18 juin 2009

La faute aux profs (partie 963)

Combien de fois blâme-t-on les enseignants pour ce qui ne marche pas en éducation?

Un des derniers blâmes en lice que j'ai eu sur le coeur venait de Paul Inchauspé qui affirmait que la réforme connaissait des ratés parce que les profs refusaient d'agir en véritables professionnels et se contentaient d'être des techniciens...

Or, voilà que je viens de découvrir, longtemps après les faits, que Conrad Ouellon, le président d'un groupe de travail qui a conseillé la ministre Courchesne dans son plan sur le français à l'école et le président du Conseil supérieur de la langue française, a jeté, lui aussi, la pierre aux enseignants dans le domaine des nouvelles technologies.

«Selon M. Ouellon, plusieurs enseignants ne maîtrisent pas l'informatique, ce qui peut expliquer bien des réticences. «C'est peut-être là la source du problème. Les gens qui enseignent et développent des programmes de français ne maîtrisent pas la technique que les enfants maîtrisent. C'est peut-être la première fois dans l'histoire de l'humanité que ça arrive. Je pense qu'il y a là un réflexe de protection qui m'agace.»

On devine que le monsieur n'a pas travaillé dans une école secondaire depuis longtemps. C'est davantage le manque de budget et de vision quant aux NTI que la compétence des enseignants qui font défaut dans nos écoles. Cela, et le fait que les entreprises informatiques sont là pour faire des sous, pas la charité. Renseignez-vous sur le prix d'une licence pour exploiter un correcteur orthographique reconnu en classe. On s'en reparlera...

Remarquez: c'est le même monsieur qui fait part de la pensée suivante: «Il va même plus loin en minimisant l'importance d'écrire sans faute. «Il ne faut pas faire un drame avec ça (le langage texto), comme il ne faut pas faire un drame avec la faute. Qu'est-ce qui est le plus important, savoir bien structurer un texte ou de ne pas faire de fautes? Je préfère quelqu'un qui sait comment organiser sa réflexion. S'il a des fautes, ça se corrige. Il y a des outils qui peuvent t'aider.»

Personnellement, j'essaie de mâcher de la gomme à mâcher en marchant. Et je demande à mes élèves d'écrire des textes ou leur pensée est organisée et ou on ne retrouve pas de faute.

10 commentaires:

Le Prof a dit…

"Quand je prononce une conférence, je n'utilise pas le même niveau de langage que lorsque je vais à la pêche avec mes amis. De la même façon, les jeunes n'utiliseront pas le texto lorsqu'ils devront écrire de façon formelle."

Peut-être. C'est effectivement rare (dans mon cas au 2e cycle) de rencontrer des mots issus du texto dans des productions. Sauf que ce que M. Ouellon semble occulter, c'est que pour pouvoir utiliser correctement différents registres, il faut les maîtriser tous, ce qui n'est pas le cas de bien des élèves.

"Il ne faut pas faire un drame avec la faute. Qu'est-ce qui est le plus important, savoir bien structurer un texte ou de ne pas faire de fautes? Je préfère quelqu'un qui sait comment organiser sa réflexion. S'il a des fautes, ça se corrige. Il y a des outils qui peuvent t'aider."

C'est quand même ironique que l'école cherche à combattre le monstre qu'elle a un peu créé malgré elle: avant l'instruction publique obligatoire, jusqu'au 18e siècle, faire des fautes, ce n'était pas si grave que ça... Si je reviens à ses propos, bien que des outils existent, il faut savoir s'en servir correctement et être capable de repérer ses fautes. Au nombre de fois où j'ai entendu des élèves dire "Madame, le mot que je cherche n'est pas dans le dictionnaire!", permettez-moi de douter de la capacité des élèves à le faire.

"Il y a quelque chose d'insensé à laisser des enfants jouer avec un ordinateur à longueur de semaine, alors qu'on leur fait passer un examen avec un crayon et un papier, enfermés dans une salle pendant deux heures. Il n'y a plus personne qui fait ça dans la vie."

C'est vrai, plus personne ne le fait, sauf probablement les enseignants du primaire et du secondaire qui sont trop pauvres et imbéciles pour se payer des secrétaires... Oups! Je pense qu'il n'est pas anachronique d'enseigner aux élèves à écrire "à l'ancienne" (!) car c'est un exercice drôlement plus difficile et rigoureux que d'écrire à l'ordinateur ou, justement, le correcteur fait tout à ta place ou presque...

Le professeur masqué a dit…

Le Prof: as-tu déjà fait le test de demander à tes élèves d'écrire un texte à l'ordinateur? Ils comprennent mal le fonctionnement du petit correcteur intégré à Word.
Oublie l'idée d'avoir Antodote: ça coûte un bras...

Et je ne parle pas des fautes de frappe.

Le Prof a dit…

Prof masqué: bien sûr! C'est généralement bourré de fautes, même si le correcteur Word laisse entendre que tout est correct.

Missmath a dit…

Il y a rêver l'éducation et il y a œuvrer en éducation.

À mon avis, il n'est pas faux de dire que les enseignants maîtrisent mal les TIC, mais ils les maîtrisent mal parce qu'ils n'ont pas les moyens (en $ et en temps) d'obtenir cette maîtrise.

À mon avis, il n'est pas faux de dire que les jeunes maîtrisent mieux les logiciels que les enseignants lorsqu'il s'agit de logiciels conçus sous la forme des jeux qu'ils maîtrisent. Ce n'est pas le cas pour les correcteurs ou les trousses bureautiques ou même la simple messagerie électronique qu'ils ne savent pas utiliser.

Enfin, je pense que ce serait une excellente idée d'obliger nos rêveurs en éducation à aller faire un stage d'un mois dans la réalité des écoles. Et je pense que ça serait très profitable pour nos jeunes de permettre aux enseignants des écoles de rêver mieux.

helene a dit…

Petit commentaire pour souligner vos erreurs dans l'orthographie de ou/ où ( conjonction ou pronom relatif).
Cela n'enlève rien à la saveur et la pertinence de vos billets, que j'apprécie grandement !
"Et je demande à mes élèves d'écrire des textes où leur pensée est organisée et où on ne retrouve pas de faute."
dans un billet plus ancien :
"Dans la même veine, j'ai vu des classes spéciales où l'on aurait pu faire davantage d'apprentissages académiques significatifs mais où les profs et la direction ne s'en tenaient surtout qu'au volet «socialiser» parce qu'on sous-estimait les jeunes"
Personnellement, je n'ai pas de correcteur sur mes courriels ou commentaires et je me dis toujours que je devrais en installer un , mais je suis encore néophyte en informatique. Je me fie à mes connaissances de français bien inculquées et mémorisées de mon passage au primaire -secondaire !
Bon été !

Anonyme a dit…
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Le professeur masqué a dit…

Miss Math: moi, je suis un peu tanné des rêveurs qui viennent chier sur nos perrons...

L'année prochaine, j'enseigne à des jeunes qui auriont des ordis en permanence. Sauf que je dois aussi les faire écrire à la main.
Parce que les examens de fin d'année sont à la main, parce qu'on écrit aussi à la main dans la vie.

Quant aux logiciels de correction, il faut avoir une bonne connaissance de la grammaire pour savoir les utiliser correctement.

Hélène: maudit soit mon clavier qui a des difficultés avec les accents. Chaque fois que je tape un tape, je fais cette erreur.

unautreprof a dit…

Je travaille avec des dyslexiques. Le programme Word Q est utilisé bien souvent, toutefois, je ne délaisse absolument pas l'enseignement de l'orthographe d'usage (j'aborde aussi l'orthographe grammatical mais un peu moins, surtout pour avec mes élèves du premier cycle du primaire), de l'apprentisssage des mots fréquents (avec étude, travail en classe, lecture, une certaine "drill", dictée, etc), des régularités de la langue... J'apprends à mes élèves à utiliser les différents outils, car étant des élèves ayant une dyslexie modérée à sévère, l'écriture sera toujours un IMMENSE défi pour eux.

Écrire sans erreur a beau être utopique pour ces élèves, je tente de les amener à se corriger le plus possible et à constamment augmenter leur niveau de maîtrise de l'orthographe. C'est primordial.

Lorsque je les fais écrire, je fais varier les tâches avec Word Q et les tâches papier-crayon-dictionnaires-grammaires conventionnelles. La première méthode me permet de mieux évaluer les élèves sur la structure, les idées, le vocabulaire et la seconde méthode, sur l'orthographe d'usage, grammaticale.


J'ai les deux yeux dans le même trou ce matin et ce, malgré l'espresso siroté. En me relisant, je constate que ma propre structure devrait être retravaillée.

Hélène pourrait me rappeler à l'ordre!

Méli a dit…

Ben oui, comme s'il fallait choisir l'un ou l'autre ! Les deux sont importants !

Le professeur masqué a dit…

Méli: Ça a l'air qu'il y a des gens à qui il ne faut pas trop en demander...