On parle souvent de jeunes enseignants québécois qui décrochent. On cite le pourcentage à l'effet que 20% des enseignants sortis de l'université quittent la profession après cinq ans. Un commentaire à la suite de ce billet y fait d'ailleurs référence.
Pour ma part, j'ai toujours vu plusieurs explications possibles à cette situation:
- lacunes dans la formation universitaire qui préparent mal les jeunes enseignants aux réalités de l'éducation d'aujourd'hui;
- conditions de travail plus exigeantes;
- précarités des postes;
- bête sélection naturelle de jeunes enseignants qui auraient dû être recalés au bac.
J'ai toujours été curieux de mettre ce pourcentage en parallèle avec d'autres données. Ne voilà-t-il pas qu'un article publié dans La Presse aujourd'hui me permet d'établir certaines comparaisons. Ainsi, on apprend que:
«malgré plusieurs conditions de travail intéressantes
telles que 20 jours de vacances après un an de service, un régime de
retraite avantageux et la possibilité de mobilité parmi l’ensemble des
ministères et organismes, de nombreux travailleurs de l’effectif
régulier de la fonction publique québécoise quittent le navire chaque
année pour une autre raison que la retraite. En 2009-2010, ils étaient
760 à le faire. Près de 28% d’entre eux avaient moins de 35 ans.»
Le milieu de l'enseignement ne semble pas être un cas à part du reste de la fonction publique québécoise. Cela ne veut pas dire qu'il s'agit nécessairement d'une situation acceptable. Elle est simplement comparable à ce qu'on retrouve dans la fonction publique québécoise.
7 commentaires:
Pour le voir dans mon milieu, certains enseignants qui sortent de l'université sont plutôt hautains envers les enseignants plus expérimentés... Quand on leur donne des conseils sur la gestion de classe, on se fait répondre : "Oui, mais moi, je n'ai pas cette vision, parce que... blablabla...".
Quand on commence, on ne devrait pas avoir d'autres visions que celle de faire progresser nos élèves selon ce qui est à voir au programme, le tout dans un climat propice. Tant pis les projets intégrateurs et toutes autres choses...
Ils sont brainwashés (désolée de l'anglicisme) pour faire des beaux projets, mais n'ont aucune idée du but véritable en enseignement : faire progresser nos élèves tant au plan académique que personnel.
Mais bon, c'est peut-être uniquement dans mon milieu que j'ai vu cela... Mais je crois que lorsqu'on commence, on se doit d'écouter les conseils de nos collègues plus expérimentés. Si ça fait 20 ans que quelqu'un réussit bien quelque chose, c'est qu'il doit y avoir plus de bon que de mauvais dans cela. Et avec le temps, on pourra mettre de plus en plus notre couleur à notre enseignement.
Mais bon, qui suis-je pour parler... Je ne suis qu'une enseignante qui en est à 7 ans d'enseignement et qui a écouté ses collègues la conseiller. Ce doit être pour cela que contrairement à d'autres, je suis encore là...
Il est difficile de faire une comparaison avec d'autres corps de métier. En effet, un comptable dans la fonction publique peut se trouver un boulot ailleurs. Pour un enseignant de formation, à part les écoles privés et quelques maisons d'édition, il n'y a pas vraiment d'autres employeurs.
Anonyme: donc, il y aurait plus de drop in en enseignement?
Tous les jeunes enseignants que j'ai vu quitter (un certain nombre) l'ont fait à cause de la précarité. Faire de la suppléance pendant des années, ce n'est vraiment pas motivant, puis ça ne paie pas toujours les factures. Moi-même, lorsque j'ai décroché mon premier contrat à temps plein, j'étais sur le bord d'aller voir ailleurs.
Aussi, les enseignants qui quittent se réorientent, contrairement à ceux qui quittent la fontion publique pour faire le même travail "ailleurs".
Drop in?
Je ne suis pas certaine de bien comprendre l'expression pour répondre de façon certaine...
Juillet: ce qui expliquerait peut-être qu'on décroche moins en enseignement que dans la fonction publique en général.
Anonyme: un drop in est un employé qui a décroché et qui continue à occuper son emploi.
Je dirais que non.
Dans sa tête, il est persuadé d'être compétent, de faire le meilleur pour ses élèves...
Mais bon, la réalité est toute autre.
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