05 février 2008

Réjean et Pauline: les arroseurs... arrosés! (modifié)

Il s'en est passé des choses depuis la sortie de Bernard Landry et ses amis. Je n'en retiendrai que quelques-unes...

Arroseur par anticipation

Tout d'abord, il y a Réjean Parent, président de la CSQ qui trouve le discours de Mario Dumont sur la réforme bien simpliste quand il affirme qu'il «faut ramener la rigueur et la discipline dans les écoles. La prévention a ses effets mais il faut passer à une autre étape, il faut faire preuve de plus de fermeté.»

«Comme si les écoles étaient des bordels, comme si c'était la foire partout, comme si le monde ne se retrouvait plus, comme s'il n'y avait pas de rigueur, comme s'il n'y avait pas de discipline, que c'était le laisser-faire et le laisser-aller. Il est peut-être resté avec une photo imprimée des années 1970. Mais l'école, elle a évolué!», affirme M. Parent, qui mentionne les écoles ont adopté des codes de conduite, des règles de vie et des projets éducatifs.

Je ne dis pas que M. Dumont n'a pas beurré un peu épais (on a l'habitude!), mais j'ai bien hâte de voir M. Parent affirmer un peu le contraire de ce qu'il vient de mentionner quand la ministre Courchesne rendra public son plan sur la violence à l'école. Tout à coup, les enseignants seront victimes de mauvais traitements, d'insultes, d'intimidations...


L'aversion de M. Parent à l'égard de Mario Dumont ne devrait pas le pousser à émettre des commentaires qui pourraient se retourner contre lui par la suite. Si j'étais Mme Courchesne, j'en aurais pris bonne note.

Un dernier point: les codes, les règles, les projets ne valent que le papier sur lesquels ils sont imprimés quand il n'y a pas de volonté de les appliquer dans le milieu.

Mme Marois impose sa loi...

Dans un premier temps, Mme Marois a exprimé son exaspération devant les propos des beaux-pères Landry, Facal, Lisée et Rebello sur la réforme. «Vous êtes tannés moi aussi je suis tannée!» a-t-elle indiqué, promettant désormais de ne plus commenter les idées de péquistes qui ont choisi de s'exprimer «ailleurs que dans les instances du parti. Je vous encourage à dénoncer cette façon de faire, pas à travers les médias, mais à travers nos instances, comme des militants exemplaires.»

Or, à ce que je sache, cette dernière ne s'était pas privé d'intervenir dans les médias sous le règne d'André Boisclair. Pis encore, il est étrange que la chef du PQ ne trouve rien à redire sur les déclarations de Jacques Parizeau sur la Caisse de dépôt et placement qu'il a émis la veille de la déclaration de M. Landry. Deux poids, deux mesures? Une vieille chicane pas réglée avec Bernard ou une volonté nette qu'on ne dénigre pas son ancien rôle de ministre de l'Éducation? Les deux en même temps?

Quoi qu'il en soit, Pauline a ramené dans l'actualité cette phrase de Maurice Duplessis à l'adresse d'un de ses ministres: «Toé, tais-toé!» Il est regrettable de constater que la première intervention politique proposant un arrêt de la réforme soit accueillie de façon aussi rude. Le titre du texte de Michel David publié dans Le Devoir résume à lui seul ce paradoxe politique: «Débattre en silence».

En même temps, ce genre de réaction ne me surprend pas. Avec le déni et le mépris, c'est celle à laquelle j'ai eu droit quand je critiquais le Renouveau pédagogique auprès des directions de mon école.

Mme Marois impose sa loi... sans réussir à la faire respecter

Mais ce que Pauline veut n'a pas force de loi.

Le jour même, les beaux-pères du PQ indiquaient ne pas se sentir mal à l'aise de participer à un débat public à l'extérieur de leur parti. Ainsi, Joseph Facal affirmait: «Moi, je ne suis élu nulle part Je suis redevenu un citoyen qui a le droit de s'exprimer, d'autant plus que je suis aussi parent.»

Même réaction du côté de Bernard Landry: «Mme Marois a raison de faire un appel à l’unité du parti, mais dans une société libre, on ne peut pas demander à des professeurs d’université comme moi, Joseph Facal ou Jean-François Lisée de se taire parce qu’on est en plus membres d’un parti politique. Quelle société au monde demande à ses professeurs d’université de se taire sur des sujets importants?»

Là ou l'on rigole encore plus, c'est quand Mme Marois ne trouve rien à redire des jeunes péquistes qui organisent une conférence de presse pour appuyer la réforme: «On confirme l'autorité de Mme Marois», dit sans rire Sébastien Lemire, président du comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ). Ai-je mal compris, mais cette dernière ne voulait-elle pas que les débats se tiennent à l'interne? Deux poids, deux mesures?

Par ailleurs, la position du CNJPQ quant au débat sur la réforme n'a rien à envier à Mario Dumont en matière de simplisme. Par exemple:
  • La réforme serait victime d'une campagne de «désinformation» qui crée de l'insécurité et qui démotive les enseignants. Étrange? Ce sont justement certains enseignant et parents qui proposent un arrêt de la réforme.
  • «Il faut simplifier le jargon de la réforme pour avoir une meilleure compréhension de celle-ci.» Encore simplifier? On ne l'avait pas déjà fait avec le bulletin et la réécriture de certains programmes?
  • Les membres du CNJPQ ont adopté une proposition demandant plus de ressources financières pour accompagner les élèves et les enseignants dans l'application de la réforme. Ces derniers soulignent qu'il manque d'employés professionnels, tels des orthopédagogues, des psychologues et des psychoéducateurs. «Il faut plus de services et plus de soutien aux élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage», explique M. Lemire. Devinez quel parti politique a effectué les coupures les plus radicales dans le monde de l'éducation depuis 20 ans? Le PQ. Étrange comme les jeunes n'ont pas de culture politique.
Mme Marois impose sa loi... sans la respecter elle-même!

Plus désespérant, Mme Marois confiait au Devoir ce matin qu'elle voulait des élèves vraiment bilingues et mettait sur le compte de l'insuffisance de l'enseignement de l'anglais dans les écoles publiques le fait qu'il y ait autant de jeunes qui s'inscrivent par la suite dans des cégeps anglophones.

Mais Mme Marois va plus loin encore selon Le Devoir: «Aux élèves qui ont fréquenté le réseau anglophone -- et qui ont souvent une connaissance du français bien supérieure à celle de l'anglais chez les élèves francophones, a-t-elle reconnu --, Mme Marois veut imposer un nouveau test. Elle propose que, pour obtenir leur diplôme de cégep, les étudiants anglophones réussissent un examen démontrant qu'ils ont «une connaissance parfaite du français».

Tant qu'à s'interroger, la chef du PQ pourrait aussi constater que de plus en plus de parents inscrivent leur enfant dans une école primaire ou secondaire privée parce qu'ils estiment que l'école publique est moins en mesure de bien éduquer celui-ci. Ou encore que la qualité de la langue maternelle de nos élèves ne se portent pas mieux qu'il y a 10 ans alors qu'on disait déjà qu'elle était lamentable?

Enfin, je m'en voudrais de ne pas citer à nouveau les propos du président du Comité national des jeunes péquistes publiés dans La Presse : Les débats doivent avoir lieu dans les instances officielles du parti, plaide aussi Sébastien Lemire. «Ce qui est curieux avec M. Landry, c'est qu'il fait exactement ce qu'il dénonçait quand il était chef», souligne-t-il.

Et votre chef actuel, M. Lemire? Vous la trouvez cohérente?
Ce matin, madame Marois en rajoute dans le Journal de Montréal.
«Hier, Mme Marois a précisé au Journal de Montréal qu'un gouvernement du PQ éliminerait l'heure hebdomadaire d'enseignement de l'anglais entre la 1re et la 4e année du primaire, une mesure implantée par les libéraux, pour se concentrer sur le français, langue maternelle. Mais à compter de la 5e année du primaire et jusqu'à la fin du secondaire, le PQ intensifierait l'apprentissage de l'anglais. Pour intensifier l'apprentissage de l'anglais chez les jeunes, Pauline Marois voudrait que certains cours, l'histoire ou la géographie par exemple, se donnent en anglais dès la 5e année du primaire. »
Est-ce moi ou le politique intervient dans le pédagogique (comme d'habitude)?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'école et l'enseignement ne devraient jamais être des enjeux politiques. Avec tous ces débats inutiles, on est en train de passer à côté de la seule chose qui importe : l'éducation des générations à venir. Je ne suis absolument pas contre le fait de faire des meilleurs citoyens de nos jeunes, mais il faudrait tout simplement tenter de les amener à devenir les meilleures personnes possibles.

A.B. a dit…

Bernard Landry avait lui-même demandé, il y a quelques années, ce que Pauline Marois vient de demander à ses membres. Il semble avoir la mémoire courte, le beau-père!