Cette année, dans mes groupes d'élèves, on a commencé à utiliser l'ordinateur. Je n'ai pas révolutionné ma pédagogie employée en classe. Une implantation, lente, prudente et réfléchie. On s'en est surtout servi pour des fins de recherche, de traitement de textes et de présentations orales. L'année prochaine, j'aimerais aller plus loin avec des podcast conçus par les élèves, un blogue littéraire et d'actualité, mais chaque chose en son temps.
À travers cette utilisation, j'ai fait plusieurs constats que j'aimerais partager avec vous.
Le premier est qu'on surestime beaucoup les capacités informatiques des jeunes. Deux à trois jeunes par groupe sont totalement réfractaires à l'ordinateur. D'autres ont des craintes qui les bloquent parce qu'ils ne s'estiment pas assez compétents. Oui, ils sont jeunes et à les voir trouver toutes les façons de gagner à MarioKart, on aurait pu penser qu'ils auraient été des pros du clavier, pas juste de la manette.
Quand je parle de surestimer les capacités des jeunes, prenons par exemple l'emploi d'un courrier électronique. Mes gamins ont une adresse internet. Ils s'en servent presque exclusivement pour clavarder sur MSN. Quand je leur ai mentionné qu'on pouvait écrire des messages, y placer des hyperliens, y attacher des fichiers, se servir d'un courriel comme d'un espace mémoire accessible n'importe ou, ce fut un choc. Il m'a fallu les initier à toutes ces possibilités.
Pour la recherche d'informations en ligne, mes jeunes ont éprouvé autant de difficultés que ceux qui faisaient leurs recherches à la bibliothèque autrefois: utilisation de mots-clé de recherche, tri de l'information. Internet leur donne accès à une foule d'informations qu'ils ont de la difficulté à trouver ou à trier. Certains ne savaient pas non plus qu'ils pouvaient sauvegarder les résultats de leur recherche.
Mes jeunes semblaient plus familiers avec les traitements de texte, mais plusieurs fonctions pratiques leur échappaient (compter le nombre de mots, la fonction «chercher» pour éliminer les répétitions, par exemple). De même, ils sont peu habitués de travailler avec un correcteur orthographique et ils surestimaient l'efficacité de celui-ci. Ils ont été à même de constater que, s'ils ne connaissaient pas correctement leur grammaire, l'ordinateur ne serait pas toujours d'un grand secours. Ce fut une bénédiction pour le prof de français que je suis.
Là ou j'ai été le plus étonné, c'est du fait qu'il a fallu les convaincre de lâcher les grands cartons de couleur remplis de photos et de dessins pour illustrer leurs exposés oraux avec un logiciel comme Power Point. On peut avoir 12 ans et déjà être conservateur: «Oui, mais je suis habitué de même...» Il a cependant suffi d'une seule séance d'exposés oraux avec PWP pour les convaincre que cette façon de procédé était plus stimulante et pratique. Pauvres profs de l'année prochaine si vous n'avez pas l'habitude du canon et du portable!
Il me faut souligner qu'une source de frustration des élèves est venue de ma CS elle-même. En effet, celle-ci a créé une adresse et un espace mémoire pour chaque élève. Il nous fallait donc utiliser ceux-ci pour communiquer ou stocker de l'information. On veut habituer les jeunes à aller sur ce compte CS. Sauf qu'ils n'en voient pas la pertinence puisqu'ils ont déjà des comptes ailleurs. Ce fut un peu la bataille. De même, le choix des ordinateurs a soulevé des interrogations chez mes jeunes: «Pourquoi des Mac? On est tous en PC.» On peut convertir des fichiers, travailler en univers PC sur des Mac, mais n'aurait-on pas dû privilégier des outils semblables à ceux qu'ils ont déjà à la maison?
L'année se termine sous peu et, déjà, j'entrevois une collaboration plus grande avec le conseiller pédagogique de ma CS. Je vais tenter de suggérer à mes collègues une liste d'habiletés informatiques que les jeunes devraient maitriser à la fin de chaque année de leur parcours au secondaire. Et comme on prêche par l'exemple, je vais évidemment commencer par mes classes.
En autant que l'ordi demeure un outil et non une fin en soit dans mes cours, je suis preneur.
Implantation lente, prudente et réfléchie.
8 commentaires:
Parfaitement en accord avec vous. En enseignement, notre problème trop souvent, est de généraliser et de facilement catégoriser notre clientèle (nos étudiants). Il faut se souvenir que nos jeunes ne sont pas des machines, des je sais tout au point de vue technologie.
Merci pour vos exemples concrets en la matière, elles nous portent à réfléchir sur la question de ces technologies salvatrices du monde de l'éducation!
Pourquoi des Mac?
Si un jour, quelqu'un veut faire plus que des trucs sur Microsoft Office ou internet, les Mac seront un meilleur outil. C'est possible de tout faire sur PC, mais il faut vraiment connaître les composantes de l'ordinateur et leurs problèmes de compatibilité.
Je monte parfois des tounes de hip hop en direct devant les élèves sur GarageBand (un logiciel gratuit avec tous les Mac) et ils bouffent leurs bas tellement c'est simple.
En passant, GarageBand est génial pour la baladodiffusion.
Mais oui, effectivement, pour écrire des textes et collectionner les virus sur le Web, un PC est beaucoup moins cher.
Je ne sais pas quelles sont les raisons derrière le choix des macs, mais je trouve le fait qu'il est quasiment impossible d'être infecter par des virus est un très gros avantage dans ce cas-ci.
«En autant que l'ordi demeure un outil et non une fin en soit dans mes cours, je suis preneur.»
Sage vision que la vôtre prof masqué. J'aime bien ce billet. J'ai surtout hâte de voir l'an prochain ce que vous constaterez au niveau de votre expérience du blogue littéraire et d'actualité... en terme de changement au niveau des apprentissages!
Le monsieur informatique de l'école où je travaille m'a dit que les Macs résistent mieux aux attaques. Un réseau de macs serait plus solide... Il est plus facile d'y organiser aussi une défense contre certains élèves trop futés! C'est une raison du choix des Macs...
Expérience intéressante! Est-elle aussi praticable en classe ordinaire selon vous?
J'ai fait quelques projets aussi cette année pour me rendre compte aussi des lacunes des élèves. Cependant, plusieurs font comme s'ils savaient tout, en tirent prétexte pour ne pas vraiment écouter ou suivre, n'anticipe pas les problèmes, procrastine le projet, puis se retrouve en manque et de temps avec plein de pépins informatiques. Une chance que je ne suis pas trop tarte
avec un ordi... Il y a évidemment des leçons à prendre de l'expérience. C'étaient une première aventure...
Ma question: c'est au prof de français de montrer tout cela? On en a pas assez déjà à faire? On parle peu de la répartition de l'enseignement... Il n'y a plus de cours d'info?
Je suis polyvalent, sans être parfait, c'est même ma force; néanmoins, je dois dire par expérience que de tout faire épuise...
M. Larouche: je partage votre avis. Si mon billet a pu avoir quelque utilité, j'en suis ravi!
PMT: je connais la force des Mac. Côté virus et stabilité du réseau, ils ont un sacré avantage. Mais pour l'aspect création sonore, ils vont peu me servir directement. Sauf que je pourrai utiliser Garage Band et créer des Podcast. Pour l'instant, on n'a pas montré toutes ces possibilités aux jeunes. Tu es le bienvenu chez nous si tu veux épater mes élèves, tu sais. (et tu m'épateras aussi, j'en suis sûr!)
M. Asselin: je veux amener les élèves à être plus autonomes, ça c'est certain.
Jonathan: en fait, il n'y a plus de cours d'info au secondaire. C'est intégré comme la sexualité...
Si c'est au prof de français de le faire? Ça devrait être à tous les profs, je crois. Mais comme j'ai fait un peu de journalisme, j'ai l'âme plus ouverte à ce qui touche l'information en général et aux technologies de l'information.
Ce qui manque aussi, ce n'est pas seulement des profs qui font de l'informatique, mais qui sache traiter les information, les couleurs, les mises en forme. Un PWP, c'est bien beau, mais comment présente-t-on l'information? Dans quel but? En visant quel effet?
Là, c'est plus difficile et plus délicat. Et pour ce qui est de l'enseigner, on manque de temps.
Pour "une liste d'habiletés informatiques", je vous suggère de consulter les deux Certificats de compétences technos (un pour le primaire et un pour le secondaire), disponibles sur le site du magazine l'École branchée: http://www.ecolebranchee.com/extras/ Ils ont été réalisés en collaboration avec des animateurs RÉCIT, qui s'y connaissent bien en intégration des technologies. Vous pouvez imprimer et photocopier ce document sans problème.
Martine Rioux,
rédactrice en chef de l'École branchée
Mme Rioux: merci. je vais aller consulter!
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