On me l'avait appris il y a plus d'une semaine, sauf que je ne pouvais pas en parler. Mais comme Sylvain a finalement traité de ce sujet, je me sens tout à fait libre de l'aborder aussi: le ministère de l'Éducation, de la Garderie, de l'Alimentation et des Loisirs (le MÉGAL) a annoncé la possibilité, pour les écoles qui le désirent, de reporter l'application de ce qu'on appelle le projet intégrateur.
Les raisons invoquées par la ministre Courchesne pour justifier ce possible report sont les suivantes:
«plusieurs enseignantes et enseignants tireraient avantage d'avoir une année supplémentaire pour s'approprier le contenu du programme, compte tenu de son caractère novateur»;
«Dans certaines écoles , des travaux plus importants seraient requis pour mieux faire face aux changements dans l'organisation de l'enseignement qu'entraîne la mise en oeuvre de cette matière.»
Mes sentiments devant cette annonce sont très partagés.
D'un côté, je me dis que le MELS a l'intelligence de ne pas imposer un cours dont l'implantation n'est pas au point. Il y a si longtemps qu'on n'a pas vu une telle sagesse ministérielle!
Parce que j'ai discuté avec deux collègues approchés pour enseigner ce programme et ils m'ont confié qu'on ne leur avait presque rien expliqué de celui-ci. Dans un cas, le collègue s'est renseigné auprès d'écoles pilotes et a constaté à quel point le cours variaient d'un endroit à l'autre, se résumant, dans un cas cas, à une création ou à la rédaction d'un texte de cinq pages. Deux périodes à l'horaire pour un travail de cinq pages.
D'un autre côté, je suis ulcéré de voir que le MELS, c'est tout et n'importe quoi.
Tout d'abord, on retarde d'une année l'entrée en vigueur de ce cours alors que nos pédagogues et décideurs ministériels ont pourtant déjà bénéficié d'une année de plus pour implanter ce programme avec le report de la réforme au secondaire par le ministre Reid. Il est incroyable de constater que cette organisation est incapable de respecter les échéanciers qu'elle s'est elle-même fixés alors qu'on a obligé pendant des années des profs mal préparés à aller de l'avant avec une réforme bâclée et improvisée.
Et puis, comme si la main droite ignorait ce que fait la main gauche, on annonce le possible report de ce programme alors que bien des écoles ont adopté leur projet de grille-matières pour la prochaine année. Il va falloir défaire pour refaire... Des profs à qui on a indiqué qu'ils enseigneraient probablement ce cours sont dans le flou, dans l'attente d'une décision de la commission scolaire qui indiquerait à leur école de quel côté pencher...
Quand on en est presque rendu à souhaiter de la constance dans une certaine incompétence ministérielle, c'est un signe de toute l'absurdité de ce qu'on a vécu au cours des dernières années. On se remet à penser au passé et on l'impression très certaine d'avoir été allègrement bullshité en devant aller de l'avant avec des programmes connus à la dernière minute, des manuels même pas disponibles et des formations au compte-goutte.
Et alors, dans un élan de jalousie, on a envie de se plaindre et de s'écrier: pourquoi eux et pas moi? Je connais un grand nombre d'enseignants qui auraient voulu une année supplémentaire pour s'approprier le contenu du programme qu'ils devaient alors enseigner compte tenu du caractère novateur de celui-ci. Mais sans doute n'était-il pas assez novateur....
Ensuite, quand on invoque l'importance des travaux à effectuer pour l'enseignement de ce programme, on repense aux cours de sciences qui avaient besoin de nouveaux laboratoire qu'on a aménagé l'été (enfin, chez nous) sans qu'on reporte l'entrée en vigueur de ce programme. On a alors l'impression que la justification actuelle est un peu n'importe quoi.
Puis, comme prof de français, on constate une fois de plus à quel point on enseigne une matière pauvre. À quand de véritables laboratoires de français, avec des dictionnaires, des outils informatiques et des livres?
Money talks. As usual.
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Un courriel me demande de préciser ce qu'est le projet intégrateur. Le peu que j'en ai compris est qu'il s'agirait d'un projet que se donne l'élève et qui lui permettrait d'intégrer les différentes compétences qu'il aurait développées durant son parcours scolaire. À tort ou à raison, on fait beaucoup l'analogie avec le projet personnel propre au PÉI.
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Le Soleil traite de ce sujet aujpurd'hui (samedi)
3 commentaires:
Ça fait des années qu'il y a un cours "projet d'intégration" au collégial... Et à l'international aussi... Alors pourquoi est-ce que ça semble si compliqué!
Bulle: un collègue voulait s'inspirer de ce qui se fait à l'international. Tu aurais dû voir son visage quand on lui a parlé des cinq pages...
J'en ai bcp entendu parler à l'école où je fais mon stage. Les prof impliqués à tout préparer/organier/mettre sur pieds l'arrivée de ce fameux projet étaient vraiment fachés. Ils ont travaillé sur ce projet dont l'imaplantation a non seulement été repportée d'un an mais dont ils ne savent pas encore comment il reviendra puisqu'il est sujet à de nouveaux ajustements (alors qu'il leur avait même déjà été présenté). J'ai aussi entendu des propos de ces mêmes enseignants disant à quel point ces projets seraient compliqués à corriger. Êtes-vous au courant de quelque chose sûr cet aspect? Qu'en pensez-vous?
p.s.: je ne sais pas si vous avez reçul'invitation pour accéder à mon blog. Il me ferait plaisir de vous avoir pour lecteur, si cela vous intéresse.
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