Voilà la phrase qu'a prononcée la directrice pédagogique du collège privé Dina-Bélanger, JoAnne Caron, pour justifier le fait que cette entreprise envoie des lettres personnalisées à des élèves de sixième année d'écoles primaires de la région de Saint-Michel-de-Bellechasse. Je sais: le mot entreprise en fera tiquer certains, mais c'est comme ça. J'assume.
C'est une mère offusquée par ce procédé qui a porté plainte à l'Office de la protection du consommateur du Québec (OPCQ) en invoquant qu'il s'agissait de publicité destinée aux enfant, ce qui serait évidemment illégal: «C'est de la publicité directe envoyée à un enfant, c'est déplorable.»
À l'OPCQ, un avocat a analysé le contenu de la lettre et a jugé la situation comme étant «très préoccupante».
Du côté du collège, Mme Caron, qui semble de bonne foi, assure qu'elle arrêtera cette pratique si elle est jugée illégale: «Ce n'est pas de la publicité, c'est une invitation à une journée portes ouvertes. Nous ne sommes pas un commerce.» Pas de la publicité? Pas un commerce? Une sacrée business quand même. Comme bien d'autres écoles privées et publiques.
Cela étant écrit, on ne rue pas dans les brancards: c'est le principe en cause qui m'intéresse ici. Le Collège Dina-Bélanger compte 290 élèves: «On est un petit collège, on n'a pas les moyens de se payer des pleines pages de publicité dans les journaux.» Aussi, chaque année, le collège demande-t-il à ses élèves de lui indiquer le nom et l'adresse d'enfants de sixième année qui pourraient être intéressés à s'inscrire chez lui. Environ une centaine de lettres ont ainsi été envoyées cette année.
Ce qui m'interpelle plus globalement en lisant cette nouvelle, ce sont les pratiques de recrutement des écoles secondaires publiques et privées. Dans ma région, les écoles secondaires publiques vont parfois - durant le temps de classe - faire la promotion de leurs divers programmes dans les écoles primaires publiques des quartiers qu'elles déservent. Est-ce éthique? Ouvriraient-elles aussi grandes leurs portes aux écoles privées de la région? J'en doute. Et si je pose cette question dans mon école, je vais probablement me faire lyncher... Voilà pourquoi un anonymat relatif a du bon.
De même, une école primaire privée de ma région s'assurait de ne jamais parler des programmes publics offerts à ses élèves quand ils iraient au secondaire et avait même une entente qui garantissait un rabais à ses élèves s'ils s'inscrivaient à un collège privé que je ne peux nommer. Est-ce éthique? Est-on dans de la grosse business, d'après vous? Dans de ce qu'on appelle la convergence?
Pas un commerce, madame Caron? Ben voyons! Ne soyez pas trop naïve ou angélique. Même PK Péladeau se sentirait à l'aise dans une telle dynamique.
4 commentaires:
Cher PM, c'est bien pour cela que j'ai tant de plaisir à vous lire : vous croyez encore à l'institution où l'on forme des citoyens, où l'on enseigne une culture commune qui est le terreau dans lequel on les arrose, les fait pousser jusqu'à ce qu'ils s'éveillent au monde dans lequel nous vivons. Chez nous, il y a plusieurs années déjà qu'on ne parle plus d'élèves mais de la clientèle. Et cela se sent bien chez ladite clientèle, qui sait très bien qu'elle vient chercher un service, et non un savoir. On a presque réussi à abolir l'échec : service garanti ou argent remis.
Profquifesse: tu serais surpris qu'il m'arrive de parler de clientèle, de services, de plan d'optimisation, etc. Mais je parle aussi de service après-vente, de véritables résultats et de réussite fondée sur autre chose que du vent.
L'air du temps est à la business, pas de problème avec ça. Mais de la business humaniste. Comme le petit épicier du coin qui livre à la maison et se soucie de sa communauté et de ses voisins.
Ceci me pose une autre question; De mon temps au primaire, on allait faire une visite (organisée par les écoles primaires et secondaires) dans les écoles secondaires publiques du quartier, pour nous y présenter les avantages et "Oh combien on y serait bien". Je parle de cela en 1992, mais je sais que ca se fait encore....
À ce niveau, selon vous, serait-ce plus éthique ou légal vu que ce sont des établissements publiques?
Merci et bonne continuité, tjrs intéessant de vous lire! :-)
_Munda_
Pas convaincu. Dans la mesure où il y a un réseau public et un autre privé, ça ressemblerait à un avantage que certains qualifieraient d'indu. Disons que ce sujet est bien délicat.
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