11 juin 2009

Quand l'école ressemble à un hôpital...

Je veux être très prudent dans mon commentaire et ne pas heurter certains parents. (Si, malheureusement, je vous blesse, ne m'agonisez pas d'injures, maix expliquez-moi votre propos.)

De plus en plus, on intègre dans nos écoles ou dans nos classes des élèves dont la problématique est très lourde.

Hier, on rapportait le cas de ce jeune élève en crise qui a été reconduit à un centre jeunesse parce que ses parents ne se sont pas présentés assez rapidement à l'école.

Dans un premier, je tiens à souligner que les institutions scolaires sont généralement perdantes quand un parent rappporte dans les médias sa version des événements. En effet, l'école est tenue à la confidentialité. Le parent, lui, peut dévoiler ce qu'il veut sans qu'on puisse véritablement le contredire avec les risques que cela comporte. Dans certains cas, il peut même aller jusqu'à stigmatiser davantage son enfant, mais bon...

Là ou je veux en venir, c'est que parfois, certaines écoles ont des allures d'hôpitaux. Certains élèves ont des médications importantes et je me demande même s'ils n'ont pas des dosettes en classe. Les intervenants sont formés pour comprendre certaines maladies, certains comportements. Mais est-ce à l'école de fournir tous ces services?

Dans certains petits groupes spécialisés, les ressources engagées sont importantes. Un technicien et un enseignant par groupe de neuf élèves, par exemple. Accès à des ressources spécialisées: psychologue, orthophoniste, etc. On parle de coûts et de ressources que ne voudrait jamais engager une école privée.

Je m'interroge: est-ce à l'école de prendre soin et de développer ces cas lourds? Des cas dont on sait qu'aucune diplomation n'est possible? Si un élève ne pourra manifestement pas répondre aux trois missions de l'école québécoise, est-ce à elle de s'en occuper?

22 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aimerais ça développer le sujet avec toi, autour d'un St-Hub - disons que j'ai eu la possibilité de réfléchir à la question de l'intérieur :)

Et j'ai le sentiment qu'une politique sans flexibilité dans ce domaine est vouée à l'échec.

Lia a dit…

Bonjour prof masqué! Ma fille de 9 ans a reçu le même diagnostic que ce jeune garçon il y a deux mois: TDAH avec impulsivité. Ça veut dire que si la tension est trop forte, elle garroche une chaise en classe, elle a déjà lancé des crayons de couleurs à son prof d'anglais. L'enfer. Et elle n'est qu'en 3e année. Pourtant, elle n'a aucun retard cognitif. Dans les tests que le psychologue lui a fait passer avant de la référer à un pédiâtre pour la médication, ses résultats sont conformes à ce qu'un enfant de 9 ans peut faire et pour certaines tâches cognitives elle a l'habileté d'un jeune de 13 ans. Tu le sais, je suis moi-même enseignante, alors de me faire dire que ma fille garroche des chaises à l'école, ça me fait rentrer dans le plancher de honte. Je fais quoi, moi? Je l'envoie dans une école pour élèves qui ont des troubles graves? Son cheminement scolaire est normal, elle adore la lecture, ses aptitudes en maths sont satisfaisantes, elle adore faire du théâtre et est bonne en natation. Malheureusement, quand elle vit une frustration, elle se transforme en Hulk et claque les portes ou insultes les adultes autour d'elle. Moi, je l'ai éduquée normalement avec des punitions, des privations, des encouragements, mais son comportement n'a jamais changé, même après s'être fait priver de télé,d'ordinateur pendant des semaines, de jouer avec les amis, même après les calendriers d'encouragement, etc. C'est le problème du TDAH avec impulsivité. En plus du suivi des spécialistes, elle a la chance d'avoir une enseignante en or qui la comprend et qui l'encourage. Alors, peut-être que ce jeune garçon a le même parcours que ma fille, lui aussi il garroche des chaises, mais il est peut-être très équilibré dans le reste de ses apprentissages. Peut-être que sa maman ne veut pas qu'il aille dans une école "spéciale" car il perdrait son temps. D'un autre côté j'ai une collègue en 5e sec. qui a enseigné il y a deux ans à un enfant qui est né à 26 semaines de grossesse. 50% de surdité, déficit d'attention, dyslexique et dysorthographique, cet élève était suivi par une orthopédagogue, avait un Plan d'intervention lui permettant d'allonger le temps alloué à un examen, il avait droit au Lexibook, etc. Eh, bien, il n'a pas passé la plupart des cours de 5e secondaire et les parents étaient furieux d'avoir payé 15000 dollars pour sa scolarité au privé. Pour eux, il devait passer.

Le professeur masqué a dit…

Morgane; on aura peut-être la chance ce soir si tu es au 5 à 7 de notre amie commune. Mais n'oublie pas que mon interrogation concerne surtout les élèves qui ne sont pas diplomables.

Je pousserai plus loin ma réflexion après qu'on ait jasé, c'est sûr.

Lia: tu vois, c'est pour cela que je suis demeuré prudent dans ce billet. Parce que je m'interroge. parce que je réfléchis. Parce que je cherche à comprendre. Et parce que c'est un sujet délicat.

Le professeur masqué a dit…

Morgane: PS J'attends que tu m'invites sur ton blogue. ta prose me manque et puis c'est une façon d'avoir de tes nouvelles!

Anonyme a dit…

Je lisais l'article auquel vous nous référiez et j'avais les yeux qui tournaient de découragement...

Ce qui me choque dans des cas semblables, c'est qu'on oublie les 20 et quelques autres enfants. La mentalité présentement dans les écoles, c'est éduquons et donnons toute notre énergie et brûlons nos profs sur des cas d'élèves qui ne devraient même pas être dans nos classes au DÉTRIMENT des autres élèves de la classe. C'est tellement plus important le développement social d'un enfant que le développement intellectuel de 20 autres enfants.

Vous vous demandiez pourquoi les enfants sont de plus en plus faibles rendus au secondaire? C'est si simple... Nous n'avons pas le temps de passer la matière. Parce que je perds la moitié de mon temps en gestion de crise, en système d'émulation et à répéter 50 fois la même notion simpliste...

Aigrie? Oui. Je n'ai pas étudié en adaptation scolaire. Je les aime bien ces petits, mais je ne suis pas formée, donc pas équipée pour les soutenir et les aider. Mais c'est pas grave. On me demande de faire des miracles. Et tant pis pour les 20 élèves qui n'ont pas besoin de miracles, on ne va pas me poser de questions sur le sujet, parce qu'au fond, un enfant qui réussit, c'est suffisant, on ne lui demande pas de se dépasser.

Montée de lait? Naturellement. Je rêve du jour où la ministre de l'éducation va venir dans ma classe somme toute standard et voit ma réalité. Et qu'elle s'imagine ensuite ce que c'est dans les classes avec des cas lourds. Mais bon, en attendant que les décideurs sachent de quoi ils parlent avant de nous dire que c'est à nous de nous adapter à nos élèves, je ronge mon frein et je tente petits miracles sur petits miracles chaque jour avec un sentiment d'incompétence grandissant chaque jour et un sentiment encore plus fort d'échec face à 20 autres enfants.

Ce que je pense de cette mère? C'est triste pour votre fils, madame. Mais je ne suis pas bâtie pour manger des chaises dans la face et me faire traiter de noms par un gamin de 9 ans. Pour que l'école appelle la police, c'est parce que ce devait être hallucinant. Parce que j'ai vu des jeunes criser (hurlements, enfants traînés sur le sol parce qu'ils mordaient, etc.). Jamais la police n'a été appelée. S'ils sont venus, c'est qu'il devait être un danger pour lui et les autres. Mais bon, les autres, encore une fois, on s'en fout. Ce qui compte... c'est l'enfant unique qui dérange le groupe....

Marâtre

Le professeur masqué a dit…

La marâtre: merci de ton commentaire. Il m'alimente beaucoup dans ma réflexion!

Lia a dit…

J'ai lu avec beaucoup d'attention le message de la Marâtre. Moi aussi, j'enseigne à 105 élèves et j'en ai 12 qui drainent 90% de toute mon énergie et je serais bien d'accord pour qu'on les sorte de mes classes. En fait, j'ai pensé ça jusqu'à il y a 2 mois (voir mon message précédent). Ça veut dire qu'au Québec, il manque un 3e genre d'école (ou bien apprenez-moi qu'il en existe comme ça), c'est-à-dire une école pour enfants performants (donc pas besoin d'orthopédagogues) mais remplie de psychoéducateurs formés pour faire face aux crises des jeunes. Et là, on s'entend, il ne s'agit pas de crises de vedettariat ou de crises de jalousie. Ces crises sont incontrôlables. Nous (parents, prof et psychologue) avons enseigné du mieux que nous avons pu à notre fille à contrôler ces crises dévastatrices. Maintenant qu'elle est plus vieille elle nous explique qu'elle sent monter un genre de "geyser" en elle et qu'elle a beau essayer de se parler, de se conditionner, le "geyser" emporte tout sur son passage. Après, elle pleure parce qu'elle n'a pas réussi à se contrôler! Nous avons fait le choix de lui donner du Concerta. Plusieurs vont crier au scandale, que c'est de la drogue. Mais au moins, elle ne garroche plus de chaises. Je vous jure, l'enseignante en moi trouve ça effrayant d'avoir à travailler avec des enfants comme ça dans une école régulière et en même temps la maman se dit: je ne connais sans doute pas bien les ressources mises à notre disposition, mais il me semble que le profil de ma fille, bonne apprenante, etc. ne correspond pas à la clientèle que l'on retrouve dans les écoles spécialisées.

Sylvain a dit…

Cette semaine, j'ai pu dialoguer avec le parent d'un autre élève de cette classe. Le p'tit gars en question a une problèmatique un peu plus lourde que ce qui a été mentionné (Ne pas oublier que la mère, aussi animatrice de radio à Québec me dit-on, puisque je ne l'écoute pas), LCN ayant visiblement comme source d'information la mère seulement.

Donc, le p'tit gars pratique l'intimidation sur une base qui semble être régulière, et ce, face à plusieurs élèves de sa classe.

Ce n'est qu'un exemple de faits non mentionnés chez LCN et qui peuvent aider à comprendre la situation et l'appel à la police. Disons simplement que le dossier a très probablement cheminé depuis au moins les 3 dernières années...

À propos de l'intégration de ces élèves en difficulté, je n'arrive pas à me faire un tête. À mon humble avis, certains cas doivent être intégrés, car la problématique peut être "gérable" sans affecter les autres élèves de la classe. Mais quand ce qu'on appelait à l'époque "le bien commun" est affecté à cause d'une seule personne, et ce, constamment (un exemple sporadique ne serait pas une bonne raison à mon avis, à moins d'une tentative de meurtre, par exemple.. ben on sait jamais, non ?...) et bien alors le bien commun devrait être priorisé.

Juste ma réflexion en vrac... et en cours d'élaboration à ce sujet.

Missmath a dit…

Je suis extrêmement touchée par les témoignages laissés ici.

Cette question commence à se poser au Cégep, puisque les élèves présentant des troubles de comportement (autisme, Asperger, syndrome de la Tourette) nous arrivent de plus en plus. Évidemment, nous ne sommes absolument pas formés pour intervenir et ce, malgré les bons conseils d'une spécialiste en adaptation scolaire. Il n'en demeure pas moins que chez nous, ces cas sont rares.

Ce qui n'est pas le cas au secondaire et encore moins au primaire. Aussi, je tenais à vous témoigner toute mon admiration pour le travail que les enseignantes et les enseignants du primaire et du secondaire réalisent en accueillant ces enfants dans leur classe régulière.

Lia, je tenais particulièrement à vous dire que ce que vous faites "subir" à votre fille en lui donnant du Concerta après avoir j'imagine essayer tous les autres traitements imaginables, vous n'avez pas à en avoir honte et encore moins à trouver cela effrayant. Un TDAH, ce n'est pas un caprice de la part de l'enfant ni une faille dans l'éducation des parents qui souvent devraient être médaillés pour leur patience et, s'il existe des solutions naturelles à ce trouble, elles sont irréalistes dans notre société actuelle.

Anonyme a dit…

@Lia : Je ne connais pas les problématiques de votre fille. J'ai moi aussi des petites bombes dans ma classe (élève qui boude et refuse de travailler en m'injuriant lors d'une crise, qui crie sur moi ou les autres élèves, qui se bat). Cet élève a sa place dans ma classe malgré tout, parce que la majorité du temps, tout va bien.

Je parle d'enfants qui sont des cas lourds. Je parlais de façon générale. J'ai déjà vu une enfant qui était dans une classe de 1ère-2e année. Elle ne parlait pas. N'écrivait pas. Ne savait pas découper ni coller. Elle avait besoin d'être accompagnée aux toilettes. Elle ne pouvait monter les escaliers sans aide (Car elle avait peur et hurlait au lieu de les utiliser). Je parle de cas de ce genre. Imaginez un peu ce que pouvait faire l'enseignante... C'est d'un ridicule. Cette enfant n'obtenait pas les soins dont elle avait besoin pour évoluer. Mais si les parents refusent le placement dans une classe spécialisée, c'est nous qui les avons dans nos classes. Ces enfants se retrouvent "parkés" dans le fond de la classe avec une éducatrice. Mais bon, on fait plaisir aux parents : ces enfants demeurent avec leurs amis... Mais comment faire comprendre à un parent que pour un enfant du primaire, être amis, ce n'est pas être dans la même classe, c'est de s'inviter à un anniversaire, jouer ensemble à la récré...

Et pendant ce temps, les autres élèves endurent les crises qui surviennent, travaillent dans le bruit constant (cela arrive souvent avec des Tourettes qui ne peuvent contrôler les sons), dans le va et vient (des hyperactifs non médicamentés et incapables de rester assis), sans oublier les aléas de la vie de classe.

On se retrouve à ne pas donner le service auquel les enfants qui réussissent ont droit.

Je suis d'accord pour des écoles pour enfants performants. Mais n'est-ce pas là le privé? Qui draine nos classes des élèves sans difficultés??

Enfin, c'est un débat sans fin... Mais je peux comprendre Lia votre sentiment puisque votre fille semble faire des crises. Mais comme je disais, je ne crois pas que l'enfant dont il est question a "seulement pété les plombs". Pour qu'on appelle la police, ce devait être très grave. Mais bon, on ne saura jamais le fond de l'histoire.

marâtre

Une femme libre a dit…

Je crois que vous avez mal compris,Prof Masqué. Ce n'est pas à l'élève à répondre aux trois missions de l'école québécoise mais bien les trois missions de l'école québécoise de répondre aux besoins de l'élève. Instruire, socialiser et qualifier. La qualification ici ne signifie pas nécessairement la diplômation. "Qualifier c'est-à-dire travailler dans un contexte permettant la réussite de tous" (réussir ne veut pas dire pour TOUS obtenir un diplôme d'études secondaire, réussir c'est atteidre des objectifs réalistes pour l'élève, l'élève qui avait pour objectif d'apprendre à lire malgré ses difficultés et qui y arrive à dix-sept ans a réussi!) "l'intégration sociale et professionnelle, la mise en place d'un environnement adapté aux champs d'intérêt, aux aptitudes, aux besoins, la diversification."

Que proposez-vous clairement pour les enfants qui, pour une raison ou une autre, n'atteindront jamais la diplômation secondaire? Qu'on les envoie... à l'hôpital??? Qu'on les fasse disparaître de la surface de la terre pour qu'ils ne dérangent plus ceux qui peuvent l'obtenir leur fameux diplôme?

Prof Malgré Tout a dit…

J'suis bien d'accord avec la Marâtre.

Lia : Si l'enfant a besoin de Concerta, c'est lorsqu'on n'en donne pas qu'on devrait crier au scandale. On crie bien au scandale lorsque quelqu'un refuse que son enfant reçoive la transfusion sanguine.

À propos des écoles qui pourrait être stimulantes pour les élèves forts mais présentant d'important trouble de comportement, ça serait génial, mais ça n'arrivera pas. Ça coute très cher la psychoéducation et on a déjà de la difficulté à avoir des place en TC (trouble de comportement)... Les sous-catégories, on n'y pense même pas.

J'enseigne à trois classe TC et le niveau académique est extrêmement faible. Y a bien quelques élèves forts, mais ce sont des cas isolés. Alors, je comprends pourquoi les parents craignent pour la réussite (ça veut dire quoi avec la réforme?) de leurs enfants.

Lors d'une suppléance en deuxième, j'ai vu un élève lancer sa chaise sur un autre et enfoncer son crayon dans le bras d'une petite fille dont il ne connaissait peut-être même pas le nom avant même que je puisse l'immobiliser. Il s'est retrouvé en classe TC. Mieux pour lui? Aucune idée, mais pour la p'tite fille avec le trou dans le bras et l'autre avec la chaise d'étampée derrière la tête, y a pas de doute.

Anonyme a dit…

@Femme libre : Je ne crois pas qu'il soit ici question de les placer dans un hôpital... La question est plutôt : est-ce que ces enfants sont à leur place au régulier? Est-ce que ces enfants recoivent ce qu'il y a de mieux de la part d'enseignants non qualifiés pour travailler avec des enfants représentant des troubles du comportement grave? Est-ce que les autres élèves ne pourraient-ils pas avoir droit eux aussi à un enseignement de qualité?

Je dis simplement qu'il serait temps qu'on arrête de prioriser des enfants en difficulté au profit des autres, quand des classes adaptées existent, des classes avec des enseignants qualifiés pour ce type de clientèle, avec des ratios plus bas qui permettent à l'enseignant de lui donner le temps dont il a besoin, avec des TES en classe prêt à le sortir AVANT que ça pète et éteindre le feu AVANT que ça ne déborde... Au fond, de les placer dans des classes où ils seront priorisés et où ils progresseront à leur rythme.

Je pense comme PMT. Son exemple me décourage, mais ne m'étonne pas, malheureusement... On attend toujours une situation extrême pour réagir. Le bien commun devrait passer avant le bien individuel. Il serait temps de revenir à ces valeurs selon moi. Ça ferait peut-être une société moins portée à l'individualisme...

marâtre

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: je ne sais pas ce que me vaut ce ton. Je m'interroge. Je n'ai rien à proposer. Je parle de cas lourds, d'écoles régulière. Pas d'hôpital, d'eugénisme et d'euthanasie.

Une femme libre a dit…

Mon ton (plutôt agressif, je l'admets) est une réponse à votre ton méprisant envers les "cas dont on sait qu'aucune diplomation n'est possible." Que vous mettiez en doute que ce soit la responsabilité de l'école de les scolariser me dépasse. Que vous déploriez l'argent investi pour tenter de répondre aux besoins éducatifs d'une clientèle vulnérable me désole.

Marâtre, je ne prône pas l'intégration en classe régulière à tout prix pour des enfants qui en peuvent suivre un programme régulier. C'est du cas par cas. Et il est certain qu'un enfant qui peut mettre en danger la sécurité des autres élèves et du professeur a un besoin évident de mesures très particulières. La sécurité de tous doit primer, c'est clair pour moi. Mais la scolarisation est un droit de base pour tous, diplômable ou pas, un droit reconnu par la charte des droits et liberté de la personne.

Le professeur masqué a dit…

Une femme libre: bon, j'ai un ton méprisant... C'est tellement évident à lire ce billet et le suivant. Surtout le début: «Je veux être très prudent dans mon commentaire et ne pas heurter certains parents. (Si, malheureusement, je vous blesse, ne m'agonisez pas d'injures, maix expliquez-moi votre propos.)» Ce texte pue le mépris, c'est évident.

Tout est dans la définition du mot scolariser et dans le mot «école», je crois. Je ne crois pas qu'on puisse parler de scolarisation dans certains cas. Je connais des enfants ne sauront ni lire ni écrire en sortant de l'«école» à 21 ans, je crois, parce qu'ils en sont simplement incapables pour des raisons neurologiques. On parle de cas très lourds qui ne seront jamais intégrés au secteur régulier de quelque façon que ce soit.

Certains (j'ai écrit le mot «certains» pour ne pas généraliser) parents tiennent à ce que leur enfant se rende à l'école. En autant qu'il soit écrit le mot «école» sur l'édifice, ils sont fous de joie. ils vivent dans une illusion de normalité. Que ce ne soit pas le lieu approprié, que les services ne soient nécessairement adaptés, que l'intégration de leur chérubin nuise aux autres élèves ou mettent même leur sécurité physique en jeu... C'est là ou réside le mépris, je crois.

unautreprof a dit…

Lia : Un tdah a souvent besoin de médication, comme un diabétique a besoin d'insuline.
Avez-vous lu le livre du docteur Annick Vincent : Mon cerveau a besoin de lunettes?
C'est intéressant l'approche de ce livre par rapport à la médication.


Sinon, je pense que c'est à l'école en effet d'être responsable de l'éducation scolaire de l'enfant. Mais c'est surtout à l'école (au prof) de signaler que parfois, certains cas d'élèves sont lourds et que notre compétence ne suffit pas.

J'ai déjà eu un enfant autiste dans ma classe. Il m'a pris bien du temps avant d'admettre que je n'arrivais pas (du moins, tout en répondant aux besoins de mes 15 autres élèves DGA) à répondre à son besoin particulier de 1/1 lors des crises. Sa violence, envers les autres et envers moi était problématique, parce que mon type de classe ne répondait pas à son besoin.

Anonyme a dit…

@Femme libre : Je vous lance alors la question, si l'école n'a pas pour mission de scolariser, quelle est sa mission?


Marâtre

Le professeur masqué a dit…

Femme libre: je ne comprends absolument pas votre question. Je n'ai pas dit que l'école n'a pas pour mission de scolariser. Je crois que ce n'est peut-être pas à elle de «scolariser» tous les jeunes sans exception.

Si je pousse votre raisonnement jusqu'à l'absurde (je ne le fais pas ici pour me moquer mais pour montrer les limites de certains raisonnnements), l'école devrait donc accueillir un élève sourd, muet et aveugle. Il a droit à son école de quartier et d'être dans une classe régulière.

Une femme libre a dit…

Euh.... je n'ai jamais dit que l'école n'avait pas pour mandat de scolariser. C'est pas moi qui ai dit ça, je le jure! ;o)

Je dis en fait tout à fait le contraire, soit que la scolarisation pour tous est le mandat de l'école. Scolariser les performants et ceux qui le sont moins et les élèves handicapés aussi. Et dans un milieu aussi normal que possible, pas parqués dans des réserves. L'élève sourd, aveugle et muet aussi, Prof Masqué. Vous ne connaissez pas la vie de Helen Keller?

Le professeur masqué a dit…

Femme libre; très honnêtement, vous êtes idéaliste. L'enfer est pavée de très bonnes intentions et, vous m'excuserez de vous le dire, ce n,est pas l'école québécoise avec les ressources qu'on lui donne, les parents qui y envoient leur enfant qui peut être à la hauteur de vos attentes.

Jonathan Livingston a dit…

Bon, pour le parckage dans les réserves, je conseille tout de même la classe spéciale pour l'avoir vu et vécu. J'ai vu des jeunes arriver à se refaire une image positive d'eux-mêmes après des années de confrontation à leur échec au régulier dans une école spéciale et réussir grâce à un enseignement adapté un rêve inaccessible: réussir à décrocher un diplôme de secondaire 5. Évidemment, toujours de la honte d'être oui dans une école spéciale, mais au moins avoir eu la chance de se soustraire de la défaite perpétuelle dans un milieu qui n'avait pas les moyens de les aider: la classe normale.

J'ai travaillé à Vanguard secondaire francophone et je crois qu'on y fait toujours, réforme ou non, des petits miracles... parce que des parents influents continuent d'exiger d'y envoyer leur enfant.

Par ailleurs dans mes classes ordinaires, j'ai bien 2 à 3 cas de fausses réussites successives qui vont devoir doubler leur secondaire 3 et qui vont très certainement, comme si c'était écrit, finir par décrocher puisque le système depuis trop longtemps fait le déni de leur difficulté et les stationne dans nos classes où elles dérangent jour après jour à faire leur social...

Pour moi, l'utopie de l'intégration coûte que coûte est un déni de réalité qui fait l'affaire de l'État qui économise, appelez bien cela du mépris, je n'en pense pas moins. Tout le monde se fait avoir et, chose incroyable, même le revendique.

Comme je l'ai dit ailleurs, ce n'est pas la compétence ou l'ouverture des enseignants qui manque pour réussir l'utopie de l'intégration, c'est une diminution significative des ratios de classe. J'ai beau le souhaitez fort fort, je ne peux me multiplier. La limite fonctionnelle des grands groupes empêchent de faire trop de cas par cas.

En classe spéciale, nous avions 15 élèves, dimension respectable pour gérer les différences et développer dans le cadre d'une tâche normale, une relation pédagogique permettant un accompagnement significatif et nuancé.

Croire que le prof de régulier peut devenir ce superprof qui peut tout et voit à tout voilà 12 ans que j'observe cette chimère de vendeur de frigidaire aux esquimaux... et le pire, c'est qu'on continue de nous le faire croire ou de l'espérer...

Tout homme ou femme aspire à dormir la nuit et à relever des défi raisonnable, pas à faire de l'insomnie et se faire passer pour un dieu qu'on n'est pas et finir par se faire engueuler parce qu'on en a marre de jouer ce rôle impossible.

Femme libre, je ne mettrai pas de gants blancs, ce n'est pas dans mon habitude, je viens d'un milieu ouvrier où c'est moins en vigueur d'user de la langue de bois, avez-vous déjà fait l'enseignement à une classe de 30 élèves? Beaucoup de monde parle de ce que l'on devrait être capable de faire sans vraiment savoir ce que notre tâche exige au quotidien. Beaucoup trop de parents nous font endurer leur conception de l'enseignement...et c'est désolant.

Allez manifester au gouvernement pour réduire nos classes pour qu'on puisse accueillir la diversité des problématiques d'intégration dans nos classes avec le sourire au lieu de nous imposer vos enfants et nous laisser avec la peur de ne pas finir l'année sous le poids des responsabilités et on commencera peut-être à se comprendre...

Nous balancer du «vous êtes méprisants» me semble de mon point de vue plutôt méprisant... et quand je regarde l'art manifeste de Prof masqué de soulever ces questions si difficiles à débattre, je me demande franchement où est votre intérêt de le faire passer pour un être méprisant.

IL y a un maudit problème dans nos écoles, et ce n'est pas en se balançant des injures, ni en évitant la question, qu'on va le régler.