18 février 2008

Après moi le déluge!

Mme Masquée me le dit assez souvent: «Tu n'aimes pas Pauline Marois.» Le constat est clair, brutal, sans appel. Madame Marois, pour moi, aime la politique, aime le pouvoir, aime ses idées. Bref, Mme Marois semble follement s'aimer. Comme tous les politiciens, d'ailleurs. C'est pour cela qu'on les élit.

Hier soir, on a pu constater sur le plateau de TLMEP que, selon la grande Dame de l'ile Bizard, la réforme scolaire a connu des ratés à cause des Libéraux. Ce matin, Mme Marois en rajoute une couche dans Le Devoir sur ce qu'elle pense de certains membres de son parti à l'époque et le constat est révélateur. Pour quelqu'un qui se plaint des interventions des Landry et compagnie qui mineraient l'unité de sa formation politique, vous verrez qu'elle ne donne pas sa place.

Dans un entretien qu'elle livrait dans le cadre de la publication du livre intitulé Les Deux Principales Réformes de l'Éducation du Québec moderne (Presses de l'université Laval), la chef du Parti québécois critique à peu près tout le monde qui a occupé le poste de ministre de l'Éducation au cours des 20 dernières années, sauf elle, bien sûr.

Ainsi, elle reproche à François Legault d'avoir retardé l'application de la réforme d'un an: «Je pense que ce n'était pas justifié. Il n'avait qu'à dégager du personnel et quelques ressources pour accompagner les enseignants et pour prendre les quelques décisions de base qu'il restait à prendre. Je trouve ça dommage.» Bref, François aurait «choké» alors que la situation ne demandait que quelques ajustements. Le printemps s'annonce beau sur les banquettes de la deuxième opposition officielle entre ces deux politiciens.

Pour qui se souvient de ces folles années ou les bulletins comprenaient des «bonhommes sourire», il est évident que «quelques ressources pour accompagner les enseignants» auraient été suffisantes. Pensez à toute l'improvisation qui accompagne encore la réforme aujourd'hui, au retard dans la création des programmes et des manuels et dites-vous que, sous Mme Marois, rien de tout cela n'aurait existé grâce à sa gestion avisée et magique.

Elle égratigne aussi au passage (peut-être à juste titre) son prédécesseur Jean Garon qui aurait mal défini le mandat des États généraux sur l'éducation: «Quand je suis devenue ministre de l'Éducation, j'avais l'impression que cette commission n'irait nulle part [sic].» Mais nul doute que la vaillante Pauline a redressé les choses.

Quant à son chef Lucien Bouchard, elle déplore son pessismiste quant au réseau de l'éducation à l'époque: «Il pensait que ça n'allait pas bien du tout en éducation. Je crois qu'il se trompait d'ailleurs, mais enfin, cela étant, il m'avait demandé de lui proposer des avenues pour agir, pour corriger la situation qu'il percevait.» Donc, si on comprend bien ce savoureux passage et si on est un peu de mauvaise foi, Mme Marois a corrigé quelque chose qui n'allait pas si mal...

L'actuelle chef du PQ raconte ensuite comment, partie de son expérience personnelle, elle a su, au gré des États généraux sur l'éducation, se doter d'une vision quant à la chose éducative: «Je ne connaissais rien d'autre que mon expérience personnelle, je n'avais pas réfléchi à l'éducation. Alors, je me suis plongée corps et âme dans ça. Et puis, les états généraux, c'était une chance extraordinaire pour moi. J'y faisais mon apprentissage en même temps.»

Enfin, Mme Marois témoigne de son profond attachement à la réforme actuelle : «Si on retenait quelque chose de moi concernant mon apport au gouvernement, j'aimerais que l'on retienne ça, le préscolaire et la réforme au primaire et secondaire.» Cet attachement, quant à moi, la rend aveugle et on comprend mieux pourquoi ce sont les autres qui sont responsables de tous les déboires du Renouveau pédagogique.

Bien sûr, depuis cet entretien, elle a nuancé ses positions en indiquant que le Renouveau pédagogique a connu des difficultés. Il «a bifurqué en cours de route [...], il y a eu quelques dérapages [...], et je crois que ça prend certains redressements». Mais mon impression est que madame Marois reviendrait à ce qu'était la réforme à ses tout débuts.

Chose certaine, ce n'est pas avec de tels commentaires que madame Marois saura se faire aimer des gens de son propre parti et il ne faudra pas se surprendre si on assiste à quelques règlements de comptes bientôt.

Quant à moi qui pensais voter Parti québécois aux prochaines élections, madame Marois commence sérieusement à me faire douter de lui accorder mon vote.

15 commentaires:

Une femme libre a dit…

"Madame Marois aime la politique, aime le pouvoir, aime ses idées."

Vous avez bien le droit de ne pas l'aimer mais ce que vous citez là est positif. Normal et souhaitable qu'une personne politique aime la politique, le pouvoir et ses idées! Sinon, qu'est-ce que cette personne ferait là? Le pouvoir, c'est la possibilité réelle de changer les choses. Pour vendre ses idées, il faut y croire et les aimer. Aimer la politique est un prérequis pour en faire. Vous l'admettez d'ailleurs. "C'est pour cela qu'on les élit." Alors pourquoi dites-vous faire le constat sans appel que vous ne l'aimez pas en vous appuyant sur ces éléments qui caractérisent selon vous tous les politiciens? Ce sont tous les politiciens que vous n'aimez pas?

Madame Marois a des défauts comme tout le monde mais elle a aussi beaucoup d'expérience politique. Elle tient à ses idées mais elle sait aussi être humble et rire d'elle-même. Son passage au PQ en déroute va lui coûter très cher. Le parti était déjà très abîmé quand elle en a pris la tête. J'ai comme l'impression qu'elle va y laisser sa peau et je trouve ça dommage. Vraiment.

Le professeur masqué a dit…

Femme libre: on ne s'entendra pas sur ce sujet, je pense, mais ce n'est pas grave.

Dans ce texte, il y a un brin d'ironie. Il n'y a pas de mal à aimer ses idées. Mais Mme Marois n'aime que ses idées, semble même être aveuglée par ses idées et dénigre tous ceux qui ont occupé ses fonctions. Je trouve cela symptomatique qu'elle juge ainsi les autres.

Quand vous dites qu'elle est «humble», là, je décroche. L'autocritique ne semble pas son fort.

Le PQ était déjà en déroute et elle ne fait pas grand chose pour rassembler tout ce monde.

Quant aux politiciens, actuellement, au Québec, ce sont pour nos chefs (Dumon et Charest) des individus dont il s'agit de la profession principale. Là encore, ça me chicote.

Une femme libre a dit…

Il faut être humble pour s'exposer au ridicule comme elle l'a fait en répondant en anglais à "Tout le monde en parle" et même en se présentant à l'émission. Mais vous avez raison, terminons ici le débat stérile. Il y a deux sujets qu'il faut éviter: la religion et la politique.

Il est vrai que nos politiciens professionnels semblent ternes quand on regarde les candidats actuels aux élections américaines et même ceux qui ont fait les élections françaises.

Gooba a dit…

Wow! Elle sait comment se faire des amis, elle! :-) Ah tiens, elle pourrait même concevoir un cours pour bonifier la Réforme et on pourrait l'enseigner à nos jeunes! ;-)))

bibconfidences a dit…

En anglais qu'elle pourrait l'enseigner, en anglais...
Bah, j'ai même pas le goût de taper sur Mme. Marois...Ces temps-ci je me relis moi-même deux fois et j'essais d'éliminer le mot "fake" de mon vocabulaire...plus facile à dire qu'à faire. Si chacun fait un effort en ce sens au niveau de notre langue "parlée" je pense que l'écrit ne pourra que s'améliorer.

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: si vous me permettez, j'étais en train de nettoyer l'entrée quand ce commentaire supplémentaire m'est venu à l'esprit.

Mme Marois ne prêche pas par l'exemple. Elle dénigre les autres, même les gens de son propre parti. Côté unité, c'est plutôt faible pour quelqu'un qui prêche le rassemblement des forces vives du PQ. Comme elle le disait à TLMEP, le PQ n'a pas besoin d'opposition. Il n'a pas besoin non plus de gens pour le diviser: elle s'en charge très bien depuis quelque tempŝ.

Mme Marois a donné plusieurs entrevues alors qu'elle n'était plus en politique, active une pratique qu'elle reproche à M. Landry aujourd'hui. Or, à ce que je sache, j'ai rarement vu M. Landry caler un collègue. Il a même défendu Jacques Parizeau lors du dernier référendum alors qu'il aurait été si simple de le traiter de tous les noms.

De même, je n'ai jamais entendu la ministre Courchesne parler en mal de ces prédécesseurs libéraux. Même en privé, on m'a dit qu'elle défendait JM Fournier, par exemple. Faut le faire!

Donner une occasion à mme Marois et elle n'en rate pas une. Mais jamais une critique sur son travail.

lorsqu'elle dit que François legault n'avait qu'à «dégager quelques ressources pour accompagner les enseignants», elle semble oublier que le gouvernement du PQ coupaiot allégrment en éducation. Il est facile de blâmer les autres.

Le professeur masqué a dit…

une femme libre: mais je vous l'ai dit: je ne l'aime pas.

Anonyme a dit…

Prof masqué,

Je la trouve personnellement si fausse. C'est physique. Elle n'a pas à ouvrir la bouche...

Quant à voter PQ, on vote simplement pour le parti qui a le plus de chance de faire l'indépendance du pays, la construction d'un pays, ce truc pour le moment sans contenu.


une femme libre,

Si vous permettez, tout en respectant votre opinion, je n'ai jamais encore constaté d'impossibilité de discuter de quoi que ce soit chez le professeur masqué.

Si vous observez ces billets, il y a souvent des « modifié » ou « édité » à côté du titre.

Ici, on discute vraiment et on peut changer d'opinion, aussi, quand les arguments d'une autre personne nous convainquent. Pas comme des girouettes. Mais pour cela il faut débattre. Et choisir ses débats, au besoin, questions d'énergie et de priorotés.

C'est vrai que si on déteste tous les politiciens/nes et la politique, bien, on ne fout rien, on n'agit pas et on se plaint, en plus, que les choses vont mal.
Ce n'est pas le cas ici. Jamais vu ça ici et je viens ici depuis les débuts du blogue.

Si j'avais quelque chose à reprocher à Prof masqué, c'est que je trouve qu'il se fait souvent l'avocat du diable...

Zed :)

A.B. a dit…

On est deux à ne pas aimer Pauline, alors! Elle manque vraiment d'autocritique dans ce dossier de la réforme. C'est de l'entêtement et de l'orgueuil mal placé, à mon avis.

Mía a dit…

Salut Monsieur,
Bon me revoilà qui vient critiquer un prof sur son propre blog! Franchement! Les jeunes de la réforme, en plus d’être ignorants et incompétents, sont baveux en plus! Ah ben maudit! C’est sûrement la faute à Marois tout ça!
Bon, un peu de sérieux. Mme Marois est l’instigatrice de ce projet. À mon avis, elle a parfaitement le droit de trouver que les gens qui lui ont succédé ont mal poursuivi son projet! Ce n’est pas égocentrique ni narcissique de déplorer le fait que d’autres aient mal compris nos idées! Et puis, en tant que prof, critiquez-vous la réforme? Si oui, je trouve ça bien dommage! J’ai 15 ans, Monsieur, (je fais donc partie de la première génération de rats de laboratoire) et je dois admettre que je constate quotidiennement les avantages de la réforme sur l’ancien système, lorsque je me compare à mes amis de 16 et 17 ans. Vous enseignez en 5e, je crois? Vous n’avez donc pas encore pu constater les ravages de la réforme sur les pauvres cerveaux malléables de la population étudiante? Dommage ça aussi…
Et au sujet de ceux qui critiquent leur Chef à tour de bras! Mme Marois a été CHOISIE par une majorité de péquistes. Elle n’est donc pas responsable du manque d’unité qui règne dans son parti. C’est tous ces ténors et ex-ténors du parti qui s’arrangent pour avoir l’air d’une bande de petits enfants boudeurs sur la scène publique qui en sont responsable! Quand je pense que je me fais reprocher d’être une adolescente immature!?! Un peu de solidarité B*rdel! On sera jamais indépendants si on commence à se calomnier à se crier des injures à tout bout de champ pour des pacotilles!
Mía

Le professeur masqué a dit…

Mia, tu ne critiques pas: tu discutes avec un prof.

Les jeunes ont toujours été baveux, du moins ceux que j'aime bien. J'ai été jeune, je suis encore baveux. Pas besoin de réforme pour ça.

Le problème que j'ai avec Mme Marois est que personne ne trouve grâce à ses yeux: les ministres avant et après elle... Quand tu es la seule à avoir raison et à bien faire les choses, ça m'inquiète un peu.

Ensuite, madame Marois critique les ministre de son propre parti. Elle peut bien parler d'«unité», mais quand elle estime que ses propres collègues n'ont pas fait un bon travail et qu'elle le dit publiquement, elle pose un geste important.

À cet égard, elle a exactement le même comportement qu'elle dénonce chez Bernard Landry. Quand on veut que son parti adopte un comportement d'unité, on prêche par l'exemple, il me semble. Elle manque autant de solidarité que ceux qu'elles dénoncent et il faut savoir qu'elle a longtemps travaillé à avoir la tête de Bernard Landry alors qu'il était le chef du PQ.

La politique, n'en déplaise à certains, est faite de mensonges, de demi-vérités, de zones d'ombre. Le discours de Mme Marois aussi.

Quant à la réforme, elle a ses avantages et ses défauts. L'ancien système aussi, d'ailleurs. Mais je crois qu'on a changé les choses sans les améliorer vraiment.

Pour ta gouverne, mes élèves de cinquième ont connu la réforme au primaire et j'enseigne aussi à un autre niveau, la troisième.

Enfin, j'ai aussi des collègues avec qui je discute.

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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Mía a dit…
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Le professeur masqué a dit…

Bon, bon, maintenant que Mia et Deus ex machina ont eu l'occasion de se picosser un peu, je vais simplement signaler que je ne tiens pas à exercer un certain devoir de modération sur ce blogue. Chacun son tour a réussi à employer un vocabulaire offensant, je préférerais qu'on en reste là, simplement, et qu'on discute des idées.