17 février 2008

Pauline Marois à TLMEP (ajout)

Entrevue toujours complaisante de Guy A. Lepage à Tout le monde en parle ce soir. Sur le plateau, Pauline Marois. (compte-rendu de La Presse ici)

Pour madame Marois, les fondements de la réforme sont solides et valables, mais elle croit que celle-ci a besoin qu'on y apporte certaines corrections. Elle estime que les ministres qui se sont succédé à l'éducation devraient se sentir plus responsables de celle-ci et impute aux Libéraux les difficultés que le Renouveau rencontre actuellement. Elle blâme notamment l'ex-ministre Reid d'avoir retardé d'un an son implantation sans avoir consulté ses hauts fonctionnaires.

Un des moments forts de cette émission fut l'échange entre Mme Marois et l'écrivain et peintre Sergio Kokis. Lorsque ce dernier lui indique que l'état du français est lamentable au Québec et ne s'améliore pas, Mme Marois lui a répliqué qu'on partait de loin et qu'on a fait des pas de géant, que les choses s'améliorent.

Quelques petites observations.

Si mesdames Marois et Courchesne s'entendent toutes les deux pour affirmer que la réforme a besoin de correction, il est évident que la première croit davantage aux bases de celle-ci que le seconde.

Par contre, s'il est normal que Mme Marois blâme ses adversaires pour ce qui va mal en éducation, elle aurait pu avoir l'honnêteté de reconnaître certains points:
  • Le Parti québécois a été responsable de nombreuses coupures en éducation qui ont mis à mal le réseau tout entier. De plus, c'est sous sa gouverne qu'on a supprimé de nombreux postes de conseillers pédagogiques et incité des enseignants à prendre leur retraite (d'ailleurs, on est en pénurie de personnel enseignant depuis ce temps).
  • Actuellement, le réseau de l'éducation, même avec un délai de deux ans dans l'application de la réforme, nage toujours en pleine improvisation quant à des programmes comme les maths, par exemple. Imaginez le désastre si Pierre Reid n'avait pas retardé les choses.

Enfin, je ne suis plus capable qu'à chaque fois qu'on parle de la situation actuelle du français au Québec, on réponde toujours que c'était pire dans le temps et qu'on a fait des bonds de géant.

Les comparaisons avec le passé sont faciles et trompeuses. De plus, si on veut comparer, on entre actuellement dans une ère ou les enfants n'écrivent pas mieux que leurs parents. Qu'on lâche la période d'avant le rapport Parent et qu'on constate que le MELs dépense 11 miliards par année pour diplômer des jeunes qui peinent à écrire dans un français convenable.

Mais - et c'est peut-être vache ce que je vais écrire - il ne faut pas trop en demander à des politiciens qui ont connu une autre époque et dont les références sont toujours un passé qui n'existe plus depuis longtemps.

Tiens, tiens.. Pierre Reid commence à en avoir soupé des attaques de madame Marois. Dans un texte publié dans La Tribune, on peut lire: «Pierre Reid lui reproche d’avoir été elle-même une mauvaise ministre de l’Éducation, alors qu’il était recteur de l’Université de Sherbrooke. Mme Marois avait sabré dans les budgets du ministère, notamment dans le soutien aux élèves en difficulté.»

Encore un jour ou deux et quelqu'un va resortir le fait qu'elle avait dépensé une véritable fortune pour réaménager ses bureaux ministériels et qu'elle aimait beaucoup les toilettes silencieuses. Dénoncer la culture du fric n'empêche pas d'aimer le luxe.

11 commentaires:

bibconfidences a dit…

Les références avec le passé m'énervent au plus haut point. Il y a ceux qui disent que c'était pire avant, et les autres, les " ma grand-mère qui n'avait qu'un cinquième secondaire écrivait sans faute". Ben oui, et il n'y a aucun analphabètes au Québec dans la section adulte et aîné, on sait ça!
Pourrait-on rester ensemble svp? comme dit ma directrice lors des réunions où les profs bavardent à voix basse.
C'est maintenant que ça se passe, avec les impératifs liés à notre époque.
Les enfants ne savent pas écrire parce qu'on le leur permet voilà tout.
Ils filent à petit trot pendant tout le primaire et hop! On arrive au secondaire!
Trop peu de limites et trop de matières jugées comme essentielles. J'en suis arrivée au point à penser qu'on nous laisse enseigner français et maths, ainsi que spécialités et on verra doucement les autres matières aux deux années du troisième cycle.
Et finalement, tous ces politiciens auraient intérêt à faire un stage en classe pendant quelques mois. Tiens, dites donc Madame Marois, on a justement besoin d'un nouveau prof d'anglais au premier cycle, ça vous tente?

Une femme libre a dit…

On part de loin, on part de loin, selon Madame Marois. En effet, on part de grands-parents qui écrivaient sans fautes avec une septiême année primaire pour arriver à des cégépiens et même des universitaires m'a-t-on dit qui ne savent pas construire des phrases correctes et compréhensibles et qui ne connaissent pas l'orthographe d'usage.

Renart Léveillé a dit…

Ce que j'ai compris de la position de Sergio Kokis, c'est qu'il en veut plus à notre français parlé qu'écrit. Ses exemples pour les médias concernaient des lecteurs(trices) de nouvelle à TVA.

Il se vantait de parler mieux que nous alors que le français n'est pas sa langue maternelle. Sauf qu'il ne semble pas comprendre que le problème ici vient exactement de là, la langue maternelle : nous avons appris à parler plus ou moins en joual et non en français de France, puisque nous sommes au Québec.

Le professeur masqué a dit…

Bibco: il n'y a pas non plus de jeunes analphabètes, vous le saviez? Dès la cinquième année du primaire, nos jeunes maîtrisent si bien le français qu'on peut leur apprendre l'anglais. Bien sûr, ça dépend des jeunes qu'on connaît.

Personnellement, si Mme Marois a fait des efforts récents pour apprendre l'anglais, il n'a pas fallu grand chose pour qu'elle tente de retourner au français dans la conversation qu'elle avait avec Guy A. Lepage. Elle lui a même demander de l'«épargner».

Personnellement, l'anglais de Mme Marois, je m'en contrebalance! Elle a le droit de ne parler que le français au Québec. Au lieu de couper court à tout ce débat, elle s'enfonce dans une saga ridicule et mine son projet d'immersion anglaise par sa propre incapacité à parler la langue de Shakespeare.

Une femme libre: parfois, je repense à cette phrase de ce chauffeur d'autobus à Montréalet je trouve qu,elle s'applique très bien ici: «Avancez en arrière!»

Renart: Kokis a appris le français en France, c'est vrai. Cela peut teinter sa vision des choses. Mais ce qu'il dénonce le plus souvent, c'est notre hypocrisie à l'égard de la langue française. Pour lui, nous sommes ses principaux fossoyeurs. Dans d'autres entrevues, il s'intéresse beaucoup au français écrit des Québécois.

Renart Léveillé a dit…

Je viens tout juste de clarifier ma pensée sur la question de Sergio Kokis, si ça intéresse quelqu'un, c'est ici.

Anonyme a dit…

Je suis aussi allergique à l'expression « Dans mon temps ».

Tant qu'on n'a pas les pieds devant, c'est NOTRE temps. Notre responsabilité de rester ICI et MAINTENANT. (Notre droit aussi, mais c'est un autre débat.)

Les politiciens/nes sont sensés/es nous représenter. Nous sommes en droit d'exiger qu'ils et elles le fassent, dans cet ici et maintenant.

Oui, tout comme le PQ a une mémoire si sélective relativement au système de santé, aux coupures et impositions qu'il a fait subir à ses employés/es, à la précarité grandissante de leurs... contrats..., juste, dans certains cas, avant d'augmenter le salaire des... députés.

Ça donne un sens à ce qui est écrit derrière nos plaques d'immaticulation, quand il y a de la boue dessus. C'est quoi, déjà?

Professeur masqué, combien es-tu dans ton équipe? J'ai quitté mon ordi vers 1 h 30 et je suis revenue aujourd'hui (congé payé : matière toxique au travail... Mon premier congé payé en dix ans!)vers 13 h 30. Deux billets, plein de commentaires.

Me sens-je nulle.... (sens-je, oui, tu as bien lu).

Zed ;-)

Mía a dit…

Tiens donc... un prof!
Eh bien moi je suis étudiante et en tant qu'adolescente, je suis accusée abondamment d’être responsable de la dégradation de la langue québécoise. J'aimerais donc ajouter une chose pour ma défense personnelle: « C'est salement mal vu d’ben parler ostie! »
En effet, à l’école, j’utilise parfois sciemment un langage grossier, je dirais même ordurier, et ce, souvent à proximité d’une oreille professorale. Et ceci me vaut à l’occasion de sévères remontrances… Mais que voulez-vous? Je ne désire pas vraiment me faire traiter de « snob » simplement à cause de ma façon de m’exprimer, et ce, même si je dois parfois lâcher un anglicisme retentissant qui fait siffler mes oreilles patriotes.
Cependant, cela ne m’empêche pas de lire Baudelaire, à la nuit tombée, ou de me régaler des écrits de Marie Laberge, Gaston Miron et même Pierre Bourgault à l’occasion!
J’aime le Joual et la langue française et il m’arrive parfois de mélanger les deux extrêmes dans une même phrase. Mais ne dite pas que je ne fais pas d’effort! Et tant que je puis adapter mon vocabulaire à l’auditoire auquel je m’adresse… Où est le problème?
Mía

Le professeur masqué a dit…

Mia, tu verras: il y a plein de profs sur la blogosphère. C'est là qu'on se retrouve pour pleurer ensemble et se plaindre...

Si tu lis un peu mon blogue, tu verras que je blâme rarement les jeunes quant à la qualité de leur langue écrite et parlée. Ils ont de qui tenir.... Je constate une chose dont ils ne sont pas les premiers responsables, quant à moi.

Je ne veux pas dire que ta situation est particulière, mais j'ai peu d'élèves bilingues qui maîtrisent et le joual et le français. La plupart du temps, le manque de connaissances qu'on tolère chez eux finit par les limiter dans leurs pensées et dans leur avenir. Le problème n'est pas de parler joual, mais bien de ne parler que le joual.

J'ai passé mon secondaire à être «fif» parce que je réussissais en français. Je croyais que bien parler était moins stigmatisé aujourd'hui. Derrière cette attitude, on retrouve la haine d'une certaine culture, d'un certain intellectualisme. Et dire qu'on rabat les oreilles de tout le monde dans une école à l'effet qu'il faut accepter la différence!

Le professeur masqué a dit…

Mia: Bourgault, je l'ai eu comme prof. Tu fouilleras dans mes billets.

Mía a dit…

Si vous saviez à quel point je vous l'envie!
De toutes les personalités québécoises, M. Bourgault EST celle qui me fascine le plus! J'ai lu... euh non... DÉV0RÉ (ce serait un mot plus juste) ses écrit polémiques avec grand appétit.
Au plaisir de revenir hanter votre blog de prof,
Mía

bobbiwatson a dit…

Moi aussi les références avec le passé m'énervent! Mais j'ai aussi tendance à y référer étant donné que le passé (rapport Parent) me concerne! Mais vous avec raison de rejeter ce retour en arrière continuel. Si mes parents, mes grands-parents et ceux des autres écrivaient si bien leur français c'était sans doute dû .... à la rigueur et à la discipline qui existaient dans les écoles "à cette époque".
Je pense sincèrement que le gros problème actuel n'est pas nécessairement dû à une réforme plus ou moins (plus que moins) bâclée. Je suis à même de constater que la discipline et la rigueur ont "pris l'bord" dans nos écoles actuelles. Voilà les deux valeurs auxquelles nous et le MELS devrions revenir. Le reste rentrera dans l'ordre ... je pense.

Quant à madame Marois et à son bilinguisme ... qu'elle s'organise pour avoir de VRAIS profs d'anglais au secondaire et ensuite elle pourra prétendre suggérer que les élèves du secondaire finissent leur scolarité en étant bilingues. Qu'elle fasse le tour des écoles: elle devrait voir ... j'ai bien dit "devrait"...

Prof, vous n'aimez pas Pauline Marois comme beaucoup d'entre nous car elle est le symbole de la descente aux enfers de notre système d'éducation québécois. Mais, ne vous laissez pas miner par elle. Sinon, elle aura encore gagné! Je vous sais sage mais sensible : une armure anti-Marois je vous offrirai.