Travaillons à partir des mêmes documents (ici et ici) que M. Parizeau, si vous le voulez bien, en ce qui a trait à la diplomation des garçons québécois selon qu'ils aient étudié dans une commission scolaire francophone ou anglophone. J'exclus de cette démonstration les commissions scolaires autochtones pour des raisons que j'expliquerai plus tard.
La commission scolaire de Montréal, utilisée comme base comparative par Monsieur Parizeau, a l'un des pires taux de diplomation des garçons après sept ans au Québec, toutes régions du confondues avec un cinquième avant-dernier rang sur 69 commission scolaire (50,4% pour la cohorte de 1999 et 49,4% pour 2000).
La commission scolaire English Montreal, elle, vient au deuxième rang pour ce qui est de la diplomation des garçons après sept ans au Québec, toutes régions confondues (77,4% pour la cohorte de 1999 et 78,6 pour 2000).
On comprend que M. Parizeau n'a systématiquement retenu que les chiffres illustrant le plus sa thèse. Oui, il existe un écart entre diplomation francophone et anglophone, mais le tableau est moins sombre que ce que l'ancien premier ministre du Québec le laisse entendre. Amusons-nous un peu à penser ce qui aurait pu être les manchettes des journaux si on s'était basé sur ces chiffres, par exemple:
La commission scolaire de Montréal, utilisée comme base comparative par Monsieur Parizeau, a l'un des pires taux de diplomation des garçons après sept ans au Québec, toutes régions du confondues avec un cinquième avant-dernier rang sur 69 commission scolaire (50,4% pour la cohorte de 1999 et 49,4% pour 2000).
La commission scolaire English Montreal, elle, vient au deuxième rang pour ce qui est de la diplomation des garçons après sept ans au Québec, toutes régions confondues (77,4% pour la cohorte de 1999 et 78,6 pour 2000).
On comprend que M. Parizeau n'a systématiquement retenu que les chiffres illustrant le plus sa thèse. Oui, il existe un écart entre diplomation francophone et anglophone, mais le tableau est moins sombre que ce que l'ancien premier ministre du Québec le laisse entendre. Amusons-nous un peu à penser ce qui aurait pu être les manchettes des journaux si on s'était basé sur ces chiffres, par exemple:
- Commission scolaire des bluets: 73,8% pour la cohorte de 1999 et 70,4% pour 2000.
- Commission scolaire des découvreurs: 79,8% pour la cohorte de 1999 et 80,1% pour 2000.
- Commission scolaire Eastern Townships: 53,6 pour la cohorte de 1999 et 45,25 pour 2000.
- Commission scolaire Eastern Shores: 51,0% pour la cohorte de 2000.
Et que penser de ce bond de la diplomation des garçons de la commission scolaire de la Moyenne-Côte-Nord qui est passé de 51,5% pour la cohorte de 1999 à 70,3% pour 2000? Vite, allons découvrir ce nouvel Eldorado pédagogique!
Lorsque M. Parizeau écrit «Le taux de diplomation après cinq ans des garçons anglophones est presque deux fois plus élevé que celui des garçons francophones. Après sept ans, comme nous l’avons vu, plus de la moitié des garçons francophones n’ont toujours pas de diplôme, contre à peine plus de 20 des élèves anglophones», il ne faut pas oublier qu'il ne travaille qu'avec les exemples montréalais qui sont parmi les plus extrêmes.
De même quand il écrit «Un écart aussi prodigieux serait-il, comme je l’ai souligné plus haut, un effet pervers de la loi 101 ? Non. J’ai compté 13 commissions scolaires où le taux de diplomation des garçons après cinq ans est inférieur à 40 %. Dans la région des Laurentides, des quatre commissions scolaires, trois affichent des taux inférieurs à 40 %», là encore M. Parizeau regarde les exemples qui le confortent le plus dans sa vision catastrophique.
De façon plus générale, il faut reconnaitre que les commissions scolaires francophones ont un taux de diplomation des garçons après sept ans inférieur à leurs consoeurs anglophones. Elles s'en tirent autour du 63% tandis que leurs homologues anglophones sont davantage autour des 70%.
Mais il faut aussi ne pas négliger l'impact des écoles privées dans ces pourcentages qui ne concernent, il faut le rappeler, que les écoles publiques. Jouons aux hypothèses.
Prenons la réalité montréalaise: il y existe des établissements privés d'enseignement dans les deux langues. Peut-on supposer que les francophones préfèrent y inscrire leurs jeunes à cause du fort taux d'immigrants qu'on retrouve dans le réseau public ou d'une perception négative quant à celui-ci? Un tel phénomène vide alors ces écoles publiques d'élèves plus performants, entraînant à la baisse le taux de diplomation. Du côté anglophone, retrouve-t-on le même phénomène? Il serait donc intéressant de savoir combien d'élèves pour chaque communauté ne fréquentent pas le réseau public.
En région, il existe généralement davantage d'écoles privées francophones qu'anglophones. Cela a-t-il un impact sur les élèves fréquentant le réseau public? Un parent anglophone n'a alors pas le choix d'y inscrire son enfant, ce qui diminue la fuite des élèves performants de cette communauté vers le privé. Cela n'est évidemment pas le cas pour les élèves francophones. Dans les Laurentides et la région de Lanaudière, plusieurs collèges privés francophones draînent ainsi des élèves performants.
Il s'agit d'hypothèses, je le rappelle, mais quant à moi, la sortie de M. Parizeau est basée sur des données savamment choisies et la réalité de la diplomation des garçons francophones, si elle est préoccupante, n'est pas aussi désastreuse que celui-ci voudrait le laisse entendre.
Non, le véritable scandale du taux de diplomation des garçons est celui-ci:
Lorsque M. Parizeau écrit «Le taux de diplomation après cinq ans des garçons anglophones est presque deux fois plus élevé que celui des garçons francophones. Après sept ans, comme nous l’avons vu, plus de la moitié des garçons francophones n’ont toujours pas de diplôme, contre à peine plus de 20 des élèves anglophones», il ne faut pas oublier qu'il ne travaille qu'avec les exemples montréalais qui sont parmi les plus extrêmes.
De même quand il écrit «Un écart aussi prodigieux serait-il, comme je l’ai souligné plus haut, un effet pervers de la loi 101 ? Non. J’ai compté 13 commissions scolaires où le taux de diplomation des garçons après cinq ans est inférieur à 40 %. Dans la région des Laurentides, des quatre commissions scolaires, trois affichent des taux inférieurs à 40 %», là encore M. Parizeau regarde les exemples qui le confortent le plus dans sa vision catastrophique.
De façon plus générale, il faut reconnaitre que les commissions scolaires francophones ont un taux de diplomation des garçons après sept ans inférieur à leurs consoeurs anglophones. Elles s'en tirent autour du 63% tandis que leurs homologues anglophones sont davantage autour des 70%.
Mais il faut aussi ne pas négliger l'impact des écoles privées dans ces pourcentages qui ne concernent, il faut le rappeler, que les écoles publiques. Jouons aux hypothèses.
Prenons la réalité montréalaise: il y existe des établissements privés d'enseignement dans les deux langues. Peut-on supposer que les francophones préfèrent y inscrire leurs jeunes à cause du fort taux d'immigrants qu'on retrouve dans le réseau public ou d'une perception négative quant à celui-ci? Un tel phénomène vide alors ces écoles publiques d'élèves plus performants, entraînant à la baisse le taux de diplomation. Du côté anglophone, retrouve-t-on le même phénomène? Il serait donc intéressant de savoir combien d'élèves pour chaque communauté ne fréquentent pas le réseau public.
En région, il existe généralement davantage d'écoles privées francophones qu'anglophones. Cela a-t-il un impact sur les élèves fréquentant le réseau public? Un parent anglophone n'a alors pas le choix d'y inscrire son enfant, ce qui diminue la fuite des élèves performants de cette communauté vers le privé. Cela n'est évidemment pas le cas pour les élèves francophones. Dans les Laurentides et la région de Lanaudière, plusieurs collèges privés francophones draînent ainsi des élèves performants.
Il s'agit d'hypothèses, je le rappelle, mais quant à moi, la sortie de M. Parizeau est basée sur des données savamment choisies et la réalité de la diplomation des garçons francophones, si elle est préoccupante, n'est pas aussi désastreuse que celui-ci voudrait le laisse entendre.
Non, le véritable scandale du taux de diplomation des garçons est celui-ci:
- Commission scolaire crie: 23,2% pour la cohorte de 1999 et 17,4% pour 2000.
- Commission scolaire Kativik: 18,2% pour la cohorte de 1999 et 14,7% pour 2000.
Mais à propos de cette situation, M. Parizeau n'a pas daigné écrire un seul mot.
6 commentaires:
On ne se sert de ce qui nous est favorable, c'est bien connu.
Excellent billet, superbe d'efficacité.
Zed
Bibco: oui mais de le présenter ainsi, c'est un peu...
Zed: merci!
En tant qu'étudiante en enseignement je trouverais plutôt démoralisant de planifié une carrière dans un domaine qui condamne déjà les enfants à l'échec. Merci de raisonner et de permettre à ceux qui le veulent bien d'éviter les ondes de chocs et de voir la réalité telle qu'elle est réellement.
Cdurand: Tu sais, on peut faire une différence comme enseignante et comme être humain, même pour certains élèves qui seraient en échec ou qui décrochent.
Parizeau a une rhétorique qui, je crois, n'en a que l'apparence. Son raisonnement me semble davantage relever du sophisme: n'importe quoi pour arriver à ses fins et ce n'importe comment.
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