Deux textes intéressants dans le Journal de Mouréal aujourd'hui portant sur les conséquences de l'utilisation de la force physique de la part d'un enseignant (ici et ici). Si la une du journal est un peu sensationnaliste, il n'en demeure pas moins qu'il est vrai que les profs ont de plus en plus peur de s'interposer ou d'intervenir lors de certains événements de crainte d'éventuelles poursuites judiciaires.
Loin de moi l'idée de me prononcer à savoir si nos écoles sont plus violentes ou les jeunes plus impolis (pour ma part, je crois que oui), mais trois faits sont peu soulevés dans toute cette question.
Le premier est que les enseignants sont de plus en plus amenés à intervenir à l'école parce qu'on leur confie des tâches relevant davantage des surveillants. J'ai de la difficulté à comprendre qu'on paie quelqu'un mon salaire alors qu'un surveillant est moins coûteux et que je pourrais aider davantage mes élèves en leur offrant de la récupération. Mais la tendance patronale est de remplir nos tâches avec n'importe quoi pour s'assurer qu'on fait le nombre de minutes prévu dans la convention collective. On place donc dans des situations potentiellement dangereuses des gens qui n'ont peut-être pas envie d'y être et qui, on le verra, n'ont pas la formation pour exercer ce rôle de façon adéquate.
Le second est justement que les profs ont reçu peu ou pas de formation sur comment intervenir en situation de crise. Rien à l'université et souvent rien de la part de leur employeur. Je me rappelle bien une formation à mon école. J'en ai retenu de ne pas tenir un élève par le bras, car les risques que je le lui casse malgré moi sont assez élevés. Pourtant, on n'hésite pas à congédier des enseignants pour un tel motif alors que des policiers, officiellement mieux formés, encourent à peine une suspension pour des actions drôlement plus violentes et impardonnables. Cherchez l'erreur.
Enfin, la troisième et la plus délicate est que l'intégration d'élèves ayant des troubles de comportements confronte parfois les enseignants avec des situations auxquelles ils ne sont pas préparés. Je me souviens encore de ma première rencontre avec un élève atteint du syndrome de la Tourette: «Va chier! Mange d'la marde...» Mon sang n'a fait qu'un tour mais, je ne sais pas pourquoi, je suis demeuré plutôt calme.
Quoi qu'il en soit, il est vrai que les profs hésitent de plus en plus à intervenir à la fois de crainte de conséquences judiciaires, mais aussi de la réaction des parents, de représailles de la part des élèves ou du manque de soutien de leur direction. Tout comme dans cette chanson de Félix Leclerc, ils ont appris «à faire un grand détour ou à fermer les yeux.» Les conséquences de cette non-intervention est que le climat dans les écoles ne peut que s'envenimer.
10 commentaires:
Je n'arrive pas à ouvrir vos liens, Prof M. Faudrait m'aiguiller. ;-)
But.
J'entendais Arcand - mon chouchou que j'adore et déteste simultanément - ce matin à 98,5, faire une entrevue avec une représentante syndicale. Entre autre, cette dernière mentionnait qu'il était de plus en plus fréquent que des enseignants soient accusés de "Voie(s) de fait" sur des jeunes ... et qu'ils (les enseignants mis en accusation) soient incapables de situer ET l'élève accusateur ET le moment supposé du "litige" ET la nature du voie de fait.
On se comprend qu'il y a un écureuil dans l'ventilo. On demande aux enseignants de faire preuve d'autorité. Mais en même temps, on (la direction? Les parents d'élèves?, ...) s'assure(nt) de l'écouillonner s'il s'organise pour maintenir l'ordre dans sa classe.
Une prof de 5'2" qui se fait accuser d'avoir molesté - devant une classe complète - un grand de 6': c'est aberrant.
Je ne voudrais pas être un homme enseignant par les temps qui courent. :-\
J'ai entendu l'autre jour, dans une intervention radiophonique, que les parents "remettent l'autorité parentale aux professeurs quand l'enfant est à l'école". Or, comme les parents d'aujourd'hui sont du genre à parler beaucoup plus qu'à intervenir ... voilà donc l'autorité qui vous est déléguée.
Dans le JdM de ce matin on dit que les profs reçoivent une formation suffisante pour faire face à ce genre de cas. Quelle est donc cette formation?
Peste,
Ce ne sont pas des liens, ce sont des adresses.
J'ai déjà eu, lorsque je travaillais en adaptation scolaire au secondaire, une formation en intervention sécuritaire.
Intervenir ou faire l'autruche, ça dépend aussi de la personnalité de l'enseignant, moi, même en stage, je n'hésitais pas à (essayer de) séparer des grands lors d'une bataille. Après quelques coups reçus et plusieurs bleus, j'ai appris à mieux intervenir.
J'ai appris sur le tas, c'est le cas de le dire.
J'ai souvent l'impression que la structure familiale moins rigide génère aussi beaucoup d'angoisse chez nos élèves, ce qui amène plusieurs comportements.
"«à faire un grand détour ou à fermer les yeux.»" L'analogie est tellement juste. C'est devenu une réelle aventure administrative que de gérer une expulsion de classe, par exemple. Il y a la hiérarchie à respecter: on appelle le parent, ensuite y'a l'enseignant-ressource et, en toute dernière ligne, la direction adjointe. Bien sûr, tout ce processus se doit d'être accompagné d'une multitude de paperasse à remplir et à ajouter au dossier. «Faut se protéger», maintenant. Normal que plusieurs enseignants décident de ne plus voir. Voir demande du temps et de l'énergie que plusieurs n'ont plus ou carrément pas.
Les directions craignent les parents comme la peste. Alors, les profs laissent faire.
@Bobbi,
Euh...j'ai rien dit, moi.
Quels liens? Quelles adresses?
@Prof Masqué,
Non. Les directions ne me craignent malheureusement pas. ;-))
Pourtant.
Si j'étais Ministre de l'Éducââââtion ...
Peste, les liens que vous n'arriviez pas à ouvrir et pour lesquels vous demandiez à PM de vous aiguiller (voir votre premier message). Désolée si je vous ai mal comprise :( À trop vouloir bien faire on se goure.
@Bobbi
Akaaaaayy.
C'est moi qui suis dans la lune ces temps-ci. Je ne me souvenais même pas avoir échoué à ouvrir les liens du Prof Masqué.
Mea Culpa. Je ne m'étais même pas relu.
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