Je suis capable d'être gentil. On l'a vu dans le billet précédent. Mais je suis aussi capable de mordre et c'est l'envie qui m'anime quand je lis ce genre de texte.
Pour la journaliste Ariane Lacoursière, la réforme est loin d'être la catastrophe appréhendée. Les élèves issus de Renouveau «ont très bien réussi, reconnaissent les syndicats de l'enseignement.» Pourtant, je cherche dans les citations qu'elle utilise dans son texte et je n'en vois aucune qui appuie le «très bien».
«Force est de constater qu'il n'y a pas eu de grand drame avec les élèves de la réforme», reconnaît le président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Jean Trudelle.
«On avait des préoccupations au début de l'année. Mais on n'a reçu aucune plainte de la part de nos membres», confirme le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Mario Beauchemin
On semble davantage verser dans l'opinion que de vouloir décrire correctement des faits.
Dans le même texte, la journaliste de La Presse nous informe du vécu de quatre jeunes cégépiens issus de la réforme en indiquant « les quatre élèves ne sont pas vraiment surpris de savoir que leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs.»
Question 1: leur cohorte a aussi bien réussi que leurs prédécesseurs? Ah oui? Sur quelles bases fait-elle cette affirmation? Les résultats de la session d'automne ne sont même pas connus!
Question 2: en quoi suivre un échantillon de quatre élèves inscrits en sciences de la nature, en arts et technologies des médias et en thanatologie (deux fois, d'ailleurs) est représentatif des cégépiens? Comme portrait, on pouvait difficilement faire pire. Personnellement, pourquoi ne pas aussi affirmer 50% des futurs croque-morts considèrent que la réforme ne leur a pas nui, tiens.
Je vous rappelle qu'il s'agit de la même journaliste qui a écrit «La réforme contestée, mais efficace» en y allant de cette perle: «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois.»
Si, dans un billet précédent, je m'étais gardé une petite gêne, là, il m'est difficile de ne pas écrire qu'il s'agit ici de mauvais journalisme. Et qu'on me comprenne bien: je ne suis pas un partisan de ce qui fut la réforme mais, ici, mon propos est de montrer à quel point on peut écrire n'importe quoi pour la défendre. Il y a sûrement des exemples inverses. Mais je laisse la tâche à d'autres de s'en occuper.
7 commentaires:
Deux poids deux mesures?
Comme d'habitude ton commentaire est très pertinent.
C'est de la désinformation sur la déséducation.
Anonyme: deux poids, deux mesures ou désinformation? Non, mauvais journalisme ou mauvaise job du chef de pupitre qui accepte un texte du genre.
Votre "envie de mordre" m'a fait sourire!
Je me sentais comme cela quand Michèle Ouimet de La Presse (et bien d'autres) dénonçait les "compétences transversales" sans jamais se donner la peine d'expliquer ce dont il s'agissait. J'ai vérifié!
Dites-vous que si vous réglez vos humeurs sur la lecture des journaux, vous serez malheureux souvent!
Bonne semaine!
JPP
Tout à fait d'accord avec JPP. Mais je crois simplement que vous étiez de mauvais poil ca matin là. Du moins je l'espère!
Smeugd
De mauvais poil? Ç'est du mauvais journalisme. Point à la ligne. Les erreurs de Mme Ouimet n'excusent pas celles de Mme Lacoursière.
Écrire dans un journal comme La Presse des phrases comme «La fameuse réforme de l'éducation n'aura finalement pas été si néfaste pour les jeunes Québécois», c'est écrire qu'elle est néfaste, mais pas trop.
Vous en connaissez des choses néfastes à moitié? C'est comme si j'écrivais que le choléra n'est pas une maladie si mortelle, qu'une femme est un peu enceinte...
N'importe quoi. Honnêtement.
tout à fait d'accord avec vous prof!
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