18 mars 2007

Tout le monde en parle PAS!

Ce soir, le signifiant Jean Charest est passé à TLMEP. Une entrevue un peu complaisante de la part du signifiant Guy A. Lepage, il faut l'avouer. Devant tant de servilité, Bernard Derome et Jean-Luc Mongrain n'ont pas à craindre pour leur emploi. Quand le recyclage des déchets de l'autobus de campagne électorale du PLQ est le principal sujet de discussion, un candidat au poste de premier ministre peut se permettre de sourire.
Un moment intéressant est survenu lorsque Jean Charest a parlé de santé. Il a alors blâmé, comme d'habitude, le précédent gouvernement péquiste pour la mise à la retraite quasi forcée d'infirmières et de médecins qui a laissé le réseau de la santé dans un piètre état.

Il est regrettable qu'il n'y ait eu personne dans la salle, et ni un journaliste dans tout le Québec d'ailleurs, pour expliquer que le réseau de l'éducation a lui aussi connu une pareille saignée. En effet, avec le programme de mises à la retraite dans la fonction publique en 1997, on assite depuis à une pénurie d'enseignants dont les impacts sont nombreux dans nos écoles:
  • augmentation du nombre d'autorisations provisoires d'enseigner;
  • embauche de profs qui n'en sont pas et qui enseignent à des élèves réformés;
  • modifications aléatoire et incohérente quant à l'obtention du permis d'enseigner;
  • groupes sans enseignant pendant de longues périodes.

Si l'on se base sur les chiffres du MELS, cette pénurie devait ne pas exister, pour ensuite se terminer en 2001, puis en 2004, puis en 2007... Mais ce n'est pas grave comme disait un collègue: les jeunes ne meurent pas dans les écoles. On trafique les notes et ils sont même en excellente santé scolaire! Ah! Guy A., les déchets, y a rien de mieux pour interrroger un premier ministre...

10 commentaires:

Ness Eva a dit…

" Ah! Guy A., les déchets, y a rien de mieux pour interroger un premier ministre..."

Est-ce que votre phrase de base était: " Ah! Guy A., les déchets, y a rien de mieux pour interroger un déchet..."

Si oui, bravo pour l'usage de synonymes!!! :D

Anonyme a dit…

Quel plaisir de lire quelqu'un qui reconnaît que l'éducation d'un enfant a autant de valeur que les soins apportés en milieu hospitalier.

Ici, dans mon petit coin du Québec (Baie James) où j'enseigne, n'importe qui peut faire de la suppléance (et je dis bien n'importe qui!), mais la clinique, elle, fermerait ses portes plustôt que de confier un examen médical à quelqu'un sans diplôme.

Comment peut-on ensuite défendre l'importance de l'école dans la vie d'un enfant quand au quotidien on la dénigre?

Gooba a dit…

La pénurie s'aggrave d'année en année dans mon coin de pays. C'est rendu très difficile de se faire remplacer. Voire impossible. Alors on prend n'importe qui qui veut bien venir nous dépanner (éducatrices, surveillantes d'élèves, parents d'élèves, gens du village, tout simplement!). M'est avis que ça ne se terminera pas en 2007...

Le professeur masqué a dit…

Anonyme: ça fait des années que je dénonce partout cette situation et cette hypocrisie. Mais le MELS ne veut pas en parler et nos syndicats préfèrent se taire plutôt que de reconnaître qu'on embauche des gens dont la compétence est douteuse.

Le pire, c'est que, une fois entrés dans le système, il y a des enseignants qu'on ne peut plus congédier et qu'on (élèves et collègues) doit endurer jusqu'à leur départ. Triste...

Ness: j'ai la dent moins dure que vous. Seulement, il y a trop de politiciens professionnels au Québec et pas assez de gens passionnés et au service véritablement de leur communauté. Jean Charest ne fait pas partie de cette dernière catégorie, tout comme les deux autres, d'ailleurs.

unautreprof a dit…

La pénurie de suppléants touche aussi Montréal.

On a des méchants moineaux qui nous remplacent parfois, c'et épeurant.

Nos pauvres élèves!

Le professeur masqué a dit…

Ce qui est choquant, c'est que cette pénurie a pour origine une mauvaise gestion gouvernementale et a été financée à même une négociation collective et les taxes des citoyens. De plus, elle perdure parce qu'on se fout carrément de qui est dans les classes tant que les enfants ont une «gardienne» dans la classe...

Marie-Piou a dit…

Je vis en Mauricie et c'est pareil. Je ne suis pas prof, ni étudiante dans un quelconque bacc en enseignement secondaire, et pourtant je fais de la suppléance... Je viens même de commencer un remplacement qui va prendre fin en juin. Je comprends que vous vouliez que votre compétence soit reconnue. C'est normal et TRÈS souhaitable. Cependant, là, où je me sens un peu écorchée c'est que vous laissez sous-entendre que les autres ne peuvent pas être corrects. C'est clair qu'on est moins bons au début, qu'on a moins la "twist", mais je ne pense pas que nous soyons confinés advitam eternam à la mocheté. Je commence et je me dépense à fond pour les élèves : je veux qu'ils réussissent. Je veux qu'ils apprennent. Je crois que je m'investit autant qu'un prof avec sa licence d'enseignant. Je tenais à le souligner.

Cependant, je reconnais ouvertement qu'une telle situation devrait être l'exception et non la règle! L'embauche de personnes avec des bacc spécialisés dans une matière (donc sans cours de didactique et de pédago) ne devrait pas être aussi fréquente.

Le professeur masqué a dit…

Poussière d'étoile,

Honnêtement, je ne sais pas si ma formation universitaire a fait de moi un enseignant. J'ai des collègues qui ont un diplôme universitaire en enseignement et à qui je ne confierais pas un poisson rouge.

Sauf qu'on retrouve trop de gens embauchés sans vraiment savoir ce qu'ils valent. De plus, ils ne peuvent pas vraiment appartenir à l'équipe école et construire un milieu éducatif sur une longue période. J'ai une collègue qui a un DEC et qui tremble chaque fois qu'elle entre en classe. On sait qu'elle est dans la catégorie «touriste» et qu'on ne peut pas compter sur elle. Elle est trop souvent à notre remorque.

Je ne veux pas dénigrer ceux qui n'ont pas une formation universitaire, mais une telle situation n'est pas normale. Et ce qui est encore moins normal est que cette pénurie dure depuis 10 ans. Si on était dans le domaine de la santé, on n'aurait jamais enduré un telle situation!

Marie-Piou a dit…

ça c'est clair que la situation serait toute autre dans le domaine de la santé...

Comment ça se traduit en concret quand tu dis " elle est tjrs à notre remorque". (éduque-moi un peu que je ne fasse pas suer mes collègues!) ;)

Le professeur masqué a dit…

Désolé, cher Poussière, pour le temps pris à penser à une réponse. Je voulais réfléchir sans blesser quelqu'un.

Être à la remorque des autres, c'est :
- être incapable d'autonomie;
- toujours quêter du matériel pédagogique;
- piquer les photocopies des collègues;
- demander à avoir des corrigés d'exercices qui pourraient être faits par des élèves de première alors qu'on est au deuxième cycle;
- accaparer notre temps personnel pour étaler ses angoisses;
- ne jamais s'engager à faire un bout du travail d'équipe.

Le statut de précaire ou de suppléant n'a rien à voir avec ce genre d'attitude. Elle est innée chez certaines personnes, malheureusment.