On le sait tous: on assiste à une pénurie de profs depuis 1997. Un des impacts de cette pénurie est que les CS sont très réticentes à accorder des congés à leurs employés.
Bon, on se plaint le ventre plein, diront certains, mais c'est un des avantages d'être prof: celui de prendre une sabbatique, par exemple. Il est facile d'endurer le boulot, les parents, les petits monstres, l'incohérence administrative quand on sait qu'on peut prendre congé... Certains ont d'ailleurs choisi cette profession en tenant compte des avantages sociaux qu'elle offre. Elle leur permet de se ressourcer, de mettre à bien des projets parfois reliés à leur travail.
De façon plus générale, dans certaines CS, les conditions entourant les congés sabbatiques et les départs progressifs sont reserrées en ce qui concerne les enseignants, les éducateurs et les techniciens des services de garde, les techniciens en éducation spécialisée, les techniciens en organisation scolaire, les techniciens en travaux pratiques, les orthophonistes, les psychologues et les ergothérapeutes. Bref, un peu tout le monde sauf les concierges!
Il est bien sûr hors de question d'accorder un congé pour travailler chez un autre employeur et il est impossible d'obtenir un congé sans traitement à temps partiel plus d'un an sur deux. De même, les retraites progressives doivent être approuvées. C'est à se demander s'il est même interdit de démissionner!
Plus au quotidien, les longs congés pour des raisons médicales ou sur une base quotidienne sont davantage scrutés par le service du personnel.
Des effets pervers
En cette ère d'épuisement professionnel, le reserrement des congés est une contrainte de plus qui s'ajoute à des conditions de travail qui se sont détériorées depuis une dizaine d'années.
À mon école, les profs se sentent parfois coupables de prendre congé quand ils sont malades tant les responsables du personnel leur répondent avec un air exaspéré. On comprend qu'il est difficile de remplacer un prof sur une base quotidienne parce qu'on s'arrache les suppléants. Mais de là à vouloir culpabiliser quelqu'un parce qu'il se soigne... Il arrive même qu'on leur demande des papiers médicaux pour une seule journée manquée.
Pis encore, sur le même sujet, on m'a raconté cette histoire d'une enseignante qui a dû envoyer une mise en demeure au service du personnel de sa CS parce qu'on l'appelait sur une base quotidienne pour savoir quand se terminerait son burn out. De quoi la faire devenir folle!
De même, il y a de quoi à devenir cinglé quand on constate toutes les démarches à compléter quand on doit prendre congé parce que notre état physique ou psychologique l'impose. Qui, en dépression, a envie de courir les médecins, de remplir des formulaires et des formulaires, de composer avec une gestion parfois défaillante?
Je me souviens d'un collègue, en profonde dépression, à qui on réclamait 18 000$ de salaire parce qu'on estimait qu'il avait pris un congé partiel et non pour maladie. Il lui avait fallu les services d'un avocat pour s'assurer qu'on reconnaisse ses droits. Une façon comme une autre de s'assurer qu'il se rétablisse, j'imagine.
Dans une école ou on surveille de plus en plus le temps travaillé par les enseignants, ou on en demande toujours plus, mais ou on ne reconnait pas le temps effectué en plus, il est incroyable de constater ce reserrement quant aux congés des enseignants.
Je constate aussi un système de «deux poids, deux mesures». Je m'explique.
Questionné sur les bonis offerts aux cadres scolaires, un décideur expliquait récemment qu'il était important de retenir les meilleurs candidats possibles. Pour les enseignant, on oublie les bonus. On les attache à leur travail. Et on trouve à redire même quand ils acceptent des coupures de traitement pour se reposer.
2 commentaires:
Je seconde, les conditions se détériorent, la clientèle aussi, l'éducation s'en va chez l'yabe.
Et en plus, quand on réussi à avoir un suppléant qui a un peu d'allure, les groupes se mettent sur son CAS pour le faire flipper! Parce que tout le monde sait que les suppléants on peur des pré-ados! Ha,ha.......
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