Ce matin, on apprend dans La Presse qu'un parent de Longueuil poursuit la commission scolaire de son territoire parce qu'elle autorisé les écoles à facturer aux parent le coût des romans que son enfant devait obligatoirement lire en classe.
Selon ce dernier, cette CS a enfreint la Loi sur l'instruction publique qui indique que tous les manuels et le matériel didactique - entre autres, dictionnaire et grammaire - nécessaires aux apprentissages des jeunes doivent être fournis gratuitement. Les seuls items que les parents doivent payer doivent être les cahiers d'exercices et le matériel non réutilisable ainsi, bien sûr, que les fournitures scolaires.
La CS se justifie sa position en indiquant qu'il s'agissait de matériel s'apparentant à des cahiers d'exercices puisque les élèves y prenaient des notes.
Plusieurs observations, avec un petit avertissement cependant: le dossier est complexe et je peux en échapper des bouts.
Premièrement, l'application de cette directive concernant les frais exigés aux parents est très mal comprise dans certaines écoles. Je ne serais pas surprise que certaines d'entre elles continuent à exiger des parents des frais qui ne sont pas permis par la loi.
En plus du matériel didactique, une école ne peut obliger des parents à payer pour une sortie qui est un prolongement de cours. Si un prof veut visiter l'Insectarium, par exemple, pour le cours de biologie obligatoire, l'école doit obligatoirement payer cette visite à tous les élèves si celle-ci s'inscrit dans une séquence d'apprentissage. De même en éducation physique obligatoire si l'activité est évaluée par l'enseignant, par exemple.
Également, dans tous les cas de sorties non reliées à des apprentissages, l'école doit obligatoirement offrir une activité comparable aux élèves demeurant en classe. Dans les faits, souvent rien n'est prévu comme activité «compensatoire» et les élèves profitent d'une journée libre... Dans d'autres, on remplace la pièce de théâtre par la lecture de la pièce ou le visionnement d'un film. Mummm...
Le cas des cours à option est plus douteux. Ainsi, on prévoit les coûts prévus dans le cadre de celui-ci et on indique aux élèves de ne pas le choisir s'ils n'aiment pas la facture qui y est relié. C'est bizarre qu'on puisse exiger d'un parent qu'il paie pour que son fils aille voir une pièce de théâtre en option, mais pas dans son cours de français régulier. Dans la même logique, j'ai déjà vécu le cas ou on a tenté de m'expliquer qu'on pouvait exiger des frais d'un enfant inscrit à un cours optionnel, mais pas à un programme optionnel particulier comme le mien. Au PEI, oui, mais pas le mien.
Deuxièmement, cette application de la LIP a eu comme effet pervers que certaines écoles ont cessé d'organiser des activités de prolongement de cours parce qu'elles ne voulaient pas organiser des activités complémentaires ou payer la sortie à l'ensemble des élèves. L'exemple du théâtre est un cas éloquent. Si je lis la pièce avec eux et veux aller la voir, c'est un prolongement de cours, semble-t-il. Donc, l'école doit payer. Réaction d'une direction: «Ben, on ira pu au théâtre!»
Troisièmement, sous le couvert de l'anonymat, je vais vous révéler un secret: la stratégie mise de l'avant par la CS en question était une excellente façon de refiler la facture aux parents. Certaines écoles ne veulent pas payer pour l'achat de romans ou de dictionnaires. Elles ont d'autres priorités. De la sorte, elles n'avaient plus de problème à fournir aux enseignants le matériel dont ils avaient besoin pour enseigner. On manque de fric ou on veut le mettre ailleurs qu'en français!
Quatrièmement, j'ai déjà profité de cette façon de faire et je m'explique. Dans mes groupes, chaque élève avait un roman à lui durant l'étape de la lecture. Fini de gérer une série de 32 exemplaires pour 120 élèves! Je n'en finissais plus de jouer à la bibliothécaire. Qui a pris un exemplaire pour la fin de semaine? Qui ne me l'a pas ramené? Fini aussi de laisser des élèves lire des romans au choix (leur choix étant le même depuis des années)! Fini enfin de laissr les élèves lire en classe, une activité qui coupe le temps d'enseignement! La plupart de mes élèves, et que la ministre se le dise, n'aiment pas lire en classe. Si j'anime la lecture, oui, mais sinon, ils préfèrent un cours. Certains n'arrivent pas à se concentrer, d'autres détestent qu'on ne respecte pas leur rythme de lecture ou estiment qu'il s'agit d'une perte de temps quant à cette activité qu'ils peuvent faire facilement à la maison.
Cinquièmement, le MELS lui-même nous invite à amener les élèves à annoter et à marquer avec des repères les oeuvres qu'ils lisent. On leur enseigne tout cela pour ensuite leur remettre dans les mains un roman qu'ils ne doivent pas toucher. Et devinez ce qu'ils font: ils les annotent quand même et on doit les punir parce qu'ils le font!
Cinquièment, puisqu'on parle de frais exigés des parents, y a-t-il un journaliste quelque part qui va découvrir que tout le matériel scolaire (crayons et efface inclus) est gratuit en Ontario? Stupéfiant!
Selon ce dernier, cette CS a enfreint la Loi sur l'instruction publique qui indique que tous les manuels et le matériel didactique - entre autres, dictionnaire et grammaire - nécessaires aux apprentissages des jeunes doivent être fournis gratuitement. Les seuls items que les parents doivent payer doivent être les cahiers d'exercices et le matériel non réutilisable ainsi, bien sûr, que les fournitures scolaires.
La CS se justifie sa position en indiquant qu'il s'agissait de matériel s'apparentant à des cahiers d'exercices puisque les élèves y prenaient des notes.
Plusieurs observations, avec un petit avertissement cependant: le dossier est complexe et je peux en échapper des bouts.
Premièrement, l'application de cette directive concernant les frais exigés aux parents est très mal comprise dans certaines écoles. Je ne serais pas surprise que certaines d'entre elles continuent à exiger des parents des frais qui ne sont pas permis par la loi.
En plus du matériel didactique, une école ne peut obliger des parents à payer pour une sortie qui est un prolongement de cours. Si un prof veut visiter l'Insectarium, par exemple, pour le cours de biologie obligatoire, l'école doit obligatoirement payer cette visite à tous les élèves si celle-ci s'inscrit dans une séquence d'apprentissage. De même en éducation physique obligatoire si l'activité est évaluée par l'enseignant, par exemple.
Également, dans tous les cas de sorties non reliées à des apprentissages, l'école doit obligatoirement offrir une activité comparable aux élèves demeurant en classe. Dans les faits, souvent rien n'est prévu comme activité «compensatoire» et les élèves profitent d'une journée libre... Dans d'autres, on remplace la pièce de théâtre par la lecture de la pièce ou le visionnement d'un film. Mummm...
Le cas des cours à option est plus douteux. Ainsi, on prévoit les coûts prévus dans le cadre de celui-ci et on indique aux élèves de ne pas le choisir s'ils n'aiment pas la facture qui y est relié. C'est bizarre qu'on puisse exiger d'un parent qu'il paie pour que son fils aille voir une pièce de théâtre en option, mais pas dans son cours de français régulier. Dans la même logique, j'ai déjà vécu le cas ou on a tenté de m'expliquer qu'on pouvait exiger des frais d'un enfant inscrit à un cours optionnel, mais pas à un programme optionnel particulier comme le mien. Au PEI, oui, mais pas le mien.
Deuxièmement, cette application de la LIP a eu comme effet pervers que certaines écoles ont cessé d'organiser des activités de prolongement de cours parce qu'elles ne voulaient pas organiser des activités complémentaires ou payer la sortie à l'ensemble des élèves. L'exemple du théâtre est un cas éloquent. Si je lis la pièce avec eux et veux aller la voir, c'est un prolongement de cours, semble-t-il. Donc, l'école doit payer. Réaction d'une direction: «Ben, on ira pu au théâtre!»
Troisièmement, sous le couvert de l'anonymat, je vais vous révéler un secret: la stratégie mise de l'avant par la CS en question était une excellente façon de refiler la facture aux parents. Certaines écoles ne veulent pas payer pour l'achat de romans ou de dictionnaires. Elles ont d'autres priorités. De la sorte, elles n'avaient plus de problème à fournir aux enseignants le matériel dont ils avaient besoin pour enseigner. On manque de fric ou on veut le mettre ailleurs qu'en français!
Quatrièmement, j'ai déjà profité de cette façon de faire et je m'explique. Dans mes groupes, chaque élève avait un roman à lui durant l'étape de la lecture. Fini de gérer une série de 32 exemplaires pour 120 élèves! Je n'en finissais plus de jouer à la bibliothécaire. Qui a pris un exemplaire pour la fin de semaine? Qui ne me l'a pas ramené? Fini aussi de laisser des élèves lire des romans au choix (leur choix étant le même depuis des années)! Fini enfin de laissr les élèves lire en classe, une activité qui coupe le temps d'enseignement! La plupart de mes élèves, et que la ministre se le dise, n'aiment pas lire en classe. Si j'anime la lecture, oui, mais sinon, ils préfèrent un cours. Certains n'arrivent pas à se concentrer, d'autres détestent qu'on ne respecte pas leur rythme de lecture ou estiment qu'il s'agit d'une perte de temps quant à cette activité qu'ils peuvent faire facilement à la maison.
Cinquièmement, le MELS lui-même nous invite à amener les élèves à annoter et à marquer avec des repères les oeuvres qu'ils lisent. On leur enseigne tout cela pour ensuite leur remettre dans les mains un roman qu'ils ne doivent pas toucher. Et devinez ce qu'ils font: ils les annotent quand même et on doit les punir parce qu'ils le font!
Cinquièment, puisqu'on parle de frais exigés des parents, y a-t-il un journaliste quelque part qui va découvrir que tout le matériel scolaire (crayons et efface inclus) est gratuit en Ontario? Stupéfiant!
7 commentaires:
Hmmm intéressant.
Honnêtement je crois qu'intéressant les enfants à la lecture devrait d'abord être la responsabilité des parents. Et d'ailleurs ça devrait se faire avant l'école élémentaires, du moins dans le meilleur des mondes.
Je me souviens de la tempête dans un verre d'eau qu'a causée un parent qui vociférait publiquement qu'il devait PAYER un dictionnaire à son enfant.
UN DICTIONNAIRE! Je sais que tous ne peuvent pas se payer des dictionnaires à 100$ comme cela, à tout bout de champs. Mais un dictionnaire est quand même un outil que l'enfant utilisera toute sa vie (dans le meilleur des mondes). Un outil qu'il devrait normalement utiliser également EN DEHORS de l'école.
Honnêtement, si j'étais un parent, je voudrais choisir moi-même le meilleur outil pour mon enfant. Et quel plaisir j'aurais lorsque je le verrais l'utiliser!
J'ai foi en nos écoles publiques mais je crois qu'elles ont déjà assez de tâches dans l'éducation d'un enfant. Les parents aussi doivent s'impliquer, et ceux-ci ont déjà délégué assez de responsabilités aux professeurs, qui jouent de plus en plus un rôle prédominant dans l'éducation des jeunes.
Tout ce qui se rapporte à la pédagogie et à l'apprentissage ne doit pas automatiquement être la responsabilité des écoles ou du ministère.
Bref, ce que je déplore, c'est combien certains parents rejettent des choses du revers de la main sans se demander si c'est ce qui est le mieux pour leur enfant.
Enfin, j'espère que vous comprenez un peu l'essence de mon propos ;)
Il ne faut pas mêler l'achat de romans et sorties. Dans ma CS les romans ont toujours été acheté par l'école. Résultats? Mes trois enfants ont eu à relire de vieilles séries "passées date" (selon leur expression) et décrépies : elles tombent en lambeau. Les deux derniers enfants ont eu un peu plus de chance. Nous, parents, devions acheter deux romans sur les quatre à lire. Enfin la CS comprenait que les romans étaient des "cahiers d'exercices" dans lesquels les jeunes pouvaient écrire les informations importantes données par leur prof, que ce soir sur les figures de styles, la ponctuation, le sens d'une phrase, et j'en passe.
Pour les sorties c'est autre chose. Si l'activité est un prolongement de cours, donc "obligatoire" l'école doit payer la sortie. Si l'activité n'est pas un prolongement, les parents paient. Dans ce cas, si des élèves refusent de participer à l'activité (peu importe la raison), l'école doit OBLIGATOIREMENT leur offrir une activité compensatoire signifiante.
Malheureusement, les activités obligatoires se retrouvent souvent avec les options. Vous avez raison de vous insurger en disant que vous aussi, vous devriez pouvoir "imposer" une activité "obligatoire" en théâtre, médium relié à la langue.
Mais les romans, c'est une autre paire de manches ... Et, qu'on ne me dise pas que ce n'est qu'à partir du collégial qu'on commence à annoter vraiment un roman! Nous ne sommes plus à la préhistoire.
J'ai moi aussi tiré profit, tout comme toi, de cette mesure où nous avions fait acheter aux élèves non pas un, mais bien deux romans, non?
Je rage à chaque début d'année quand je vois les enseignants du P.E.I. énumérer la liste des oeuvres achetées par leurs élèves. Je ne comprends toujours pas pourquoi eux et pas nous, tout comme toi.
Peut-être que la ministre, avec sa nouvelle politique sur la lecture, éliminera cette contrainte. C'est beau, hein, le rêve éveillé? ;O)
Scoop: à mon école, une enseignante de cinquième secondaire a réussi à en faire acheter l'an dernier en se présentant au CE et en faisant comprendre à ses membres que c'était pour le mieux. C'est seulement que c'est terriblement dommage que l'on doive en venir là pour que nos élèves aient des conditions de lecture adéquates.
C'est malheureux que des parents s'insurgent contre l'achat de matériel didactique pour leur enfant. Je peux comprendre que certaines familles sont dans l'impossibilité de déroger de le budget mais de là à poursuivre l'école...
Ce qui vient me chercher dans cette histoire, c'est que certains parents sont aveugles quand à leur rôle dans l'éducation de leurs enfants.
Ce qui est dommage c'est que, même si le CE s'est déclaré d'accord, l'école ne peut légalement faire acheter de romans par les parents! Relire le commentaire de la personne du MELS. Oui nous avons pu faire acheter deux romans sur quatre en faisant comprendre le GBS à la direction de l'école. Mais, les directions passent et le reste aussi ...
Tant et aussi longtemps qu'on se dira que les romans à l'étude sont du MATÉRIEL DIDACTIQUE nous ne pourrons rien faire : ce matériel est considéré comme des manuels scolaires. Quand nous comprendrons et ferons comprendre que ces romans à l'étude sont faits pour être lus, annotés, compris, annotés encore ... quand nous ferons comprendre que ce sont l'équivalent de "cahiers d'exercices", nous les retrouverons dans les listes de fournitures scolaires à acheter par les parents. Un achat de deux fois 8.95$ n'est pas énorme dans une liste d'effets scolaires. On s'entend que, habituellement, les profs ont la sagesse de choisir des ouvrages en format poche.
Ainsi, nos écoles ne seront pas surchargées par des collections de livres (au moins 35 de chaque titre) qui deviennent désuètes. Et les budgets (!!!) pourront être engagés ailleurs.
Bien moi, je comprends que dans bien des familles, l'achat de crayons et de déjeuners pose déjà un amer problème.
Pourquoi ai-je l'impression d'un déjà vu, donc... Un autre truc qui fonctionne à deux vitesses... Nonnn. Je rêve, simplement.
Maudits muffins.
Zed ;-)
Quand on a les moyens de poursuivre, on doit sûrement avoir les moyens d'acheter un roman, et pourquoi pas quatre. Un monsieur principe étroit s'est trouvé une cause juste...
On n'est plus à l'époque des écoles de rangs et des familles 13 enfants pour maintenir une réglementation si limitante. Aujourd'hui, on est à l'ère des écrans géants personnalisés et des consoles de jeux... si je ne m'abuse...
Bon, il faut quand même limiter l'école parfois. Je suis encore estomaqué qu'on nous filait une facture de 1500 dollars par année à la CSDM pour la surveillance du dîner de nos 3 enfants aux primaires... pour payer nos beaux services de garde...
On vit dans un fameux bordel...
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