31 août 2011

Les profs ne sont pas technos? :)

Ce matin, je lisais dans le JdeM que les directeurs estiment «qu'il est maintenant temps de permettre aux élèves de tweeter en classe et d'utiliser davantage les nouveaux outils technologiques, comme le iPad, malgré une certaine résistance du corps enseignant.» Là, j'ai immédiatement répété mon mantra: avec le sourire, PM, avec le sourire.


La principale source de résistance aux nouvelles technologies dans mon école, ce sont ma CS et mon école elles-mêmes. Tout d'abord, parce que leurs choix politiques indiquent très bien que les technos les embêtent plus qu'autre chose. On interdit l'utilisation des réseaux sociaux sur la bande passante parce qu'on ne veut pas que les élèves puissent avoir accès à un contenu inapproprié via Facebook, par exemple. La Fédération des comités de parents du Québec est pleinement d'accord avec cette position. Certaines directions également parce que c'est plus facile de gérer les choses ainsi. D'ailleurs, douce ironie, il convient de souligner que Facebook et compagnie sont interdits d'accès dans la CS du directeur interviewé dans cet article. Je me demande alors qui résiste le plus. On ne verra jamais une direction d'établissement affirmer publiquement que sa CS l'empêche d'avancer dans ce dossier. Mais questionner la volonté des profs, par contre... Bébéfafa, comme dirait l'autre.

Un autre aspect politique réside dans le fait qu'on choisisse de ne pas travailler avec des logiciels libres de droit ou du matériel autre que celui des grandes compagnies internationales. Puis, qu'on équipe des gens avec des Ferrari alors qu'une simple Nissan suffirait. Et ensuite, on se plaint de ne pas avoir les sommes suffisantes pour appuyer des projets pédagogiques en classe. Vous devriez voir comment notre centre administratif et la salle des commissaires sont équipés!

Dans la même veine, depuis 20 ans que j'enseigne, j'ai pu remarquer que tous les postes administratifs sont informatisés. Les classes... pffffff! Peut-être un canon ici et là, mais rien qui n'appartient au monde de la technologie. Même nos craies sont aussi archaïques qu'il y a 50 ans. Les salles de prof... pffffff! Tenez: dans la mienne, nous avons quatre ordinateurs, dont deux ont des écrans qui ne fonctionnent plus, et deux imprimantes pour 25 profs. Pour avoir du papier et des cartouches d'encre, on a longtemps eu à connaitre la joie des réquisitions. Il peut s'écouler quatre mois avant qu'on répare ou remplace de l'équipement défectueux ou brisé. Si certains collègues n'avaient pas des portables, ce serait tout simplement l'enfer. Avec la rentrée, il nous a fallu rebrancher tous ces appareils qu'on avait déplacés pour faire le ménage de l'été.Si on avait attendu que le technicien vienne le faire, on en aurait au moins jusqu'en octobre!

Pour ce qui est des profs eux-mêmes, on commence à leur fournir des portables sur une base individuelle, mais la mesure n'est pas systématique et on oublie l'idée de formation et d'accompagnement. On leur remet une belle machine et voilà! Pendant ce temps, depuis quelques années, directions, cadres et commissaires sont équipés de pied en cap, si je puis dire.


Et si l'on parle du réseau sans fil, on commence à l'installer dans mon école, mais le qualité du signal varie selon les classes. Cela, c'est sans compter que l'entretien du réseau est effectuée le jour. Pour des raisons budgétaires, on ne veut pas payer des employés le soir et les fins de semaine. Alors, comme enseignant, tu n'es jamais certain d'avoir une connection sans fil pour le cours que tu as préparé. Mummmm... tentant de prendre le virage pédagogique! On comprend alors qu certains enseignants soient réticents aux nouvelles technologies. Ils veulent être certains qu'elles existent et qu'elles soient de qualité avant de les intégrer dans leur enseignement.

Enfin, dernier point, on n'a jamais osé réunir les enseignants et leur demander: «Bon, de quoi avez-vous besoin pour prendre le virage NTIC? Comment voulons le vivre?» On a simplement peur de ne pas être capable de leur livrer la marchandise, quant à moi.


Pour la réticence des profs, on repassera! La réticence, elle part de plus haut. Et l'inertie de certains de nos dirigeants scolaires n'aide en rien l'avancement du dossier NTIC. La position de Chantal Longpré, présidente de la Fédération des directions d'établissment d'enseignement, me semble plus juste.

Je me rappelle ce proverbe: «Give us the tool, we will give you the work.» Dans la grande majorité des cas, on en est rendu là. Pour résister à quelque chose, encore faudrait-il qu'il existe.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bébéfafa, comme dirait l'autre...
Hum! Allez monsieur, qui est cet
autre? Certainement pas un prof du secondaire. Est-ce la chix italienne qui cuisine bien?

À mon école, nous avons 4 TBI. Les enseignantes ont reçu une formation de deux heures. Rien de plus. Actuellement, elles passent plus de temps à tenter de comprendre le tableau qu'à monter des activités. Aucun support.

bobbiwatson a dit…

À ma question demandant si la CS donnerait de la formation aux profs pendant les journées pédagos (au lieu de réunions pertes de temps), la personne interrogée dans l'article du JdeM m'a répondu ceci:
"Il y a la formation en effet, mais il faut, je crois,
embarquer et se former au fur et à mesure."
À bon entendeur, salut!

Julie a dit…

J'ai commencé ma carrière en enseignement de la musique au Nouveau-Brunswick il y a 3 ans. À mon arrivée, on m'a remis mon propre ordinateur portable (récent et mis à jour régulièrement), on a installé un projecteur canon flambant neuf dans ma salle de classe, j'ai eu immédiatement accès à youtube et plusieurs enseignants utilisaient déjà régulièrement les tableaux blancs interactifs.

Lorsque je suis revenue au Québec l'année dernière, j'ai réalisé que nous étions bien loin derrière en ce qui concerne les "nouvelles" technologies...

Le professeur masqué a dit…

Julie: ça en vous tente pas un peu billet sur votre vie enseignante au NB? je le publierais ici.

imaginezautrechose a dit…

PM, pensez-vous que de permettre aux élèves de tweeter en classe serait une bonne chose?

Le professeur masqué a dit…

Imaginez: tout dépend. Ça s'inscrit dans un projet pédagogique? Et comment gère-t-on la qualité du français dans ce projet? Les faire écrire en explorant de nouvelles façons, pourquoi pas? mais pas au détriment du respect de la langue.

Missmath a dit…

Mon cher PM, je vous embrasse sur la bouche pour ce billet.

Stephane Levasseur a dit…

J'ai monté tous mes cours par informatique. Chaque heure de cours nécessite 10h de préparation. J'ai pu le faire car j'enseigne à temps partiel. Un prof à temps plein ne peut humainement pas faire cela. La préparation des cours n'est tout simplement pas reconnue dans la (lourde)tâche de l'enseignant.