Pour ceux qui croyaient que la question de l'ordre professionnel en enseignement avait été largement débattue et rejetée par les principaux intéressés, voilà qu'on la ramène encore à l'avant-scène alors que même l'Office des professions du Québec émettait de sérieuses réserves à ce sujet.
Immédiatement, il y a deux choses que je ne comprends pas dans cette annonce. Peut-être est-ce une erreur du journaliste, mais pourquoi aurais-je peur de voir cette évaluation «se faire de façon impartiale», dixit M. Legault? Ça devrait être le contraire, non? De plus, M. Legault indique que cet ordre professionnel serait responsable d'évaluer «les enseignants au primaire et au secondaire dans un cadre clair, connu et impartial, avec l'implication des directeurs d'école». Comment pourrais-je me tourner vers celui-ci en cas de litige s'il est responsable de l'évaluation de mon travail?
Je ne veux pas détromper M. Legault mais, en cas de litige ou de congédiement, les enseignants se tourneront davantage vers leur syndicat ou les tribunaux, à moins bien sûr qu'il abolisse cette possibilité lorsqu'il ouvrira les conventions collectives liant ces derniers au gouvernement.
Un ordre professionnel: une structure de plus?
Disons-le, tout de go, alors que des infrastructures en béton s'effondrent et que des contrats publics sont encore donnés de matière douteuse dans le domaine de la construction, il n'existera pas une profession plus surveillée au Québec qu'enseignant au primaire et au secondaire! En effet, chaque enseignant subira deux évaluations par année. Ensuite, il sera toujours possible pour un parent ou un élève de se plaindre à la direction d'une école, au conseil des commissaires, au protecteur de l'élève ou aux tribunaux. Alors que le chef de la CAQ estime qu'il n'y a que 5% d'enseignants incompétents, ça commence à faire beaucoup de recours possibles pour un si petit pourcentage d'employés problématiques. Il n'y a qu'un pas à franchir pour parler d'obsession. Pourtant, à mon avis, il existe tellement d'autres champs d'action plus préoccupants en éducation.
Parmi les autres aspects du mandat de cet ordre professionnel, on retrouverait:
- garantir une formation continue, obligatoire et de qualité aux enseignants, en plus d'une formation initiale de qualité en collaboration avec les universités. On notera qu'on transfère ici une partie de la responsabilité de l'employeur à l'enseignant en lui demandant de s'assurer de sa formation continue. Qui la donnera? Qui déterminera aussi ce qu'est une formation initiale de qualité? Les pédagogues et les universitaires qui conçoivent les programmes d'enseignement que dénonce la CAQ?
- partager les meilleures pratiques en enseignement afin de favoriser le succès des élèves. N'est-ce pas là le travail du MELS? Devant l'incompétence de ce dernier, se contentera-t-on simplement de refiler cette responsabilité aux enseignants?
- assurer une plus grande autonomie professionnelle aux enseignants. Ah oui? Et comment? La profession d'enseignant ne jouit pratiquement d'aucune autonomie ou presque. La Loi sur l'instruction publique (LIP), le programme de formation, les normes et modalités d'apprentissage, les codes de vie des écoles sont autant de paramètres qui réduisent l'autonomie des enseignants à une peau de chagrin. Toutes ces bornes balisent cette profession d'une façon qui rend quasi impossible une pédagogie propre à la personnalité de certains enseignants. Qu'on ne vienne pas me faire croire que j'aurai plus de liberté parce que 10 ou 12 représentants «élus» parleront en mon nom.
- superviser l'accès à la profession. Il n'y a pas déjà la LIP qui s'occupe de cela?
- traiter de façon efficace, impartiale et crédible les plaintes émises par le public. Il n'y a pas le protecteur de l'élève, les conseils de commissaires et ultimement le MELS qui s'occupent de cela?
- au besoin, conseiller de façon neutre le gouvernement sur diverses politiques touchant le corps enseignant. Il n'y a pas déjà divers conseils, dont le Conseil supérieur de l'éducation, qui s'occupent de cela?
Avec cette dernière sortie de M. Legault, les choses semblent cependant un peu plus claires quant à une éventuelle augmentation de salaire des enseignants: «Nous voulons une augmentation salariale de 20% pour l'ensemble des professeurs parce que c'est en les payant mieux que nous attirerons les meilleurs éléments vers l'enseignement.» Par ailleurs, les enseignants, qui travailleraient dans des milieux plus difficiles, auraient droit à des augmentations de salaire «autour de 30 pour cent afin de s'assurer d'avoir les meilleurs enseignants là où on a les plus grands besoins».
Il ne semble rien avoir à faire avec le chef de la CAQ sur ce point. Pour lui, un meilleur salaire signifie de meilleurs enseignants et non pas simplement des enseignants attirés par un meilleur salaire. Combien parie-t-on que des enseignants près de la retraite seront tentés d'aller finir leur carrière avec une prime «à la défavorisation» qui augmentera d'autant leur pension?
S'il lit un peu les commentaires de certains internautes, cette augmentation ne serait pas acceptée d'emblée. En plus d'affirmer que les enseignants sont assez payés actuellement avec leurs deux mois de vacances, plusieurs internautes se demandent où il trouvera l'argent et si celui-ci ne serait pas mieux dépensé ailleurs en éducation. Même les profs ne veulent pas de cette augmentation et souhaitent plutôt des investissements dans les services aux élèves et leurs conditions de travail!
On apprend aussi pour la première fois qu'en plus des enseignants, les directions d'école bénéficieront elles aussi de cette augmentation. Mais qu'en est-il des postes où il y a pénurie parce qu'ils sont sous-payés par rapport à ce que l'on trouve dans le secteur privé? La CAQ propose de fournir plus d'orthophonistes et d'orthopédagogues, mais ne semble pas réaliser les pénuries existant dans ces deux domaines, par exemple.
Un porte-parole douteux en matière d'éducation
Lors de sa présentation aujourd'hui, M. Legault était accompagné d'Éric Caire. Je comprends mal que ce dernier soit critique en matière d'éducation. Je ne veux pas être méchant, mais on se rappellera que le CV de ce dernier contenait une inexactitude lors de la course au leadership de l'ADQ. Non seulement le député de La Peltrie ne détient pas de baccalauréat en communication, comme le laissait penser son CV, mais on ne sait même pas s'il a complété ou réussi un seul cours dans ce domaine durant l'unique session à laquelle il a été inscrit à l'université. Les études ne sont pas tout dans la vie, mais comment peut-on nommer comme critique à l'Éducation quelqu'un qui n'a qu'une attestation d'études collégiales en informatique? Sans être méprisant, ça me turlupine.
Encore trop de questions sans réponse
Cette nouvelle sortie de la CAQ en matière d'éducation apporte peu de réponses par rapport aux nombreuses questions que soulève son plan d'action comme on l'a vu dans ce billet. L'étiquette «On verra» colle manifestement très bien à cette formation politique si on lit ces deux paragraphes suivants.
«Les critères d'évaluation seraient fixés par les experts indépendants de l'éventuel ordre professionnel et les membres de la CAQ, qui n'a pas encore évalué le coût d'une telle disposition.
M. Legault a également dit souhaiter rehausser les exigences dans les facultés d'éducation et attirer davantage d'étudiants dans ce domaine, sans toutefois préciser de quelle manière son parti y parviendrait.»
Enfin, si M. Legault dénonce la «malhonnêteté intellectuelle» du président de la CSQ, Réjean Parent, au sujet de la rémunération des enseignants, j'aimerais qu'il ait l'honnêteté intellectuelle de dire sur quelles études et quelles analyses se base son programme politique. Parce que, pour l'instant, il n'est constitué que d'idées formulées par un think tank.
9 commentaires:
Je préfère mentionner dès le départ que je suis un caquiste, et que j'approuve cette idée d'ordre professionnelle depuis plusieurs années. Vous comprendrez donc que mon argumentaire soit en sa faveur.
J'utiliserai aussi un style abrégé (point-form), je n'ai pas eu le temps d'aiguiser ma plume, et le bébé est prenant.
1- OPQ n'émettait PAS de sérieuses réserves. Elle disait que les acteurs (syndicats inclus) pourraient mettre en place des mécanismes semblables. Un échec patent.
2- Impartiale; l'ordre protège la profession, ton syndicat te protège.
3- Une évaluation continue; c'est pour aider à la formation continue. C'est un outil de travail, pas une épée de Damoclès.
4- Formation continue; un professionnel continue de se former APRÈS son diplôme. Voir avocat, médecin, soins infirmiers, etc.
5- Pratiques d'enseignement; non, les méthodes appartiennent aux enseignants. Le MELS ne peut dire le comment aux enseignants, l'erreur de la réforme.
6- Liberté professionnelle; c'est de choisir sa/ses méthodes, de se spécialiser selon ses besoins, etc.
7- Accès à la profession; Oui, mais complétif avec la LIP
8- Protection : on préfère l'ordre pour protéger le citoyen
9- Conseiller : certains organismes pourraient disparaitre parce que mandat trop semblable? Peut-être, pas un expert de la question.
10- Augmentation; l'idée c'est de changer le paradigme du rôle des enseignants, les mettre sur un piédestal en augmentant entre autres leurs salaires.
11- Autres services aux élèves; monsieur Legault veut aussi revoir les balises et PEUT-ÊTRE investir plus pour élèves en difficultés. Bcp de pertes à cause de petites politiques.
12- Les on verra; parce que si tout était coulé dans le béton on l'accuserait d'être autocrate? Les on verra, c'est l'ouverture à la négociation.
13- Sur Parent et la malhonnêteté; belle façon de détourner le sujet. Vous en pensez quoi des méthodes de la CSQ?
Au plaisir
Éric Caire c'est la marionnette. C'est Mario Asselin l'instigateur du projet. Il a plusieurs missives sur son blog qui fait la promotion d'un ordre. Juste à taper le mot 'ordre' dans l'engin de recherche pour se rendre compte qu'il cogite depuis un bon moment.
http://blogue.marioasselin.com/2012/03/accorder-la-priorite-a-leducation-cest-favoriser-le-developpement-professionnel-de-tous-les-enseignants/
Metfan: Je connais M. Asselin et notamment ses opinions en matière d'ordre professionnel. Nous en avons débattu respectueusement quelques fois. Je ne partage pas son point de vue, mais je le respecte en tant qu'homme. L'idée de le décrire comme marionnettiste m'embête quelque peu. C'est un homme d'idées convaincu parfois convaincant, pas de pouvoir.
François Lemay: Je préfère mentionner dès le départ que j'ai eu l'occasion d'échanger avec deux des plus hauts représentants syndicaux de ma profession au cours des années et qu'ils n'ont pas toujours apprécié mes avis. Je ne suis donc pas le portrait-type du syndicaliste bêlant les mots d'ordre.
1- Vous faites référence à l'Office des professions du Québec. À mon tour de la citer à propos de la situation actuelle: «l’État veille à garantir l’encadrement approprié, ceci afin d’assurer une protection adéquate du public et également pour répondre aux exigences de plus en plus élevées de la société à l’égard du système d’éducation. À cette fin, des mécanismes de contrôle de la compétence et de l’intégrité agissent dès l’entrée et aussi durant tout l’exercice comme enseignant.»
À propos des réserves sérieuses quant à imposer un ordre professionnel: «L’ordre professionnel s’appuie, en effet, sur la volonté des membres de s’autogérer tout en acceptant de mener ailleurs la revendication et la protection des intérêts socio-économiques; à ce sujet, la consultation a révélé que les points de vue sont très divisés et que les enseignants semblent s’opposer à la création d’un ordre.» De là, l'OPQ suggère de choisir une voie plus consensuelle.
2- Honnêtement, vous idéalisez l'action d'un ordre professionnel. Il suffit de regarder ceux existants pour constater parfois leur sens développé du corporatisme.
3-4- Il existe officiellement un embryon de formation continue en éducation. De mémoire, c'est sous Mme Courchesne que ce principe. tombé en désuétude, a été énoncé pour la première fois en ce qui a trait à la maitrise du français. Nos institutions scolaires, ne voulant manifestement pas s'occuper de la formation continue de leurs employés, seront ravis de leur refiler ce dossier avec les politiques de la CAQ.
5- L'erreur de la réforme? Vous parlez du PDF que les enseignants devaient obligatoirement suivre? Avec un ordre professionnel, les enseignants qui contestaient la réforme auraient été sanctionnés, le saviez-vous?
6- Honnêtement, mettez un bémol sur la liberté quant au choix des méthodes. La réforme, certains enseignants ont dû l'avaler à la petite cuillère. Je vous rappelle que cette réforme a été appuyée par le MELS, dont M. Legault qui en a chanté aveuglement les louanges.
7- Quels compléments seraient ajoutés? On est en pénurie d'enseignants dans certaines matières. Comment croire qu'on va resserrer les critères d"admission à la profession?
8- L'OPQ réfute cet argument. De plus, on notera qu'un protecteur des élèves s'est ajouté depuis.
10- Quand M. Legault a dit des enseignants qu'ils passaient leurs journées pédagogiques à lire des revues, ils les mettaient sur un piédestal? L'avez-vous vu s'excuser de ses propos? Ceux qui respectent moins les enseignants sont parfois leurs propres patrons, les ministres du MELS et autres décideurs scolaires. Croyez-vous qu'un ordre va changer quoi que ce soit à cette vision méprisante?
11- M. Legault n'a pas l'air au courant qu'il y a des pénuries de professionnels en éducation. On ne se bouscule pas aux portes pour des postes précaires, à temps partiel, répartis entre deux ou trois établissements et sous-payés. Un psychologue ira-t-il travailler dans ces conditions alors qu'il doit maintenant détenir un doctorat.
12- L'ouverture à la négociation de la CAQ, vous la sentez quand on parle d'ouvrir les conventions collectives dûment signées et en imposant un ordre professionnel?
13- Sur Legault et la malhonnêteté, belle façon de détourner le sujet.. :) Les études, les analyses, elles sont où?
Je reviendrai dans un prochain billet sur toute cette idée d'évaluer les enseignants à la mode CAQ.
Merci de prendre le temps de répondre, c'est très apprécié. Avant de commencer, bon mot sur Mario Asselin, en effet, je le connais depuis peu et c'est un chic type. À votre, il a son franc parler et on n'oserait douter de la force de ses conviction.
Le croustillant maintenant.
1- C'est vrai que les points de vue sont "divisés", les syndicats sont contre pour des raisons selon moi évidentes de pouvoir. D'autres organismes d'enseignants semblent au contraire valoriser cette voie. Qui plus est, la méthode consensuelle a échoué puisque les recommandations (évaluation, suivi,etc.) n'ont pas été suivi.
2- Vous avez raison, j'ai encore ce coté en moi. Je pense qu'il faut idéaliser l'ordre pour ensuite avoir le pragmatisme d'atteindre cet objectif. Il est vrai que le corporatisme est difficile à combattre. Bien d'accord.
3-4- Je pense que la formation continue devrait appartenir aux acteurs de l'éducation. Dans les autres ordres, ça fonctionne bien, mise à jour de la recherche, des tehcnos, etc. Sans compter les besoins ciblés.
5- La réforme a été vendue comme une méthode (c'est du moins ma perception), qui devrait appartenir aux enseignants. Un véritable cursus, en effet, doit etre suivi.
6- voir point précédent, et je crois que m.Legault serait d'accord avec vous. Peut-être a-t-il fait confiance aux mauvaises personnes? Il assume tout de même.
7- On perd 25% de nos enseignants, j'ai espoir de voir ce nombre diminuer avec la réorganisation, avec la mise en valeur de la vocation.
8- C'est un argument, mais c'est quand même un des rôles d'un ordre.
10- Il y a un peu de vrai là-dedans, malheureusement. Des "formations" sur le programme consistant... à lire le programme parce que les profs ne l'avaient pas fait... c'est fâchant/troublant. Je pense que sa position d'aujourd'hui est assez clair sur l'importance/respect qu'il leur accorde. Et son discours en privé, est sincèrement le même, et très imprégné de sa vie personnel (famille populaire, bon prof, etc.)
11- La précarité a été abordé, il est conscient qu'il faut régler le problème. Mais les syndicats vont-ils collaborer et vouloir diminuer le "bumping"?
12- Il l'a répété hier, même après avoir souligné la malhonnêteté intellectuelle de la CSQ. Les syndicats sont là et on négicie avec eux.
13- Tu détournes le sujet, t'es pas correct... toi en premier :)
Merci encore une fois, au plaisir.
Permettez-moi une question terre-à terre. Supposons que je dispose de 100 millions de $ d'argent neuf pour l'éducation, est-ce que j'investis dans le développement des profs, le support aux élèves en difficulté et l'allègement des classes ou dans la rémunération directe des profs. Pour le CAQ, plus t'es payé, plus tu es compétent. On a vu ce que cela a donné dans le secteur financier. Allo la terre!
M. Lemay: On jase. Les émotions, j'aime bien. Mais parfois, un peu de rationnel ne nuit pas.
1- Honnêtement, il n'y a pas eu de méthode consensuelle. Personne n'est allé vraiment plus loin, simplement. De légers ajustements ici et là (par exemple, le protecteur de l'élève) Faut-il un ordre professionnel alors que certains ajustements suffisent? Ce que propose la CAQ va au-delà de ce qui est nécessaire.
2- Honnêtement, on a vu tellement d'horreurs reliées à certains ordres professionnels que je ne suis pas convaincu qu'ils soient des garanties de quoi que ce soit par moment. Parfois, j'ai tort de troquer l'idéalisme pour le réalisme.
3-4- Le problème est relié au «statut» de l'enseignant. Dans le cas qui nous concerne, j'ai bien peur qu'on lui demande de respecter les exigences d'un professionnel tout en continuant d lui demande d'effectuer un travail conventionné d'un syndiqué. Regardez simplement la conception de nos horaires de travail.
5-Si des «pédadinguos» établissent un véritable cursus totalement absurde, mon ordre professionnel va s'assurer que je le suive. Et s'assurer que je ne le critique pas trop. C'est la relative liberté de mon statut actuel qui me permet d'être ouvert et en action par rapport à mon travail. J'ai rarement vu un ordre professionnel tolérer la critique et la dissidence.
6- Il a fait confiance aux mauvaises personnes. Et c'est ça qui m'embête. Son manque de recul critique face à son entourage et aussi son incapacité à reconnaitre cette erreur majeure de son passage en éducation. Il n'assume pas vraiment: il balaie cet épisode sous le tapis, je crois.
(la suite...)
7- Personnellement, par rapport à ce 25%, on perd peut-être de mauvais candidats qui n'avaient pas ce qu'il fallait. Certains candidats au bac en enseignement sont assez faibles, merci. La pénurie d'enseignants a débuté avec le gouvernement Bouchard dont faisait partie M. Legault (avec le fameux programme de mises à la retraite «anticipées»). Depuis, on gère le tout à la petite semaine avec des résultats souvent catastrophiques, car la pénurie continue dans certains champs depuis plus de 15 an... On ne sait même pas si on va avoir assez d'enseignants d'anglais pour l'immersion au primaire! On manque de profs entre autres pour une raison très simple. Les conditions de travail autres que le salaire ne donnent pas envie à des jeunes de venir enseigner dans nos écoles. Ce n'est pas un ordre professionnel qui va donner le matériel scolaire à un prof. Ce n'est pas un ordre professionnel qui va faire qu'un jeune va respecter un prof quand il sait qu'il s'en tirera sans conséquence. Le milieu scolaire est difficile. Parfois violent. Souvent irrespectueux. Et en passant, année après année, la profession d'enseignant est parmi la plus respectée dans les sondages auprès de la population, le saviez-vous?
8- C'est aussi la preuve que des aménagements sont encore possibles. Pourquoi des grands solutions qui vont tout chambarder? L'éducation a connu beaucoup de ces modes de changement par rupture, par affrontement... M. Legault ne semble pas assez habile pour arriver à atteindre ses buts AVEC ses partenaires. Il veut les atteindre contre eux ou malgré eux. Or, ma modeste expérience m'a appris que c'est voué à l'échec.
10- Désolé. M. Legault a insulté l'ensemble des enseignants du Québec avec ses propos sans nuance faits dans le cadre d'une négociation collective. Il affirmait que les enseignant ne faisait rien de leurs journées pédagogiques. Il n'a jamais fait de mea culpa, de mémoire. Dans le cadre du Renouveau, je peux vous dire que j'ai assisté à des formations où les fonctionnaires de son ministère ne savaient même pas de quoi ils parlaient. D'ailleurs, il est remarquable que les enseignants, avec les CS, soient les prinicipaux acteurs visés par les mesures de la CAQ. Des directeurs d'école, des fonctionnaires incompétents, vous en connaissez autant que moi. Pourquoi cette fixation sur les enseignants qui ont, par moment, très peu de controle, sur les conditions dans lesquelles on leu demande de travailler?
11- Ici, on ne parle pas de profs qu'on bumpe. On parle de postes de professionnels (psy, ergo, orthophonistes...) qu'on ne comble pas parce que les conditions ne sont pas attirantes. On est loin de la précarité. Et Legault ne sait manifestement rien de cela. Il a beau dire qu'il veut permettre aux écoles d'avoir les moyens de les embaucher, son discours est déconnecté de la réalité et montre bien qu'il est mal informé ou mal conseillé dans cette partie de ce dossier. S'il y a des gens dont on devrait revoir le salaire à la hausse pour des raisons d'efficacité, de rétention et de performance du système, ce sont bien eux.
12- Honnêtement, les positions de la CAQ sont tellement éloignées des positions «traditionnelles» et généralement acceptées par les enseignants... elles sont tellement diamétralement opposées que je ne vois pas de négociation possible. Pour la malhonnêteté, je présume que la question du sondage était mal formulée au départ, même s'il demeure vrai qu'une partie du salaire des profs serait déterminée selon la réussite des élèves. Par contre, je peux vous assurer que le message de la CAQ sur ce point n'était pas des plus clairs jusqu'à la sortie de M. Legault avant-hier.
13- Les études et les analyses de la CAQ maintenant? :)
M. Gillac: Ici, la CAQ parle d'un milliard, je crois.... 100 millions $ sur un budget de 15 milliards, c'est malheureusement rien. Moi, je m'assurerais tout d'abord que cette somme «arrive» dans les classes. Pas juste dans les écoles.
Pas dans la rémunération directe des profs en tout cas à moins que ceux-ci aient suivi des formations supplémentaires.
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