08 janvier 2008

Des vidéos pas pertinents en classe?

Grosse nouvelle ce matin dans le Journal de Montréal : des enseignants auraient projeté des vidéos de films au contenu douteux en classe!

Des élèves d'une polyvalente de Laval ont débuté leurs vacances de Noël à l'avance cette année. La semaine précédant le congé, des jeunes de 13 ans ont visionné en classe trois films à la valeur académique douteuse, comme Les Simpsons et Fausses blondes infiltrées. (...)

«Les enseignants nous disent que c'est une sorte de récompense pour les élèves. Je veux bien si tous les élèves réussissaient, mais il y a une partie d'entre eux qui ne passent pas», déplore Céline Clément, présidente de deux conseils d'établissements, dont celui de Poly-Jeunesse.

Chasuble! Si elle savait... Trois films avant Noël, c'est dans la moyenne.

Dans la même veine, j'ai des collègues qui vont jouer au billard avec leurs élèves tous les vendredi après-midi pour les récompenser d'avoir bien travaillé durant la semaine. Cette méthode doit être efficace: ils vont au billard TOUS les vendredis depuis deux ans.

J'en connais d'autres qui les font quitter 10 minutes avant la fin d'une période parce qu'ils ont bien travaillé. Il y a aussi les chanceux qui vont à La Ronde parce que l'un des buts de l'école est la socialisation des élèves. Et je ne parle pas des enseignants qui présentent des vidéos violents et sexuellement assez explicites... à des élèves qui mangent de la malbouffe en classe et qui écoutent leur lecteur I-Pod. Enfin, je me souviens de ce cas célèbre d'un enseignant qui avait laissé son groupe seul pendant quelques minutes pour aller louer un DVD au club vidéo en face de l'école!

«Ce sont des activités-récompenses», disent-ils. Plutôt du pognage de beigne institutionnalisé dans certains cas de la part de profs qui n'ont rien à envier à Homer Simpson.

J'ai beaucoup de difficulté avec le fait de récompenser des élèves parce qu'ils ont «bien travaillé». L'effort n'est-il pas porteur de sa propre récompense? N'est-il pas contradictoire de récompenser des élèves en leur disant: «Maintenant que vous avez fait (et c'est bien relatif) ce pour quoi vous êtes ici, on va vous récompenser avec des affaires vraiment le fun qu'on ne fait pas à l'école!»? N'est-on pas en train justement de dévaloriser et l'effort et l'école?

Je serais d'accord avec ce type d'émulation si les activités offertes étaient rattachées clairement au contenu d'un cours ou si elles ne pouvaient pas se vivre à la maison ou sous la supervision des parents. Déjà, amener les élèves au théâtre, c'est jouer un rôle qui appartient aux géniteurs de nos élèves. Mais bouffer des chips au ketchup en regardant le film Blade en classe, on nage dans le délire!

J'ai passé une année à côté d'une classe qui fonctionnait à la récompense du vendredi après-midi. Essayer d'enseigner les notions d'effort et de dépassement quand, systématiquement, le groupe d'à-côté ne fait strictement rien est éreintant. «Pourquoi nous, on travaille et pas eux?», me demandaient mes élèves.

19 commentaires:

Sylvain a dit…

J'acquiesce à votre propos. Il en est de même pour les friandises données à l'Halloween (les élèves en ont déjà trop, alors pourquoi devrions-nous, profs, en donner ? Non-sens...), à Noël, à Pâques et tutti quanti.

J'ai déjà visionné le sketch du Willy Waller, suivi du LCD-Shovel des Têtes à claques, en début de séquence de cours sur le schéma actantiel. Mais ici, le but m'apparaissait évident. À la prochaine insipide info-pub qu'ils verront, les élèves feront le rapprochement, pour ceux qui ne l'ont pas encore fait (!) après que plusieurs d'entre eux l'aient verbalisé clairement.

Anonyme a dit…

Cher Prof,
J'ai une toute autre explication à te proposer.
"Acheter" sa tranquilité, un peu comme certains paient l'impôt révolutionnaire...
En France, on parle de l'évaluation du travail des enseignants.
Ce serait amusant s'il ne s'agissait pas de l'avenir des enfants...
Vois ce qu'en pense un de tes collègues: son dernier article en parle.
http://aucollege.over-blog.fr/
Amitiés

Anonyme a dit…

Bonjour,

Ouais, ouais. Ce n'est pas encourageant ce que tu nous dis là. Même si au fond, on le savait. J'avais écrit un article à l'époque, dans les années 90 pour la revue Voir qui s'intitulait : Apocalypse now et qui portait sur l'enseignement au secondaire. C'était pas rose. Mes propres enfants regardent en moyenne 3 films par semaine en classe (2e secondaire et 5e). Je vois de plus en plus de professeurs au cégep qui présentent un film à chaque cours (des cours de 3 heures où la moitié du temps est consacré au visionnement de films). Moi-même, j'en présente un par session (toujours en rapport avec le contenu du cours, cependant). Bref, les écrans nous envahissent beaucoup plus qu'on le réalise. Pour le pire ou pour le mieux? Cela dépend de ce que l'on fait avec. Hier, François Guité (Relief) a écrit un beau billet sur les jeux vidéo dans l'enseignement. À consulter pour le premier paragraphe, entre autres, qui lie l'apprentissage au plaisir.

Bonne fin de journée.

Gooba a dit…

Ce à quoi je réponds : parce que je veux que vous réussissiez!! (moi!)

bibconfidences a dit…

Je ne crois pas qu'il soit possible de récompenser une classe parce qu'elle a bien travaillé. Une classe de façon globale travaille différemment selon les individus qui la fréquentent.
Peut-être serait-il plus juste de proposer une activité dans le cadre d'un évènement ou d'une étape? C'est ce que j'ai fait à Noël en offrant à mes élèves le visionnement d'un film de Noël comme activité ludique à la dernière journée de classe. S'il s'était agit d'une activité récompense, plusieurs élèves n'y auraient probablement pas eu droit. Les cas dont vous faites mention dans votre billet me jettent à terre...Serait-ce une différence entre le primaire et le secondaire?

¤Enidan¤ a dit…

La semaine avant Noël, CHAQUE prof de mon fils (secondaire 1) a fait vivre une activité au groupe... ce qui signifie qu'il a "perdu" une dizaine de périodes en activités inutiles de toutes sortes... beaucoup de film, jeux libres aux ordis, billard etc.. j'étais découragée !!!

*Natacha* a dit…

Vraiment, je suis pas née dans le bon temps... ;p

au secondaire, en anglais par exemple, j'ai jouer
aux cartes 1 fois... en anglais... et c'était à l'examen...

pire, les seuls films que j'ai vue étaient en "moral" et j'avais un compte-rendu critique à faire... d'ailleurs, je m'en souviens encore :)

Ce qui me fait penser à ma prof d'histoire qui avait également enseignée à ma mère (et à ses 15 frères et soeurs). Elle commençait toujours par :

"Vous n'êtes pas plus con que les enfants que j'ai eu il y a 10 ans. À vos crayons !"

Étrangement, c'était la plus exigente et le cours le mieux réussit de façon générale (oui, oui).

Je comprends le concept "d'acheter la paix" mais... mais c'est plus fort que moi, je juge sévèrement ce comportement. Si c'est pas pédagogique, pas en lien, pas rapport... merde ! pourquoi le faire en classe ?

En tout cas, moi qui pensait que la récompense des efforts était la satisfaction du travail bien fait... je suis bien naïve...

L'ensaignant a dit…

Au primaire, on appelle ça les "périodes libres". Il y a un beau local informatique tout près de ma classe. 15 ordis potables. Les vendredis après-midis sont réservés à des projets personnels (recherches, écriture diverse, réalisation d'un film, etc.). La prof d'une classe de cinquième année a réservé le local informatique tous les vendredis p.m. et mes élèves, qui s'adonnaient à des travaux SCOLAIRES doivent sortir pour laisser la place à des jeux, du MSN, des vidéoclips, etc.

Les élèves vont-ils travailler la fin de semaine pour compenser d'avoir été en fin de semaine durant les heures de classe de façon hebdomadaire?

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: je n'avais pas pensé à cet aspect des choses en ce qui a trait aux friandises. J'imagine qu'après quatre périodes de bonbons, certains élèves doivent avoir mal au coeur...

Un vidéo, utilisé pour des raisons pédagogiques, est toujours pertinent. C'est les autres cas qui sont embêtants.

Armand: par moment, je me demande si on ne devrait pas en venir là au Québec (des inspecteurs). Certains collègues font honte à la profession et les directions d'école ne les supervisent pas adéquatement.

Plotin: tu as déjà écrit pour Voir? Moi aussi!

Certains profs abusent du vidéo; d'autres l'utilsent de façon intelligente.

Gooba: le reste de ma phrase était «parce quie je ne vous méprise pas, que j'ai confiance en votre intelligence et que je veux vous voir réussir.»

Bibco: je suis au secondaire. Je ne pense pas que ce soit là la différence. Je crois plutôt qu'il s'agit davantage de l'intégrité de l'enseignant.

Enidan: vous devriez vous plaindre. Mais en même temps, les parents ont souvent peur du risque que leur enfant soit victime de la rancoeur d'un enseignant ou d'un élève, ce qui en dit long sur nos écoles.

Natacha: dans le temps, tout était mieux...

On méprise souvent l'intelligence des enfants. Croyez-vous que les élèves de la classe vidéo à côté de la mienne ont réussi leur examens de fin d'année? Ils ont mangé toute une claque.

Le professeur masqué a dit…

En saignant: il m'arrive de vivre la même chose. Certains profs monopolisent les ressources de l'école et pas toujours pour des raisons pédagogiques: vidéo, canon, ordinateur, etc.

Vous pouvez toujours en jaser avec cette collègue ou même soulever le problème de façon plus général avec les autres profs ou avec la direction. Sauf que parfois...

bobbiwatson a dit…

L'an passé mes deux enfants ont eu à "subir" des films pendant leur cours d'anglais... des films pas toujours en anglais :(

Les activités récompense sont presque pertinentes au primaire. Au secondaire ............ on repassera :(

*Natacha* a dit…

@ prof masqué

j'aime beaucoup l'expression "dans mon temps" parce qu'en histoire, elle a toujours été utilisé comme formule ( toujours comme dans l'antiquité à tout le moins et jusqu'à nos jours). C'est comme si l'espoir d'un monde meilleur était nécessairement chose du passé.

c'est une déformation professionelle qui prend le dessus, s'cusez moi ! ;)

Anonyme a dit…

Pas besoin de connaitre Pavlov pour connaitre le résultat de telles « récompenses ». Vas-y, mon jeune, pour te récompenser, on va te montrer comment t'autodétruire.

Oui, la récompense vient du travail, tout naturelement, de la satisfaction de soi. Enseigner le contraire, c'est montrer, enseigner que la satisfaction de soi est quelque chose de stupide et qu'il vaut mieux compter sur la consommation (qui plus est destructrice, ici) pour assouvir ses manques.

Chercher à l'extérieur de soi ce qui manque en soi. Faire une telle projection sur les jeunes, c'est pour moi dégueulasse et ça a malheureusement souvent plus de poids, parce que ça va dans le sens de la culture et des idéologies à tendance dominante, omniprésentes, que la recherche de véritables valeurs, qui ne coutent rien, que son travail personnel.

Zed

Le professeur masqué a dit…

Bobbi: des films en français en anglais. Savoureux! Appelez le Journal de Montréal!

Natacha: je vis bien avec vos déformations professionnelles!

Zed: bonjour à toi! Content de voir que tu te portes bien! Effectivement, on dresse les jeunes à détester l'école avec de telles façons de faire.

Anonyme a dit…

Humm c'est drole ca dentendre ca.
C'est drole il n'y a pas de videotron en face de lecole.
Quand ont est en anglais ont regarde un film en anglais et on fasi pas juste manger du chips et tout on en a meme pas tous ce quon a dans les main cest un crayon et des feuille pour ecrire des reponse demander en anglais. Puis quelque film ont etait jouer pour que nous les elves ont comprennent mieux de lhistoire. Et les eleves qui sort en avance cest pour liberer plus despace dans les escalier.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: on ne parle peut-être pas de la même école.

Anonyme a dit…

En secondaire 4 je me souviens d'avoir du le film The Wall de Pink Floyd pour mon cours d'anglais. Et je me souviens également d'avoir fait des dictées troué, toujours en anglais. Le problème c'est que pour les dictées, c'était le texte de chanson de Metallica, Gun's, Motley Crue et autres groupe du genres. Moi qui écoutait Dalida et Jean-Pierre Ferland, disons que ça défrisait.

Pour les films j'ai pas été trop abreuvé mais je me souviens qu'au primaire (1979-1985) nous devions écouter minimum une fois pas annré Vogue à la mer. Un vieux film de l'ONF qui date de 1967.

Maudit qu'il était plate.

Anonyme a dit…

Okay mais je vais a cette école et vous êtes vraiment dans le champs !! le journaliste qui a écris ca, QU'IL S'INFORME AVANT DE PUBLIER QUELQUE CHOSE QU'IL A ENTENDUE !! je suis a cette école et croyée moi ou non, ces faux !!

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: le journaliste du JdeM se base sur les propos de Céline Clément, présidente de deux conseils d'établissements, dont celui de Poly-Jeunesse. Il a fait un certain travail, disons. S'est-il trompé? Peut-être? L'a-t-on induit en erreur? Comment savoir?

J'ai publié votre intervention parce qu'elle apporte un éclairage différent à cette question. Par contre, sur quoi est-elle fondée? Voilà tout le problème de savoir si une source est bonne.