04 mars 2010

Le bulletin nouveau genre, style, manière, comme que... (ajout)

Bon, les bulletins seront simplifiés l'année prochaine (ici, ici et ici). Il faut dire qu'il y a eu des dérapages depuis les débuts de la réforme: les petites maisons de couleur, les bonshommes sourire, les énoncés du genre «L'élève situe sa conscience citoyenne dans un contexte planétaire»...

Abolition des compétences transversales? Des compétences impossibles à évaluer au secondaire. À moins de permettre qu'on écrive n'importe quoi. Donc, ce n'est pas une perte.

Imposition d'un relevé national? Une bonne chose. C'était un vrai casse-tête pour les cégeps et les autres institutions d'enseignement.

Simplification des libellés d'évaluation? Honnêtement, on perd en informations pour le parent qui comprenait ce qu'ils signifiaient. Mais pour les autres, «utiliser un raisonnement mathématique» ou «communiquer à l'aide du vocabulaire et des symboles mathématiques», c'était du chinois.

Abolition des cycles? Le bulletin nouveau prévoit un bilan à la fin de chaque année.

Question 1: pourra-t-on recaler un élève en première secondaire?
Question 2: devra-t-on revoir le programme de formation avec tous ces changements?

Réponse à la question 1: le redoublement en première secondaire serait permis l'année prochaine (ici, au quatrième paragraphe). Je reviendrai sur le sujet.

8 commentaires:

Sandy P. a dit…

Je ne fais pas confiance aux institutions pour autre chose que présenter tacitement les tensions de la société - cette situation complexe permettra à l'institution de bien mener son rôle! Il y aura des discussions, des révoltes, des protestations; voilà qui est plus prometteur que l'étude livresque d'une nouvelle de Maupassant!

Ce sont les gens qu'il nous faut potasser, avant tout les gens de bonne humeur et d'humour. C'est comme cela qu'on prend goût à la vie et qu'on fait les choix nous permettant d'être en harmonie avec son voisinage et sa société, sans anxiété indue.

Toujours un peu dans et hors du sujet,
S.P.

bobbiwatson a dit…

Il me semblait que le redoublement était effectif après la première secondaire depuis l'an passé i.e. l'année où tu es entré en première secondaire. Ramène-moi à l'ordre si je m'égare stp (avec explications, stp aussi).

Le professeur masqué a dit…

Pantoute! Ce serait effectif l'an prochain. À suivre.

Jonathan Livingston a dit…

Je salue cette simplification.

Cependant, quelques détails me chicotent. En français, il n'y a toujours aucune reconnaissance de la grammaire comme connaissances évaluables. Mais bon, depuis 1969, il semble que ce soit une discipline accessoire qui ne mérite pas un enseignement stratégique et évaluable, je peux toujours rêver.

L'autre détail est qu'on garde jointe en un seul pôle d'évaluation: lecture et donner son opinions sur des textes.

D'abord, je maintiens que l'objectif sous-jacent en lecture est prioritairement développer un compréhension juste des lectures. C'est d'ailleurs un prédicteur majeur de la réussite scolaire d'après les recherches. Faire lire, faire objectiver cette lecture, la confronter au point de vue du lecteur accompli qu'est l'enseignant est d'abord et avant tout un objectif qui demande beaucoup à être travaillé. La gamme de stratégies de lectures comme le survol par exemple est pour moi une perte de temps. Les lecteurs plus accomplis y recourt tout naturellement, pourquoi insister sur de tel enseignement? On perd l'important.

Donnez son opinion sur des textes, donc en apprécier le style, la structure, le point de vue, la cohérence, la valeur des prises de position ou la beauté, etc. me semble des objectifs assez complexes à atteindre par des enfants. Pourquoi l'inscrire en gros comme un volet de compréhension majeur? Pourquoi ne pas laisser cet objectif à développer certes dans le curriculum à la discrétion des profs, des équipes écoles, ou en proposer une progression tenant compte de l'âge et des capacités raisonnables des enfants.

Avant d'émettre une opinion, d'apprécier, il faut développer une certaine expérience et une certaine représentation du monde?

Il faut aussi, il me semble, être capable d'une distanciation, développer l'observation, l'analyse, un point de vue, des vues d'ensembles et même dans certains cas de l'empathie ou capacité de se représenter l'autre et le monde.

Franchement, les points de vue développés sont généralement très faibles chez un très grand nombre de jeunes et c'est à mon sens normal, mais on balaie la difficulté en donnant des points gratuits comme je l'ai trop souvent vu. Des 10/10, à une opinion coq à l'âne dans une compréhension de texte qui fait passer l'élève, j'en ai vu dans les copies sur des étagères de profs que j'ai remplacés.

Pourtant, la compréhension de la lecture est selon les experts un «préditeurs» documentés de la réussite scolaire, je le répète. Pourquoi noyer la réalité dans une alchimie des objectifs des plus douteuse?

Donner son opinion sur des textes, peut s'apprécier en écriture et en production orale, je n'ai toujours pas compris ce changement d'angle de travail que le programme de 2005 a introduit.

Prof Malgré Tout a dit…

Je crois que les profs du secondaire auront plus de poids politique que ceux du primaire.

Ne le prenez pas personnel, mais les profs du secondaire ont fait la sourde oreille dans les assemblées syndicales lorsque les enseignants du primaire tentaient de les prévenir de ce qui s'en venait.

Il y a huit ans, on nous annonçait ce que vous remettez en question aujourd'hui. Peut-être que par chez vous, c'était différent, mais ici, ça leur semblait trop ridicule pour être vrai.

Maintenant, vous allez menez la même bataille que nous avons perdue. Mais, je crois sincèrement que vous êtes pas mal plus batailleurs et mieux équipés que nous.

Pourquoi? Plus d'hommes? Moins de temps en présence d'élèves? J'sais pas. Vous avez aussi un énorme avantage : vous n'enseignez en général qu'une matière, ce qui cause un sérieux problème pour vous imposer les tâches globales de fin de cycle.

Malheureusement, les profs du primaire ont plié l'échine devant le renouveau pédagogique et ils ont encore en mémoire l'indifférence des profs du secondaire alors qu'ils criaient à l'aide. J'imagine mes consoeurs : "qu"y viennent pas brailler à c't'heure!"

Personnellement, je ne suis que prof de musique, alors, ce n'est pas le big deal pour moi... quoique je trouve mon programme ridicule. Par contre, je crains pour la société dans laquelle je vis, mais pas pour mes enfants. Ils ont un bon père!

Cheers!

Le professeur masqué a dit…

PMT: comme le regard sur les choses varie selon ou l'on est placé! Je ne peux que te parler de mon expérience et de celle que des gens ont partagée avec moi.

Au secondaire, une très grande majorité de mes collègues voyaient le Renouveau comme un piège à cons. La plupart des critiques qu'ils ont formulées se sont avéré pertinentes. Entre autres, à ce qui a trait à l'évaluation des compétences transversales.

Au départ, ils ont eu plusieurs impressions quand on a implanté la réforme.

La première était que les profs du primaire étaient très enthousiastes quant à la Réforme. Chez nous, ce sont les profs du primaire qui allaient au micro pour parler en bien de la réforme!

La deuxième était que la réforme était bien éloignée d'eux. Ils ne se sentaient pas concernés ou ils se fermaient les yeux, par aveuglement volontaire. Dans d'autres cas, comme ils prendraient leur retraite bien avant...

La troisième est que mes collègues étaient convaincus que la réforme aurait le temps de mourir avant de se rendre à eux.

Les profs du primaire sont-ils mieux organisés et ont-ils plus de poids politique? Je ne sais pas. Dans le dossier de l'équité, par exemple, on s'est fait fourré pas à peu près et ce sont les profs du primaire, aux yeux de mes collègues, qui ont ramassé le pactole. D'ailleurs, pour bien des profs du secondaire, le gazon est plus vert au primaire. Un exemple: prendre une tâche à 80% ne veut rien dire au secondaire tandis qu'au primaire... Pour ma part, je crois que l'enfer se trouve partout si on le cherche. Le sentiment «Qu'ils se débrouillent!» est assez répandu, je crois.

Je vous dirai que, côté horaire, on s'assure de nous occuper bien comme il faut. Peu de profs au secondaire ont du temps libtre à consacrer à contester quoi que ce soit. Les combats que j'ai menés ont été préparés et livrés le soir (lire la nuit) et les fins de semaine.

Jonathan: très bon point quant à la reconnaissance de la grammaire. Laisse-moi penser un peu et je te reviens sur ton message. Je suis obligé de te dire que j'ai peur que tu aies allumer une flamme dns mon esprit qui va mener à un nouveau combat de ma part. Moi qui viens de suggérer à une collègue de renoncer au sien...

Prof Malgré Tout a dit…

Ce que je crois, c’est que c’est au secondaire que les profs ont le plus de poids politique.

Je suis d’accord avec votre troisième impression : «mes collègues étaient convaincus que la réforme aurait le temps de mourir avant de se rendre à eux.» J’ai senti ça aussi de mon côté. Par contre, les profs du primaire n’étaient pas très enthousiastes face au renouveau. Certains l’étaient, mais ils s’apprêtaient pour la plupart à quitter le terrain pour devenir directeur ou conseiller pédagogique.

Nos différences de perceptions parlent d'elles-mêmes : ce ne sont pas les profs qui rendent compte à la société de ce qui se passe dans les écoles.

Anonyme a dit…

" ...ce ne sont pas les profs qui rendent compte à la société de ce qui se passe dans les écoles."

Ce sont pourtant eux qui devraient le faire: ils sont directement sur la première ligne de front.