Or, voilà qu'un enseignante a décidé qu'elle en avait son voyage de se faire charrier dans les médias. Vous rappelez-vous de l'histoire de cet enfant qui se prénommait Félix et qui aurait été mis dans une cage (le terme a été utilisé dans certains journaux) parce qu'il était trop turbulent en classe? Certains médias avaient consacré une importante couverture à toute cette affaire, on s'en souvient.
Bref, l'enseignante, appuyée par son syndicat, a engagé des poursuites totalisant $80 000 contre contre la Corporation Sun Média, le Journal de Trois-Rivières et ses journalistes Jean-François Hinse, Mathieu Lamothe et Pascal Bernier-Robidas, ainsi que le Journal de Québec et le journaliste Sébastien Lépine.
Dans sa poursuite, l'enseignante:
- prétend «avoir été victime de plusieurs affirmations fausses et diffamatoires, en plus d'avoir fait l'objet d'un traitement journalistique sensationnaliste» ;
- «dénonce l'absence de rigueur des médias et journalistes concernés» ;
- «estime que la recherche d'informations à la base de leurs articles est volontairement incomplète et tendancieuse» ;
- «atteste qu'en aucun moment, les défendeurs n'ont tenté de communiquer avec elle, son syndicat ou quiconque aurait pu apporter un éclairage différent» ;
- «soutient que le Journal de Québec et son journaliste ont commis une faute professionnelle en reprenant des paroles et opinions émises par la mère et le beau-père de l'élève, de même que par l'ex-juge Andrée Ruffo» ;
- affirme avoir subir «l'opprobre de la population du Québec, notamment mais non limitativement, par l'entremise de forums de discussion, courriels, appels téléphoniques, menaces laissées sur la boîte vocale de la direction de l'école où elle travaille».
Bon, pour l'instant, il ne s'agit que simples allégations, mais la poursuite ne me semble pas trop frivole. Elle aura tout au moins le mérite de clarifier ce dossier. Qu'en pensez-vous?
Par ailleurs, le représentant syndical de l'enseignante n'entend pas en rester là: «Le porte-parole syndical ne rejette pas l'idée que d'autres médias, électroniques cette fois, puissent également faire l'objet d'une poursuite de la part de l'enseignante. Là aussi, il y a eu "dérapage" selon lui.»
Le lien avec Mme Potvin maintenant. Je cite un extrait d'une de ses chroniques sur Internet intitulée «Comme un animal?» (Les carcatères gras sont de moi.)
«L'enseignante et la direction d'école ont définitivement manqué de jugement et ont omis de respecter des étapes cruciales dans une telle situation. De plus, lorsqu'on veut isoler un élève et qu'on désire l'aider à bien écouter ce qui se passe en classe, ce n'est certainement pas en l'isolant comme un animal de foire et encore moins en le mettant face à un mur. Cela ressemble davantage à une punition qu'à une intervention professionnelle qui devrait être prise dans l'intérêt de l'élève et de ses camarades de classe. Qu'on appelle l'ordre des enseignants du Québec....Oups, c'est vrai, il n'y en a pas.»
Par la suite, dans un commentaire aux intervenants de son blogue, Mme Potvin nuance ses propos, ce qui est tout à son honneur, mais elle ne peut s'empêcher d'y aller malgré tout de phrases bien senties.
- «Je ne crois pas au fait que le jeune était à cet endroit seulement qu'une heure par jour. Je crois que malheureusmenet la jeune enseignante a utilisé un peu trop son coin retrait qui avait justement été créé POUR le jeune comme l'a dit le directeur de la commission scolaire qui lui a fait sa conférence de presse suite aux informations de la directrice de l'école.»
- «Ce geste est à mon avis davantage un geste punitif qu'un geste éducatif et pédagogique en lien avec le bien de l'élève lui-même et de ses camarades.»
- «...mais la chose à faire dans ces cas là, ce n'est pas de se venger sur le jeune en le mettant dans un isoloir...»
- «Dans ce cas-ci, l'enseignante a escamoté des étapes importantes et la directrice quand à elle n'a vraiment pas fait son trvail dans l'accompagnement de sa jeune enseignante. À mon avis c'est ELLE la vraie fautive...»
Mme Potvin, comme bien de ses collègues commentateurs a émis un bon nombre d'opinions en basant celles-ci sur des informations parcelaires et peut-être même erronées. Elle n'est pas journaliste, c'est vrai, mais un peu de rigueur et de prudence auraient été les bienvenues, surtout quand on jouit d'une tribune institutionnelle si importante.
Pour en savoir davantage sur la poursuite de l'enseignante:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070511/CPNOUVELLISTE/705110721/1028/CPACTUALITES
Pour lire ou relire la chronique de Mme Potvin sur le petit Félix:
http://www.blogue.canoe.com/?blog=13&author=75&page=1&disp=posts&paged=4
9 commentaires:
Je suis ravie de cette nouvelle! Je trouve que cette histoire est allé beaucoup trop loin et que les journalistes ont fait un travail baclé. Ce qui semble d'ailleurs devenir la norme en journalisme...
Hummmm qu'est-ce que je disais déjà?? Ah oui, que j'espèrais qu'un jour elle s'attaque à quelqu'un de reconnaissable! Merci petit Jésus d'avoir écouté mes prières, merci Bouddha aussi!! :)
Disons que je suis heureuse de la situation, même si elle est triste. Enfin, les médias en général vont cesser de s'attaquer aux enseignants. C'en est fini des profs animaux de foire sur lesquels on peut "fesser"...
Bien heureuse qu'elle poursuive! Elle a amplement raison. J'imagine aisément que cette histoire puisse nuire à sa carrière. J'imagine aisément des parents étant réticents de savoir leur enfant dans la classe de cette enseignante. Pfffff!
Dites, cette idée, dans l'air, d'un ordre professionnel des enseignants, c'est nouveau? Ça vient de tous ces branle-bas de combat? Vous en pensez quoi? Ça pourrait vous protéger de fausses accusations et en même temps éliminer ou pénaliser celles/ceux qui le méritent vraiment? Idéaliste?
Entendu à Il va y avoir du sport, un prochain débat (ou une reprise?).
;-)
Bien, je suis contente de lire cette nouvelle.
Histoire à suivre donc...
Ça me fait penser à une histoire passée il y a un an, concernant un petit garçon des Philippines qui s'était fait réprimander quant à sa façon de manger .
http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2006/05/20060505-082400.html
http://www.cyberpresse.ca/article/20060505/CPACTUALITES/605050775
Je connais les gens impliqués dans cette histoire et je peux vous dire que les intervenants ont été démolis. Surtout que, vous vous doutez bien, l'histoire a été déformée par les médias. Pendant des semaines, ils ont reçus des appels d'insultes, etc. L'éducatrice et le directeur en cause sont des excellents intervenants, des gens très respectueux. ILs ont reçu l'appui de la c.s., des profs autour et de plusieurs parents. Heureusement.
Mais ça marque. Ça reste.
«les médias en général vont cesser de s'attaquer aux enseignants.» -La Marâtre
Les médias vont se ramassés avec beaucoup plus de poursuites....Ils vargent sur à peu près n'importe qui sans vérifier TOUS les tennants et aboutissants, juste pour faire «la nouvelle».
Mon ti 2 cennes !
Lady !
P.S : Je viens de lire le update sur la saga Potvin....Hé ! Hé ! Vous l'avez pas manqué ! Elle m'énaaaaarve depuis jour 1 avec sa condéscendance et son mépris des ceusses qui pensent pas comme elle ! Bravo !
Anonyme: en fait, de plus en plus, on peut se questionner sur la formation des journalistes et leur encadrement. Pour connaître le milieu, on comprend que le tirage et la cote d'écoute sont devenus des impératifs non négociables. Le professionnalisme fout le camp.
La marâtre: je ne pense pas que Mme Potvin soit visée par cette poursuite, mais je m'engage à faire parvenir - de façon tout à fait désintéressée - une copie des propos de Mme Potvin à son avocat.
Gooba: un rien peut détruire la réputation d'un prof. Ce qui prend des années à construire peut voler en éclats en dix secondes.
Zed: jusqu'à très récemment, j'étais contre un ordre professionnel des enseignants. En effet, chez nous, nous avions une direction qui avait beaucoup de leadership et de conviction. Des mauvais profs, on en comptait très peu.
Les choses ont bien changé depuis quelques années alors que la norme semble être des directions peureuses ou débordées par les mandats qu'elles ont à remplir. On tolère donc des profs qui ne font que partir le vidéo parce qu'ils sont près de la retraite, on ferme les yeux sur des jeunes incompétents parce qu'on est en pénurie de personnel.
C'est aux directions d'école, avec l'appui du service du personnel de la commisssion scolaire, de veiller à la qualité des enseignants et de leur travail. Manifestement, ce travail n'est pas toujours effectué adéquatement.
Un autre prof: je me rappelle ce cas qui a failli finir à l'ONU... Certains n'y sont pas allés avec le dos de la petite cuillère alors que, dans les faits, on devinait bien qu'il s'agissait d'une tempête dans un verre d'eau. On assiste, je crois, à un cas similaire avec Félix, l'enfant dans la cage. En passant, les parents scolarisent depuis ce temps cet enfant et son frère jumeau à la maison.
Lady Marian: pour l'instant, je crois que les médias vont continuer à écrire sur les écoles et les enseignants. C'est vendeur...
Le problème des médias sensionnalistes s'appliquent partout, sur tous les sujets. C'est une plaie pour quiconque exerce un métier ayant un minimun de contact avec le public (enfant ou adultes). Des réputations, des carrières, des vies peuvent être détruites par les chasses aux sorcières que mènent les journalistes. J'espère que cette poursuite suivra son cours et que cette fois, se sera les journalistes de pacotile qui comprendront qu'il y a un minimum de rigueur à avoir quand on a droit à une tribune aussi grande.
Namida, le sensationnalisme fait vendre, c'est vrai. Il y a aussi de mauvais journalistes ou chroniqueurs comme il y en a des bons. Chez Quebecor, on retrouve George Facal, par exemple, qui est rigoureux et intéressant.
Tous les métiers publics son exposés à ce genre de risque. Le problème, c'est le manque d'éthique, les pressions des réadactions (la recherche du scoop à tout prix) et la volonté d'être connus à travers la nouvelle qu'on sort.
Il y a ausi, il ne faut pas l'oublier, ces gens qui arrangent la réalité et contactent les médias pour avoir leurs cinq minutes de gloire.
Demeurons critiques devant l'information qu'on reçoit et éduquons nos élèves à l'être.
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