05 mars 2011

Le tripotage de notes

On l'a vu: avec les plans de réussite, des profs se sont fait demander de revoir leurs notes à la hausse.


Dans le présent cas, on ne s'embarrasse pas de nuance: une direction d'école change carrément les notes des élèves. Et je suis convaincu que cette dernière continue à faire appel au professionnalisme des enseignants quand vient le temps de leur demander quelque chose.


Il y a quelques jours, le deuxième bulletin était délivré pour témoigner des performances de nos élèves. Ce fut une occasion de plus pour raviver le malaise dans l'école. La direction a avisé les enseignants que les élèves qui ont obtenu 58% ou 59% au bulletin recevront 60% pour ne pas leur faire vivre un échec inutile et, surtout, pour ne pas nuire à leur cheminement. Donc, les enseignants jugent que les élèves ne sont pas compétents, mais la direction veut des élèves qui réussissent. Le système informatique a donc corrigé les «écarts»...


Si j'ai bonne mémoire, c'est la même école où l'on a aboli les mentions d'excellence décernées aux élèves méritants parce que cela dévalorisait ceux qui n'en recevaient pas et nuisait à leur estime personnelle.

13 commentaires:

Jonathan Livingston a dit…

Je croyais naïvement que donner 58 était devenu impossible puisque l'évaluation consistait à porter un jugement «professionnel» à partir de traces et de positionner le jeune sur une échelle de compétence de 1 à 5 avec les nuances 1+, 2+, etc., puis de les entrer au bulletin selon une échelle définie du genre qui pouvait varier selon l'école ou la CS: 28=1, 36=1+, 44=2,52=2+,60=3 (seuil minimal de réussite), 68=c+, etc.

Dois-je comprendre que nous ne suivons pas tous ce genre de processus d'évaluation dans les commissions scolaires ou dans les écoles privées?

Dans l'école particulière où je suis, on n'a pas intégré ce système, on est toujours à l'ancienne avec toutes les notes possibles au bulletin, mais je la croyais vraiment marginale...

Le professeur masqué a dit…

Non, monsieur. Les «échelles de compétence», si c'est comment ce truc s'appelait, ont pris le bord! On se rappellera au départ qu'on devait avoir des lettres. Puis, les lettres sont devenues des pourcentage avec des tables de conversion. Puis, les tables ont été remplacées par des notes en pourcentage.

Jimmy Grenier a dit…

Même avec les échelles, le 58% est toujours possible avec la conversion des compétences.

En histoire de sec 4, ça donne ce qui suit :

C1 20%
C2 60%
C3 20%

Un élève qui aura comme "jugements" de son enseignant (selon les échelles de mon école)

C1 : D+ = 52%
C2 : C = 60%
C3 : C = 60%

aura donc un résultat de 58.4% selon le calcul informatique.

Que pensez-vous que ce même système informatique, GPI que vous connaissez tous, fera?

Anonyme a dit…

Bonjour!

Je note ici une incompréhension sur deux aspects en particulier.

Premièrement, concernant le calcul des notes par évaluation de compétences. Il est, bien entendu, assez clair que les cotes ont des équivalences en notes (ex : 1=28, 2= 26, etc.). Par contre, ce qu'il faut comprendre c'est que cette note (ou cote, c'est selon) est attribué pour une seule compétence et non pour l'ensemble du cours. Comme un cours compte habituellement trois compétence et que pour chacune d'elles est attribuée selon un ratio défini (ex. CD1= 40%, CD2=40% et CD3 = 20%), une note peut donc "flirter" avec le 58% une fois que les cotes sont ainsi passées dans la "machine à saucisse".

Pour ce qui est de la deuxième incompréhension, celle-ci concerne la GARE (Gestion axée sur les résultats). Lorsque ce concept n'est pas compris par un gestionnaire, celui-ci se réserve alors le droit d'intervenir sur les enseignants afin de les faire modifier les notes alors que tel n'est pas le but de cette "philosophie" de gestion.

Celle-ci concerne tout d'abord un processus de gestion qui préconise le recours à un plan de réussite qui permet de se fixer des buts, des objectifs et des moyens pour parvenir à les atteindre. Par exemple : augmenter de 3% les résultats en mathématiques pour juin 2012. C'est le but et l'objectif pour lequel l'équipe école doit se fixer des moyens permettant d'atteindre cet objectif.

Pour ma part, convaincre les enseignants d'augmenter les notes trop basses n'est absolument pas un moyen éthique; et démontre par conséquent l'incompétence du gestionnaire à maîtriser les concepts de bases de la GARE.

Le type de moyens préconisé devrait faire appel au professionnalisme des enseignants et des directions. Par exemple, en mettant en place un dépistage systématique (et donc institutionnalisé) des élèves éprouvant des difficultés en mathématique tout en leur permettant un soutien pédagogique leur permettant de réussir en mathématique. Ce qui aura pour conséquence, si ce moyen est mis en place, bien sûr, de contribuer à atteindre l’objectif fixé.

Malheureusement ces concepts de base me semblent mal compris par de nombreux gestionnaires et on perd rapidement de vue les cibles au détriment des moyens.

Smeugd

Le professeur masqué a dit…

Un rappel à tous: les échelles ne sont plus prescriptives. Donc, on n'est plus contraints de les utiliser.

Anonyme a dit…

Le nouveau cadre en évaluation stipulant que l'enseignant doit évaluer la mobilisation des connaissances de la part de l'élève, les échelles de niveaux de compétences peuvent donc êtres très utiles aux enseignants qui désirent les utiliser pour les aider à porter un jugement sur le développement des compétences des élèves.
Cela n’exclut toutefois pas une évaluation systématique des connaissances de l'élève. Celles-ci ne doivent toutefois pas être la base unique sur laquelle l'enseignant attribue une note à l'élève.

Smeugd

Anonyme a dit…

C'est drôle, on dirait que vous êtes en train de discuter du sexe des anges... Ne trouvez-vous pas que tout cela est tellement absurde... que de continuer à discuter d'évaluer des compétences quand il faut tenter de retourner aux connaissances... et je suis enseignant moi-aussi...

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: Personnellement, en français, les compétences ont toujours existé. Il est normal que j'en parle. Par ailleurs, avec le nouveau bulletin, on doit mesurer connaissance et compétence.

Jonathan Livingston a dit…

Étant un peu hors circuits normaux, j'ai oublié le fameux calcul lié au poids relatif des compétences! Bon, on a eu l'occasion de voir par ces explications que le «tataouinage» des notes auquel on nous a contraint est plus ou moins moribond. Bon, j'ai hâte de voir où ces «formations» au nouveau bulletin vont nous mener.

Pour la petite histoire, j'ai passé dans je ne sais pas combien de milieu depuis 15 ans où 58, 59 était mis à 60 dans les systèmes. Bref, on normalise une pratique là que je crois répandue.

Le professeur masqué a dit…

À tous: quand je me sentirai masochiste, je me farcirai un billet sur la formation que j'ai reçue.

Marc St-Pierre a dit…

Cher PM,

Deux choses: d'abord, les échelles de développement de compétences sont toujours prescrites...cette année. Les changement relatifs au bulletin de s'appliquent que l'an prochain.

Ensuite, personne ne va me faire brailler avec la conversion des 58% et 59% en 60%. J'ai commencé dans le métier il y a plus de trente ans et c'était déjà comme ça. D'associer cette pratique-là à l'avènement de la gestion par résultat c'est malhonnête et bassement opportuniste.

Le professeur masqué a dit…

M. St-Pierre: dans les faits, les échelles ont pris le bord depuis un bout. Quant à moi, la gestion par résultat existe depuis longtemps déjà. De hausser des notes de fin d'année de 58 à 60% était fréquent chez moi, mais c'est la première fois que j'en entends parler pour des notes d'étape.

Joel a dit…

Soyons clairs...Les échelles de niveau de compétence n'ont pas pris le bord. Elles sont toujours à ce jour prescrites par la loi. Il faut donc plutôt dire que certains enseignants ne respectent pas les normes et modalités en vigueur OU que certaines directions d'école ne font pas leur travail, c'est-à-dire, s'assurer que ces dernières soient appliquées...