04 janvier 2012

Quand ton milieu de travail te tue (ajout)

On connait les dangers reliés à l'amiante, mais beaucoup moins son utilisation dans les écoles québécoises. Une récente nouvelle, passée par la trappe du temps des Fêtes, nous rappelle ce sujet toujours important.

Ainsi, la Commission québécoise des lésions professionnelles a récemment attribué à l'amiante le décès de Diane Turcotte, préposée à la cafétéria de l'École polyvalente Louis-Joseph-Papineau, de 1983 à 2004. Un constat qu'avait précédemment fait la CSST. La Commission scolaire au Coeur-des-Vallées nie toute responsabilité quant à la mort de cette dernière. Même déni de la part d'organismes comme l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal qui estime que le risque d'amiantose est inexistant et très rare dans le cas des autres maladies en ce qui concerne les établissements publics.

Il faudra expliquer cela  à cet enseignant de la région de Drummondville qui est atteint d'un mésothéliome, un cancer de la plèvre du poumon spécifiquement relié à l'exposition à l'amiante.

L'amiante est un sujet que certains souhaitent tabou dans les écoles québécoises. Ainsi, dans au moins une école de ma CS, on aurait procédé au retrait sécuritaire de cette substance d'un plafond sans en aviser les employés. Quoi de mieux pour alimenter les rumeurs et la suspicion.

Dans les faits, il suffit d'une courte recherche sur Internet pour s'apercevoir que la problématique de l'amiante dans les écoles québécoise est toujours présente.

Dans une étude conjointe du ministère de l'Éducation et de celui de la Santé et des Services sociaux en 1999, on estimait que 12 p. 100 de l’ensemble des bâtiments scolaires du Québec ont un flocage d’amiante. On apprend que quelque 800 classes, principalement situées dans la région montréalaise, ont obtenu une cote 3, nécessitant «des mesures correctives dans les meilleurs délais, selon un échéancier établi par les commissions scolaires». On tente de se montrer rassurant en précisant que,  «selon les spécialistes de la santé, on estimait qu'il n’y avait pas de danger à court terme pour la santé des enfants et du personnel enseignant». Mais à quoi s'attendre d'un rapport qui conclut: «Ainsi, cette opération est un bon exemple de la saine gestion qui peut être faite de l’amiante dans les bâtiments publics»? À quoi s'attendre d'institutions qui nient encore la cause du décès d'une de ses employés?


Collé à l'actualité (octobre 2011), on retrouve le cas de l'école primaire La Pléiade, de la commission scolaire des Première-Seigneuries. Les plafonds de certaines classes sont recouverts d'amiante. «On demande aux gens de ne pas toucher ces plafonds-là. Le problème avec l'amiante, ce n'est pas lorsqu'il se retrouve dans les plafonds, etc. C'est lorsqu'il se désagrège», explique le directeur général de cette CS qui n'a aucun projet pour remplacer les plafonds couverts d'amiante dans ses écoles. Bref, pour paraphraser ce personnage de bandes dessinées bien connues, on va attendre que le ciel nous tombe tout bonnement sur la tête.

Or, c'est ce qui est arrivé en 2009 dans cette même école quand une portion du plafond dans une salle du cours de musique s'est effondrée à la suite d'une infiltration d'eau. D'après des enseignants, «des morceaux d'amiante seraient restés sur le plancher pendant trois jours en présence d'élèves», ce qui nie la commission scolaire.

On croit que l'amiante ne concerne que l'isolation et les plafonds des bâtiments. Or, les planchers de certains établissements scolaires contiennent aussi de cette substance. Comme ils sont parfois lavés à la brosse rotative, on envoie des fibres dans l'atmosphère, comme le montre cet article paru dans La Presse en septembre 2009:

«Il n'existe pour l'instant aucun inventaire des revêtements de plancher dans les écoles du Québec. Nous avons cependant appris que la plupart des tuiles en vinyle fabriquées avant 1983 contiennent de l'amiante chrysotile, ce qui laisse croire que bon nombre de planchers des écoles du Québec en sont recouverts.»

On a d'ailleurs diagnostiqué un cas d'amiantose chez un concierge de la commission scolaire Marie-Victorin


En terminant, je m'en voudrais de ne pas citer ce billet du Prof malgré tout publié en septembre 2009:

Amiante vs H1N1

À mon école, on ne déconne pas avec la santé et la sécurité au travail. J’ai reçu deux directives dans le même document cette semaine. En voici deux extraits:

Dossier de l’amiante : nous vous demandons de ne plus faire de ménage.

Dossier H1N1 : installer une routine de lavage quotidien des surfaces de travail dans les classes.

Si je comprends bien, je peux choisir si je veux une mort lente ou rapide.


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Un petit truc Rona: si vous voulez savoir si les tuiles de votre local contiennent de l'amiante, vérifiez leur grandeur. Une tuile à plancher de 8 pouces par huit pouces contient fort possiblement de cette substance.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Bizarre que les gens qui travaillent dans des écoles où l'amiante a été utilisée semblent être plus contaminés que les gens qui vivent et/ou ont vécu dans les villes où il y a des mines d'amiante. Il faudrait voir la proportion d'amiantose dans les milieux d'amiante versus ceux dans les écoles où celle-ci a été utilisée.

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: avez-vous des chiffres à ce propos?

Gen la vilaine a dit…

Depuis 2 ans, l'université où je travaille fait de grosses rénos dans mon pavillon. Cet été le mot amiante a surgi dans les conversations de cafétéria. Dans le temps de le dire, la rumeur comme quoi les travailleurs avaient trouvé de l'amiante en démolissant avait fait le tour de l'école, créant un sentiment d'insécurité chez le personnel.

L'école n'a jamais confirmé si c'était vrai ou pas... Les travaux achèvent et les murs sont refermés et tout le monde trouve dont ça beau maintenant ici. L'amiante a sombré dans l'oubli collectif.

Inquiétant...

Le professeur masqué a dit…

Gen: dans l'école de ma CS, même cachoterie...

unautreprof a dit…

À l'école, il y avait eu un dégât d'eau par un toit et des ventilateurs ont été placés pour faire sécher. Quelques jours plus tard, pour cacher les taches, on y a mis de la peinture.
Pour ça, je vous jure, la CS envoie vite ses 2 peintres. Pffft. Pis nous, bande de caves, on se ferme la gueule. Allô la moisissure.

Anonyme a dit…

PM, pas de chiffres, seulement du vécu. Le ministère de la santé devrait pouvoir vous donner les chiffres demandés.

emploi maroc a dit…

j'aime
bon continuation

Anonyme a dit…

Et les plafonds, ils ont quelles dimensions? Et les murs, quelles sont leurs caractéristiques?

Stephane.G a dit…

Je travaille dans la construction et je peut vous dire que quand on trouve de l'amiante ca niaise pas

Une équipe met du plastique partout et les gens qui travaillent la ont des suits et des masques ....et il y a une décontamination....tu peut pas refermer un mur qui a de l'amiante car tu veut pas que ca te coute un bras pour décontaminer

Si tu te fais pogner en défaut avec ca...la CSST va te donner tellement d'amendes que ta compagnie est finie

Anonyme a dit…

Pour compléter vos informations: Mon père, enseignants, CP et directeur dans la CSDM vient de décéder d'un mésothéliome pour avoir été en contact avec de l'amiante. Comme ces cas sont isolés! Je suis outrée qu'il n'existe pas de banque de données communes. Je travaille en ce moment dans une école avec plancher et plafonds en amiante et on nous annonce des travaux de déménagement de mûrs dès cette semaine. Quoi faire? Qui peut défendre notre cas? Je tombe en sans solde, c'est la solution pour me protéger???

Le professeur masqué a dit…

Anonyme; sincères condoléances. On ne tient pas de registre. Se demander pourquoi, c'est déjà avoir la réponse...