre ailleurs.

Bref, je comprends que plusieurs soient froissés par cette présence puissamment distrayante au moment justement où l'effort de concentration est requis pour aborder des concepts ou des processus complexes.

Se l'imaginer maléfique ne m'apparait pas si insensé quand on considère l'éducation comme un bien et que la grande fatigue des vains efforts nous submerge.

Dans des milieux bien équipés, on peut certainement récupérer ce «diable» en le justifiant par cet idéal de synthèse.

N'empêche que 140 caractères, c'est bien peu pour exprimer une pensée complexe et développer cette capacité qui disparait peu à peu: celle de développer une idée, une explication, une argumentation pour en faire émerger une compréhension et éventuellement la partager.

De nos jours, c'est toute une histoire de demander à des jeunes de simplement prendre le temps d'apprécier pour quelques minutes un texte, même un film un peu sérieux (c'est-à-dire voué à autre chose que de distraire de l'effort) d'une certaine longueur, car il leur manque la patience de se concentrer, d'écouter, d'être attentif, de prendre le temps de réfléchir, de prendre le temps d'élucider, de rechercher, de travailler à comprendre ou saisir ce qui est pourtant intelligent, organisé et valable.

Je ne suis pas certain que les jeunes sont plus actifs dans les médias. Ils en sont peut-être simplement plus les instruments manipulés d'une certaine culture appelé parfois «virale». Quand on est accroché au dernier You-Tube populaire de l'heure qu'un ami texto nous a envoyé, qui vise à nous exposer à des idées à recevoir orchestrés pour des gens qui paient chers pour nous rejoindre, qu'on va s'empresser de relayer pour alimenter le réseau en «cool» internaute que nous sommes, que nous reste-t-il de personnelle dans l'appréciation de la vie?

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

Eh bien là, vous m'étonnez et me décevez beaucoup!

Tous.

Cette espèce de prosternation devant les technologies, comme une fatalité avec laquelle il faut absolument apprendre à vivre... ouf!!

Je serais pour l'interdiction totale des téléphones cellulaires dans les écoles, et pour l'interdiction de l'accès à internet dans les salles de classe, sauf pour le matériel du prof.

Nous ne sommes pas les sujets des nouvelles technologies. Nous n'avons pas à nous soumettre à elles.

Et puis, le taux de "diplomation", on sait ce qu'il vaut, au Québec, non? Même un chimpanzé pourrait avoir son diplôme de secondaire V au Québec, s'il est suffisament présent en classe.

"Les jeunes les adorent! rendez vos cours intéressants pour eux! Pas mal plus simple que de faire la guerre à..."

On voit qui a le pouvoir, dans notre société. Les parents démissionnent, la police doit s'excuser de sévir, les profs doivent se plier aux niaiseries du "jeune"... bravo.

Franchement, je vous suis pas du tout. Sauf peut-être pour le fait que le texto n'est pas une menace pour la qualité du français. Ça, je peux l'admettre.

Gen la vilaine: vous ne donnez aucun, mais vraiment aucun, argument qui vous permette de conclure que la dame "n'est pas crédible pour 5 sous". Pourquoi ne le serait-elle pas plus que vous, qui dites que puisque les portables et les tablettes sont déjà dans les écoles, que c'est donc charrier que de blâmer les textos: rapport?

Le professeur masqué a dit…

Jonathan: «Pendant qu'on se préoccupe de «texter» sa dernière impression du moment à l'ami virtuellement toujours là, on ne fait pas ce qu'on serait supposé faire: être disponible pour les apprentissages.»

Faut-il avoir un cellulaire en poche pour penser à quelqu'un? Au secondaire, je dessinais, je crayonnais à n'en plus finir. Encore aujourd'hui, durant les réunions plates... je fais comme certains élèves. Devrait-on interdire les crayons et le papier en classe?

Les NTIC, quoiqu'on pense d'elles, ne disparaitront pas de notre société. Ce serait comme lutter contre l'électricité qui rend les gens paresseux, parait-il. Aussi bien trouver une façon intelligente de les utiliser.

Il existe, vous le savez peut-être, des expériences pédagogiques faites en lien avec les twitters. Règle générale, les gamins réalisent que c'est un exercice difficile de résumer sa pensée en 140 caractères. De même, en littérature, on demande à des jeunes de créer des pages FB de certains personnages de romans. Assez hilarant!

Le monde change. Jamais pour le mieux, disaient nos ancêtres... Je ne fais pas l'apologie des NTIC. J'essaie simplement d'en tirer le meilleur parti.

La mère: Je réponds en partie ici à votre intervention. L'autre aprtie fea l'objet d'un billet à part.

Mme Potvin» affirme que le taux de diplomation baisse. Or, ii monte. On peut discuter de la valeur de l'enseignement reçu. Mais elle parle du taux de diplomation. C'est une mesure vérifiable et on ne peut pas accuser Mme Potvin de ne pas savoir ce que signifient les mots sans remettre en question sa compétence de prof de français de cinquième secondaire qui enseigne le discours argumentatif à des élèves. Quand j'écris, je fais des recherches, je m'informe. Le taux monte. Première erreur.

Mme Potvin affirme que les textos nuisent à la langue française sans aucune preuve sinon ses impressions personnelles. Or, on retrouve des linguistes et des études qui affirment le contraire. Entre Mme Potvin et M. Crystal, il y en aurait eu, parait-il de plus universellement reconnu... Deuxième erreur.

Mme Potvin nous parle d'un point important: «Vanessa, une élève de 4e secondaire, a récemment confié à son intervenant que le texto comptait pour environ 30% de ses échecs scolaires.» Une seule élève? Une statistique basée sur quoi? Argument faible.

Mme Potvin dit du texto qu'il est un moyen de communication qui handicape «tout le concept de la camaraderie d'antan». Peut-elle prouver cette affirmation? Sans preuve, cet argument ne vaut rien, absolument rien.

Pour une enseignante de français de cinquième secondaire, on est en droit de s'attendre à une meilleure argumentation, croyez-moi.

Le professeur masqué a dit…

La mère: un autre passage mensonger et démagogique: «..j'aurais bien pu insister en discourant sur les centaines de décès sur la route, mais les chiffres établis par la SAAQ peuvent vous confirmer l'hécatombe.» Quelles sont les preuves appuyant cette affirmation? J'ai effectué une recherche sur le site de la SAAQ et n'ai trouvé aucune statistique à cette effet. Encore de la démagogie.

http://www.saaq.gouv.qc.ca/prevention/cellulaire/dangers.php

Le professeur masqué a dit…

Dernière intervention: «Au nom de la santé, des relations humaines, de la langue française... Au nom de la réussite scolaire et surtout du bon sens, sortons les cellulaires des écoles.»

L'auteure n'a avancé aucune preuve vérifiable pour étayer cette affirmation, à part sa référence inexacte quant au taux de diplomation et l'exemple d'une jeune élève.

Pas fort comme argumentation.

L'engagé a dit…

J'ai certains étudiants qui prennent des notes avec leurs téléphones intelligents, j'en ai un autre qui prend des notes avec son ordinateur portable, j'ai été surpris l'autre jour de découvrir qu'il avait téléchargé des images pour compléter ses notes, le résultat était à la fois ludique et professionnel.

Ces étudiants ne seront pas directement évalués sur ces notes, mais ils devront les intégrer à d'autres travaux, mais ils mettent un grand soin à rédiger ces documents, à les éditer et à les archiver. Ils «construisent» leurs connaissances, sans que j'aie, moi, à créer des activités socio-construc...de découvertes par projet (je ne pratique pas ce paradigme comme prof, ce qui n'exclut pas que mes élèves apprennent peut-être ainsi).

D'un autre côté, j'ai un étudiant souvent absent, lequel quitte parfois avant la fin d'un cours. Je me suis rendu compte qu'il joue à des jeux en cachant son cellulaire sous le bureau. Lorsque j'ai réalisé cela, une intervention de ma part m'aurait fait perdre le fil et je sais que j'aurais sans doute été trop blessant (j'étais vraiment en colère) et j'ai préféré ne pas intervenir, le reste de la classe n'avait justement pas à être dérangée par son comportement.

C'est aussi notre rôle d'apprendre à travers ce gros changement que sont l'arrivée des TIC, sans pour autant embarquer dans la propagande. Dois-je «sauver l'élève» contre lui-même? Je dois apprendre à vivre avec le fait que je ne serai pas le prof qui «aura changé sa vie», je resterai pour lui un prof quelconque, il ne saura peut-être jamais que je savais qu'il perdait son temps.

Mais c'est un adulte et je crois que mon rôle est de lui permettre d'apprendre à la dure, il va se planter.

Oui nous sommes manipulés, mais nous pouvons aussi voir plus clair. Internet me permet de prouver à mes étudiants à quel point certains journalistes sont paresseux ou à quel point leur journal travaille contre l'intérêt public.

Si un étudiant «texte», mais qu'il peut prouver à son collègue que l'IEDM se trompe en allant chercher une étude rigoureuse, vais-je condamner le moyen? Dans l'agora, à la café, dans le bus, des étudiants peuvent avoir accès au savoir universel...

Notre travail est de les former pour qu'une métho solide leur permette de se retrouver, ce qui veut aussi dire des examens qui vérifient l'acquisition des savoirs essentiels, sans notes, sans livres, sans texto...

Les TIC ne doivent pas être une béquille pour la base... Si cela est clair, alors le reste est un ajout bienvenu. Par contre, les étudiants ont à apprendre la différence entre texto et courriel, ce qui n'est pas évident pour eux et à comprendre un peu mieux le contexte, et surtout, à adapter leur communication en conséquence.

À nous de leur montrer...

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

"Les NTIC, quoiqu'on pense d'elles, ne disparaitront pas de notre société."

Comme la drogue, la malbouffe, la sédentarité.

Je n'aime pas cette espèce de résignation aux nouvelles technologies... je crois que c'est parce que vous les aimez bien, donc, et que ça fait votre affaire...

Le professeur masqué a dit…

La mère: pourquoi ne pas abolir l'électricité et l'automobile qui tuent chaque année son lot d'individus comme voulaient le faire certains anciens?

Parce que les avantages l'emportent sur les inconvénients, du moins jusqu'à maintenant. C'est la même chose pour le cellulaire et les textos. Je n'aime pas les NTIC. Elles sont là. J'en tire le meilleur parti. J'ai dû m,adapter et adapter une partie de mon enseignement. Contrairement à Mme Potvin, je ne vis pas dans le passé, je ne diabolise pas le présent et j'essaie de baser mes opinions sur des faits vérifiables.

Je confisque tout cellulaire qui dérange en classe d'une façon qui décourage la récidive. Ça suffit et ça me suffit. je n'ai pas besoin d'une loi pour m'appuyer dans mon travail. Le reste appartient aux parents. Pas à l'école.

La mère qui s'pense meilleure que les autres a dit…

Je ne suis pas d'accord pour le bannissement. De toute façon, ce serait impossible. Utopique. Mais il n'a rien à faire à l'école. Je le bannirais volontier de l'école. Ce n'est pas parce que la technologie nous rend service et qu'elle a du bon qu'elle est bonne en tout lieu ou n'importe quand. Moi, je suis d'accord avec cette dame, à ce sujet-là. Pour le reste, je ne crois pas que ce soit les textos qui soient responsables de la piètre qualité du français des jeunes. Mais les technologies, elles, dans leur ensemble? alors là, j'ai ma part de doute...

Je suis d'accord avec l'Engagé sur ses observations. Le problème avec ces technologies, c'est leur omniprésence et la dépendance qu'elles crééent qui menacent, à mon avis, l'intelligence et l'acquisition de la connaissance.

Le professeur masqué a dit…

La mère: certains cellulaires sont des téléphones intelligents, Dans certaines écoles, on s'en est servi dans le cadre de projets-pilotes comme mini-ordinateurs.

Sur votre dernier paragraphe, je vous dirai que certains Grecs, il y a longtemps, en avait contre l'écriture qui nuisait au développement de la mémoire des jeunes. À ce sujet, je vous renvoie au billet suivant:
http://leprofesseurmasque.blogspot.com/2010/11/la-fin-du-monde-est-arrivee-quelques.html

Juillet a dit…

Dans certains lieux publics, comme au cinéma, on rappelle aux gens d'éteindre cellulaires et téléavertisseurs. De la même façon, les élèves devraient avoir l'obligation d'éteindre leur appareil lorsqu'ils entrent dans la salle de cours. L'idée à mon avis n'est pas d'interdire (interdire ne fait qu'augmenter l'attrait à mon avis), mais de mettre des balises et des limites face à l'utilisation- respectueuse- que l'on doit faire d'un cellulaire. J'enseigne au primaire, donc je ne vis pas (encore) cette problématique. Mais je serais enragée noire de voir un élève me pitonner dans la face pendant que je donne mon cour!!! Il n'y a pas un prof qui devrait endurer ça!!!

Le professeur masqué a dit…

Juillet: au secondaire, il existe généralement des règles encadrant l'utilisation des cellulaires, règles qui prévoient l'utilisation (ou plutôt la non-utilisation) en classe. Rien de neuf sur ce point.

Par ailleurs, est-ce que je me fais des idées ou on entend moins sonner des cellulaires au cinéma? Une sorte de politesse ne s'est-elle pas installée avec le temps?

Missmath a dit…

Quelle belle discussion !

En effet, les règles sociales s'inscrivent dans les habitudes. On n'entend presque plus de sonnerie dans les salles de spectacle (vive le mode vibration) tout comme on n'entend plus de montres-coucous qui bippent les heures (vive la mode).

Le courriel est presque mort chez les jeunes qui préfèrent les textos. Pourquoi ? Par efficacité. Chez les Poucets et Poucettes (pour reprendre l'appellation de Michel Serre), l'appareil devient une extension du corps, une espèce de cordon ombilical qui le lie d'abord à son réseau social proche, puis, par transitivité, au monde. Les effets sont connus et on commence à lire de plus en plus de résultats d'études sur le sujet.

On parle de cyberdépendance. Empêchez un jeune d'avoir son cordon et il le cherchera, il en aura besoin, jusqu'à le sentir vibrer dans sa poche alors qu'il y est pas. C'est épouvantable. Peut-être, mais moi, ce qui m'inquiète surtout, c'est pourquoi ? Je n'ai pas de réponse. Ce que je sais, c'est que lorsque je m'ennuie, j'envoie des textos. Je vais à la pêche à la distraction. Est-ce ce que les jeunes font ? Je ne sais pas. Moi, je suis vieille.

Une étude (je peux fouiller pour trouver la référence, c'était une étude britannique) a révélé que le temps d'attention jadis estimé à 12 minutes est maintenant passé à 5 minutes. Après 5 minutes, on commence à s'ennuyer. Imaginez écouter un prof qui raconte sa vie ou quelque chose qui ne vous intéresse pas pendant une heure... pendant 12 fois 5 minutes... ça donne des envies d'aller à la pêche, lire les poissons qui frétillent dans votre poche, non ?

Mais où donc qu'à l'école apprend-on la patience, la tolérance, l'attente, la pénitence ?

Ma mère faisait son lavage les lundis. Elle frottait les chaussettes, les cols et les poignets des chemises, étendait sur la corde de manière ordonnée son linge, puis repassait... jusqu'aux linges à vaisselle. Moi, je mets tout à la machine, je n'ai ni corde à linge ni fer à repasser. Pas le temps, je pêche. Je lis, j'apprends, je découvre, je retrouve mes "amis virtuels". Tellement plus stimulant que de frotter des cols de chemise.

Pas rapport avec l'école ? Vraiment ?

Passez prendre le thé à la maison et pendant que je vous raconterai les avantages de Twitter en enseignement, vous regarderez à quel point ma nappe est fripée. Ma mère en aurait honte, mais au fond, ce n'est qu'une nappe et c'est tellement pas important.

Juillet a dit…

Oups... tout à l'heure, j'aurais dû écrire "mon courS"... :(
Je ne sais pas si je trouve que l'on utilise notre cellulaire de façon plus respectueuse, nous, en tant qu'adultes. Le nombre d'automobilistes que je croise avec leur téléphone collé sur l'oreille, se foutant éperdument de la loi (et de rouler tout croche)... La personne qui, assise devant un ami au resto, répond à huit appels en l'espace d'une demi-heure... Le gros musclor au gym qui pitonne sur son Iphone pendant que quelqu'un attend pour utiliser l'appareil sur lequel il s'est vautré...Au fond, peut être qu'on a une petite introspection à faire avant de critiquer nos jeunes...