Une amie me faisait remarquer qu'elle ne comprenait pas qu'on pouvait s'épancher de façon parfois aussi personnelle sur un blogue relié à l'éducation.
Bon, vous remarquerez que je ne m'épanche plus. Un peu de censure parce que j'ai une ex qui vient, du moins venait, à l'occasion tenter de s'informer sur mon compte sans avoir à me parler en peine face. Il faut croire que, quand tu es cheap dans ta façon de rompre, c'est bien parce que tu l'es un peu de nature aussi... Un jour, je reviendrai ici avec ma sensibilité et mon vécu de classe. Laissons le temps passer. Mais vous ne manquez rien pour attendre.
Donc, peut-on concilier blogue éducatif et personnel?
À mon avis, les deux vont de pair. Notre vision du monde, nos valeurs sont construites selon ce que l'on a vécu, selon ce que l'on connait. Les événements qui surviennent déterminent notre vie et nos façons d'enseigner. Ma fille et ma relation avec cette dernière ont beaucoup marqué ma façon d'enseigner. Et mes élèves ont beaucoup marqué ma façon d'agir avec ma fille.
On ne peut aussi comprendre un prof sans le connaitre, sans savoir ce qui l'anime. Être prof, c'est être authentique et assez ouvert, quant à moi.
J'ai également beaucoup de difficultés avec ceux qui condamnent l'anonymat avec lequel certains blogueurs se protègent. Celui-ci leur permet de dénoncer des situations incroyables qu'ils constatent dans l'éducation, mais aussi de montrer qu'un prof est un humain qui enseigne.
Bon, vous remarquerez que je ne m'épanche plus. Un peu de censure parce que j'ai une ex qui vient, du moins venait, à l'occasion tenter de s'informer sur mon compte sans avoir à me parler en peine face. Il faut croire que, quand tu es cheap dans ta façon de rompre, c'est bien parce que tu l'es un peu de nature aussi... Un jour, je reviendrai ici avec ma sensibilité et mon vécu de classe. Laissons le temps passer. Mais vous ne manquez rien pour attendre.
Donc, peut-on concilier blogue éducatif et personnel?
À mon avis, les deux vont de pair. Notre vision du monde, nos valeurs sont construites selon ce que l'on a vécu, selon ce que l'on connait. Les événements qui surviennent déterminent notre vie et nos façons d'enseigner. Ma fille et ma relation avec cette dernière ont beaucoup marqué ma façon d'enseigner. Et mes élèves ont beaucoup marqué ma façon d'agir avec ma fille.
On ne peut aussi comprendre un prof sans le connaitre, sans savoir ce qui l'anime. Être prof, c'est être authentique et assez ouvert, quant à moi.
J'ai également beaucoup de difficultés avec ceux qui condamnent l'anonymat avec lequel certains blogueurs se protègent. Celui-ci leur permet de dénoncer des situations incroyables qu'ils constatent dans l'éducation, mais aussi de montrer qu'un prof est un humain qui enseigne.
17 commentaires:
Ya right, Bab!
;-) En fait, ce que je voulais souligner ..
(l'anonymat) ...leur permet de dénoncer des situations incroyables qu'ils constatent dans l'éducation, mais aussi de mieux comprendre qu'un prof est un humain qui enseigne.
C'est bien gentil les blogs de références et de jolis phrases, plein de trucs pour améliorer notre enseignement tout en intégrant les tics au vécu de la classe - mouha-ha - mais un enseignent n'est pas que cela. C'est agaçant à la fin. Cette pression pour que pas un poil ne dépasse.
Lecteurs du Prof Masqué, soyez flabergastés que je vous l'annonce, mais un(e) enseignant(e) cela ne dort pas dans au sous-sol de l'école.
Bin non.
Même ceux qui ont la vocâââââtion ne le font pas.
Un(e) enseignant(e), cela a une famille, fait l'épicerie, mange, baise et même ...sacre parfois. Un enseignant, aussi, ça en a parfois raz le pompom. L'anonymat du blog permet de l'exprimer sans risquer de se faire taper sur les doigts. Aucun employé n'a envie de se faire coincer pour avoir exprimé un désaccord ou une aberration.
Ceux que notre anonymat agace sont souvent ceux qui ont un poste suffisamment élevé pour ne pas se sentir inquiété de dénoncer une situation. Ce n'est certainement pas le cas des enseignants du Québec. Surtout pas des précaires, triplement vulnérables à vivre des situations délirantes.
Y a ceux qui sont payés pour donner leur opinion qui se sentent dérangés, itou. Ils sont protégés, on le comprend bien. Ou, finalement, ceux dont on souligne au marqueur rouge, les mauvais coups. Entendu qu'ils n'aiment pas voir r'soudre des blogs remplis d'exemples de leurs incompétences.
Faque.
C'est ça.
Vrai, vrai, cher Masqué.
Je crois que toute personne est libre de faire ce qu'elle veut de son blogue. Le mélange des genres me plaît.
Je ne justifierais même pas à ta place. Ceux qui ne sont pas contents savent très bien ce qu'ils ont à faire.
Bon samedi!
Parfaitement d'accord!
Je serais drôlement mal placé pour t'obstiner là-dessus, cher PM.
L'important, je crois, c'est d'assumer son blogue et de respecter les choix des autres. Wow, ça ressemble à un discours électoral...
Je m'explique.
Un blogue, ça évolue. Et pas toujours par choix. L'écriture a ce petit quelque chose de magique qui fait en sorte qu'on en perd le contrôle parfois, parce que les émotions prennent le dessus sur la raison par petits et longs bouts. Et c'est correct comme ça. Pour ma part, écrire un blogue en restant dans les banalités du quotidien, tout en m'assurant de garder une bonne image pour les lecteurs, pas capable. J'ai besoin de secouer, de parler de mon groupe, de créer ou tout simplement de niaiser.
Et respecter le blogue de l'autre, c'est avoir assez d'humilité pour comprendre qu'on n'a pas trouvé LA formule magique. À chacun sa façon de s'exprimer. De toute façon, le droit le plus fondamental est d'aller voir ailleurs si ça ne nous plaît pas.
Cheers!
Notre anonymat, c'est aussi celui de nos élèves. Ce n'est donc pas un choix, mais une responsabilité.
Bon... si on ne parle pas des élèves, j'imagine que ça ne s'applique pas, mais quelle noble déclaration!
Je ne pense pas que vous cherchiez à vous justifier en écrivant ce billet.
J'avoue trouver difficile de lire des remarques ou commentaires traitant de l'intimité profonde d'un blogueur. Les émotions font partie intégrante de l'être humain et un blog sans émotions en serait un digne d'un robot! Les émotions permettent souvent de mieux saisir les propos tenus dans un billet; mais ce qui touche votre vie privée, en ce qui me concerne, n'apporte rien de plus à vos réflexions.
On sait que les profs sont des êtres humains à part entière. On sait qu'ils vivent des situations pas toujours évidentes dans leurs classes et dans leurs milieux de travail. Mais les détails "personnels, voire intimistes" n'apportent aucun élément supplémentaire à la compréhension de la situation.
Vous n'avez pas à vous justifier! Mais je trouve votre billet très intéressant et pertinent.
Bonjour chers anonymes!
Je me permets d'élargir à la faveur de ma dispersion! A mon sens, l'anonymat permet paradoxalement le dévoilement du monde.
Le point de vue anonyme émerge dans la nouvelle humanité virtuelle. Évidemment, ce n'est pas sans poser quelques questions. Car la virtualité interagit dans le réel.
A la faveur de ce temps d'arrêt que je m'accorde, j'ai pris beaucoup de temps, ce que je n'avais pas franchement pris le temps de faire dans le cadre d'une vie active,
à explorer au gré de ma curiosité les méandres de la toile.
Dernièrement, j'ai aussi exploré beaucoup le phénomène YouTube qui aussi crée littéralement une nouvelle réalité où on entre dans de véritables univers parallèles fascinants. La toile est déjà un cinéplex infini de films instructifs présentant des points de vue et des analyses sur à peu près tout ce qu'on peut imaginer. Et ce ne fait que débuter...
Il n'y a pas que les profs qui s'épanchent, dénoncent, réfléchissent, échangent sur leur métier, leur vécu, leur vision du monde, la vision de leur travail, etc.
Enfin, sans avoir tout vu, la toile est fabuleusement infinie, j'ai l'impression que tout le monde le fait sous ce fameux couvert d'anonymat. Des ingénieurs planchant ensemble sur des lubies selon la science officielle pour le plaisir, des historiens réels et improvisés qui confrontent différentes visions de l'histoire, des banquiers-économistes et des curieux cherchant, en ce moment, à comprendre les travers du système monétaire pour trouver des solutions nouvelles. Des gens de tout horizon qui discutent en long et en large de la politique américaine, de l'affaire militaire, qui interrogent la culture du secret, des biologistes qui discutent les "brevetages" du vivant, l'impact politique, les arnaques, des artistes qui nous présentent des pamphlets vidéo, des documentaires-chocs qui nous poussent à s'interroger, à chercher, à discuter, participer, etc.
Le web est devenu un contre-pouvoir, un lieu d'échange, de discussion, de dévoilement, un lieu où on peut en apprendre gratuitement sur des réalités qui autrefois étaient pour la plupart inaccessibles et ce, dans tous les domaines. Entrer dans cet infini des points de vue est déstabilisant. On entre dans un monde incertain, qui n'est pas clair, dont les interprétations sont multiples, dans un monde quasi "quantique", instable. On entre dans un monde de potentiels qui tranche avec le monde guidé des experts ...
L'imaginaire actuel est franchement hanté par une fin du monde à venir, et enfin quelque part cet imaginaire nous parle d'un nouveau monde des cerveaux inter-connectés qui participera maintenant à la dynamique de l'évolution humaine. Et, en un sens, c'est tout un monde qui prend fin avec cette émergence. L'élite devra davantage se justifier...
Ainsi, cette nouvelle forme d'expression libre est franchement inquiétante pour ceux qui ont intérêt à maintenir un statu quo... Car le web montre avec évidence que les médias officiels sont limités par des intérêts et qu'elle est moins libre qu'on l'aurait pensé.
Aujourd'hui, des communautés d'anonymes et d'experts dévoilés assumant le risque, ou cachés, discutent du monde de demain dans une espèce de laboratoire permanent.
Une nouvelle fraternité étrange m'apparaît émerger de tout cela...
Jonathan Livingston
Sujet qui fait toujours réagir que celui de l'anonymat (quand j'ai abordé le sujet chez moi, j'ai battu mon record de commentaires si je me souviens bien). Je n'ai jamais changé d'idée à ce propos: je préfère l'anonymat pour la liberté de parole que cela procure. Puis, comme le dit PMT, quand on veut raconter des anecdotes qui viennent directement de situations vécues en classe, il est de notre devoir de protéger le plus possible l'identité de nos étudiants. En plus, je n'ai ni l'envie ni la prétention de tenir des propos «officiels» sur la profession que j'exerce. Autant je fuis les blogues qui ne font que relater la vie sentimentale et sexuelle de leur auteur-e —généralement jeune et vachement branché-e—, autant, entre toi pis moi (et tes milliers de lecteurs!), j'aime bien qu'un blogue me permette de sentir la personnalité de quelqu'un à travers les sujets abordés. Et cela, ça inclut à l'occasion des propos plus personnels. Donc, oui, on peut tenir un blogue éducationnel en demeurant personnel. Ceux à qui cela ne plaît pas sont toujours libres d'aller strictement sur les blogues à vocation unique.
Je viens juste vous dire que depuis plus d'un an que je lis tout ce que vous écrivez ici je suis fidèle à votre blog parce que justement c'est une 'vraie' personne qui écrit. Ce ne sont pas seulement des opinions politiques ou autres. Ça je peux les trouver dans le journal. C'est votre vision des choses, avec vos coups de gueule et vos émotions qui m'intéressent. J'aime particulièrement quand vous nous parlez de vos élèves et de votre fille. Quand à l'anonymat, je le respecte, surtout si il vous permet de vous exprimer plus franchement.
Voilà mon opinion sur le sujet.
«[...] montrer qu'un prof est un humain qui enseigne.»
Plusieurs l'oublient trop souvent. Plusieurs élèves, d'ailleurs, s'étonnent de me croiser autre part que dans l'école. Je leur dis toujours à la blague que ma directrice m'a laissée sortir de mon armoire à dictionnaires pour un soir parce que j'ai été gentille...lol
Je crois aussi qu'il n'y a pas de séparation entre la vis privée d'une personne et son travail d'enseignant. Je crois même que de séparer les deux et de ne pas montrer sa vraie nature est nuisible pour un enseignant. Les élèves ont besoin d'authenticité.
Je peux difficilement ajouter à ce que d'autres ont écrit ici, mais je me permets un merci à Sacha. J'aime bien quand les lecteurs silencieux font un petit signe parfois.
Cher PM que j'aime bien lire, pour ma part, je ne suis qu'un prénom très facilement retraçable, alors je dois assumer mes montées de lait personnelles lorsqu'elles se produisent (ou que je les produis en les écrivant...)
Chacun son choix là-dedans.
Je connais un blogueur anonyme , enseignant, qui a réussi à se faire identifier par des collègues et qui s'est fait menacer par sa direction d'école. Deux fois plutôt qu'une. Résultat, cette personne n'écrit plus, fuit le web et songe à changer de carrière... Désolant ! D'autant plus que l'individu tenait des propos brillants :-(
Pour ce qui est de catégoriser nos écrits, différences entre vie professionnelle et vie privée, je refuse de le faire. Bien sûr, je choisis ce que j'écris, comme j'ai choisi de ne pas être anonyme. L'être humain, on le catégorise pour mieux le décortiquer dans le cadre d'une étude, mais dans la vraie vie, nous ne sommes pas des catégories.
De plus, notre vie professionnelle d'enseignant déborde tellement dans notre vie privée (en temps (non "reconnu", celui-là), surtout, mais sous d'autres plans également, comme vous l'avez souligné :-))
[Professeur masqué;
J'ai tenté hier soir d'enregistrer ce même commentaire, mais je ne suis pas sûr du tout d'avoir réussi.
Je vous envoie donc cette deuxième version que vous pourrez enregistrer à la place de la première. Je l'ai relue et corrigée.
Merci,
JPP]
Je sais gré au « professeur masqué » d’avoir relancé le débat sur l’anonymat sur les blogues.
Sauf erreur, je me suis déjà exprimé sur le sujet dans ce blogue. Sinon, je l’ai fait sur le blogue du RAEQ et, ai-je constaté comme Mme Hortensia, on a beaucoup réagi.
Passé le désagrément que cette pratique me procure, je me suis mis à y réfléchir du point de vue de l’éthique, c.-à-d. cette activité de l’esprit qui «établit les critères pour juger si une action est bonne ou mauvaise et pour juger les motifs et les conséquences d'un acte » (Wikipédia). Ces critères se rattachent aux valeurs de chacun et à celles qui, souvent, sont partagées par les communautés humaines.
À cet égard, la première qui me vient à l’esprit est celle de la liberté d’expression. On fait toutefois face ici à un paradoxe, car, comme je le constate en lisant certains commentaires, c’est précisément parce que l’on se sent plus libre que l’on a recours à l’anonymat.
Je pense que l’on fait ici erreur. En effet, il s’agit d’une fausse liberté, car la vraie liberté d’expression est précisément celle de pouvoir s’exprimer sans crainte de représailles.
Il est possible que cette crainte ait quelque fondement. Ou bien, on mène le combat pour la vraie liberté - et les moyens ne manquent pas - ou bien on se réfugie derrière le mur et on lance des roches par-dessus sans se faire voir.
La deuxième valeur en jeu est celle de l’authenticité.
En effet, il n’y a pas communication vraie que l’on entre pleinement en relation avec quelqu’un. Écouter ou parler avec quelqu’un qui reste dans le noir ou caché derrière un mur, demeure, quant à moi, une communication tronquée.
Enfin, la troisième valeur est celle de la responsabilité. S’exprimer est une forme d’action. Austin, un philosophe du langage, a écrit dans les années 70, un beau livre intitulé : « Quand dire, c’est faire », en anglais « How to do things with words ». Bref, les mots portent. C'est pourquoi chacun en est responsable.
Bien sûr, tout billet ou tout commentaire anonyme sur un blogue ne fait pas de celui qui s’exprime un irresponsable. Mais à lire ce que je lis, je constate que c’est parfois le cas. L’anonymat favorise ce que j’appellerais les « hits and run » intellectuels. À visage découvert, on n’oserait pas toujours écrire ce que l’on écrit, précisément par souci éthique.
Enfin, il me semble que ces trois valeurs sont aussi des valeurs d’éducation que les enseignantes et les enseignants veulent généralement les voir s’approprier par leurs élèves.
Voilà pourquoi, je suis tellement surpris des blogues anonymes et de la défense que l’on en fait.
Jean-Pierre Proulx
professeur
Tout le monde parle sur l'anonymat! Qui parlera sur les épanchements "intimement personnels"? C'était une facette du questionnement, non?
A Monsieur Prouxl,
Quand on ne voit pas que notre société nous pousse toujours plus à nous conformer à des rôles ou des images, quand on ne voit pas l'idéologie contraignante qui règne dans les milieux du travail moderne sous l'impulsion du management moderne triomphant. Quand on ne voit pas que les perfectionnements proposés dans nos institutions et nos entreprises visent surtout un modeling pour contrer toujours plus le citoyen en défaut de correspondance à l'image et à l'idéologie attendues. Quand on ne voit pas que le système sanctionne par l'exclusion le manque d'enthousiasme à ce vol d'identité, on peut encore s'étonner du besoin nouveau vastement manifesté dans le monde virtuel de s'inventer une identité personnelle protégée de l'envahissement du social dans tous les aspects de la vie pour peut-être tenter de recréer un nouveau monde.
On peut s'étonner que certains croient que nous ne sommes pas aussi libre que nous le croyions.
Sylvain: voilà concrètement pourquoi certains blogueurs demeurent anonymes.
M. Proulx: effectivement, vous vous êtes déjà exprimé sur ce blogue quant à l'anonymat de certains blogueurs.
Il n'y a pas de véritable liberté d'expression en éducation pour certains intervenants de ce domaine. L'anonymat leur permet de s'exprimer, mais sans avoir la liberté de le faire complètement, en leur nom propre. Il s'agit cependant du moindre des des maux quand on pense au sort qu'a évoqué Sylvain plus tôt.
Tout le monde est pour la vertu, mais celle-ci n'existe pas toujours chez les autres.
J'ai eu à maintes reprises l'occasion de m'exprimer publiquement à visière levée. Il m'a fallu une bonne dose d'inconscience ou de courage pour le faire, je ne sais pas.
Certaines de mes interventions, que j'estimais fort mesurées, m'ont pourtant valu des regards noirs et même des coups de téléphone de commissaires scolaires qui ont fait sentir à mon patron de l'époque qu'ils n'aimaient pas la teneur de mes propos. Comment alors se sentir libre de s'exprimer quand on sent qu'on nous souffle ainsi dans le cou? De même pour certains collègues paranos qui se reconnaissaient dans mes affirmations et me faisaient la gueule. Ibid pour des élèves.
J'ai refusé des contrats de publication auprès d'un quotidien à fort tirage justement pour éviter ces écueils, pour que des parents et élèves n'aient pas l'impression que je parle de leur vie personnelle et qu'ils me blâment par la suite.
Qui plus est, légalement, un employé de l'État est tenu à un devoir de réserve et à faire preuve de retenue dans ses commentaires sur la place publique. Un blogue anonyme nous donne alors à plusieurs un certain sentiment de sécurité bien illusoire quand on y pense.
Dans mon cas, je ne me fais pas d'illusion: plusieurs personnes connaissent ma véritable identité et mes propos ont eu l'occasion d'atteindre l'oreille de la ministre Courchesne.
Mon anonymat protège davantage mes élèves, mes proches, mes amis.
Un dernier point et je souhaiterais que vous ne le preniez pas «personnel» comme on dit. Vous êtes un universitaire habitué à une plus grande latitude de pensée que celle qu'on retrouve dans une école primaire et secondaire. Qui plus est, vos anciennes fonctions de journaliste et de président du Conseil supérieur de l'éducation, je crois, vous confèrent un certain prestige mais aussi une certaine protection.
Pour un contractuel, un enseignant dont le local d'enseignement dépend de la bonne volonté d'un gestionnaire, il y aura toujours la crainte d'être persécuté. J'ai un collègue qu'on a poussé à la retraite en lui confiant les pires tâches, les pires locaux. Pas subtil, mais légal et efficace.
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