30 août 2008

Match comparatif: Larousse versus Robert!

Tout d’abord, merci à tous de vos nombreuses réponses à mon billet sur les dictionnaires. Celles-ci auront enrichi ma réflexion.

Deux dictionnaires seront retenus dans cette analyse comparative: Le Petit Larousse illustré 2009 et Le nouveau Petit Robert 2009. Je me contenterai généralement de ne souligner que les avantages de chacun en comparaison avec l’autre.

Le P'tit Larousse (coût régulier: 54$)
  • Comprend une section des noms communs et des noms propres.
  • La version 2009 comprend une section grammaticale intéressante (accord des participes passés, des noms composés, des adjectifs de couleur, etc.)
  • Comprend des tableaux de conjugaison, mais ceux-ci sont incomplets par rapport à un Bescherelle cependant.
  • Comprend une liste explicative de divers préfixes et suffixes.
  • Comprend une liste des divers signes de l’alphabet phonétique mais n’intègre pas celui-ci dans la définition des mots.
  • Comprend une liste des mots touchés par les modifications orthographiques de 1990 au début de l’ouvrage mais n’indique pas ces modifications dans les définitions des mots.
  • Est illustré et comprend de nombreuses planches en couleurs ainsi que des cartes géographiques et drapeaux de divers pays.
Le Robert (coût régulier pour les deux volumes: 146$)
  • Vient en deux volumes, un pour les noms communs, un autre pour les noms propres.
  • Comprend une préface intéressante sur l’évolution du lexique.
  • Comprend une liste des divers signes de l’alphabet phonétique et intègre celui-ci dans la définition des mots.
  • Comprend une liste des dérivés des noms propres, des suffixes et des préfixes.
  • Les définitions sont généralement plus étayées : elles comprennent la prononciation phonétique, l’étymologie du mot défini, des antonymes et des synonymes ainsi qu’une illustration de celui-ci dans des phrases d’œuvres de grands auteurs, dont des auteurs québécois. Pratique lors qu’on se demande dans quel contexte un mot peut s’utiliser ou quelle proposition suit un verbe, par exemple.
  • Comprend des tableaux de conjugaison, mais ceux-ci sont incomplets par rapport à un Bescherelle cependant.
En définitive

L’appréciation d’un dictionnaire variera toujours selon l’usage qu’on en fait.

Ainsi, Le Petit Larousse me semble un ouvrage plus complet dans son ensemble, mais est davantage destiné à une utilisation générale et à une clientèle de niveau primaire ou secondaire à cause de sa présentation plus imagée et vivante. Plus petit et plus pratique, sa manipulation en classe est plus simple. Il comprend des éléments grammaticaux intéressants et est nettement moins coûteux que Le Robert. Il est à déplorer que Le Larousse n’intègre pas la prononciation phonétique des mots dans la définition de ces derniers. Cet aspect aurait pu s’avérer fort utile pour de jeunes lecteurs confrontés à des termes nouveaux et étranges. Certaines définitions sont également frustrantes par leur brièveté ou leur manque de clarté.

Quant à lui, Le nouveau Petit Robert est davantage un ouvrage destiné à une clientèle plus adulte (cégep, université) ou qui a besoin de définitions plus étoffées. On comprend mal que la section grammaticale soit si peu développée. De plus, Le Robert des noms communs vient avec une couverture protectrice en plastique, plutôt pratique pour éviter de salir cet ouvrage. Cependant, le fait que celle-ci ne soit pas fixée au dictionnaire nuit à la manipulation de ce dernier.

Dans le cas du Larousse et du Robert, on aurait pu souhaiter y retrouver clairement et de façon pratique les modifications orthographiques de 1990. De plus, les termes utilisés pour désigner les classes de mots entrent en conflit avec la nouvelle grammaire. Ainsi, on parle d’article et non pas de déterminant.

Un dictionnaire étant le gardien de la norme écrite mais aussi le reflet de l’évolution de la langue, de nombreux mots sont ajoutés ou retirés chaque année (à cet effet, vous pouvez consulter cet excellent site). Règle générale, aucun des deux ouvrages consultés ne semble plus conservateur que l’autre.

On peut cependant rechigner quand on constate qu’on ajoute un terme anglais et son équivalent français dans la même année (podcast et balladodiffusion). On est d’ailleurs plus rébarbatif au Québec à l’ajout au dictionnaire de mots provenant de la langue de Shakespeare. Il faut cependant se rappeler que ces nouvelles entrées n’ont pas toujours l’assentiment de l’Académie française et visent davantage à refléter l’utilisation fréquente de certains termes dans la vie de tous les jours. Nos cousins français vivent moins sous la menace d’une assimilation linguistique et semblent avoir une prédisposition à vouloir être in…

La plupart des libraires s’entendent pour dire qu’un dictionnaire a une durée de vie d’environ dix ans. Avec les progrès technologiques et l’actualité, de nouveaux noms communs et noms propres s’ajoutent chaque année. Je pense au mot Internet qu’on ne retrouvait pas dans les dictionnaires qu’utilisaient mes élèves lors d’une épreuve ministérielle reliée à ce sujet.

On peut d’ailleurs déplorer avec quelle lenteur parfois les dictionnairiens intègrent la nouveauté. L’exemple du mot cédérom est éloquent. Le temps qu’il apparaisse dans le dictionnaire que celui n’était déjà plus sur les tablettes des magasins!

Pour ma part

Règle générale, on retrouve des exemplaires de Larousse et de Robert dans mes classes, le premier étant plus nombreux pour des raisons de coût et d’usage plus pratique. Par contre, il m’arrive souvent de me référer au Robert devant les élèves pour leur montrer que les définitions de celui-ci sont généralement plus éclairantes À la maison, j’utilise évidemment les deux, mais aussi un ensemble d’autres ouvrages plus spécialisés comme le Multidictionnaire, des dictionnaires des synonymes, Le Bouquet, Le Grand Druide, etc.

Quant à moi, le principal problème quant aux dictionnaires au Québec est que ces derniers sont vus comme un achat dispendieux et non pas comme un investissement.

Dans nos écoles, on laisse dans les classes à la disposition de nos élèves un nombre insuffisant de dictionnaires et ceux-ci sont souvent périmés ou en mauvais état. Il est aberrant de constater qu’il est plus facile d’avoir de l’argent pour acheter des manuels de classe qui dormiront sur des tablettes que des ouvrages de référence utiles. Et je ne parle pas des sommes investies à cause de la réforme dans les laboratoires et les aménagements physiques, par exemple.

À la maison, les parents refusent de dépenser 50$ pour l’achat d’un dictionnaire, mais achètent sans trop de problèmes des vêtements griffés à leur enfant. Ils oublient qu’avec l’amortissement, un dictionnaire revient en fait à 5$ par année.

J’ai bien de la difficulté à comprendre de tels comportements en regard de notre volonté de nous affirmer comme francophones en Amérique du Nord. Beaucoup de mots, mais pas toujours les gestes qui comptent.

9 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Très belle analyse! Très précise! On pourrait (et devrait) la diffuser auprès des directions d'écoles et des profs : leurs choix seraient mieux éclairés. On peut l'espérer :)

bobbiwatson a dit…

Cette année, Larousse a mis deux nouveaux dictionnaires sur le marché : Larousse des noms communs et Larousse des noms propres. Ils coûtent 45.95$ chacun.

Missmath a dit…

Je seconde Bobbiwatson, cette analyse mérite large diffusion. Quant à la conclusion, c'est du vrai Prof masqué comme on l'aime.

Sylvain a dit…

Pour ne pas répéter e qui vient d'être écrit ci-dessus, je dirais que l'excellente analyse est suivie d'une excellente critique. En fait, ne manque que l'hyperlien vers le site où il est question des mots retirés ou ajoutés chaque année, site auquel il est fait allusion dans le texte...

bobbiwatson a dit…

Le Hachette n'est que $34.95 et n'est pas piqué des vers.

Sylvain : va sur Google et tape mots nouveaux Larousse. Sur le site Club orthographe de Grenoble tu trouveras aussi une liste de mots à compléter, ce qui n'est pas inintéressant.

Sylvain a dit…

@bobbiwatson : Merci ! Je signalais le petit oubli, car PM mentionne explicitement "voir ce site" sans lien disponible : sûrement un simple oubli.

J'ai donc trouvé, grâce à bobbiwatson ce lien sur les mots nouveaux du Larousse. La liste des mots sortisest encore en construction, par contre (3 mots seulement).

Le professeur masqué a dit…

Sylvain: j'ai corrigé le lien. Merci à toi! Google est capricieux chez moi.

Camille a dit…

Bonjour les amis,
Ma liste des mots sortis du PL2009, même si elle est courte, est complète. Si toutefois vous constatiez un oubli, n'hésitez pas à me le signaler !
Camille

Anonyme a dit…

Analyse très pertinente.
Dans l'idéal, il s'agit de dictionnaires complémentaires et il conviendrait d'avoir les deux (ou le Hachette, l'Auzou, ou le Robert illustré/Dixel).
Par ailleurs, il ne faut pas négliger l'aspect "dictionnaire visuel" du Larousse tant par la qualité que par le renouvellement de son illustration.
Petite question : le français de France distingue réfractaire et rébarbatif, n'en serait-il pas de même au Québec ?