Dernière période cet après-midi. J'ai assommé mes élèves de troisième secondaire. Je leur ai annoncé que je ne serais pas leur prof l'an prochain. Quand la cloche a sonné, ils étaient encore assis à leur place, cloué à leur siège, oubliant le gros autobus jaune qui devait les ramener à la maison. La déception se lisait sur leur visage. En braille et, dans certains cas, en larmes.
Toute la semaine dernière, j'ai demandé à des collègues ce que je devais faire: annoncer ma décision ou attendre à la fin de l'année scolaire. Unanimement attendre. Mes tripes me disaient le contraire et, depuis un mois, je gardais tout en moi. Quand les gamins me parlaient de l’an prochain, du plaisir qu'ils auraient à continuer d'apprendre, de la rigueur des évaluations et surtout de leur progrès, je souriais et espérais qu'ils ne verraient pas mon trouble. À voir leur regard étonné et triste aujourd’hui, ils n’ont pas su deviner mes intentions.
Mais cette pleureuse comédie avait assez duré. Je leur manquais de respect et je ne pouvais plus supporter cette pression. Je me serais senti traître et honteux de leur faire part de cette nouvelle lors du dernier cours. Nous aurons ainsi trois périodes pour nous consoler, pour nous faire des sourires, pour partager pleinement un au revoir qui n’aura pas les allures d’un rejet mal foutu. Après ce que j’ai connu récemment, je ne pouvais pas faire autrement.
J’ai suivi mon instinct. Je ne le regrette pas. Je leur expliqué que je prenais cette décision pour moi et non pas contre eux, que j’avais besoin de ce changement et que mon cœur était déchiré entre la fidélité que je leur devais et ma nécessité de me renouveler.
Certains m’ont demandé s’ils pourraient toujours venir me voir l’an prochain. Je les ai rassurés et même mentionné que je conserverais dans ma bibliothèque de classe des livres juste pour eux. La porte de ma classe leur sera toujours ouverte, celle de mon cœur aussi.
Maintenant, j’aurais le plaisir d’annoncer à mes élèves de cinquième secondaire qu’ils seront mes derniers grands pour un bout. Je veux goûter chaque moment, chaque plaisir. Je le mérite.
Toute la semaine dernière, j'ai demandé à des collègues ce que je devais faire: annoncer ma décision ou attendre à la fin de l'année scolaire. Unanimement attendre. Mes tripes me disaient le contraire et, depuis un mois, je gardais tout en moi. Quand les gamins me parlaient de l’an prochain, du plaisir qu'ils auraient à continuer d'apprendre, de la rigueur des évaluations et surtout de leur progrès, je souriais et espérais qu'ils ne verraient pas mon trouble. À voir leur regard étonné et triste aujourd’hui, ils n’ont pas su deviner mes intentions.
Mais cette pleureuse comédie avait assez duré. Je leur manquais de respect et je ne pouvais plus supporter cette pression. Je me serais senti traître et honteux de leur faire part de cette nouvelle lors du dernier cours. Nous aurons ainsi trois périodes pour nous consoler, pour nous faire des sourires, pour partager pleinement un au revoir qui n’aura pas les allures d’un rejet mal foutu. Après ce que j’ai connu récemment, je ne pouvais pas faire autrement.
J’ai suivi mon instinct. Je ne le regrette pas. Je leur expliqué que je prenais cette décision pour moi et non pas contre eux, que j’avais besoin de ce changement et que mon cœur était déchiré entre la fidélité que je leur devais et ma nécessité de me renouveler.
Certains m’ont demandé s’ils pourraient toujours venir me voir l’an prochain. Je les ai rassurés et même mentionné que je conserverais dans ma bibliothèque de classe des livres juste pour eux. La porte de ma classe leur sera toujours ouverte, celle de mon cœur aussi.
Maintenant, j’aurais le plaisir d’annoncer à mes élèves de cinquième secondaire qu’ils seront mes derniers grands pour un bout. Je veux goûter chaque moment, chaque plaisir. Je le mérite.
6 commentaires:
Un instinct de prof ne ment pas! Tu as fait le bon choix en leur annonçant avant la fin de l'année. Pour ce qui est de l'an prochain ... Ouvre-leur ta bibliothèque de classe mais fais attention à ton coeur : il sera encore fragile.
Pas facile à vivre pour personne, mais tellement plus VRAI que de cacher en catimini.
Ils auront rapidement compris :-)
Tu as bien fait de suivre ton cœur. Je crois que les élèves le sentent quand on est honnête : ils ont bien compris que ton déchirement n'était pas que d'apparat, mais vraiment ressenti. Tu auras été un prof marquant pour eux et je ne serais tellement pas étonnée que tu aperçoive la bette de certains d'entre eux l'an prochain, sur le pas de ta porte de classe!
La sensibilité est une qualité rare mais ô combien appréciable... surtout chez les enseignants. C'est souvent " heavy" pour la personne sensible, mais ça peut aussi amener à l'élévation; à la joie.
(je m'arrête ici, je commence à sonner "pastorale" avec mon élévation! ) :)
Je te souhaite trois belles périodes avec tes élèves : soyez festifs!
Je suis certaine que ce ne sont pas tous les profs qui s'attachent autant et qui souffrent personnellement de quitter des élèves aimés. Certains profs, mon cher Prof Masqué, ne mettent aucun masque pour parler abondamment et parfois uniquement de leur retraite, parfois dix ou quinze ans avant le temps. J'en ai connu. Les savants calculs du facteur 90 dans la salle des profs, ça ne vous dit rien? Probablement que non si vous êtes entouré de professeurs aussi motivés que vous, ce qui est une grande chance. L'environnement de travail a son importance.
Et comment! que tu le mérites. Savoure, Prof Masqué, savoure et goûte chaque moment.
Le respect de soi passe souvent par le respect des autres! L'estime de soi aussi.
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