28 janvier 2008

Les bibliothèques scolaires: on s'en tape! (ajout)

Ce matin, Le Devoir publiait un article portant sur le retour des bibliothécaires dans les écoles.

Eh bien, tout d'abord, n'ayons pas peur des mots: les bibliothèques, bien des décideurs scolaires considèrent que ça coûte trop cher! Et puis, offrez-leur le choix d'investir dans un laboratoire informatique ou dans des livres et vous verrez leur réaction. Comme le soulignait ce billet, il y a même des directions d'école qui ont fermé la leur parce que tout est maintenant disponible sur Internet, paraît-il. Il ne faut vraiment rien connaître au domaine de l'édition et aux livres pour faire un tel geste. Quelqu'un pourrait-il leur indiquer que ce ne sont pas tous les ouvrages littéraires ne sont pas disponibles sur la toile?

De toute façon, pour certains, une bibliothèque, c'est vieux, c'est silencieux, c'est passé de mode. Et puis, souvent ceux qui en veulent, ce sont les profs de français qui râlent parce qu'ils ont de vieux dictionnaires dans leur classe, dictionnaires dans lesquels on ne retrouve même pas le mot Internet! Tant pis pour ceux qui préconisent l'éveil aux livres et à la lecture! Tant pis pour ceux qui travaillent à ce que les enfants du Québec cessent d'être dans les derniers rangs quant on s'intéresse à la lecture!

En plus, le monde de l'éducation ne s'aide pas: les bibliothèques scolaires sont de belles vaches à lait pour les librairies des quartiers voisins. Il faut savoir que la loi interdit l'achat, par les écoles publiques, de livres dans des magasins à grande surface ou encore de livres dans un commerce qui n'est pas situé sur le territoire desservi par l'école. Le but de cette mesure: stimuler l'achat local et assurer aux librairies environnantes un certain nombre d'achats obligatoires. Vous m'excuserez, mais je ne crois pas que le budget du ministère de l'Éducation doive remédier à la minceur de celui de la Culture.

Dans un autre cas, un directeur m'a confié devoir refuser les dons de livres à son école. Il n'aurait pas le budget pour préparer et encoder ceux-ci comme le voudraient les normes de sa commission scolaire.

Quant aux bibliothécaires, elles aussi coûtent trop cher pour nos administrateurs. Pourquoi payer une universitaire quand une technicienne ou un agent de bureau classe XYZ peut faire la job de prêter un livre? Mieux encore, un parent bénévole! Là encore, on préfère mettre les sous ailleurs, question de priorité. Alors quand je lis dans La Presse que Québec veut former 20 bibliothécaires scolaires par année, je me demande qui va vouloir les embaucher et payer leur salaire.

D'ailleurs, il faudrait commencer à se demander ou ils vont les sous en éducation. Sûrement pas dans les bibliothéques scolaires, sûrement pas non plus dans les nouvelles technologies de communication puisque le Québec fait figure de parent pauvre au Canada.

Il existe des solutions pratiques comme jumeler les bibliothèques scolaires et municipales, mais celle-ci semble avoir un défaut: c'est une solution et elle est pratique.
Je joins à ce billet la déclaration de la CSQ à ce sujet (ici et ici).

13 commentaires:

Pitseleh a dit…

"Il existe des solutions pratiques comme jumeler les bibliothèques scolaires et municipales, mais celle-ci semble avoir un défaut: c'est une solution et elle est pratique."

Bonjour,
Petite question concernant cette idée : comment l'appliqueriez-vous en pratique ?

Anonyme a dit…

Cher Professeur masqué, ne vous inquiété pas. Les bibliothèques ne sont pas plus importante dans le milieu du travail.

Je travaille dans un organisme gouvernementale et on vient d'apprendre que la seule bibliothèque francophone spécialisé en droit de l'homme va fermer bientôt car il y a un trou de 1,2 milion dans le budget de l'organisme. Ils s'imaginent qu'en fermant la bibliothèque ils vont faire des économies. Et lorsque les gens demandent où ils vont trouver l'information, la haut dirigeants disent qu'on trouve tout sur Internet.

¤Enidan¤ a dit…

Moi j'aimerais avoir une belle grosse bibliothèque bien garnie, moderne et variée dans ma classe...

Moi aussi je me questionne sur le budget..

Le professeur masqué a dit…

Pitselen: Certaines écoles jumellent ou jumelaient ce service. Si vous allez lire un commentaire de Liadans le billet auquel je fais référence dans mon billet, vous verrez ceci:

«Je connais une histoire d'horreur semblable: en 2003, la directrice de l'école secondaire Évangéline (CSDM), sur le boulevard L'Acadie, n'a pas renouvelé l'entente avec la Ville de Montréal dont la bibliothèque Acadie occupait par bail emphytéotique un local dans l'école. Les élèves et les professeurs avaient accès en tout temps sur les heures de classe aux 50 000 documents de cette bibliothèque de quartier. L'horaire du matin était exclusivement réservé à la clientèle scolaire. Raisons invoquées pour se débarrasser de la bibliothèque: récupérer le local pour faire trois classes supplémentaires et le même discours: pas besoin de bibliothèque, Internet va tout régler. Quel gâchis! Mon chum a travaillé là comme bibliothécaire jusqu'en 2000 et déjà la coopération avec la direction de l'école commençait à faire défaut. Imaginez, non seulement les élèves du premier cycle du secondaire d'Évangéline ont dès lors été privés de ces importants services (2 bibliothécaires, 2 techniciens et plusieurs commis), mais aussi les élèves de 2e cycle de l'école secondaire Ladauversière de l'autre côté de la rue.»

Quand on a parlé d'abolir les commissions scolaires, c'est qu'on remarquait qu'elles et les municipalités pouvaient certains services en commun: loisirs, bibliothèques, par exemple.

Sassenech: dans ce domaine, plusieurs ouvrages importants ne sont pas sur Internet. Pourquoi ne pas en faire la preuve à vos gestionnaires?

Enidan: pourtant, du fric, il y en a.

Sylvain a dit…

Plusieurs petits points me viennent à l'esprit à la lecture de cet autre très bon billet :

1-Avez-vous une référence à ce texte de loi? Ça m'intrigue beaucoup, tout simplement...

2-L'argent, il va dans les administrations beaucoup trop, dans les rénovations du siège social avant les écoles (Ex.: l'air que respire nos administrateurs doit être propre et bien tempéré. Celui des profs et élèves, ils s'en foutent !)

3-Il est très vrai que les budgets TIC et bibli sont insuffisants : et je suis aussi d'avis que l'on ne doit pas favoriser un au détriment de l'autre.

Anonyme a dit…

Professeur masqué : c'est ce qu'on essaie de faire mais disons que nous devons crier très fort pour qu'ils nous entendent du haut de leur tout d'ivoire. J'ai donc décidé de les prendre où ça fait mal.... coupure de service. Ils ont le pire services de tout les temps et là ils chialent qu'ils n'ont pas les livres qu'ils veulent.

Je ne les comprends pas. Une bibliothèque n'est pas nécessaire mais quand ils ont besoin d'un livre il faut être à plat ventre devanteux.

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: je vais trouver pour la loi.

sassenach: on se croirait parfois en Inde avec le sytème des castes.

Mme Prof a dit…

Heureusement, il reste encore des directions avec une tête sur les épaules pour qui la lecture est primordiale... Je dirais qu'au primaire, dans les écoles que j'ai vu, les bibliothèques étaient somme toute plutôt récentes (du moins, les livres), même si la bibliothécaire n'était que des parents bénévoles. Le problème avec ces derniers, c'est surtout que les autrse parents ne les prennent pas au sérieux lorsque les livres se perdent ou sont en retard et que ce n'est pas tous les parents bénévoles qui prennent leur rôle à coeur et le font bien. Encore une fois, heureusement qu'il y a des exceptions. Mais comme je le disais, je parle du primaire, là où les directions sont plus concernées sur l'importance de la lecture car ils n'en sont qu'aux débuts de leur vie de lecteur...

L'ensaignant a dit…

PM, laissez-moi vous raconter la situation dans l'école où je travaille.

Il n'y a aucune bibliothécaire, aucun technicien, aucun xyz, aucun parent bénévole. Chaque classe se rend là et utilise le système informatique comme il le comprend et croyez-moi, même pour un mordu informatique comme moi, il est assez compliqué.

Quand ce sont des enseignantes qui lui touchent, ce n'est pas si mal. Mais voilà, plusieurs d'entre eux ont des élèves plus branchés qu'eux. Alors, qu'est-ce qu'ils font? Ils envoient des ti-culs de 8 ou 9 ans sur l'ordi.

Voici maintenant les résultats:
1)Deux fois cette année, le système informatique a planté et il a fallu que le technicien de la CSDM passe pour le réparer (et on sait le temps que ça peut leur prendre...)
2)Chercher un livre est rendu une vraie aventure car aucun n'est placé au bon endroit. Encore là, c'est souvent les élèves qui sont responsables du tri.
3)Environ 50% des classes utilisent la biblio car c'est rendu vraiment frustrant.

Tout ça dans une école primaire défavorisée, avec l'intérêt pour la lecture que notre milieu socio-économique a de la difficulté à encourager.

bibconfidences a dit…

Dommage...pourtant les élèves du secondaire ont un réel besoin en lecture. Ils adorent ça pour la plupart. Si le directeur ne peut accepter les dons peut-être pourriez-vous comme classe le faire?
Un comptoir de prêt géré par quelques élèves comptant sur l'honnêteté et la bonne volonté de tous et chacun ? Dans ma classe certains élèves m'ont demandé s'ils pouvaient apporter des livres pour que les autres les empruntent. Avec la permission des parents je n'y vois que du positif et ça fonctionne très bien!

Le professeur masqué a dit…

Bibco: pour le don, il ne s'agit pas de mon école, heureusement. Mais oui, les enseignants peuvent gérer une bibliothèque de classe. Sauf qu'encore une fois, ils portent en partie sur leurs épaules quelque chose qui devrait être fait ailleurs, je crois. C'est leur choix et ce ne doit pas être une obligation.

Je gérais ma biblio de classe sans problème au début de l'année. Là, les choses sont au point mort. J'expliquerai pourquoi dans un prochain billet.

En saignat: l'école secondaire dont on avait fermé la bibliothèque était justement en milieu défavorisé. Manuturge!

La marâtre: heureusement! Il y a de bons coups qui se font dans les écoles. Ce qui me désole, c'est qu'il s'en fasse aussi de mauvais. Il me semble qu'on doit donner le meilleur aux enfants.

A.B. a dit…

@ Professeur masqué:
Même questionnement que plusieurs intervenants: comment payer ces bibliothécaires que l'on somme de former? Je n'y crois pas.

@ Pitseleh:
Dans ma jeunesse, en Gaspésie, l'école primaire n'avait pas de bibliothèque, mais était située en face de la bibliothèque municipale. Cette dernière devenait donc régulièrement notre bibliothèque scolaire. Nous partions avec notre enseignante et traversions la rue, tout simplement, pour y emprunter nos livres. De tels partenariats existent bel et bien.

bobbiwatson a dit…

Les bibliothécaires, ceux qui ont une maîtrise, ne sont pas utiles dans les biblio du primaire et du secondaire. Leur utilité se concrétise dans les biblio du collégial et universitaires.

Au primaire, un ou une technicien(ne) en documentation serait important(e). Cette personne peut guider et les enfants et les profs dans leurs choix de livres, que ce soit pour une recherche, que ce soit sur un thème particulier etc. Au secondaire, le (la) technicien(ne) en documentation verra à l'amélioration de la collection de la bibliothèque déjà existante, verra à aider les profs dans leurs recherches, verra à aider les élèves dans leurs choix de livres. Le (la)technicien(ne) en documentation est beaucoup plus près de l'utilisateur que le (la) ...thécaire. À l'université on apprends aux futur(e)s ...thécaires à faire de la gestion de personnel, de la gestion de collections, de la référence ..., de la gestion .... On ne leur apprend pas à aider la base à mieux s'informer, la base étant la clientèle scolaire du primaire et du secondaire, profs inclus :(