Parlons décrochage des garçons puisque le sujet occupe nos journaux. Ce matin, le Journal de Montréal fait encore un lien direct entre celui-ci et la faible présence d'enseignants dans les classes québécoises.
Allons-y de certains faits tout simples.
1- Dans certains pays, le taux de décrochage des garçons est inférieur à celui du Québec alors qu'on retrouve pourtant autant d'enseignantes dans leurs écoles.
2- Au Québec, environ 40% des jeunes qui quittent l'école sans obtenir de qualification sont... des filles.
Tout ce discours à l'effet que les garçons décrochent à cause d'une école féminisée est un alibi, une belle excuse, une «défaite» comme disent les jeunes.
À cet égard, notre ami Egide Royer, professeur à l'Université Laval, croit que ce sont pas «les femmes qui causent l'échec scolaire» des garçons, mais que ces derniers ont besoin de «l'équivalent d'un grand frère». Mesdames, j'espère que vous êtes rassurées: vous n'êtes plus responsables du décrochage des jeunes garçons! Parce que c'est exactement ce que sous-entend ce genre de discours.
Notre ami Egide y va plutôt d'une remarque très éclairante: «Quand on vient pour intervenir auprès des jeunes garçons qui sont en difficulté ou qui ont des problèmes d'absentéisme, il y a un âge où, naturellement, on va recommander que des hommes soient présents dans leur environnement.»
Grand frère? Homme dans leur environnement? Ne devrait-on pas parler de la présence d'un père dans l'éducation des jeunes?
Comment dire? Pour régler un problème, faut-il encore le comprendre, le cerner. Ici, comme dans d'autre domaines, j'ai tellement l'impression qu'on joue parfois aux apprentis sorciers.
9 commentaires:
Intéressant.
J'ai sorti ma calculatrice et j'ai fait des statistiques maison avec les données de ma classe d'élèves en grande difficulté, possiblement certains décrocheurs, où la proportion de garçon est de plus de 85%.
Si j'inclus les filles, j'ai 14% des élèves qui ne voient jamais leur père. 21% le voient parfois, 36 % régulièrement (entre 2 à 5 jours aux 2 semaines) et 29% habitent avec lui.
Grosso modo.
Si j'exclus les filles, 17% ne voient jamais leur père, 25% parfois, 41* régulièrement et 17% régulièrement.
Sinon, 7% voit rarement la maman (mais appelle maman sa belle-mère, dans le portrait depuis près de 10 ans) et un autre 7% voit sa mère 1 semaine sur deux.
Tous les autres élèves voient leur mère à plus de 75% de leur temps.
Évidemment, ces statistiques sont discutables et faites rapidement. Mais quand même, c'est parlant.
Je suis sûr que l'école devrait fournir les pères à la maison.
Certainement. L'école est là pour pallier à tous les manques.
Je propose à toutes les enseignantes de porter la cravate et la fausse moustache.
J'adore votre conclusion à l'effet que "Pour régler un problème, faut-il encore le comprendre, le cerner. Ici, comme dans d'autre domaines, j'ai tellement l'impression qu'on joue parfois aux apprentis sorciers."
Plusieurs personnes semblent s'improviser compétents en éducation. Souvent, aussi, on simplifie les problèmes de notre domaine à outrance ou néglige d'en considérer toute la portée. Je crois que c'est le cas ici... À mes yeux, le problème dépasse l'école et trouve une partie de sa source dans nos familles et dans notre société.
pgiroux :-)
Quand j'étais au secondaire, il y avait vraiment autant d'hommes que de femmes à l'école, peut-être même un peu plus d'hommes...
C'était il y a plus de 25 ans. J'ai eu des profs français masculins, de maths féminin. En sciences, c'était souvent des hommes. Plus on avançait, plus d'hommes et moins de femmes. Je trouve que la situation a beaucoup changé... En tout cas, en enseignement du français, en différents endroits, j'ai souvent été le seul homme de l'équipe ces dernières années... Et dans les autres cas, nous étions rarement plus de deux. En maths, quand j'ai pris des tâches, c'était plus équilibré.
J'aime mieux travailler dans les milieux équilibrés et je pense que ça doit offrir aussi bien des avantages pour les élèves qui se confrontent aux deux genres. En tous cas, des hommes effacés en réunion où trônent les «germaines» (scusez, mais c'est plus fort que moi), j'en ai vu plus d'un...
Bref, pour des motifs différents, j'aimerais voir une meilleure représentation des hommes dans mon milieu de travail. J'ai remarqué que nous avons une approche moins «maternante» et que beaucoup de «gros bébés» pourraient en profiter.
Car, dans toute cette discussion, ce qui me frappe toujours, c'est le peu d'appréciation de la part de prise en main par l'élève de son destin et de sa réussite que nous avons rarement l'audace de nommer. Assumons-nous de mettre en place des façons de favoriser cette autonomie?
Pauvres petits qui ont besoin de programmes spéciaux pour réussir. On parle bien d'ados? Coup de pied au c... oui!
Moi, comme homme, l'approche est simple: tu as ça à faire, par toi-même, je te propose un parcours, une méthode et des exigences précises. Je suis là pour te donner une coup de main. Je m'informe régulièrement pour savoir où tu en es. Le reste t'appartient, le jeune. Tu ne rends pas le travail et c'est zéro. Point. Est-ce que ça fonctionne à 100%. Bien sûr que non, mais je ne suis pas pour la dictature et il me manque certains appendices de l'anatomie pour me forcer à voir les choses autrement. L'oisillon doit bien voir un jour que ça n'arrive pas toujours tout cuit dans le bec. Quand nous laisse-t-on assumer ce rôle là? Quand va-t-on accepter que certains décrochent? C'est leur parcours d'apprentissage de la vie. Oui, ça arrive.
Plus d'hommes dans l'école la rendrait peut-être moins gaga de réussite à tout prix.
J'ai montré l'autonomie à des tas de jeunes... et c'est ce qui compte surtout à mes yeux que 100% de réussite. Parfois, je trouve que les matières, en comparaison de cet enjeu, sont assez secondaires. Oui, oui, c'est bien d'apprendre son français, ses maths, mais on montre à travailler, à attendre, à se fixer des buts, à se prendre en charge, à réussir pour vrai aussi.
Évidemment, avec les plus jeunes, il faut forcer davantage le jeu et mieux encadrer, mais, au fur et à mesure du parcours, il vaut mieux laisser un espace d'autonomie et accepter la perte d'un certain contrôle et assumer le pari.
Je pense qu'il est essentiel de discerner la réussite des garçons de la représentativité de l'école par rapport à la société.
Qu'on me dise que plus d'hommes doivent enseigner pour que les garçons réussissent mieux me fait rire. L'étude a été faite. Même dans les pays où plus d'hommes enseignent au primaire, les garçons sont plus souvent en échec que les filles.
Qu'on me dise que l'école devrait être le reflet de la société et qu'il devrait donc y avoir plus d'hommes et là on peut discuter...
Anonyme: tout à fait. Et le reste est juste une perte de temps à discuter d'une fausse solution.
Je pourrais reprendre le paragraphe de J. Livingston en commençant par Moi, comme femme,l'approche est simple parce que comme femme, je suis écoeurée que l'école reproduise la maison alors qu'elle devrait permettre aux jeunes de s'ouvrir au monde.Le maternage c'est bon pour la maison.
Les gars sont moins présents à l'école et les profs masculins se font de plus en plus rares. Peut-être que dans les deux cas il s'agit d'un manque de stimulation. Il faudrait masculiniser cette institution. Donnons-leur un environnement dans lequel ils se reconnaîtront.
Enregistrer un commentaire